Test nouveauté | Scott Ransom 2024 : le roi est mort, vive le roi

Par Adrien Protano -

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Test nouveauté | Scott Ransom 2024 : le roi est mort, vive le roi

Alors qu’il n’avait plus évolué depuis 2019, le Scott Ransom veut rester dans le coup. Pour cela, le « gros » VTT en carbone dédié à l’enduro de Scott se métamorphose ! Nous avons eu la chance de découvrir le Ransom 2024 en exclusivité et même de passer quelques jours à son guidon sur les spéciales de Santa Coloma en Espagne. Découverte :

Ransom a toujours été synonyme d’enduro chez Scott. Rappelez-vous : le Ransom premier du nom remonte à 2006 ! Déjà à l’époque, Scott avait fait le choix d’un châssis en carbone, doté d’un grand débattement et d’une certaine capacité à pédaler, ce qui était loin d’être courant à cette époque…

Plus mature et peut-être plus en phase avec son temps et les attentes du public, le Ransom est ensuite réapparu dans le catalogue de la marque suisse en 2019, après plusieurs années d’absence, et avec succès cette fois ! (lire : Test | Scott Ransom 2019 : bien agiter pour mieux profiter)

Pour 2024, la marque de Givisiez a décidé de métamorphoser complètement son Ransom dans le but de créer le châssis d’enduro de référence des prochaines années. « Nous avons utilisé le Ransom ancienne génération comme base, tout en désirant l’optimiser pour qu’il réponde à la pratique de l’enduro moderne, mais également par rapport aux feedbacks de nos athlètes du team, de la presse spécialisée et aussi de l’équipe interne », explique Clément Martin, le chef produit derrière ce Ransom, et Kai Wheeler, ingénieur en chef (à gauche sur la photo).

Rappelons aussi que le team avait déjà expérimenté un prototype composé d’un cadre de Gambler transformé en enduro lors de la saison 2021 des feu EWS. « Cet essai avait été couronné de succès sur les spéciales, mais c’était un mauvais pédaleur ! En 2022, on est donc reparti sur base du Ransom que l’on a équipé d’un Rocker Link modifié », continue Clément. On se souviendra que Patrick Lüthi, ingénieur de la marque et pilote d’enduro, s’était notamment imposé au général du championnat national suisse d’enduro à son guidon.

Ces différentes étapes ont mené au développement du prototype que l’on avait aperçu lors de la manche EDR de Châtel (Cf. Spyshot | Le nouveau Scott Ransom aperçu à Loudenvielle) préfigurant ce modèle de série. À savoir, un châssis entièrement en carbone, en roues 29 pouces ou « mulet « au choix, développant 170mm de débattement avant/arrière et surtout… bénéficiant de l’intégration de l’amortisseur au sein du cadre.

Châssis : intégration signature de Scott

La première grosse évolution du Ransom est évidemment la métamorphose de sa construction. Alors que ses petits frères ont récemment changé de visage pour profiter de l’intégration de l’amortisseur, le Ransom emboîte le pas sur cette intégration désormais signature de la famille Scott.

Il n’est plus question d’un vélo de trail bodybuildé mais bien d’un vélo de descente capable de pédaler

Au-delà d’une métamorphose simplement visuelle, les évolutions de ses petits frères (Genius et Genius ST) ont poussé le Ransom à se repositionner en conséquence. « L’enduro est devenu plus radical et s’est davantage rapproché de la descente qu’auparavant. Ce nouveau Ransom suit la même logique. Il n’est plus question d’un vélo de trail bodybuildé, mais bien d’un vélo de descente capable de pédaler », explique Clément, l’un des papas de ce Ransom 2024.

Si le châssis se veut aussi capable qu’un vélo de descente dans la pente, toute la mission pour Scott était de concevoir un châssis autour qui demeure léger et efficace, permettant de rallier les différentes spéciales à la pédale.

Comme d’accoutumée désormais, l’orientation, la répartition et le choix des fibres de carbone sont faites en fonction des zones de contraintes du cadre. On peut ainsi observer que la zone du boitier de pédalier/ de l’amortisseur est renforcée, alors que les zones au milieu des tubes sont plus fines. Il convient aussi de remarquer qu’au sein de la gamme, seul le luxueux modèle 900 RC bénéficie d’un cadre complètement en carbone HMX, à savoir le carbone le plus haut de gamme de la marque. Pour le reste des versions, le triangle avant est en carbone HMX tandis que les bases arrière sont en aluminium.

Un amortisseur intégré, mais pas que !

Au-delà d’être directement intégré au sein du cadre, c’est tout le positionnement de l’amortisseur qui a été revu par Scott. Celui-ci est placé de manière horizontale le plus bas possible dans le cadre, juste au-dessus du boîtier de pédalier, comme on a pu le voir sur les derniers Linkin et Unplugged de la marque sœur Bold (qui conservent une cinématique de suspension différente).

Un tel placement de l’amortisseur a nécessité un travail d’ingénierie pointu… Il faut tout faire passer dans le cadre, de la manière la plus fonctionnelle et la plus légère possible. Sacré défi ! Pour y parvenir, les équipes de Scott ont développé ce curieux basculeur concentrique au boitier de pédalier.

L’un des avantages de ce placement de l’amortisseur est lié à la construction du cadre. Comme on l’expliquait quelques lignes plus haut, le boitier de pédalier est une zone renforcée au vu des contraintes subies. En plaçant l’amortisseur à cet endroit, le cadre de ce Ransom centralise ces zones renforcées en une seule et unique et ne nécessite pas de surdimensionner d’autres tubes.

Un Ransom rempli de détails : boîte à gants, passage interne des câbles…

Comme pour les autres modèles à l’amortisseur intégré de chez Scott, c’est une trappe sous le bas du tube diagonal qui permet d’accéder à l’amortisseur. Cette porte en plastique remplit dans le même temps le rôle de fusible : en cas de choc sur le bas du cadre, c’est cette protection en plastique qui va réceptionner l’impact pour protéger le cadre. « Nous avons effectué beaucoup de tests d’impacts. Il faut plus d’énergie pour casser cette cover en plastique que l’ancien cadre en carbone du Ransom…c’est vous dire », nous glisse Kai Wheeler. Dans le dos de cette protection en plastique, Scott a ingénieusement intégré un multi-outils.

À l’instar des Genius et Genius ST, la porte de la trappe s’ouvre avec un bouton pression (plutôt que par un demi-tour comme sur le Spark). Plus facile à manipuler, il convient juste de s’assurer que le mécanisme est bien enclenché au moment de le remettre en place.

Comme si l’amortisseur n’était pas suffisant, Scott a également décidé d’inclure une boîte à gants au sein du tube diagonal. « Cette glovebox est inspirée de celle du Bold mais a entièrement été réalisée par nos équipes. En plus de permettre de guider les câbles, elle contient un kit de réparation », nous explique la marque.

D’origine, le kit de survie de ce Ransom est équipé d’une chambre à air, de démonte-pneu ainsi que d’un dérive chaîne, le tout bien rangé dans une chaussette qui se glisse au sein du tube diagonal.

Avec l’amortisseur placé à l’intérieur du cadre, Scott a également dû trouver une solution pour la tige de selle télescopique et le passage des gaines. C’est un tube moulé qui reçoit la tige de selle, doté d’une butée afin que la tête de la tige de selle télescopique ne vienne pas entrer en contact avec le point de pivot supérieur. Pour les gaines, celles-ci sont guidées a sein du triangle avant, sur le dessus de la boîte à gants avant de passer à côté de l’amortisseur et de filer vers le triangle arrière.

Géométrie du Scott Ransom 2024 : toujours plus

En comparaison avec le Ransom de la précédente génération, cette version 2024 suit la tendance du « longer, slacker » et marque son envie de pousser le curseur vers le côté gravity. La géométrie du Scott Ransom 2024 se caractérise ainsi, en taille M, par un reach de 458 mm, un angle de direction de 63,8° et des bases de 440 mm. On remarque toutefois le désir de Scott d’offrir un châssis capable de remonter à la pédale puisque l’angle de tube de selle a été porté à 77,2°, alors qu’il était de 75° sur la précédente génération.

Cette géométrie est personnalisable sur deux niveaux. Le premier est celui qui permet le montage « mulet » et qui a pour conséquence de raccourcir les bases de 10mm (430 mm) et de descendre légèrement le boîtier de pédalier. Le second niveau de personnalisation se trouve à l’avant où il possible de choisir entre un angle de 65° (pour rendre le vélo le plus maniable possible), un angle de 63,8° (idéal pour la stabilité à haute vitesse) ainsi qu’un angle de direction intermédiaire de 64,4°. Le changement entre les deux premiers angles précités s’effectue en retournant les coupelles de jeu de direction, tandis que l’angle intermédiaire s’obtient en installant les coupelles fournies en supplément de série.

Suspensions : du 6 bar linkage ou rien !

Ce Ransom nouveau du nom bénéficie d’une toute nouvelle architecture de type 6 bar Linkage (cf. Petit lexique illustré du VTT : toutes les clés pour comprendre). Évolution directe de l’architecture Horstlink que l’on retrouvait sur le Ransom ancienne génération, cette nouvelle plateforme de suspension « permet de faire varier un paramètre sans en faire varier un autre, comme c’est le cas sur un 4 bar linkage. Cela nous permet d’arriver à un parfait résultat entre rigidité, suspensions et performance », explique Kai Wheeler.

Si l’architecture 6 bar linkage se répand de plus en plus, force est de constater qu’elle n’est pas la plus courante jusqu’à présent. On se permettra donc de rappeler que celle-ci correspond grosso modo à un 4 bar linkage sur lequel a été rajouté un basculeur entre les bases et le triangle avant.

Cela nous a permis d'offrir une plus grande sensibilité et d'ajuster précisément la progressivité. C'est là le vrai interêt du 6 bar linkage
Clément Martin, Product Manager

De par son positionnement, l’amortisseur reste dans l’axe durant la première moitié du débattement, avant seulement de pivoter de manière transversale. « Cela permet d’offrir une meilleure sensibilité. Sur le début de course, c’est le link du haut qui s’actionne, et c’est seulement en fin de course que celui du bas prend la main. Cela nous a permis d’ajuster précisément la progressivité. C’est là le vrai intérêt du 6 bar linkage », complète Clément Martin.

Dans une optique de sensibilité et de performance, Scott a travaillé main dans la main avec Fox pour offrir à l’amortisseur monté de série un réglage interne propre à la cinématique du Ransom. En plus de cela, l’amortisseur bénéficie d’un montage sur roulements pour plus de sensibilité par rapport aux paliers utilisés généralement par les fabricants. On salue l’effort ! Cet amortisseur Fox Float X Nude équipe l’ensemble des modèles de la gamme. S’il est possible d’installer un autre amortisseur, une liste précise est fournie par la marque et il faudra évidemment se passer des réglages personnalisés au Ransom et du montage sur roulements dans ce cas…

Voici la liste des amortisseurs compatibles avec le Scott Ransom 2024 : Fox Float X, Float X2, DHX et DHX2, RockShox SuperDeluxe Air, Öhlins TTX22 Coil et Air, Marzocchi Bomber Coil et Air.

Cet amortisseur est évidemment associé à la commande TracLoc au guidon qui permet d’alterner entre trois positions : Descent (position par défaut), Ramp Control (volume d’air réduit à 60%, mais compressions ouvertes) et Climb (volume d’air réduit à 60% et compressions fermées). En plus de rendre le vélo plus réactif en affermissant la suspension arrière, la position intermédiaire du TracLoc pourrait également avoir de l’intérêt en montée sur sentier où l’adhérence et le confort restent de mise.

Rappelons que le TracLoc, présent également sur les Genius ST, se différencie du bien connu TwinLoc (qu’on trouve sur les Spark et Genius « classiques ») en agissant uniquement sur l’amortisseur, et pas sur la fourche, ce qui permet d’avoir une cartouche plus performante au niveau de la fourche.

Pour les réglages de l’amortisseur, ça se passe sur le côté et en dessous. À gauche, juste au-dessus de la manivelle, un petit indicateur aimanté est poussé par un « doigt » qui pivote en même temps que le basculeur, le long d’une piste graduée qui représente le débattement. Une solution efficace pour régler son sag, ou pour évaluer le débattement utilisé sur un choc. Le réglage de la pression d’air, du rebond ou encore de la compression lente sont, quant à eux, facilement accessibles par la trappe du dessous.

Équipements

C’est la version la plus haut de gamme, baptisé Ransom 900 RC, que Scott a mis à notre disposition le temps de notre prise en main. Dans cette mouture, le Scott Ransom pointe à 15,1 kg et s’offre ce qui se fait de mieux en termes d’équipement. On vous l’expliquait quelques lignes plus haut, l’ensemble de la gamme bénéficie d’un amortisseur Fox Float X Nude, seul le niveau de finition variant en fonction du modèle. Dans notre cas, c’est évidemment un amortisseur en gamme Factory qui équipe notre vélo, associé à une fourche Fox 38 Float Factory Grip 2, développant tous deux 170 mm de débattement.

Sram se charge de la transmission avec l’excellent groupe AXS T-Type XO, associé à un plateau de 32 dents. Pour (re)découvrir notre test de la dernière transmission électronique en date du géant Sram : Test | Sram Eagle AXS 2023 : sans égal

Le freinage est également assuré par Sram avec une paire de Code Ultimate Stealth 4 pistons et de disques HS2 de 200 mm à l’avant comme à l’arrière (cf : Test nouveauté | Freins Sram Level et Code Stealth : changer sans changer).

Le train roulant est composé de roues Race Face Turbine R 30, chaussées de pneumatiques Maxxis Assegai en 2.5 de section à l’avant (gomme MaxxGrip et carcasse Exo+), et Maxxis Dissector en 2.4 à l’arrière (gomme Maxx Terra et carcasse Double Down). Si les nuances entre les différents profils, carcasses et gommes ne vous sont pas familières, tout est détaillé juste ici : Maxxis : le guide complet de la gamme de pneus trail / enduro. On notera que le levier de l’axe de roue arrière est amovible et renferme trois clés (une T25, une T30 et une 6 mm hexagonale).

Les périphériques sont maisons et estampillées Syncros. Le Ransom 900 RC est ainsi équipé d’un poste de pilotage Syncros Hixon iC, à savoir un ensemble en carbone fait en une seule pièce. La tige de selle est une Syncros Duncan avec un débattement variable selon la taille du cadre (140mm en S, 180mm en M et 210mm en L et XL). La selle est une Syncros Tofino 1.5 avec rails en titanes.

Versions, prix et poids du Scott Ransom 2024

En plus de l’onéreux modèle 900 RC, la famille Ransom 2024 compte 3 autres versions ainsi qu’un modèle Contessa destiné aux femmes.

Modèle le plus accessible de la gamme, le ScottRansom 930 (5299€ – 16,6 Kg) est équipé comme suit :

  • Fourche RockShox Domain R Solo
  • Amortisseur Fox Float X Nude
  • Transmission Shimano Deore 12 vitesses
  • Freins Shimano MT520
  • Roues Syncros X30S
  • Pneus Maxxis Assegai (avant) et Maxxis Dissector (arrière)
  • Cintre Syncros Hixon 2.0 aluminium, potence Syncros AM 2.0, tige de selle télescopique Syncros Duncan 1.5 et selle Syncros Tofino 2.0.

Juste au-dessus, le Scott Ransom 920 (5999€ – 16,4 Kg) propose la fiche technique suivante :

  • Fourche RockShox Zeb Select+ Charger 3
  • Amortisseur Fox Float X Nude
  • Transmission Sram SX/NX
  • Freins Sram DB8
  • Roues Syncros Revelstoke 2.5
  • Pneus Maxxis Assegai (avant) et Maxxis Dissector (arrière)
  • Cintre Syncros Hixon 2.0 aluminium, potence Syncros AM 2.0, tige de selle télescopique Syncros Duncan 1.5S et selle Syncros Tofino 2.0.

Dernier modèle avec le triangle avant en carbone HMF et les bases en aluminium, le ScottRansom 910 (7999€) pointe à 15,7 Kg et est doté de l’équipement suivant :

  • Fourche Fox 38 Performance Grip 2
  • Amortisseur Fox Float X Nude
  • Transmission Sram GX T-Type
  • Freins Sram Code RSC Stealth
  • Roues Syncros Revelstoke 2.0
  • Pneus Maxxis Assegai (avant) et Maxxis Dissector (arrière)
  • Poste de pilotage Syncros Hixon iC Carbone, tige de selle télescopique Syncros Duncan 1.5S et selle Syncros Tofino 1.5.

Modèle destiné aux femmes, le Contessa Ransom n’est disponible qu’en version « 910 » (7999€), avec triangle avant en carbone HMF et bases en aluminium. Fiche technique :

  • Fourche Fox 38 Performance Grip 2
  • Amortisseur Fox Float X Nude
  • Transmission Sram GX T-Type
  • Freins Sram Code RSC Stealth
  • Roues Syncros Revelstoke 2.0
  • Pneus Maxxis Assegai (avant) et Maxxis Dissector (arrière)
  • Poste de pilotage Syncros Hixon iC Carbone, tige de selle télescopique Syncros Duncan 1.5S et selle Syncros Savona 1.5.

La marque suisse n’a pas encore communiqué sur les tarifs de ses différents modèles à l’heure actuelle, nous ne manquerons pas de les ajouter à l’article une fois connus !

Scott Ransom 2024 : le test terrain

C’est à Santa Coloma, dans le nord-est de l’Espagne, que Scott nous a conviés pour une entrevue avec le Scott Ransom nouveau du nom. Terre d’enduro espagnol de prédilection, Santa Coloma a tout le nécessaire pour mettre le Ransom à l’épreuve : drops, rochers, virages techniques, sauts…

Il convient de préciser d’entrée de jeu qu’il s’agit ici bien d’une prise en main, et non d’un véritable test longue durée. Avec quelques heures à son guidon, cette rencontre avec le Scott Ransom nous a toutefois permis d’en cerner les principaux traits de caractère !

Au premier regard et vu la rapide description faite par Scott de son nouveau châssis, décrit comme capable de jouer sur les plates-bandes des plus gros vélos du secteur, ce Scott Ransom pouvait laisser croire que la montée n’allait pas être une partie de plaisir. Pourtant, c’est sur ce premier point qu’il est parvenu à nous étonner : le Ransom pédale bien !

L'arme secrète de ce Ransom pour offrir un pédalage si efficace ? Le TracLoc !

L’arme secrète de ce Ransom pour offrir un pédalage si efficace ? Le TracLoc, permettant d’osciller entre une position intermédiaire offrant le grip nécessaire pour les montées techniques tout en limitant l’effet de pompage de la suspension, et la position fermée permettant de monter efficacement sur les chemins larges. Dans cette version haut de gamme, notre modèle de test pointe tout juste à 15 kg en taille M. Ce poids contenu pour une machine de son espèce et la bonne position de pédalage en font un bon grimpeur. Surprise.

L’intérêt de cette position intermédiaire ne se limite pas uniquement à la montée puisque qu’elle nous a particulièrement séduit sur du singletrack joueur, rapide et peu accidenté, où le caractère réactif offert par la position « Ramp Control » était tout indiqué. C’est également un réglage que l’on pourrait imaginer bien convenir à des pistes aériennes où l’on désire rester haut dans le débattement et créer de la vitesse avec les compressions de terrain et les différents virages relevés.

Attention, le Ransom demeure toutefois une machine d’enduro qui nécessite un peu de pente et de vitesse pour réellement prendre vie. Sans quoi, on a l’impression de piloter un imposant 4×4 sur une piste de karting. Malgré la position intermédiaire du TracLoc, le poids et le débattement du Ransom le destinent à un certain usage… enduro, et loin des petits sentiers tortueux sur lesquels le plaisir est habituellement pris au guidon de châssis de trail/all-mountain, chasse gardée de la famille Genius : Test | Scott Genius vs Genius ST : lequel choisir ?

Quand les choses se corsent, c’est tout d’abord un caractère accessible et facile à prendre en main que le Ransom offre. Il n’y a pas besoin d’être un pilote professionnel et/ou extrêmement rapide et agressif pour rouler sur ce Ransom et prendre du plaisir à son bord. La juste dose d’attention et d’engagement permet de ne pas se faire embarquer par l’imposant châssis et on trouve rapidement ses repères pour s’amuser. Précisons que le vélo était monté de série avec les coupelles portant l’angle de direction à 63,8°. Nous avons préféré opter pour l’angle de direction neutre de 64,4°, plus en phase avec le terrain du jour.

Lorsqu'on pousse le châssis plus loin dans ses retranchements, le Ransom dévoile une seconde facette... dans le bon sens !

Cependant, cette facette de vélo accessible n’est là qu’une demi-vérité, et c’est lorsqu’on pousse le châssis plus loin dans ses retranchements qu’il dévoile ses vraies capacités. Au moment de répéter des spéciales que l’on avait déjà reconnues, et sur lesquelles il était donc plus aisé d’augmenter le rythme (étant donné qu’on ne pilotait plus totalement à vue), le Ransom dévoile une facette encore plus marquée… dans le bon sens ! Son grip est tout simplement génial, et on a l’impression de pouvoir poser les roues là où on le souhaite qu’importe le terrain ou l’obstacle rencontré. Les suspensions jouent leur rôle et le vélo « se pose » et trouve son rythme, au point de donner l’impression d’être sur un châssis de descente.

Que ce soit en franchissement ou dans des zones défoncées à haute vitesse, le Ransom conserve cet aspect sécurisant et confortable. On ne sent pas lancé sur un rail pour autant, le vélo reste toujours facile à placer et à mouvoir, et on se sent toujours à l’aise, même pris en surprise par un obstacle ou un virage inattendu.

Grâce à un bon compromis au niveau de la rigidité, cette nouvelle version du Ransom demeure très précise sans en devenir inconfortable, même dans les plus longues spéciales. Le choix des roues en aluminium, plutôt qu’en carbone, nous semble tout à fait justifié et apporte la tolérance et le confort nécessaires. Dans la même idée, un petit point d’évolution (dans nos réglages ? Dans le choix et la flexibilité des matériaux ?) nous semble éventuellement se trouver du côté de l’avant du vélo, avec le combo poste de pilotage monopièce en carbone et Fox 38. Celui-ci nous a paru quelque peu rigide, et donc usant, sur de longues spéciales cassantes.

Verdict

En son temps, le modèle 2019 avait su nous séduire, mais 5 ans plus tard il se faisait vieillissant et le Scott Ransom 2024 était attendu au tournant. Et ce tournant semble avoir été négocié brillamment par la marque suisse ! Poussant le curseur un peu plus encore vers l’aspect gravity, avec une géométrie plus radicale et une toute nouvelle cinématique 6 bar linkage, le Scott Ransom 2024 se veut être un châssis d’enduro de référence. Si l’intégration de l’amortisseur n’est plus une surprise venant de la marque de Givisiez, force est de constater l’intérêt sur le terrain lié à ce choix, en plus de l’attrait esthétique. Sécurisant, confortable, précis et loin d’être exclusif, le Scott Ransom est parvenu à nous séduire. Plutôt accessible dans un premier temps, il invite à prendre ses repères et à se lâcher de plus en plus au fil des sorties, sans être exigeant à outrance, et il dévoile aussi une seconde facette encore plus capable lorsqu’on décide de hausser le rythme. Une fois dans son élément, le Scott Ransom 2024 se pose et donne l’impression d’être presque un châssis de descente auquel aucun obstacle ne peut résister. Pas de doute, il est bien né et on a hâte de mettre à l’épreuve une version un peu plus accessible sur nos sentiers de prédilection ! 

Pour plus d’informations : scott-sports.com

Crédit Photo : Daniel Geiger

ParAdrien Protano