Test nouveauté | RockShox Zeb : plus rigide, plus confortable ?

Par Léo Kervran -

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Test nouveauté | RockShox Zeb : plus rigide, plus confortable ?

A l’heure où les enduros ressemblent de plus en plus à des vélos de descente miniatures, ce sont désormais les composants qui, pour certains, représentent la limite qui empêche de rouler toujours plus vite et toujours plus fort. Conscients de ce problème, les fabricants s’adaptent et après Fox, c’est au tour de RockShox de présenter une fourche avec des plongeurs en 38 mm et un châssis rigidifié. Son nom ? La Zeb, diminutif de Zebulon. Nous l’avons entre nos mains depuis quelques semaines, voici nos premières impressions.

Le nom de la fourche, qui peut faire sourire en français, vient de Zebulon Pike, le premier homme à avoir gravi Pikes Peak, célèbre sommet des Rocheuses. La montagne, qui culmine à 4 267 m (et connue notamment pour la course de côte automobile qui se déroule chaque année sur ses pentes), se situe juste au-dessus de la ville de Colorado Springs, où se trouve le centre de design de RockShox.

Pour cette nouvelle fourche, l’axe de travail principal de la marque américaine a été, on s’en doute, la rigidité. Pour une Zeb en 29’’ et 180 mm de débattement, elle annonce 21,5 % de rigidité torsionnelle, 7 % de raideur longitudinale et 2 % de raideur transversale en plus vis-à-vis d’une Lyrik de mêmes dimensions. Ce châssis plus rigide est censé bénéficier même aux pilotes plus légers puisqu’il permet à la fourche de mieux fonctionner et d’offrir plus de sensibilité.

Une augmentation mesurée dans le plan frontal et des progrès qui devraient donc surtout se faire sentir dans les virages et les gros appuis. Pour obtenir ces résultats, la marque a développé un tout nouveau châssis avec des plongeurs en 38 mm (contre 35 mm pour la Lyrik) et en conséquence, des fourreaux, un arceau et un té plus gros.

Les conséquences sur les dimensions générales de la fourche sont toutefois limitées puisque, à format égal (27,5″ et 170 mm par exemple), la Zeb mesure seulement 5 mm de plus que la Lyrik sur la longueur axe-té, qui définit la hauteur de la fourche.

Puisqu’on parle de rigidité, certains se demanderont peut-être pourquoi RockShox n’a pas monté un axe de 20 mm sur sa fourche. Puisque tout le reste grandit et se rigidifie, l’axe pourrait en effet constituer le point faible du système. Cependant, la marque avance qu’un axe de 15 mm bien conçu est « aussi rigide » qu’un axe de 20 mm et qu’elle dispose des Torque Caps, ces coupelles qui améliorent la liaison entre la roue et la fourche, pour ceux qui souhaiteraient augmenter encore la rigidité. Autre réflexion plus intéressante, il semblerait que RockShox ait pris en compte le fait que le standard 15 mm est désormais très bien implanté sur le marché et que rester sur ce format permettra à celles et ceux qui le souhaitent de monter plus facilement une Zeb, sans avoir à changer de roue avant.

A l’intérieur, on retrouve côté droit (vu par le pilote) une cartouche Charger, en version 2.1 RC2 sur la version haut de gamme Ultimate présentée sur ces photos. Aucune nouveauté à signaler ici, c’est la cartouche qui équipe la Lyrik Ultimate depuis l’année dernière et que nous apprécions particulièrement pour son accessibilité sans sacrifier le niveau de performances (lire RockShox Lyrik Ultimate MY20 : récit d’une session de test, de Sintra à nos sentiers).

Côté air en revanche, la Zeb est équipée du nouveau ressort DebonAir lancé en avril, mais les ingénieurs RockShox ont retravaillé son organisation pour le doter d’une chambre négative plus grande, de façon à obtenir « des sensations de pilotage encore plus proche de la descente ». Plus concrètement, un volume négatif plus important permet de réduire la pression dans cette chambre et d’avoir ainsi un ressort un peu plus ferme, avec plus de support en début de course pour ne pas consommer « inutilement » les premiers centimètres de débattement.

Avec des volumes plus importants et cette chambre négative revue, quelques psi de plus ou de moins dans la Zeb devraient donc avoir un effet plus important que sur la Lyrik qui, avec ses volumes plus faibles, demande d’être roulée à plus haute pression.

Parmi les autres informations importantes à noter, la Zeb accepte des pneus jusqu’à 2,8″ de section et le support de frein avant est au standard PM 200. Du 220 mm passera sans soucis avec un adaptateur mais il ne sera donc pas possible de monter un disque de 180 mm. Signalons aussi que deux versions du té, plus ou moins large à la base du pivot, seront disponibles. D’après RockShox, ces variantes ont uniquement un intérêt esthétique et sont là pour s’adapter au mieux aux différentes formes de douilles de direction. Il n’y aurait aucune influence significative sur le poids ou la rigidité.

Enfin, en ce qui concerne les accessoires, la Zeb est la deuxième fourche RockShox après la nouvelle Sid, présentée plus tôt cette année, à intégrer de série un support de garde-boue à 3 vis. On note d’ailleurs que le design général de la Zeb rappelle beaucoup celui de la Sid, notamment au niveau du té et de l’arceau avec ces lignes plus « brutes » que par le passé. Une nouvelle identité visuelle pour RockShox ?

4 versions de la Zed sont au programme, toutes disponibles en 27,5″ ou 29″ et en 160 à 190 mm de débattement :

  • Zeb Ultimate : cartouche Charger 2.1 RC2, déport 38 mm (27,5″) ou 44 mm (27,5″ et 29″), 2281 g en 29″ et 170 mm, 1089 €
  • Zeb Select+ : cartouche Charger 2.1 RC, déport 38 mm (27,5″) ou 44 mm (27,5″ et 29″), 2281 g en 29″ et 170 mm, disponible uniquement en monte d’origine pour les fabricants
  • Zeb Select : cartouche Charger RC, déport 38 mm (27,5″) ou 44 mm (27,5″ et 29″), 2270 g en 29″ et 170 mm, 869 €
  • Zeb : cartouche Charger R, déport 44 mm (27,5″ et 29″), 2279 g en 29″ et 170 mm, 759 €. A noter, pour ce dernier modèle, l’existence d’une version avec ressort Dual Position Air (869 €) qui permet de faire passer le débattement de 150 à 180 mm d’un simple tour de molette. L’intérêt de ce système est d’offrir la possibilité d’abaisser l’avant du vélo en montée et sur le plat de façon à avoir un meilleur équilibre et limiter le cabrage. C’est donc une option qui sera surtout intéressante pour les e-bikes.

La RockShox Zeb sur le terrain

Comme pour la Fox 38, dont vous pouvez retrouver la prise en main ici, c’est Nicolas Casteels, l’un de nos principaux testeurs en Belgique pour tout ce qui touche à l’enduro, qui a réalisé l’essentiel de cette découverte sur le terrain. L’intérêt est double puisque, en plus de pouvoir comparer les deux fourches dans le même format (29″ et 170 mm) sur le même vélo, Nicolas fait partie par son poids et son pilotage des personnes à qui un surplus de rigidité peut réellement profiter.

En configuration d’origine, la fourche est livrée avec un seul token. Sag réglé juste en dessous des 30 % et compression ouverte, la Zeb apparaît plutôt linéaire. Elle rappelle en ce sens la Lyrik version 2019, avant tout le travail réalisé par RockShox sur la partie air.

Une légère fermeture des compressions (4 clics en hautes vitesses et 8 clics en basses vitesses), sans toucher au sag, a permis de renforcer cette sensation de ressort hélicoïdal en améliorant encore le support à mi-course. En parallèle, l’ajout de 2 tokens supplémentaires dans la fourche a réduit les risques de talonnage sur les plus gros impacts, le point faible de ce comportement linéaire.

Même si ce n’était pas spécialement le point faible de la Lyrik, l’apport en rigidité est bien sensible. Il est surtout appréciable lorsqu’on a un pilotage engagé ou qu’on dépasse les 80 kg et dans les pentes les plus engagées où les dévers chaotiques, là où la fourche est justement sollicitée en torsion entre les chocs, la trajectoire souhaitée par le pilote et la pente qui n’attire pas forcément l’ensemble dans la même direction.

Ce caractère ne conviendra pas à tout le monde mais il peut rendre la fourche plus agréable à condition d’avoir le pilotage adapté. C’est justement le cas pour Nicolas et il trouve cette Zeb plus confortable que la Lyrik 2020 malgré son châssis bodybuildé et la chambre négative plus importante qui tend à réduire la sensibilité sur les plus petits impacts.

Vis-à-vis de la Fox 38, la rigidité dans les appuis est comparable mais la Zeb paraît plus accessible grâce au confort qu’elle procure et à la linéarité de son amortissement. La Fox prend l’avantage dans la pente grâce à une meilleure gestion de la stabilité et un peu moins de plongée mais le reste du temps, elle est plus exigeante et demande une meilleure condition physique car elle « renvoie » plus de chocs dans les bras que la RockShox. Côté fin de course, c’est une égalité, les deux fourches s’en sortent très bien et on n’a jamais l’impression de manquer de débattement.

Avec la sortie de cette nouvelle Zeb, il est difficile de ne pas faire le parallèle avec la gamme Fox dévoilée il y a quelques mois : on a d’un côté la Lyrik ou la 36, une fourche d’enduro reconnue depuis de nombreuses années et qui continuera de satisfaire de nombreux pilotes, et de l’autre la Zeb ou la 38, de nouveaux modèles qui ne se placent pas vraiment au-dessus mais plutôt en parallèle, pour celles et ceux qui pourraient bénéficier d’un surcroît de rigidité en torsion par leur poids, leur pilotage ou leur terrain de jeu. On risque aussi fort de retrouver ces fourches sur de nombreux e-bikes qui, avec leur poids supplémentaire, mettaient souvent à mal les fourches d’enduro lorsqu’on dépassait les 160 mm de débattement.

Malgré cette organisation similaire, on relève quelques différences entre les deux marques. Si la 38 comme la Zeb sont orientées compétition et VTTAE, Fox propose une fourche plus pointue et exigeante, tant du point de vue du pilotage que des réglages tandis que RockShox est plus accessible jusque pour le portefeuille (environ 500 € de différence entre les versions les plus haut de gamme des deux marques). Ces nuances de positionnement ne sont pas nouvelles, on les retrouvait déjà avec la Lyrik et la 36, mais on apprécie de voir que RockShox n’a pas cherché à tout prix à concurrencer Fox sur son terrain et a su conserver pour cette nouvelle Zeb les caractéristiques qui avaient fait le succès de la Lyrik.

ParLéo Kervran