Test nouveauté | Un DebonAir upgradé pour les RockShox Pike et Lyrik

Par Olivier Béart -

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Test nouveauté | Un DebonAir upgradé pour les RockShox Pike et Lyrik

Après avoir présenté une toute nouvelle cartouche hydraulique Charger 2 l’an dernier, RockShox poursuit sa politique d’amélioration progressive de ses produits en proposant une mise à jour de son système de ressort DebonAir pour les Pike et Lyrik, mais aussi pour les Revelation et Yari. Le but : permettre de rouler plus haut dans le débattement. Vojo a monté ce kit et, à l’atelier ainsi que sur le terrain, on vous explique ce qu’il apporte.

Pour cette nouvelle collection, le châssis reste identique, tout comme l’hydraulique. Par contre, c’est à la partie air et à son ressort DebonAir que RockShox s’est intéressé cette fois, et c’est de cette mise à jour dont nous allons parler ici.

L’idée : rouler plus haut dans le débattement

Si vous avez lu notre test de la RockShox Lyrik Ultimate paru l’été dernier, ou si vous avez eu l’occasion de la rouler, vous avez pu vous rendre compte qu’il s’agit d’une excellente fourche, très onctueuse et reposante à piloter tout en gardant une très belle dynamique. Ce qui est valable aussi pour la Pike, que nous avons retenue pour notre « dream build » e-bike sur base d’un Specialized Turbo Levo. Néanmoins, Sram est resté à l’écoute des feedbacks de ses athlètes et de ses clients, et une remarque qui revenait souvent était que beaucoup d’utilisateurs aimeraient une fourche qui reste un peu plus haut dans le débattement.

On parle ici du début et de la mi-course de la fourche, et de cette sensation de garder le poste de pilotage à une hauteur confortable quand on est dans la pente, et de ne pas avoir la sensation d’avoir une fourche qui rentre trop vite dans son débattement. Soyons clairs, ce n’est pas quelque chose qui nous a vraiment dérangés sur les précédentes générations, mais nous comprenons cette remarque et c’est vrai que c’est un point qui pouvait être amélioré, notamment par rapport à Fox qui faisait traditionnellement mieux que RockShox sur ce point.

Comme nous allons le voir juste après, la solution est au final très simple et c’est par une modification du ressort pneumatique DebonAir que RockShox a voulu répondre à ce type de demande.

Concrètement, qu’est-ce qui change ?

Tout se joue dans la partie gauche de la fourche, celle qui abrite le ressort pneumatique de la fourche (le fourreau droit étant dédié à l’hydraulique). Deux pièces ont été modifiées sur le piston, et ce sont celles que vous pouvez voir en rouge sur l’image ci-dessus.

On le voit, les deux nouvelles pièces qui sont le cœur de cette mise à jour du DebonAir (écrou de la tige du piston et la tête d’étanchéité) sont plus grandes (à gauche la nouvelle version, à droite la précédente). Le but est de placer le piston plus haut dans la fourche (+10mm). Cela le positionne désormais le piston pile au niveau du « grain de riz », qui est est le petit orifice creusé dans la paroi du plongeur pour permettre l’équilibrage des chambres positive et négative. Auparavant, cet équilibrage ne se faisait qu’après avoir enfoncé la fourche d’au moins 10mm, ce qui entraînait un fonctionnement moins naturel du passage entre le positif et le négatif. Ici, ce passage se fait de manière beaucoup plus linéaire, et cela dès le départ.

Avec maintenant un peu moins de volume pour la chambre positive et un peu plus pour la négative, cela donne un ressort qui se raffermit, ce qui va permettre d’augmenter le support de la fourche, et donc la sensation d’avoir du maintien en milieu de course.

« Nous avions constaté que certains riders avaient pris l’habitude de surgonfler légèrement leur fourche pour réduire leur SAG et augmenter la hauteur de leur fourche. Avec ce nouveau système, ce n’est plus nécessaire. Cela évite de dégrader le comportement de la fourche en fin de course, comme c’est le cas quand on surgonfle », explique-t-on chez RockShox.

Les pressions recommandées par RockShox n’ont pas été modifiées sur la Lyrik, où on va simplement être plus haut dans le débattement que par le passé, à pression égale. Par contre, sur la Pike, qui a une tête de piston différente et un setup initial déjà un poil plus ferme et axé sur le maintien pour une pratique all-mountain, RockShox a abaissé ses recommandations de 5psi. La chambre positive étant plus petits, on pourrait croire que cela influence le nombre de tokens/volume spacers à placer dans la fourche et qu’il faudrait en mettre moins, mais en pratique ce n’est pas le cas.

Quels modèles sont concernés ?

Cette mise à jour du DebonAir concerne les modèles Pike, Lyrik, Revelation et Yari « MY21 » (comprendre « model year 2021 ») qui en seront toutes équipées d’origine, dans tous les niveaux de gamme (Ultimate et Select pour les Pike et Lyrik – RC pour les Revelation et Yari). Il n’entraîne pas de réelle modification du poids, ni des tarifs qui restent très bien placés par rapport à la concurrence. Comptez de 759 à 979€ pour une Pike, de 819 à 1039€ pour la Lyrik, et 539€ pour la Yari ainsi que la Revelation. Elles sont disponibles dès à présent.

Bonne nouvelle, on peut upgrader son « ancienne » fourche !

Si ce nouveau système DebonAir sera monté d’origine dans toutes les nouvelles RockShox citées ci-dessus, la bonne nouvelle c’est qu’il sera aussi possible de mettre à jour une fourche existante ! Toutes les fourches des gammes citées plus haut et équipées du DebonAir sont éligibles (il y a quelques exceptions, mais celles commercialisées ces deux dernières années sont compatibles sans souci – dans tous les cas, mieux vaut se renseigner auprès de son revendeur ou du DSD Sram avant de commander afin d’être certain de ne pas faire d’erreur).

C’est une très bonne habitude prise par RockShox, et qui mérite d’être soulignée : quand aucun obstacle technique ne s’y oppose, la marque du groupe Sram propose en effet systématiquement la possibilité de mettre à jour les fourches existantes. C’est ainsi que la cartouche hydraulique Charger Race des nouvelles SID est disponible pour les anciennes générations de cette fourche de XC, comme la cartouche Charger 2.1 présentée l’an dernier pour les Pike et Lyrik Ultimate. Le tout à des prix dans l’ensemble très raisonnables.

Bonne nouvelle, c’est que, comme le piston ne change pas, l’upgrade kit ne comporte que deux pièces et il ne coûte que 29€ ! Cette opération est très simple. Elle ne prendra que quelques minutes pour un mécanicien professionnel et elle est accessible à tout amateur éclairé un minimum outillé en regardant les vidéos produites par Sram sur sa chaîne Youtube « Sram Tech ». Nous avons en tout cas effectué la manœuvre sans aucun mal en moins d’une demi-heure, photos comprises.

RockShox new DebonAir : le test terrain

Les règles de confinement en Belgique permettant encore de rouler à VTT (dans un cadre bien défini, que nous avons respecté à la lettre), nous avons pu avoir sur le terrain un premier aperçu de l’effet de cette mise à jour du système DebonAir proposé par RockShox. Nous avons gardé une importante marge de sécurité et il ne s’agit pas encore d’un vrai test longue durée, mais nous avons déjà pu faire quelques constats intéressants.

Nous avons effectué cet essai tant avec la Lyrik qu’avec la Pike, deux fourches que nous connaissons très bien pour les avoir roulées longuement et jusque très récemment sur deux des châssis qui nous servent le plus pour nos tests de composants : l’Orbea Rallon et le Specialized Turbo Levo. Nous avons donc pu nous rendre assez vite compte des différences de ressenti avec cet upgrade du ressort DebonAir.

Commençons par les réglages. Nous n’avons rien changé du côté hydraulique (rebond, compression HV/BV), car ce n’est pas nécessaire. Au niveau de la pression dans la partie air, nous avons commencé avec les mêmes valeurs que dans les fourches de la précédente génération, c’est-à-dire en respectant les recommandations RockShox, tant dans la Pike que dans la Lyrik (80psi dans la Pike pour un pilote de 78kg et 70psi dans la Lyrik). Par la suite, nous avons eu envie de retirer 5psi dans la Lyrik, alors que nous sommes restés avec la pression de départ dans la Pike. A noter que, bien que montée sur un e-bike, nous avons toujours préféré éviter d’ajouter les 10psi supplémentaires préconisés par RockShox. Question de goût.

Quand on se pose sur le vélo, on voit que les changements opérés sur la chambre d’air ne modifient pas le SAG de manière sensible sur les deux fourches. Nous avons aussi gardé le même nombre de volume spacers à l’intérieur (un sur la Pike, deux sur la Lyrik), et nous n’avons pas ressenti le besoin d’en changer. Dans l’ensemble, le comportement de la fourche n’est d’ailleurs pas métamorphosé, et il n’y a que dans des circonstances précises que la modification est perceptible.

A faible vitesse, sur le plat, en côte, rien ne change, ou du moins rien de perceptible. Là où tout se joue, c’est dans les descentes un minimum raides et rapides, ainsi qu’au freinage. Là, oui, ce que RockShox avance se vérifie de manière clairement perceptible. La fourche reste bel et bien plus haut dans le débattement, améliorant légèrement l’assiette du vélo et la confiance du pilote. Une fois encore, rien de révolutionnaire et les fourches du précédent millésime s’en sortaient déjà plutôt très bien, mais ceux qui ressentaient un manque à ce niveau avec leur fourche RockShox seront comblés.

On se réjouit de voir que cette modification du DebonAir ne modifie pas la sensibilité de la fourche et l’onctuosité ressentie en début de course, qui est un des points forts des dernières RockShox. Des pilotes moins musclés et aguerris pourront trouver qu’avec plus de maintien, le milieu de course est un peu plus « physique », un tout petit peu moins « plush ». Mais c’est minime et on n’a pas réellement constaté de fatigue supplémentaire dans les bras après plusieurs runs. Le gain au niveau de l’assiette du vélo et la réserve de débattement qu’on apprécie beaucoup de garder dans les phases de freinage sont des avantages bien plus perceptibles.

Nous avons tout de même choisi de réduire la pression dans la Lyrik de 5psi pour atténuer cette sensation de fourche un peu plus physique à piloter, et nous avons eu l’impression de garder les avantages du nouveau kit Debonair, tout en gommant le seul petit point négatif constaté. Cette recommandation vaut surtout pour un usage « soft » et quand on en garde un peu sous la pédale, comme en cette période de pandémie où il faut absolument garder une marge de sécurité importante à chaque sortie. Pour un usage en compétition, un pilote d’un bon niveau préférera certainement rester sur les recommandations RockShox, quitte à avoir une fourche un poil plus physique.

C’est au final surtout en montant la Pike et la Lyrik sur le Levo, un VTT électrique donc, que nous avons ressenti le plus gros apport de ce nouveau kit RockShox DebonAir. Là, avec un vélo plus lourd, plus collé au sol et sur lequel le transfert des masses est plus perceptible, l’amélioration est plus perceptible et plus profitable encore. Dans ce cadre, cela nous a paru encore plus utile sur la Pike dont le débattement est plus réduit (150mm) que la Lyrik (160mm).

Verdict

Quand, l’an dernier, RockShox a présenté sa cartouche Charger 2.1 pour les Pike et Lyrik Ultimate, la différence était énorme par rapport à la précédente génération. Ici, avec cette mise à jour du ressort pneumatique DebonAir, le gain est réel mais moins marqué. Cette mise à jour profitera surtout aux compétiteurs, à ceux qui reprochaient à leur RockShox de plonger un peu trop et de manquer de maintien à la mi-course, ainsi qu’aux possesseurs de VTT électriques. Pour eux, vu que cette mise à jour est simplissime et que le kit ne coûte que 29€, il n’y a aucune raison d’hésiter ! Au passage, on dit bravo à RockShox pour cette modération dans les tarifs et pour son souci de rendre cette modification rétro-compatible avec les précédents millésimes ! Pour les autres profils de riders, la mise à jour sera moins utile et, si on achète une nouvelle fourche ou un vélo équipé d’origine de cette nouvelle génération de Lyrik, Pike, Yari ou Revelation, il suffira de dégonfler très légèrement la fourche (5psi) pour en adoucir un peu le comportement plus physique à la mi-course, tout en continuant à profiter d’un maintien qui restera tout de même un peu meilleur. 

Plus d’infos : https://www.sram.com/fr/rockshox

ParOlivier Béart