Test nouveauté | Santa Cruz Megatower 2022 : changement d’approche

Par Léo Kervran -

  • Tech

Test nouveauté | Santa Cruz Megatower 2022 : changement d’approche

Surprise, Santa Cruz dévoile un nouveau Megatower ! Ou pas. En effet, la surprise n’est plus vraiment de mise depuis quelques semaines et la coupe du monde de DH de Lourdes, où la marque californienne s’est amusée à dévoiler « discrètement » le vélo sur les home-trainers des pilotes du Syndicate. Aujourd’hui, Santa Cruz communique enfin dessus officiellement et encore mieux, nous avons déjà pu le découvrir sur le terrain dans deux niveaux de gamme différents. Voici nos premières impressions :

 

 

 

Après 3 ans de bons et loyaux services, il était temps pour le Megatower premier du nom de céder la place à la nouvelle génération. Né comme une machine de gros enduro, le vélo avait encore ce caractère au plus profond de son cadre mais l’évolution du segment et des géométries pouvaient le faire apparaître un peu vieillissant sur le papier. Hors de question pour Santa Cruz, qui s’est donc attaché à moderniser le Megatower et à le rendre un peu plus accessible au passage.

 

 

Pour commencer, un point sur ce qui reste : des roues de 29″ à l’avant comme à l’arrière (pour le 27,5″, il y a le Nomad), une architecture de suspension « VPP bas »… et c’est tout. Oui, si ce Megatower 2 est très proche de la précédente génération visuellement, il y a beaucoup de changements plus ou moins importants sur la fiche technique, des changements qui ont des répercussions sensibles sur le terrain comme on le verra plus bas.

D’abord, la géométrie. Avec un flipchip en position haute, tel que le vélo sera vendu, l’angle de direction descend à 63,8°, soit 1,3° de moins que sur l’ancien Megatower. L’angle de tube de selle se redresse nettement et affiche 77,2° à 77,8° selon la taille (+ 0,5° à 1,7°). On note qu’il est maintenant plus droit sur les grandes tailles que sur les petites de façon à compenser la hauteur de selle plus importante. Bien vu !

 

 

Autre bon point, la longueur des bases est adaptée à la taille du vélo grâce à une petite astuce : le triangle arrière est le même du SM au XXL mais Santa Cruz déplace les points d’ancrage des biellettes sur le triangle avant entre chaque taille, de façon à obtenir des longueurs de bases (ou rear center, comme c’est une longueur virtuelle dans ce cas) différentes. En revanche, cette longueur est désormais fixe, Santa Cruz a supprimé la pièce réversible qui permettait d’alterner entre deux positions distantes de 10 mm. Selon la taille, on va de bases à peine plus longues que l’ancienne position courte (+ 1 mm en SM) à plus longues que l’ancienne position longue (+ 2 mm en XXL, donc + 12 mm sur la position courte).

 

 

Enfin, le reach reste assez stable (+ 5 mm, 475 mm en L) tout comme la hauteur du boîtier de pédalier (3 mm plus haute) tandis que le stack gagne 4 à 13 mm, en partie à cause de l’augmentation du débattement. Le flipchip sur le basculeur reste d’actualité et, si son effet est mesuré sur le papier (- 0,3° sur les angles, – 3 mm de reach), on sait d’expérience qu’il peut être sensible sur le terrain.

 

 

Augmentation du débattement ? En effet, le Megatower passe de 160 à 165 mm à l’arrière et de 160 à 170 mm à l’avant. Dans les faits, les modèles montés en Fox 38 étaient déjà vendus en 170 mm en 2021 (la 38 n’existe pas en 160 mm) mais le vélo avait à l’origine été pensé pour du 160 mm, tandis qu’ici il est bien conçu pour du 170 mm dès le départ.

 

 

5 mm par-ci, 10 mm par-là… Prises seules, ces valeurs ne font pas forcément une grande différence, mais il faut combiner ça à l’évolution de la géométrie et de la cinématique. Sur ce nouveau Megatower, Santa Cruz a monté un amortisseur à la course plus longue (62,5 mm au lieu de 60 mm) ce qui a pour effet de réduire le ratio de bout en bout et ainsi d’offrir, selon la marque, « plus de soutien pour un pilotage plus agressif ».

Avec ratio au-dessus de 3 en début de course, la sensibilité et le grip devraient tout de même rester au rendez-vous. On note enfin que la progression est presque constante sur tout le débattement, avec une fin de course plus marquée que par le passé de manière à réduire le risque de talonnage. L’objectif, pour Santa Cruz, est que « le vélo soit plus efficace sur l’absorption des chocs, là où le précédent Megatower ne réagissait pas toujours bien sur les impacts les plus rapides. On veut un vélo plus consistant et prévisible ».

 

 

Quelques heures après la présentation, au pied d’un sentier des Pyrénées, nous échangeons avec Kiran MacKinnon, le responsable du développement suspension auprès de la marque. Il nous rappelle les attentes présentées plus haut, et il nous précise qu’un travail tout particulier a été réalisé avec Fox sur le Float X2 : « nous n’avons jamais été aussi loin dans le « tuning » d’un amortisseur. C’est parti d’un dessin sur une serviette de table, et on a ensuite adapté tout l’amortisseur au vélo ». On échange avec lui sur les processus de test qui impliquent un peu de labo, mais surtout énormément de terrain avec des testeurs aux profils différents. Et quand on évoque la présence d’un amortisseur Rockshox Super Deluxe dans la gamme, il ne renie pas ses performances : « Rockshox nous offre de nombreuses options, mais c’est moins sur-mesure ».

 

 

Afin « d’harmoniser » l’expérience de tous ses clients, Santa Cruz annonce par ailleurs avoir travaillé le « layout » de carbone différemment sur chacune des tailles, afin que le niveau de rigidité soit ressenti de la même manière par tout le monde. On retrouve ainsi des cadres de petites tailles plus « tolérants » et adaptés aux poids légers, quand les grandes tailles seront plus rigides pour les pilotes plus lourds. La démarche est poussée jusque dans le choix des composants, avec des grips de deux épaisseurs différentes, et des tiges de selles dont le débattement augmente avec chaque taille.

 

 

On a fait le tour des donnés techniques, mais ce n’est pas tout ! C’est la grosse surprise de ce nouveau Megatower, Santa Cruz intègre pour la première fois sur un de ses vélos un rangement dans le tube diagonal. Pour accéder à cet espace baptisée Glovebox (boîte à gants, tout simplement), il suffit de pousser sur un petit levier situé sous le porte-bidon. Chaque marque a son propre mécanisme mais il faut avouer que celui de Santa Cruz, protégé par un brevet, nous a semblé le plus abouti parmi tous ceux que nous avons rencontrés jusqu’à maintenant.

 

 

Il est plus beau que le Trek, plus facile à actionner que le Specialized qui est parfois un peu ferme, et surtout plus stable et silencieux que tous même avec un bidon rempli par-dessus. A l’intérieur, on découvre deux pochettes : le Tool Wallet et le Tube Purse. Les noms sont assez explicites, le premier est fait pour ranger ses outils et divers accessoires tandis que le second est prévu pour accueillir une chambre à air. On peut aussi se passer de l’un des deux et glisser un coupe-vent à la place, par exemple.

En conséquence, vous ne trouverez (toujours) pas sur le Megatower d’inserts sous le tube supérieur pour monter un support d’accessoires. Très populaire ailleurs, cette fonctionnalité ne trouve visiblement pas grâce aux yeux de Santa Cruz qui ne la propose sur aucun de ses modèles. Si vous voulez emmener plus de matériel, ce sera dans vos poches (ou dans un sac, une banane…) ! Mais avant cela, il faudra déjà remplir la Glovebox…

 

 

7 montages figurent au catalogue de ce nouveau Megatower, à peu de choses près les mêmes que pour l’ancien modèle. On a donc 4 versions avec un cadre en carbone C et 3 avec du carbone CC, plus haut de gamme et plus léger. Mis à part les déclinaisons R et S en « entrée » de gamme et la XX1 Flight Attendant Ltd. (limitée à 50 exemplaires dans le monde) à l’autre extrémité, toutes sont proposées indifféremment avec un amortisseur à ressort air ou hélicoïdal.

Côté tarifs, la gamme s’échelonne de la manière suivante :

  • Cadre en carbone C : Megatower R à 5 799 € / Megatower S à 6 799 € / Megatower C GX AXS à 7 999 € / Megatower C GX AXS RSV à 9 199 €
  • Cadre en carbone CC : Megatower CC X01 à 9 199 € / Megatower CC X01 AXS RSV à 11 799 € / Megatower CC 29 XX1 AXS FA RSV à 13 999 €

 

 

Enfin, on signalera Santa Cruz continue de maintenir sa politique de garantie à vie sur ses cadres, ses roues Reserve et ses roulements. En revanche, on ne profite pas (encore ?) sur ces vélos des valves Reserve Fillmore présentées il y a quelques mois, censées faciliter la mise en place des pneus tubeless et empêcher les bouchons de liquide préventif.

Le Santa Cruz Megatower sur le terrain

Pour ce nouveau Megatower, nous avons vu les choses en double (et en grand) puisque nous avons d’abord pu découvrir le vélo en version Megatower C GX AXS RSV avec toute l’équipe Santa Cruz dans les Pyrénées, avant de poursuivre la prise en main pendant quelques semaines sur la déclinaison très haut de gamme Megatower CC X01 AXS RSV.

En version Megatower C GX AXS RSV

 

 

Pour la première partie, c’est Paul qui s’est rendu au cœur des Pyrénées, à proximité de Loudenvielle et entre les mains de la sympathique équipe de Pyrénées Bike Camp afin d’avoir un premier aperçu de la bête.

 

 

Notre machine est passé entre les mains de Kiran MacKinnon avant le début de la sortie donc on part confiant sur les réglages de suspension et notre seul ajustement consiste à accélérer légèrement le rebond. Sur les pistes du Mourtis, des tracés tantôt « flowy » tantôt techniques, on découvre un vélo qui nous donne beaucoup de retours et de sensations. On se sent vite bien et en confiance à son guidon puisqu’il nous aide à avoir une très bonne lecture de terrain.

 

 

Le vélo est assez facile à faire évoluer et il permet de lâcher sereinement les freins. On a vraiment la sensation d’être sur un enduro très moderne, sans être nécessairement extrême. Les aficionados de l’ancien Megatower ne seront pas perdus mais le nouveau semble profiter d’une couche de raffinement supplémentaire à tout point de vue : sa géométrie, sa suspension, sa rigidité et son comportement général.

On note aussi que le vélo est cohérent dès la position haute, et qu’on ne ressent pas le besoin de passer en position basse dès la fin de la première piste. Cette dernière sera bien sûr utile si le programme du jour est tourné exclusivement (ou presque) vers la descente mais s’il y a aussi une bonne part de pédalage, rouler en position haute n’empêchera pas de se faire plaisir en descente.

 

 

L’amortisseur Rockshox, lui, se montre très facile d’approche et confortable. En passant sur le Fox Float X2, on trouve un soutien un peu supérieur et une finesse de lecture légèrement plus élevée à haute vitesse, à condition de passer plus de temps sur les réglages.

 

 

Difficile de parler de rapport « qualité/prix » avec ce vélo mais le seul point noir de notre modèle de test aura été, à notre sens, la présence des « anciens » disques Sram Centerline qui perdent en mordant quand les descentes sont longues. Il faut attendre les montages « CC » pour retrouver les nouveaux HS2 qui maintiennent bien plus de constance malgré la montée en température. Autre élément d’amélioration, qui concerne cette fois tous les modèles, nous avons remarqué que le plastique de la protection du tube inférieur s’est fissurée puis cassée. La faute, peut-être, à un plastique trop dur.

En version « très haut de gamme » Megatower CC X01 AXS RSV

 

 

Pour la deuxième partie, tout le cœur de la rédaction « technique / tests » de Vojo est passé sur le vélo pour approfondir le travail : Paul, Léo, Paulin mais aussi Olivier ! Toute l’équipe, Français et Belges confondus, s’est en effet retrouvée le temps d’une semaine à Finale Ligure au début du mois pour du test, de la vidéo et tout simplement passer un peu de temps ensemble. Le Megatower n’était pas le seul à faire le voyage et pas moins de 8 vélos nous accompagnaient, 8 vélos dont vous pourrez découvrir les tests et les images dans les semaines à venir.

 

 

Retour à notre gros et luxueux mouton californien tout en carbone. Précision utile, nous l’avons uniquement roulé en position Low durant cette période.

Un Santa Cruz restant un Santa Cruz, on se sent bien dès les premiers tours de roue au guidon de ce nouveau Megatower. Le tube de selle droit est agréable et dans ce montage très haut de gamme, la machine pédale vraiment bien sur les sections roulantes, à plat ou en montée, pour peu qu’on prenne le temps de bloquer (enfin, durcir) l’amortisseur. Bien sûr, ce n’est pas comparable à un trail/AM en 140/150 mm mais clairement, on n’a pas l’impression de se traîner au guidon d’un monstre de 63,5° d’angle de direction et 170 mm de débattement… Ce qu’il est pourtant.

 

 

Sur les sentiers, c’est toujours aussi agréable et la suspension offre un excellent grip lorsqu’on la libère mais on notera que tous les testeurs ont signalé toucher assez fréquemment les pédales dans les sections un peu techniques. Avec 343 mm en position basse, la hauteur du boîtier de pédalier n’a pourtant rien d’extrême en statique mais il est possible qu’elle descende beaucoup plus bas lorsque l’amortisseur se comprime.

 

 

En descente, les avis sont unanimes : ce Megatower est bien plus facile d’accès que son prédécesseur. Un de nos testeurs est propriétaire d’un ancien Megatower, un autre n’est jamais monté dessus et ceux qui restent se situent entre les deux sur cette échelle mais l’avis est le même, tous ont trouvé cette nouvelle génération particulièrement dynamique, voire joueuse, ce qui n’était pas vraiment un trait de caractère du précédent modèle.

 

 

Avec le Megatower 2, on ressort plus facilement des virages et il n’y a pas besoin d’un engagement de tous les instants pour faire tourner un vélo qui ne demande qu’à aller tout droit. On joue plus facilement avec les mouvements de terrain, on tire par-dessus les obstacles et on peut se montrer créatif là où avec l’ancien, on cherchait surtout la ligne la plus directe jusqu’au prochain freinage.

 

 

Une erreur de pilotage, un virage mal négocié vous a fait perdre votre vitesse ? Aucun problème, une bonne poussée sur les jambes et ça repart aussitôt, comme sur une pumptrack. C’est là une grosse différence avec l’ancien, qui pouvait avoir tendance à se « planter » dans de telles situations. Par ce côté joueur et vif malgré le débattement et la géométrie, ce Megatower nous rappelle un peu le Scor 4060 LT qui avait su, lui aussi, beaucoup nous amuser.

 

 

A cela, il faut ajouter une rigidité relativement contenue. Spécialiste du carbone depuis de longues années, Santa Cruz maîtrise parfaitement ce matériau et a vraisemblablement décidé de donner un caractère plutôt tolérant au nouveau Megatower. Le vélo est confortable et en cas de faute de pilotage, il ne se transforme pas instantanément en catapulte, on dispose d’une belle marge de manœuvre pour se rattraper. Un trait qui participe beaucoup à rendre la machine plus accessible, mais qui a forcément son revers.

 

 

En effet, le Megatower 2 nous a paru un peu moins stable et sécurisant que le précédent lorsqu’il s’agit de rouler très vite dans du rapide et défoncé. La géométrie n’est pas en cause, bien au contraire car l’angle de direction de 63,5° permet d’aborder sereinement les pires enchaînements de marches et d’avaler les pentes raides sans la moindre arrière-pensée. C’est plutôt du côté de la combinaison rigidité – suspension que l’explication de cette sensation est à aller chercher, avec un vélo qui donne l’impression de devoir être plus « tenu » dans ces situations, plutôt que de choisir sa ligne et de le laisser simplement travailler.

 

 

Toutefois, n’oublions pas que nous n’avons pu réaliser qu’une prise en main pour l’instant et que nous affinerons ces retours dans les semaines à venir. Un début de travail sur les réglages de suspension nous a déjà montré qu’on pouvait poser plus facilement le vélo si besoin (au détriment du côté joueur, logiquement) et nous continuerons à explorer les différentes possibilités qui s’offrent à nous dans ce domaine.

 

 

Verdict

Sans changer énormément de choses sur le papier, Santa Cruz a réussi à transformer complètement son Megatower pour en faire un vélo beaucoup plus facile d’accès d’une part et joueur d’autre part. Peut-on pour autant dire qu’il est mieux en tous points que le précédent ? Sur le plan pratique sans aucun doute, la Glovebox ou le tube de selle redressé sont de vraies réussites. En descente, malgré le débattement accru, l’empattement plus long et la direction plus couchée, ce Megatower 2 semble plus polyvalent que son prédécesseur et moins tourné vers la vitesse pure. Plutôt que meilleure, on préfèrera donc dire que cette nouvelle génération est différente. Rouler vite c’est bien, mais s’amuser ce n’est pas mal non plus, surtout si plus de monde peut en profiter !

Retrouvez nos sensations au guidon du nouveau Santa Cruz Megatower en vidéo :

Plus d’informations : santacruzbicycles.com

ParLéo Kervran