Test nouveauté | Santa Cruz Bullit 2021 : retour (très) attendu

Par Paul Humbert -

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Test nouveauté | Santa Cruz Bullit 2021 : retour (très) attendu

L’arrivée d’un nouveau moteur Shimano et la naissance d’un Heckler MX en configuration 29/27,5 à débattement « réduit » ouvrait une grande porte dans la gamme des VTTAE chez Santa Cruz. Ce trou est désormais comblé avec le retour d’un autre grand nom de l’histoire de la marque : le Bullit. Avec un tout nouveau cadre, une batterie de 630Wh, un montage « mullet » et 170mm de débattement, on tient un très sérieux client sur le marché des gros VTTAE. 

Début Novembre, soit quelques jours avant la sortie de ce Bullit, Santa Cruz présentait une version 2021 du Heckler avec un nouveau moteur Shimano EP8, mais également un Heckler MX (pour « mixed wheels ») équipé d’une roue de 29 pouces devant et un débattement réduit à 140mm.

 

 

Santa Cruz ouvre ainsi la porte à un format de roue différencié : une solution technique qui anime de nombreux débats au sein de l’industrie, qui ne trouve pas de consensus sur les gammes « traditionnelles » mais qui commence à trouver un bel écho sur le marché des VTTAE.

En découvrant le Heckler MX, on imaginait facilement qu’une version bodybuildée d’un tel montage allait voir le jour. Il n’a pas fallu longtemps et on découvre, avec intérêt, que Santa Cruz ne s’est pas contenté d’augmenter le débattement. Le cadre du Bullit version 2021 est tout neuf et il accueille un nouveau moteur Shimano EP8 et, surtout, une batterie de 630Wh. 

Et à quoi est-ce que ce vélo va servir ? La réponse se trouve dans le nom et l’héritage du vélo puisque le Bullit se veut, comme son valeureux prédécesseur, orienté vers la descente mais sans se priver de grimper et de s’ouvrir vers une grande polyvalence. À l’époque de la sortie du Bullit, premier du nom, c’était un véritable élément différenciant. Aujourd’hui, pour un VTTAE, le programme est moins surprenant, mais trouver le juste équilibre entre la cinématique, la géométrie, les tailles de roues et les contraintes du moteur est un sacré défi. 

Le moteur tout d’abord ! Assez logiquement, on retrouve un nouveau moteur Shimano EP 8 (qu’on vous présente en détail ici : https://www.vojomag.com/test-nouveaute-premiers-tours-de-roues-en-shimano-ep8/ ) qui a comme particularité, par rapport au modèle qu’il remplace, de s’alléger de 300 grammes, de réduire son encombrement et de faire grimper sa puissance à 85Nm maximum. 

On lui trouve une manière assez naturelle et douce de délivrer la puissance, et bien « qu’embarqué » sur un gros vélo comme le Bullit, il ne bascule pas vers un comportement qui aurait tendance à trop « pousser ». 

Entre la génération de moteurs Shimano précédente et ce nouveau EP8, l’interface de fixation du moteur ne change pas, et il est donc possible de reprendre le travail effectué sur le Heckler.

 

 

Ce qui change en revanche, c’est l’espace alloué à la batterie dans le cadre. Pour accueillir une batterie de 630Wh (tout particulièrement demandée par le marché), une re-conception d’un tout nouveau triangle avant a été nécessaire.

 

 

Pour la commande du vélo, on retrouve un petit écran de contrôle Shimano « classique » positionné à côté de la potence, et un petit contrôleur/collier situé à gauche du guidon. 

La batterie se déloge du tube inférieur à l’aide d’une petite clé Allen et le moteur s’allume via un bouton unique positionné sur le moteur. 

La question de la taille de roue a déjà eu un bel écho auprès des premiers acheteurs du Heckler. Initialement présenté en 27,5 pouces, ce vélo a intrigué et interrogé tant le 29 pouces semble faire son chemin sur les vélos « polyvalents ». D’ailleurs, certains acheteurs n’ont pas attendu Santa Cruz pour tester la configuration « Mullet » sur un Heckler, mais ce n’est pas sans inconvénients sur un vélo qui n’a pas été prévu pour…

 

 

C’est donc pour un montage « Mullet » que le Bullit a été spécifiquement conçu avec un moteur, une gestion des masses et une cinématique adaptés. Avec une roue de 27,5 derrière, on conserve un tempérament joueur et un vélo facile à placer (ce qui peut être difficile à garantir sur de lourds e-bikes), et on bénéficie du confort, du grip et de la facilité d’une grande roue devant. Le « déséquilibre » possiblement créé par cette combinaison est ensuite rattrapé par un moteur qui remet la machine à niveau. 

C’est un calcul qui ne réussit pas à tous les coups, vous avez d’ailleurs pu le lire dans certains de nos précédents tests, mais en e-bike, il mérite qu’on s’y attarde. C’est l’épreuve de montée qui sera cruciale pour ce Bullit. Ne pas réussir à monter en VTTAE à cause d’un vélo qui cabre trop est tout bonnement insupportable. 

Mais avant d’aller à notre ressenti terrain, arrêtons nous un petit instant sur la cinématique de la machine. Là encore, les amateurs de la marques ne seront pas surpris, on retrouve le système VPP cher à la marque, et qui s’affine à chaque nouveau modèle. Le triangle arrière est « flottant » et relié au triangle avant par deux basculeurs. On vous présente d’ailleurs cette cinématique dans notre lexique : https://www.vojomag.com/petit-lexique-illustre-du-vtt/?more=3-partie-2-les-cinematiques 

On se souvient que Todd Ford, un des chefs produits sur ces vélos, nous faisait part de la difficulté pour les ingénieurs à décliner ce système VPP sur les VTTAE. On imagine qu’ils ont bien bénéficié de l’expérience du premier Heckler pour ce Bullit, lui même aidé par un moteur un peu plus compact !

 

 

Dans cette configuration, le Bullit développe 170mm de débattement et, chose intéressante, il vous est proposé une option « ressort » sur les deux montages les plus haut de gamme. 

Côté géométrie, le vélo se muscle par rapport au Heckler. Le Bullit affiche un reach en taille L de 475mm, des bases contenues de 449mm, un angle de direction de 64 degrés et un tube de selle de 77,1°. On remarque également que contrairement à bien d’autres modèles sans assistance dans la gamme, le Bullit ne propose pas plusieurs points d’ancrage de l’amortisseur (avec une position haute et une position basse). 

Avec ce Bullit, on est vraiment plus proche des valeurs des vélos d’enduro de la gamme. Avec cette géométrie, ce débattement et ces composants, la différence est volontairement marquée avec le reste des modèles. 

Côté composants justement, et sans entrer dans les détails de la gamme et des montages, on retrouve les Fox 38, Rockshox Zeb et les gros amortisseurs Rockshox Super Deluxe, ce qui traduit également l’envie pour Santa Cruz d’offrir plus de rigidité et de support sur les gros impacts. 

Pour les détails, qui mis bout à bout n’en sont plus, on retrouve sur le Santa Cruz Bullit 2021 des roulements intégrés aux biellettes et garantis à vie, tout comme le cadre. Une protection sur les bases grimpe bien haut pour protéger le triangle arrière et on retrouve également un petit garde-boue pour protéger le pied d’amortisseur. 

Les trois modèles les plus haut de gamme sont équipés d’un cintre carbone Santa Cruz qui camoufle partiellement les câbles de connexion Shimano en les glissant dans une petite gouttière « creusée » sous le cintre. 

Dans la gamme Santa Cruz Bullit 2021, on retrouve 4 montages en finition CC (la finition carbone la plus haut de gamme chez Santa Cruz) : le Bullit R (7699€, avec un moteur Shimano E7000, et c’est dommage…), le Bullit S (9099€), le Bullit XT (9699€) et le Bullit XO1 Reserve (11699€). On le précisait plus haut, mais les montages XT et XO1 offrent la posiblité d’opter pour un amortisseur à ressort.

Le vélo ne sera disponible qu’en 4 tailles (M, L, XL et XXL), les contraintes d’encombrement de la batterie ayant eu raison de la taille S. Sur la balance, le modèle le plus haut de gamme est annoncé à 22,1kg en taille L et 22,8kg pour le modèle « R ».

Côté coloris, deux choix s’offrent à vous (et on les imagine assez clivants). 

Ces vélos sont annoncés comme d’ores et déjà disponibles en magasin dès le lancement du vélo. 

Prise en main : Santa Cruz Bullit XT MX 2021

Une grande question nous trottait dans la tête : est-ce que ce nouveau Bullit se présentera comme un sérieux concurrent sur le marché des VTTAE ? Un petit test Covid pour toute l’équipe et nous prenions la direction de Morzine, camp de base de la marque en France.

 

 

C’est avec la totalité de l’équipe Santa Cruz Syndicate (Greg Minnaar, Loris Vergier, Steve Peat, Luca Shaw, oui oui…) qu’on découvre le vélo et ils nous prouveront que cette machine est loin de leur déplaire. Mais on ne joue pas dans la même cours, et on a donc pris le temps de bien régler ce vélo et de faire connaissance.

 

 

On grimpe sur le modèle XT équipé d’un amortisseur Rockshox Super Deluxe à ressort, d’une Fox 38 Float Performance Elite et d’une paire de roues en alu.

On part pour deux sorties mêlant sentiers naturels et quelques sections plus travaillées. Dès la première ascension, on souffle, le vélo ne tombe pas dans le piège du vélo qui « cabre » excessivement. Pour un gros vélo, il est d’ailleurs assez étonnant. On est forcément un peu plus haut devant que sur un Heckler, mais on est bien posés et en chargeant l’avant du vélo, on s’autorise de belles montées techniques. Le moteur joue bien le jeu, ni trop puissant, ni trop poussif, et on ne s’attarde pas trop sur la consommation de batterie. 

On retrouve un très bon grip sur ce vélo. On sent que la cinématique a été travaillée avec un anti-squat moins élevé que sur les vélos « traditionnels » pour permettre à la suspension de rester tout le temps active (l’assistance compensant).

 

 

Il y a une chose qu’on doit vous avouer : on a eu un Bullit en notre possession au milieu des années 2000. Ça a été une petite révélation à cette époque où les « gros » vélos ne se cantonnaient qu’à la descente. Avec ce Bullit, on a compris qu’on pouvait grimper et aller chercher plus de descentes. Le parallèle avec ce nouveau vélo s’est assez vite fait dans notre tête.

 

 

Le Bullit 2021 est loin d’être léger, mais il reste assez actif et agile, et la marque réussit son pari d’avoir une roue arrière facile à placer et à bouger, compensant ce poids, et une roue avant qui garantit la tenue de route et le contrôle. Au final, on garde un bon dynamisme. Si on reste à être convaincus par les montages « Mullet » sur les vélos « all-mountain » et « enduro » traditionnels, cette configuration a un certain sens sur ces VTTAE.

 

 

On se retrouve avec un vélo relativement accessible, mais qui peut pousser fort. Par rapport au Heckler, il demande un engagement supplémentaire, mais il n’est pas nécessaire d’être un excellent rider pour en profiter. Le vélo encaisse sans broncher, et l’amortisseur à ressort, bien adapté à la montagne, offre un confort supplémentaire sur les longues descentes. 

On retrouve un vélo avec beaucoup de support, ce qui est appréciable quand on évolue en terrain cassant. De notre côté, on est plutôt léger avec un pilotage qui n’est pas forcément des plus agressif et les nouvelles fourches Fox 38 ou Rockshox Zeb ne s’imposent pas toujours comme une nécessité, mais sur ces vélos lourds qui invitent à « pousser », on apprécie cette rigidité supplémentaire. 

Latéralement, le vélo est plutôt rigide. On retrouve juste ce qu’il faut de grip et de confort au niveau des roues, et on les apprécie chaussées des carcasses renforcées « Double Down » de chez Maxxis. 

Après avoir découvert un Heckler bien né mais pas forcément concurrentiel, nous avions vraiment hâte de voir quelle forme allait prendre ce nouveau Santa Cruz Bullit. Entre la présentation des deux vélos, nous avons eu la chance de découvrir un autre « gros » VTTAE avec le nouveau Focus Sam2 équipé par Bosch. À l’opposé du spectre, nous avons également découvert l’Orbea Rise et son moteur Shimano EP8 reprogrammé, très doux et très léger. Avec ce Bullit, on va piocher un peu dans les deux mondes, et il faut dire que nous avons été agréablement surpris. On retrouve une certaine souplesse à l’assistance de l’Orbea, et on retrouve la capacité à encaisser du vélo allemand. Dommage toutefois que le premier montage proposé par Santa Cruz, le kit « R », soit proposé avec un « ancien » moteur Shimano E7000.

 

 

Ce Santa Cruz Bullit 2021 est plus polyvalent que la marque ne l’annonce. Il nous faudra passer encore un peu de temps à son guidon mais c’est une bonne surprise. Le vélo est moderne, avec une véritable identité, concurrentiel sur son marché et, peut-être, un peu en avance. C’est d’ailleurs tout ce qu’on attendait du lancement de Santa Cruz sur le marché du VTTAE. La marque aura fait le choix de commencer doucement avec son Heckler, mais ce Bullit semble avoir les qualités nécessaires pour aller séduire plus loin que chez les seuls fans de la marque. 

Découvrez la vidéo de notre prise en main :

Plus d’infos sur le site de la marque : https://www.santacruzbicycles.com/fr-FR/bikes/bullit 

La prise en main du Heckler : https://www.vojomag.com/test-santa-cruz-heckler-2020-leau-a-la-bouche/ 

La gamme Heckler 2021 : https://www.vojomag.com/decouverte-autour-du-mont-viso-en-santa-cruz-heckler-mx/ 

Photos d’action : Max Schumann/Santa Cruz. 

ParPaul Humbert