Test nouveauté | Santa Cruz 5010 : l’âge de la maturité

Par Léo Kervran -

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Test nouveauté | Santa Cruz 5010 : l’âge de la maturité

2022 est décidément l’année du renouveau chez Santa Cruz. Après le Megatower, le Hightower et le Nomad, c’est au tour du 5010 de passer à une nouvelle génération et pour l’occasion, la marque californienne a prévu un changement de taille : adieu le 27,5″, il se convertit au format MX ! Nous avons pu le découvrir sur le terrain, voici nos premières impressions :

Historiquement, le 5010 était le petit vélo de trail joueur de Santa Cruz. Roues de 27,5″, débattement autour de 130 mm : depuis sa naissance en 2013 les bases de la recette étaient restées les mêmes pour ne pas trahir son succès. Toutefois, depuis la précédente génération (la 4e), on avait eu l’impression de sentir un début de transformation dans l’esprit qui anime le vélo.

S’il pouvait toujours se montrer joueur et débridé entre les bonnes mains, il nous avait paru « s’enduriser » un peu pour le grand public (lire Test nouveauté | Santa Cruz 5010 & Juliana Furtado : trop polyvalent ?), avec un côté plus efficace, plus stable et plus sain pas inintéressant mais plus éloigné du visage « BMX tout-suspendu » sur lequel Santa Cruz communiquait à l’époque.

Pour cette 5e itération, la marque semble avoir poursuivi dans cette voie : selon les éléments de langage officiels, « ce n’est pas un playbike, c’estun vélo de trail qui aime jouer ». Une nuance subtile censée mieux refléter l’évolution du 5010 et ce nouveau comportement peut-être moins naturellement joueur mais plus polyvalent.

Tout ça c’est bien joli mais sur le plan technique, qu’est-ce que ça donne ? On l’évoquait en introduction, la nouveauté la plus importante est le passage au format mulet, ou MX dans la nomenclature Santa Cruz, c’est-à-dire avec une roue de 29″ à l’avant et une roue de 27,5″ à l’arrière.

Le 5010 marche ainsi dans les traces du Bronson et du Nomad, qui ont suivi le même chemin ces derniers mois. Mis à part le V10 de DH, il n’y a donc plus aucun pur 27,5″ au catalogue de la marque californienne !

Évidemment, cela n’est pas sans influence sur la géométrie. Avec le flipchip en position haute (Hi), l’angle de direction perd 0,5° pour descendre à 65,2° tandis que l’angle de tube de selle a été un peu plus uniformisé à travers les tailles et reste proche de 77,3°, au lieu de varier de près d’1°. Le reach prend lui 9 à 10 mm (459 mm en taille M) et la longueur des bases est désormais adaptée à chaque taille (433 mm en taille M), dans l’idée de conserver un comportement similaire du XS au XXL.

D’ailleurs, cette taille XXL est nouvelle ! Le 5010 se décline donc en 6 tailles, quelque chose qui n’est pas si courant et on salue l’effort de Santa Cruz pour satisfaire un maximum de personnes. Pour terminer sur la géométrie, on notera que le passage du flipchip en position basse (Lo) couche les angles de 0,3°, raccourcit le reach de 3 mm et descend le boîtier de pédalier de 3 mm également. Prises individuellement, ces variations sont minimes mais d’expérience, on sait que l’ensemble peut tout de même se sentir sur le terrain.

Pas de changement côté débattement en revanche, le 5010 reste à 140 mm devant et 130 mm derrière. Son comportement a cependant été revu avec un anti-squat nettement plus bas sur les 2/3 du débattement. Cela devrait améliorer un peu la sensibilité, bien que les valeurs restent dans l’absolu assez élevées pour le répondant au pédalage et le dynamisme. A l’opposé, la fin de course est un peu plus ferme et la suspension pourrait paraître plus progressive que par le passé.

Mis à part le modèle R d’entrée de gamme qui aura un amortisseur Fox Float DPS, tous les 5010 seront équipés en RockShox devant (Pike) comme derrière (Super Deluxe). On note que le tunnel d’amortisseur profite d’une petite fenêtre pour vérifier plus facilement le réglage du sag, comme sur le Hightower… mais pas le Megatower !

Renseignement pris, il s’agit d’un choix bien conscient : sur les petits débattements, le tunnel d’amortisseur a été réduit pour permettre le montage d’une plus longe tige de selle télescopique, ce qui impose la fenêtre pour bien voir le témoin de sag. Sur les grands débattements, comme le Nomad ou le Megatower, Santa Cruz a privilégié la flexibilité au niveau de l’amortisseur et a laissé de la place pour un modèle à gros volume, un ressort hélicoïdal… En conséquence, pas besoin de la fenêtre.

Le 5010 bénéficie bien sûr de la nouvelle GloveBox, traduction littérale de boîte à gants, que le Megatower a inauguré en début d’année et qui se décline depuis sur tous les vélos Santa Cruz au fur et à mesure des renouvellements. A l’intérieur, deux pochettes (vides) : une pour la chambre à air et une autre pour les outils, mèches, pompes… enfin, en théorie. Dans les faits, personne ne vous empêche de les réorganiser selon vos besoins !

Parmi les autres informations pratiques à retenir, on note que le 5010 est taillé pour accueillir des pneus de 2,5″ au plus, que les étriers sont au standard Postmount 180 et que le boîtier de pédalier est fileté (BSA 68/73). Les points d’ancrage ISCG 05 pour un guide-chaîne sont déjà en place et la patte de dérailleur répond au standard UDH de Sram, bien qu’elle soit conçue par Santa Cruz (apparemment plus rigide et précise).

La gamme est composée de 6 modèles et s’étend du 5010 R en carbone C, Sram NX Eagle et roues Race Face AR30 au 5010 X01 AXS RSV en carbone CC (plus léger), Sram X01 Eagle AXS et roues Reserve 30. Pour les tarifs, il faut compter entre 5 399 € et 10 999 € pour les vélos complets, tandis que le kit cadre (en carbone CC) est affiché à 3 799 €. Les premiers modèles devraient être disponibles dans l’automne.

Sur le terrain

C’est en marge des championnats du monde aux Gets que nous avons pu découvrir ce nouveau 5010. La prise en main fut brève, à peine une demi-journée puisqu’il fallait avant tout vous faire vivre cet évènement unique, mais elle nous a tout de même permis d’avoir un premier aperçu de la direction prise par Santa Cruz pour cette 5e génération.

Guidés par Joseph Pauly de Ride Ability et accompagnés par Yann Simon de Santa Cruz, nous partons du col de Joux Plane pour une boucle qui nous fera rejoindre le village des Gets via la fameuse descente de Jacquicourt, bien connue des locaux.

Premier réflexe avant d’aller rouler, passer le vélo en position haute. D’origine, le 5010 est livré avec le flipchip installé en position basse (Lo) mais depuis quelques temps, nous nous sommes rendus compte que la position haute (Hi) rend généralement les Santa Cruz plus faciles et plus joueurs. La position basse reste intéressante dans certaines situations, en bikepark par exemple, mais la haute est plus polyvalente et vu le programme du 5010 c’est elle qui, sur le papier, nous paraît le mieux lui correspondre.

On commence par une longue section de pédalage et le 5010 dévoile tout de suite un visage agréable de bon randonneur. Bon, on est sur le montage le plus haut de gamme donc les roues en carbone et le faible poids n’y sont pas pour rien mais au-delà de ça, la suspension ne bouge pas et la position est proche de la perfection.

La rigidité, accordée à chaque taille de cadre, est également bien dosée et fait du 5010 un vélo particulièrement plaisant en danseuse. Chaque petit talus est une invitation à se dresser sur les pédales, sans forcément hausser le rythme mais juste pour passer sur l’élan sans (trop) remonter de rapports. Si vous aimez pédaler, il pourra vous accompagner longtemps !

Quand la pente penche dans l’autre sens, on repense vite aux mots que Santa Cruz utilise pour décrire le vélo : « Ce n’est pas un playbike, c’estun vélo de trail qui aime jouer. » En réalité, difficile d’être plus juste et plus explicite. Avec sa géométrie presque digne d’un enduro d’il y a quelques années, le 5010 passe partout et met vite à l’aise.

Cela pourrait presque être pervers car pour qui a un bon coup de guidon, ce comportement invite à prendre de la vitesse et rouler comme avec un gros vélo… sauf que ce n’est pas un gros vélo ! La suspension a moins de réserve et ne se pose pas comme sur un enduro, ce qui oblige à vraiment tenir le vélo dans les racines ou les pierriers.

On peut avoir cette impression que la géométrie « dépasse » les capacités des suspensions mais au final, c’est un faux problème et c’est même plutôt une bonne chose : pour les plus expérimentés à la recherche de sensations, c’est drôle, un peu comme rouler en 26″, tandis que les autres n’atteindront tout simplement pas ces vitesses et profiteront en revanche de l’aspect facile et sécurisant de cette géométrie moderne.

Et ce côté joueur alors ? Comme son prédécesseur, ce nouveau 5010 ne se transforme pas en bâton sauteur dès qu’on s’installe à son guidon. En revanche, tout est facile ou presque si on a envie de s’amuser. D’une simple poussée sur les jambes il accélère dans les compressions pour décoller en sortie, la glisse de la roue arrière est facile à provoquer et contrôler, les bunny-hops se lancent sans effort…

S’il a peut-être apporté un peu plus de polyvalence et de sécurité à l’avant, le passage au format MX ne lui pas enlevé grand chose de ce côté-là et le 5010 reste toujours aussi vif quand on le lui demande.

Verdict

Avec cette 5e génération, le 5010 s’assagit sans vraiment s’assagir. Le passage au format MX et les évolutions de géométrie le rendent plus accessible et la majorité des pratiquants, mais dans le même temps, il garde son caractère turbulent qui a fait sa réputation. Simplement, ce caractère est désormais un peu plus caché et ne se révèlera pas forcément à tout le monde… ce qui, compte tenu du positionnement du vélo, n’est pas une mauvaise chose. En fait, ce 5010, c’est pour nous le petit frère idéal du Hightower pour les terrains un peu moins accidentés. Là où le Hightower excelle en tant que vélo à tout faire en montagne (promis, le test complet est pour bientôt), le 5010 fera de même sur des dénivelés un peu moins importants et des sentiers un peu moins chaotiques. Santa Cruz a compris que le 5010 peut convenir à bien plus de monde que les spécialistes des champs de dirt et on apprécie !

Plus d’informations : santacruzbicycles.com

ParLéo Kervran