Test | Scott Genius 900 Tuned AXS : la polyvalence incarnée

Par Léo Kervran -

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Test | Scott Genius 900 Tuned AXS : la polyvalence incarnée

Depuis sa sortie il y a près de trois ans, nous n’avions encore jamais eu l’occasion de tester le Scott Genius en 29″. A l’époque, Scott proposait des version en 27,5″+ et en 29″ dans sa gamme et notre prise en main comme l’essai qui avait suivi s’étaient déroulés sur des modèles en 27,5″+. Autant dire que lorsque l’opportunité d’essayer ce Genius 900 Tuned s’est présentée, nous n’avons pas hésité bien longtemps. Alors, plutôt 27,5″ ou 29″ ? Et quel est l’apport de cette version très haut de gamme ? Voici notre avis à l’issue de plusieurs mois de test.

Châssis

Rien de nouveau sur ce châssis 2020, cette version du Genius n’a pas encore évolué depuis sa sortie en 2017. Si le vélo est désormais vendu uniquement en 29″, tous les modèles restent compatibles avec des roues 27,5″. Scott annonce suffisamment de dégagement pour des pneus jusqu’à 2.6″ de section en 29″ et 2.8″ en 27,5″.

Sur notre modèle 900 Tuned AXS, le cadre est entièrement en carbone, basculeur compris. On distingue deux nuances de carbone chez Scott, HMX et HMF, et c’est la première (la plus haut de gamme) que l’on retrouve ici.

Tous les câbles passent en interne du début à la fin et on remarque la présence d’un troisième pas de vis derrière les deux réservés au porte-bidon. Cela peut servir pour l’unité centrale du Fox Live Valve dont est équipé le modèle au-dessus, mais ici, on s’en servira plutôt pour placer le porte-bidon plus bas ou fixer un support d’accessoires.

Une des seuls changements majeurs sur ce Genius 900 Tuned, c’est sa couleur. Les modèles « Tuned » se sont toujours distingués des autres par des coloris et des agencements un peu plus voyant, mais Scott a frappé fort pour 2020 avec cet orange vif plutôt tape-à-l’oeil. Ensemble cintre-potence, basculeur, triangle arrière : tout le vélo y a droit. On aime ou on aime pas, mais on reconnaît immédiatement le vélo même sans l’avoir vu en entier et c’est plutôt bien joué de la part de Scott.

Suspensions

Pour gérer les 150 mm de débattement, le Genius adopte une architecture de type 4 Bar Linkage, avec comme sur tous les Scott (hormis le Gambler de DH) un amortisseur monté tête en bas pour optimiser le passage en interne du câble de blocage. Il est d’ailleurs difficile d’accéder au « puit » que forme le cadre pour le nettoyage à cet endroit mais un petit trou judicieusement placé permet d’évacuer l’eau et les saletés, évitant ainsi les accumulations.

L’amortisseur, un Fox Nude TR Evol, est spécifique à Scott et ne ressemble à aucun autre modèle du marché. Sur notre montage haut de gamme, il est en plus doté d’un petit levier supplémentaire, le Ramp Adjust. Ce réglage, également présent sur les versions 900 Ultimate, 910 et 920 ainsi que sur le Ransom, permet de jouer sur la progressivité de l’amortisseur avec deux positions. C’est une alternative aux spacers plus classiques et si les possibilités d’ajustement sont moindres (seulement 2 positions contre 5 tailles de spacer chez Fox), elle a l’avantage de pouvoir être utilisée bien plus facilement et rapidement sur le terrain si on le souhaite.

A l’avant, c’est une Fox 36 Factory qui équipe notre monture, de 150 mm également. En revanche, ce n’est pas l’excellente et très poussée cartouche Grip2 que l’on retrouve à l’intérieur mais la Fit4, un peu plus simple mais surtout compatible avec le fameux double blocage Twinloc de Scott.

Le Twinloc, c’est ce levier qui permet de jouer simultanément sur la fourche et l’amortisseur, avec 3 positions possibles. On dispose ainsi d’un mode tout ouvert, un mode intermédiaire avec une compression un peu plus fermée et un débattement réduit à 100 mm à l’arrière et une position « bloquée », où fourche et amortisseur sont presque entièrement verrouillés.

Géométrie

La géométrie apparaissait très moderne il y a deux ans mais maintenant, ce Genius représente la quintessence du vélo de trail et de montagne, fait pour passer partout avec une grande polyvalence. Le reach mesure 466 mm en taille L, plus ou moins la valeur de référence aujourd’hui pour cette taille. Il est associé à un stack de 613 mm, une valeur moyenne qu’on retrouve sur d’autres vélos très polyvalents comme le Trek Fuel EX.

L’angle de direction est à 65° tandis que l’angle du tube de selle affiche 75,3°, à nouveau deux valeurs de référence. Les bases sont aussi dans la moyenne avec 436 mm, ce qui n’est ni très court, ni très long.

Un flip-chip est présent sur la biellette au niveau du point d’ancrage de l’amortisseur, pour adapter la géométrie du vélo à la taille de roue (27,5″+ ou 29″).

On regrette simplement le long, très long tube de selle qui peut rendre les choses compliquées selon le modèle de selle et de tige de selle : pour l’un de nos testeurs qui mesure 1m79 pour 83,5 cm d’entrejambe, même avec la tige de selle rentrée au maximum dans le cadre la selle était encore trop haute de quelques millimètres sur notre modèle en taille L, par ailleurs parfaitement adapté.

Equipements

Côté équipements, les suspensions sont donc gérées par Fox, tout comme la tige de selle télescopique dont le débattement varie avec la taille (100/125/150 mm). Elle est surmontée d’une selle Syncros Tofino, ici en version 1.5 avec rails en titane.

Pour ralentir la bête, Scott a fait confiance aux très populaires Shimano XT M8120, qui ont récemment remporté notre comparatifs de freins 4 pistons. La marque suisse n’a pas rogné sur la taille des disques et on retrouve un 203 mm à l’avant, associé à un 180 mm à l’arrière. Pas de soucis à se faire sur ce point, on peut engager sereinement.

La transmission est fournie par Sram, avec un dérailleur arrière et shifter X01 Eagle AXS comme le nom du vélo l’indique. Le groupe n’est cependant pas complet puisque Scott a visiblement décidé de faire quelques économies et a équipé le vélo avec une cassette et une chaîne de la gamme GX Eagle. Si la différence n’est pas énorme sur la chaîne, la cassette GX pèse une centaine de gramme de plus que sa grande soeur. Dans l’optique d’un montage léger ça commence à se sentir, et c’est un peu dommage sur un vélo à près de 8 000 €…

Le reste des équipements vient logiquement de Syncros, avec notamment des roues en carbone Revelstoke 1.0 (31 mm de largeur interne) et le fameux combo cintre-potence Hixon iC SL, en 780 mm de large et 12 mm de rise.

En plus de cela, on retrouve quelques produits « maison » astucieux, comme le garde-boue Syncros (fourni avec le vélo) qui se visse sur l’arceau de fourche, un petit guide-chaîne sur le point de pivot principal ou l’ensemble en une seule pièce collier de serrage de la poignée + levier de la tige de selle + manette Twinloc, qui permet de gagner de la place sur le cintre. Comme chez d’autres marques, l’axe de roue arrière intègre un levier démontable qui fonctionne aussi sur l’axe de roue avant. On notera au passage que le protège-base est un tout petit peu court et que la peinture sur l’arête de la base n’a pas résisté aux assauts de la chaîne.

Versions et tarifs

La famille Scott Genius est forte de 10 modèles, dont deux versions Contessa dédiées aux femmes (le cadre reste le même mais certains composants comme la selle diffèrent). Notre modèle d’essai est affiché à 7 999 € mais l’offre monte encore plus haut, puisqu’on peut débourser jusqu’à 11 499 € pour s’offrir le Genius 900 Ultimate AXS doté des suspensions électroniques Fox LiveValve, de freins Shimano XTR 4 pistons et d’un groupe complet Sram AXS.

A l’opposé, la gamme s’ouvre avec le Genius 960 en aluminium à 2 499 € avec une fourche Marzocchi Z2 Air, un amortisseur X-Fusion Nude, une transmission Sram SX Eagle et des freins Shimano MT-201 (2 pistons).

Côté matériaux, 3 choix s’offrent à vous : tout en aluminium pour les Genius 960, 950, 940 et les Contessa 920 et 910, triangle avant en carbone HMF et arrière en aluminium pour les Genius 930, 920 et 910, ou tout en carbone HMX pour les deux modèles (très) haut de gamme 900 Tuned AXS et 900 Ultimate AXS.

Scott Genius 900 Tuned AXS : le test terrain

Avant d’aller rouler, un passage par l’atelier s’impose pour changer les pneus (tous deux en 2.6), pas vraiment adaptés aux conditions automne-hiver des Alpes et des Vosges. Si le Maxxis Dissector monté à l’avant peut faire l’affaire en conditions sèches, le Rekon qui équipe la roue arrière manque cruellement de polyvalence et nous paraît de ce fait complètement inadapté.

C’est donc principalement avec une paire de pneus Specialized également en 2.6 de section, plus précisément un HillBilly à l’avant et un Butcher à l’arrière, que ce test a été réalisé. Les deux pneus sont en carcasse Black Diamond, plus lourde mais aussi bien plus rigide et résistante que les EXO des pneus Maxxis.

Tant qu’on en est aux réglages, un petit mot sur la pièce qui regroupe le collier de serrage de la poignée gauche, la commande de tige de selle Fox Transfer et le levier Twinloc. Cela part d’une bonne idée et le cintre est effectivement très joli à regarder (une fois qu’on a oublié la forêt de câbles qui se situe juste devant), mais pour l’ergonomie, c’est plus compliqué. Avec le Twinloc, il est impossible d’utiliser un levier de tige de selle type shifter et on se retrouve avec un tout petit levier classique, au fonctionnement perfectible et pas très agréable à actionner. Cela irait mieux si on pouvait le décaler un peu ou modifier sa position indépendamment du reste, mais c’est impossible puisque tout est regroupé sur le même collier de serrage et nous n’avons pas réussi à orienter le système de manière à ce que les deux leviers soient chacun dans une position optimale.

Assis sur la selle, la position est excellente et on a l’impression d’être sur un Spark, prêt à enchaîner de longues heures de selle. Le poids est bien distribué entre les deux roues et la position du buste est idéale, à la fois suffisamment redressée pour le confort et suffisamment sur l’avant pour le dynamisme.

Le dynamisme, c’est d’ailleurs un point de fort de ce Genius lorsqu’il faut pédaler et il est difficile de rester sagement assis sur la selle. Grâce à l’apport du Twinloc et malgré nos gros pneus qui rajoutent près d’1 kg au train roulant par rapport au montage d’origine, le vélo se fait très vite oublier. Les relances sont un réel plaisir et même les montées les plus raides et techniques ne sauraient nous résister bien longtemps, bien aidés il est vrai par l’excellente adhérence de la suspension et des pneus. Avec des pneus légers comme ceux d’origine, on se croirait presque sur un vélo de XC en 100 ou 120 mm de débattement tant le Genius est vif et prompt à accélérer.

En descente, on prend là aussi très vite ses marques. Le Genius est sécurisant et on passe partout à son guidon. Très efficace, il se fait là encore oublier et le mélange entre l’ensemble cadre-roues-fourche plutôt rigide et la suspension tolérante fonctionne bien. Contrairement à la version 27,5″+ avec laquelle nous avions ressenti un manque de précision dans les appuis (avec des pneus en 2.8), le vélo est ici très précis tout en pardonnant de manière surprenante les écarts de trajectoire.

A se faire oublier aussi facilement, le Genius n’est pas le vélo le plus joueur que nous ayons essayé. Son caractère met plutôt l’accent sur l’efficacité les deux roues au sol que sur les excentricités et, si on peut passer vite n’importe où une fois qu’on l’a décidé, ce n’est pas un vélo qui pousse à rebondir partout ou à tirer parti du moindre petit appui pour jouer et accélérer. Cela reste tout à fait possible grâce à sa légèreté et son comportement sain et il vous suivra sans l’ombre d’un doute si vous tentez des acrobaties, mais ce n’est pas sa qualité première.

Nous l’avons principalement roulé avec le Ramp Adjust en position « -« , c’est-à-dire du côté linéaire, plus adapté à notre terrain de jeu. A pression égale, le côté « + » ou progressif s’est montré trop ferme en milieu de course. Le vélo restait haut dans son débattement en permanence ce qui le rendait ferme et inconfortable donc peu agréable. En dégonflant de 5 à 10 psi c’est mieux mais, de manière générale, ce mode est selon nous plus adapté aux terrains relativement lisses et aux sentiers « flow » où tout s’enchaîne naturellement, plutôt qu’aux sections de racines et de cailloux.

C’est seulement lorsqu’on engage vraiment qu’une limite du vélo se fait sentir, avec la fourche qui manque un peu de support. C’est une caractéristique de la cartouche Fit4, surtout sur les « grands » débattements et c’est pourquoi on aurait aimé avoir une Grip2 pour ajuster précisément les réglages. Ça reste un défaut « acceptable » au regard du programme du vélo, placé comme très polyvalent et accessible à tous et c’est moins embêtant que sur le Ransom dédié à l’enduro pur et dur.

Un dernier mot sur le cockpit Hixon iC Sl. On aime ou pas son apparence, question de goûts, mais sa forme en mains nous est apparue relativement neutre et n’a pas dérangé nos différents testeurs. Plus gênant, il nous est arrivé d’avoir mal aux mains à l’issu de certaines longues descentes. Rigidité un peu excessive ? C’est probable et ce ne sont pas les poignées particulièrement fines et fermes qui vont atténuer cette sensation.

Verdict

Ce qui nous a vraiment marqué tout au long du test, c’est la polyvalence de ce Genius 900 Tuned. C’est un vélo qui peut avoir deux visages, très différents mais complémentaires. Avec un montage léger et le Ramp Adjust réglé sur progressif, vous aurez un vélo de trail nerveux et réactif, très performant sur les terrains rapides et les petits dénivelés. Changez les pneus et passez l’amortisseur en mode linéaire, vous voilà avec un vélo prêt à affronter les pires raids en montagne que vous pourrez imaginer. Les roues de 29″ ont véritablement du sens sur le Genius au vu de ce programme et s’il est toujours possible de monter des roues de 27,5″, on voit mal quel argument le justifierait. Au final, le niveau de performance et la versatilité du vélo impressionnent et on en vient (presque) à trouver le prix de 7 999 € justifié. C’est un vélo qu’on recommanderait à beaucoup de monde pour son côté sécurisant et facile à prendre en main, même si on peut s’attendre à un peu moins de dynamisme sur les versions au tarif plus accessible. De notre côté, ce n’est pas notre vélo « coup de coeur » car ce n’est pas avec lui qu’on s’amuse le plus, mais si on ne devait avoir qu’une seule monture pour tout faire, ce serait probablement ce Genius.

Scott Genius 900 Tuned

7 999 €

12,6 kg(poids constructeur)

  • Poids
  • Facilité d'accès
  • Performances générales
  • Polyvalence
  • Rigidité du poste de pilotage
  • Ergonomie de la commande Twinloc + tige de selle
  • Prix

Évaluation des testeurs

  • Prix d'excellence
  • Coup de coeur
  • Rapport qualité / prix

Plus d’informations : scott-sports.com

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ParLéo Kervran