Test nouveauté VTTAE | Forbidden Druid Core : mariage heureux

Par Paul Humbert -

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Test nouveauté VTTAE | Forbidden Druid Core : mariage heureux

Forbidden et DJI, c’est la rencontre de deux étoiles montantes de l’industrie du cycle. Forbidden avec des vélos construits autour d’une cinématique à point de pivot haut, et DJI, le géant du drone qui arrive sur le marché du VTTAE avec un moteur ultra convaincant. La rencontre des deux, c’est le Druid Core et le Druid Lite. Présentation et prise en main :

À l’occasion de la Sea Otter Classic en Californie, Forbidden dévoilait le Druid Core et le Druid Lite, mettant ainsi fin aux rumeurs de l’arrivée d’un premier VTTAE équipé par DJI. Le premier développe 150/160 mm de débattement avec une batterie de 800 Wh, et le second 140/150 mm avec une batterie de 600 Wh. Les deux VTT sont tout en carbone. 

Forbidden bikes

Forbidden, c’est une petite marque, créée par Owen Pemberton, ex-Norco au pied du « Forbidden Plateau », sur la magnifique île de Vancouver au Canada. Son fondateur a souhaité pouvoir laisser toute sa place à sa vision. Pour lui, un VTT à grand débattement s’entend avec un point de pivot haut, et une roulette de renvoi pour permettre à l’axe de roue arrière et au vélo de s’allonger, tout en supprimant le kickback. 

En 6 ans, Forbidden rencontre un succès rapide avec trois vélos clés : le Druid (All-mountain/enduro), le Dreadnought (gros enduro) et le Supernought (DH). La marque étend sa présence, et dans nos contrées, c’est Sportpulsion qui distribue les vélos dans un réseau de magasins qui grandit. Nous avions consacré une vidéo à Forbidden en passant dans leurs locaux (et avant d’aller rouler avec leur équipe). 

Si ces Druid Core et Lite partagent le même nom que le Druid sans assistance, ce n’est pas parce que leur géométrie ou cinématique est identique, mais pour « l’idée » que la marque se fait de la pratique avec ces vélos : monter partout, descendre comme jamais. Nous avions d’ailleurs testé le Druid V2, un vélo plein de caractère.

En proposant ces deux nouveaux VTTAE, Forbidden et sa quinzaine d’employés entame un virage qui sera clé dans la vie de l’entreprise, avec des vélos qui vont représenter de gros volumes de vente partout dans le monde. 

Moteur VTTAE DJI Avinox 

Quand DJI, le géant du drone, est arrivé sur le marché du VTTAE avec son premier moteur, c’est un grand coup de pied qu’il a mis dans la fourmilière des moteurs vélo. 

Le moteur DJI Avinox développe jusqu’à 105 N m et 850 W en usage standard, pour un poids d’environ 2,52 kg. Cependant, il peut atteindre les 120 N m et 1000 W avec la fonction Boost, mais il se démarque surtout par un contrôle et une maîtrise de l’assistance assez redoutables. La marque a prouvé, dès son premier essai, sa capacité à délivrer beaucoup d’assistance sans qu’on perde le contrôle du vélo. Ajoutez à ça une superbe application et un écran tactile, et vous avez un des moteurs les plus compétitifs du marché. 

Chaque trou du capteur envoi un signal au moteur sur la position et la vitesse de la roue arrière

Avec la dernière mise à jour proposée par DJI, la puissance du moteur en crête est poussée à 1000 W sur les modes Auto, Trail et Turbo

DJI a d’abord présenté son moteur sur sa marque de vélo, AMFlow, un bon vélo all-mountain assez consensuel, avant d’ouvrir à d’autres la possibilité d’équiper ses vélos. 

C’est lors du salon Eurobike 2024 que l’équipe de Forbidden découvre ce moteur. À ce moment-là, les cadres des Druid Core et Lite sont déjà presque prêts avec un autre moteur. Tout change quand la marque découvre l’Avinox et quand les premiers retours des magasins sont mitigés quant au choix de la première motorisation envisagée. Le développement reprend et la marque réussit en quelques semaines à glisser les batteries dans le cadre qu’elle avait déjà conçu. 

Forbidden Druid Lite et Core : un même cadre pour deux vélos

Les deux vélos partagent une même conception et un même cadre. Seule la course de l’amortisseur, la taille de batterie et les équipements les différencieront. Ces derniers sont également interchangeables pour faire évoluer son vélo en fonction de ses envies. 

Pour accommoder la présence du moteur, Forbidden décline sa cinématique four bar linkage avec un amortisseur parallèle au tube de selle, un peu comme Santa Cruz qui se détourne du VPP pour ses Vala et Bullit. Cela permet également une grande capacité d’insertion de tige de selle ( jusqu’à 180 mm sur une taille S). 

On retrouve le point de pivot haut « signature » de Forbidden, associé à une roulette de renvoi. La marque continue de décliner cette proposition technique dans la recherche du kickback le plus faible, mais n’exclut pas d’opter pour d’autres solutions si elles se révèlent plus adaptées à l’usage du vélo.

Les deux vélos ne s’entendent également qu’en « mulet », avec une roue de 27,5 pouces derrière et 29 pouces devant. 

Géométrie VTTAE optimisée

Forbidden a revu sa manière de penser sa géométrie pour ses VTTAE et propose un reach plus court compensé par un stackplus élevé et un gros angle de chasse. Dans la pente, cette position plus typée « DH » s’équilibre, et place, d’après la marque, le pilote dans la meilleure position. 

Forbidden se repose sur l’assistance électrique pour proposer un vélo très orienté vers la descente. 

Le reach en taille S3 (équivalent L) affiche un reach de 667 mm (Core) ou 474 (Lite) et un stack de 662 mm (Core) ou 657 (Lite). L’angle de chasse est de 64° (Core) ou 64,5° (Lite). 

Forbidden insiste également sur la conception d’une géométrie « sur mesure » et proportionnelle pour chaque taille. 

Même avec un vélo d’environ 22,6 kg pour le modèle Core 1 (environ 20,8 kg pour le Lite 1), Forbidden annonce une facilité à lever l’avant du vélo et à ressentir une forme de légèreté. 

Le choix des manivelles fait également partie de la géométrie de ce vélo, et Forbidden a choisi des modèles de 150 mm de long. Très courts, donc, mais qui offrent beaucoup de dégagement au sol. 

Construction 

Forbidden met également en avant ses choix techniques et de conception, comme le passage de gaines et cables non intégrés, pour plus de facilité d’entretien. Les roulements sont également surdimensionnés sur les pivots principaux, et une garantie à vie couvre les vélos. 

Côté SAV, de nombreuses pièces de visseries et autres axes seront communs avec d’autres vélos de la gamme. 

La marque annonce également que le galet de renvoi de la chaîne est désormais monté sur deux roulements. 

Il est possible d’utiliser un bidon de 700 ml sur ces vélos et d’autres ports de fixations sont disponibles pour des accessoires. 

Des protections en caoutchouc équipent le vélo sur les bases, sous le tube inférieur, mais également en haut du tube inférieur si on pose son vélo dans la benne d’un pick-up. 

La gamme Forbidden Druid Lite et Core 2025

Dans la gamme Forbidden Druid Core, on retrouve trois montages à 8999 €, 10199 € et 11899 €. 

Dans la gamme Forbidden Druid Lite, on retrouve trois montages à 8699 €, 9999 € et 11699 €. 

Forbidden fait confiance à Sram et RockShox pour ses suspensions, freins et transmissions sur toute sa gamme. Du côté des roues, DT Swiss équipe le premier modèle, puis c’est Crankbrothers. Les détails des montages sont à retrouver sur le site de la marque. 

Les premières livraisons en magasin arriveront en juillet 2025, puis en aout, et ensuite en septembre. Attention, les vélos sont déjà tous vendus aux magasin par le distributeur SportPulsion, et il ne sera plus possible d’en commander avant les modèles 2026. Rapprochez-vous de vos magasins pour connaître l’état de leurs stocks et pré-commandes. 

Prise en main : Forbidden Druid Core 1 

Direction le sud de la France, en compagnie du distributeur français et belge de la marque, Sportpulsion. On choisit le modèle Core, le plus gros des deux vélos pour une petite journée de découverte. On grimpe sur un modèle en taille S3, équivalent L, pour notre taille de 1m83. Une fois les mains posées sur le guidon, ça paraît court, et haut ! La marque communique sur un « sizing » commun entre tous ses vélos et n’invite pas les riders à passer sur « plus » long que leur taille habituelle. 

Pourtant, dès qu’on se lance sur les trails, on retrouve un équilibre assez bien dosé et tout particulièrement dans la pente. Les valeurs de reach plus courtes et de stack plus élevées permettent de conserver une position plus droite dans la pente, et qui nous permet de contrôler assez sereinement le vélo. 

On se souvient de notre test du Druid V2 qui avait suscité beaucoup d’intérêt au sein de la rédaction de Vojo. C’est un vélo de caractère qui se révèle absolument magique dans certaines circonstances, mais bien plus exigeantes dans d’autres, notamment quand l’engagement du rider ou le terrain n’est pas des plus adaptés. Sur le Druid Core, on change complètement de style et on découvre un vélo vraiment facile d’accès, lisible et sensible. Il reste stable et posé à basse comme à haute vitesse. 

La cinématique à point de pivot haut libère la suspension et le vélo encaisse les chocs sans broncher, et, surtout, stabilise notre pilotage. On se sent ancré sur le sol et assez indéboulonnable, avec beaucoup de grip. Mais le plus surprenant est qu’on arrive à conserver une belle facilité à changer d’angle et à placer le vélo. On sent que le vélo est construit autour du montage « mulet », sans déséquilibre, et le vélo change d’axe en suivant les mouvements d’épaule du rider, mais sans à-coups ou perte de grip.  

La batterie de 800 Wh ne semble pas déséquilibrer l’avant du vélo, et même si on se dit que dans cette formule à gros débattement, qui peut le plus peut le moins, et qu’une batterie de 600 Wh pourrait suffire, la recette semble assez aboutie. 

En montée, le vélo offre un tube de selle bien droit et une grande tige de selle, ce qui offre une bonne position et une grande liberté de mouvement. Les choix opérés sur la géométrie ne font pas du vélo le meilleur grimpeur de la catégorie, et il faut bien charger l’avant du vélo, mais on reste toutefois dans des performances plus qu’honorables pour un gros VTTAE conçu pour la descente. 

Les manivelles (très) courtes offrent beaucoup de dégagement, et une certaine forme de sérénité, même si il faut s’habituer légèrement au changement d’équilibre sur le vélo, notamment dans les virages où on s’appuie sur son pied extérieur. 

Le moteur, comme lors de notre première découverte, nous met une petite claque tant sa puissance et son couple son impressionnants. Une fois les modes réglés selon nos préférences, le mode auto est très agréable, même si on se permet de temps à autre un passage en turbo le temps de s’accrocher un sourire joignant les deux côtés du visage.  

Mariage réussi ? Définitivement oui, et on est heureux de voir un moteur plein de promesses sur un châssis innovant et bien pensé. Le Forbidden Druid Core sera bien plus accessible au « grand public » que ne le sont les vélos sans assistance de la marque, et on retrouve une philosophie très « gros vélo » sans que ça soit trop pataud. On ne vous le cache pas, nous avons vraiment hâte de pouvoir remonter à son guidon sur d’autres terrains de test !

Notre visite chez Forbidden au Canada : https://www.vojomag.com/visite-forbidden-bike-le-pivot-haut-comme-mentor/ 

Le test du Forbidden Druid V2 : https://www.vojomag.com/test-forbidden-druid-v2-petit-debattement-grandes-ambitions/ 

Plus d’infos sur le site de la marque : https://forbiddenbike.com/

Photos d’action : Bastian Huber / Sport Pulsion

Par  Paul Humbert