Ce n’est pas la taille qui compte… le cas du Santa Cruz Tallboy

Par Paul Humbert -

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Ce n’est pas la taille qui compte… le cas du Santa Cruz Tallboy

Cet article n’est pas un test. Cet article n’est pas le résultat d’une grande enquête. Cet article est simplement le fruit de la réflexion de Paul, de la rédaction de Vojo, et de pourquoi sa vision du vélo « à tout faire » a changé. Et tout ça, ça a commencé quand un Santa Cruz Tallboy a débarqué à la rédaction. 

On ne l’attendait pas, il ne s’est pas présenté à nous et n’était qu’un « support » pour qu’on découvre la nouvelle transmission Sram T-Type de chez Sram. Il faut dire que le Santa Cruz Tallboy ressemble à beaucoup d’autres vélos de la marque et qu’il n’a rien de très tape à l’oeil. Il n’est pas le plus gros, pas le plus léger, pas le plus compétitif. 

Alors quand Léo s’en est allé tester la nouvelle transmission, je ne me suis pas douté qu’il partait au guidon d’un vélo qui allait changer ma manière de « choisir » un vélo. 

Revenons un peu en arrière. Jusqu’en début d’année 2023, j’étais assez persuadé que pour ma pratique polyvalente portée sur le fun, la découverte sur des terrains variés, les vélos de la catégorie « all-mountain » avec plus ou moins 150mm de débattement étaient le meilleur compromis. J’habite à la montagne et à leur guidon, on monte convenablement, on descend partout et on ne se pose jamais la question d’en avoir « trop » ou « pas assez ». 

Le Tallboy est venu mettre la pagaille là-dedans. Le vélo développe 120/130mm de débattement avec des roues de 29 pouces et se classe sur le papier dans la catégorie des vélos « trail » ou «  gros downcountry ». C’est un des grands noms historiques de la gamme Santa Cruz, mais sa renommée auprès du grand public s’est atténuée, au profit de vélos plus nerveux comme le 5010, ou à plus grand débattement comme le Hightower, le Bronson ou le Megatower. La dernière évolution du Tallboy est importante du côté du fonctionnement de la suspension, mais extérieurement, à part l’apparition d’une boîte à gant, difficile de la remarquer. On peut lui donner différent visages en fonction des équipements choisis, et de notre côté, on a préféré une paire de pneus costauds et des freins Sram Code, quitte à prendre quelques grammes supplémentaires.

Dans la catégorie, j’avais pu grimper quelques semaines avant sur le Spark 910 que j’avais adoré mais qui ne correspondait pas à ma pratique quotidienne car trop « XC » et rigide, et j’étais monté ensuite sur le 5010 de chez Santa Cruz sur lequel je m’étais amusé mais qui me demandait un peu trop d’effort pour me sentir à l’aise à son guidon. 

Quand je grimpe finalement sur le Santa Cruz Tallboy, j’ai trouvé un vélo plus léger à la montée, plus vif et plus flatteur que les « all-mountain » que j’avais pris l’habitude de choisir. En descente, je dois dire que je ne m’attendais pas à grand chose, et c’est là que j’ai été surpris. 

Dès les premiers mètres, je me suis retrouvé bien installé, posé au centre du vélo, à piloter comme je le ferais sur une machine d’enduro. Le vélo semble bien robuste et sa suspension est vraiment prévisible. Petit à petit, on hausse le rythme et le vélo suit. Le comportement du vélo est plutôt posé et j’adore ça, ça me permet de me concentrer sur mes trajectoires, mais il répond facilement sous mes jambes quand j’ai besoin de lui faire prendre un peu de hauteur. En attrapant ce vélo, je pensais devoir faire des compromis sur mon plaisir à la descente, il n’en est rien, bien au contraire. 

Assez simplement, j’ai l’impression d’avoir tout le début de course d’un vélo d’enduro. Une fois qu’on arrive où bout, le vélo se raffermit progressivement, nous laissant ainsi le temps de comprendre ce qui va se passer : glisser où arriver en butée, rien n’est vraiment surprenant ou brusque, et ça en devient vite rigolo. 

Au fur et à mesure des sorties, j’ai pris conscience que je prenais de plus en plus de plaisir à la montée comme à la descente, puis dans l’enchaînement des deux. L’avantage des vélos « all-Mountain », c’est qu’ils sont bons partout, mais excellents nulle part. Ce que j’ai découvert, c’est qu’avec ce vélo de trail, on gagne à la montée, et on ne perd pas tant que ça à la descente. Peut-être qu’on baisse un peu en capacité de franchissement, mais on gagne en fun, même sur des chemins moins engagés. 

Le Santa Cruz Tallboy n’est pas parfait pour autant. Il pourrait être plus léger, de bonnes roues sont importantes, et il a pris assez vite du jeu dans les roulements (remplacés gratuitement dans le cadre de la garantie à vie de la marque), mais il a réellement su s’adapter à ma pratique du vélo en me mettant en confiance, peut-être avec ses deux roues de 29 pouces, quand son petit frère le 5010 m’a un peu pris en défaut.

J’ai pris conscience que ce petit vélo m’a accompagné sur 70 à 80% de mes sorties de l’année, tout en m’apportant plus de fun à la montée comme à la descente. Pour les sorties rapides derrière la maison ou les grandes découvertes sur des kilomètres, il s’est toujours révélé être un bon compagnon. Et pour les pourcentages restants ? C’est là où je triche et où mon travail chez Vojo me permet de m’offrir le luxe de rouler avec un second vélo. Vous l’avez déjà vu en ligne, c’est un Nukeproof Giga qui m’a permis de combler l’éventail de mes pratiques. Avec 170/180mm de débattement, plus de compromis comme avec un All-Mountain, je serai le fusible en descente avant mon vélo. 

C’est ainsi qu’en quelques mois, je suis passé de la ferme conviction qu’un vélo « à tout faire » était la réponse à la variété de mes pratiques du VTT, à une vision où un duo bien accordé a su m’apporter encore plus de plaisir toute l’année. 

On peut jouer sur les mots et les appeler « gros downcountry » ou « petit all-mountain », ou « trail », peu importe. Je remarque surtout qu’ils sont assez peu nombreux à proposer ce savant mélange centré autour du fun plus que de la performance, tout en restant ultra polyvalents. 

Quand je pense à ce vélo, ça m’évoque beaucoup de bons souvenirs, des grandes sorties découvertes et des mini-rides où le plaisir en descente me procure les mêmes intensités que celles développées à la montée. 

Au côté du Santa Cruz Tallboy, on pourrait retrouver le Trek Topfuel,le Scor 2030, le YT Izzo ou éventuellement le Commencal Tempo. Quoi qu’il en soit, j’ai eu un coup de foudre pour ces vélos fun à petit débattement. Ils demandent à être connus et j’ai hâte d’en découvrir d’autres !

ParPaul Humbert