Prise en main | Rossignol Mandate XT : la bonne surprise

Par Léo Kervran -

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Prise en main | Rossignol Mandate XT : la bonne surprise

Marque jusque-là réservée aux magasins de locations, Rossignol a fait le choix de s’ouvrir au grand public en début d’année avec le lancement de sa nouvelle gamme. Composée de modèles en aluminium relativement abordable, cette nouvelle proposition a éveillé notre intérêt et après avoir pu tester l’Heretic d’enduro avant l’été, on a cette fois pu se pencher sur son petit frère le Mandate. Voici nos premières sensations à son guidon :

 

En début de semaine, on vous contait nos aventures dans le Queyras avec l’équipe Rossignol, une drôle d’équipée à la recherche de beaux sentiers sous les couleurs de l’automne. Si ces deux jours avaient pour but de ramener de belles images, ils étaient aussi prétexte à découvrir le Mandate, un tout-suspendu présenté comme à cheval sur les segments trail et all-mountain.

Toutefois, dans ces catégories extrêmement vastes, les vélos peuvent prendre beaucoup de formes. Chez Rossignol, on avait déjà l’Heretic (lire Test | Rossignol Heretic XT : le nouvel élève) juste au-dessus pour l’enduro accessible et, afin de bien marquer la différence, c’est celle d’une machine en 140 mm de débattement plus dynamique que le Mandate a adoptée.

Comme les autres vélos de la marque, le cadre est intégralement en aluminium et ce modèle XT profite de ce qui est à nos yeux la plus belle finition de toute la gamme Rossignol : un superbe chrome baptisé Polar Silver (Black) qui rappelle l’acier brut, mais qui est bien une peinture. Autre écho à l’acier, ce tube supérieur très rond et fin pour un VTT moderne. On pourrait presque parler de signature Rossignol puisqu’on retrouve le même sur l’Heretic.

Comme l’Heretic d’ailleurs, le Mandate est proposé en deux tailles de roues selon la taille : 27,5″ pour XS et S, 29″ pour M, L et XL. La géométrie se veut accessible et pour son débattement de 140 mm, le Mandate est plus orienté « petit vélo joueur » que « mini-enduro ». En témoignent l’angle de direction de 66° et le reach de 450 mm en taille M (477 mm en taille L). En revanche, pas de compromis sur l’angle du tube de selle : il affiche 77,5°, de façon à grimper confortablement les pentes les plus raides. On imagine que la situation du siège de la marque, au pied des Alpes, n’est pas étrangère à ce choix…

On le disait, la suspension offre 140 mm de débattement, et ce à l’avant comme à l’arrière. Rossignol a opté pour une architecture classique mais reconnue et facile à faire évoluer si besoin : le 4 bar linkage de type Horst-link, qu’on vous l’explique en détail dans notre lexique des suspensions.

La gamme se compose de trois modèles, pour des tarifs qui vont de 2 399 € à 4 399 €. Le Mandate XT qui illustre ces photos est le plus haut de gamme et bénéficie d’un très bon équipement en rapport avec son tarif : fourche RockShox Pike Ultimate RCT3, amortisseur RockShox Super Deluxe Select+ ou encore transmission et freins (4 pistons) Shimano XT. Les jantes, la tige de selle et le poste de pilotage sont signés E*Thirteen et on apprécie le choix d’une monte pneumatique adaptée au programme : Maxxis Dissector et Minion DHF en carcasse Exo+.

En dessous, Rossignol propose le Mandate SLX (3 399 €) équipé en Shimano SLX, RockShox Pike Select+ et Deluxe Select+ puis le Mandate Deore 11 (2 399 €), en Shimano Deore 11 vitesses, freins Shimano Deore 2 pistons, RockShox 35 Silver Tk et RockShox Deluxe Select R.

Sur le terrain

Conséquence du cadre en aluminium et des composants bien dimensionnés, le Rossignol Mandate XT est loin d’être léger (annoncé à 15,3 kg en taille M) mais il surprend avec un comportement au pédalage de très bon aloi.

La machine répond bien aux coups de pédales et on pourrait sans mal lui donner un ou deux kilogrammes de moins à l’aveugle. On ose même parler d’un certain dynamisme, toutes proportions gardées bien sûr : c’est d’un 140 mm en aluminium qu’on parle, pas d’un XC. Néanmoins, dans ce domaine le Mandate XT fait par exemple bien mieux que le Marin Rift Zone Alloy XR qui se présente comme un concurrent direct.

De longues journées sur le vélo sont donc tout à fait envisageables, d’autant que la position est excellente et que la suspension offre une adhérence satisfaisante. Ce n’est finalement que lorsqu’il faut porter le vélo, comme cela nous est arrivé quelques fois dans cette aventure, que le poids se rappelle à notre souvenir… Plus de 15 kg sur le dos, ça commence à peser !

En descente, comme on pouvait s’en douter au vu de la géométrie, le Mandate affiche un comportement plutôt trail, vif et dynamique. Le support apporté par la suspension invite à appuyer dans les virages et s’il existe des vélos encore plus faciles à faire décoller, ce Mandate n’est certainement pas le dernier pour jouer avec tout ce qui se trouve sur le sentier.

Une tendance joueuse bien marquée mais pas exagérée et pas au détriment de la facilité de prise en main, voilà comment on pourrait décrire son comportement. Cette facilité est aussi un atout dans les zones trialisantes à basse vitesse, le vélo réagit bien aux changements de direction et on peut facilement corriger une erreur sans se faire embarquer. Dans la pente, l’angle de direction à 66° obligera peut-être à un peu plus d’engagement que d’autres machines mais cela reste tout à fait acceptable, c’est juste un rappel qu’on n’est plus dans son cœur de métier.

Face à un pur all-mountain, le Rossignol Mandate offre cependant moins d’adhérence et c’est particulièrement sensible dans les gros freinages, où on met un peu plus de temps à arrêter la machine. Même constat sur les plus gros chocs et les parties un peu défoncées, où la suspension n’est pas des plus confortables, comme si elle avait un seuil ferme en début de course avant de s’affaisser un peu par la suite, ce qui n’est pas sans nous rappeler la sensation qu’on avait eu sur l’Heretic.

Morgane Jonnier, l’une des pilote d’enduro de la marque, nous confiait avoir trouvé un meilleur équilibre et un vélo un peu plus « montagnard » en passant la fourche à 150 mm de débattement, ce qui est possible à peu de frais sur les Pike version 2022 (mais ne l’est plus sur les modèles 2023 suite à la refonte de la gamme). Vous vous doutez bien qu’en deux jours dans la montagne nous n’avons pas pu essayer cette configuration mais on peut l’imaginer assez facilement : en relevant l’avant on envoie plus de poids sur l’arrière et combiné à un peu de travail sur le réglage d’amortisseur voire à ensemble de compression différent, on doit en effet pouvoir obtenir un vélo un peu plus sage.

Jolie surprise que ce Rossignol Mandate XT ! Vu le poids et en connaissant déjà l’Heretic, on avait peur de trouver un vélo « trop » polyvalent, correct partout mais brillant nulle part et sans gros caractère. Rien de tout cela finalement ! Honnête pédaleur, joueur, facile mais pas ennuyant et doté en plus d’une superbe peinture (ça compte !), ce petit vélo nous a bien plu mais on sent qu’il peut encore progresser sur certains aspects comme la suspension arrière. On serait curieux d’essayer un montage « all-mountainisé » comme celui de Morgane Jonnier car si cette option se révélait réellement pertinente, cela permettrait au Mandate d’avoir deux visages qui se complètent. Mais en attendant, cela reste une belle découverte !

A lire aussi : Visite | Rossignol : à l’aube d’une nouvelle ère

Plus d’informations : rossignol.com

ParLéo Kervran