Test nouveauté | Canyon Strive:ON et Canyon Torque:ON : quelqu’un a parlé de « gravity » ?
Par Jeffry Goethals -
En ce mois de mai, Canyon voit double en présentant non pas un, mais bien deux nouveaux e-bikes à l’orientation « gravity » : le Strive:ON à destination des courses d’enduro, ainsi que le Torque:ON pour celles et ceux qui aiment avoir davantage de débattement et/ou les longues journées en bikepark. Bien que le Strive:ON soit équipé d’un moteur Bosch et le Torque:ON d’un moteur Shimano, ces vélos sont si bien conçus que ce sont surtout les caractéristiques du cadre et la cinématique de la suspension qui font la différence… L’époque où un vélo électrique se caractérisait principalement par son moteur semble ainsi révolue. Cap sur Massa Marittima en Italie afin de découvrir ces deux nouveaux modèles, ainsi que nos premières impressions sur le terrain :
Déjà présent au catalogue de la marque allemande avant ce lancement, le Torque:ON est apparu au sein de la gamme Canyon au début de l’année 2021… mais uniquement en aluminium. Pour 2023, ce modèle demeure dans la gamme sans aucune modification, mais est rejoint par une version en carbone. Cette dernière se destine également aux freeriders et descendeurs, mais – comme vous pouvez le lire plus bas – est complètement différente de la version en aluminium que l’on connaissait jusqu’à présent.
Par ailleurs, un nouveau Spectral:ON a été lancé l’année dernière par la marque allemande à destination de la pratique du trail. Bien que ce modèle soit très performant et qu’il ait été utilisé par l’équipe Collective Factory sur les courses EWS-E, chacun attendait avec impatience une variante à assistance électrique du Strive, qui est le vélo de compétition enduro habituel de la marque allemande.
Ce nouveau Torque:ON en carbone et ce tant-attendu Strive:ON ont été développés par le département « Gravity » de Canyon, responsable de la gamme allant du Spectral au Sender, mais également en charge du système de stabilisation du guidon K.I.S. Ancien champion du monde de DH et d’enduro, Fabian Barel joue un rôle important au sein de ce département depuis la fin de sa carrière. Nul doute que sa contribution au vu de ses années d’expériences en tant que pilote professionnel et de son rôle actuel de team manager ont eu un intérêt phare dans le développement de ces nouvelles plateformes.
Cliquez sur le lien ci-dessous pour accéder directement à la présentation et test terrain du Strive:ON ou du Torque:ON >>>
Le tout nouveau Strive:ON CFR
Allons droit au but : le Strive:ON est un e-bike d’enduro conçu spécifiquement pour la nouvelle série de la Coupe du monde d’enduro UCI. Cela signifie qu’il doit être rapide et agile dans les descentes, tout en étant puissant et précis dans les montées techniques.
Le Canyon Strive:ON est doté d’un tout nouveau cadre en carbone haut de gamme, et les ingénieurs de Canyon ont travaillé d’arrache-pied sur la composition de ce carbone. Maximiser le rapport poids/puissance est en effet crucial dans les courses d’e-MTB, et c’est pourquoi ils ont optimisé la composition des fibres de carbone sur le Strive:ON afin de réduire le poids tout en améliorant la rigidité aux points critiques.
Le triangle arrière du Strive:ON est plus « souple » afin d’améliorer la traction et atténuer la fatigue du pilote dans les spéciales longues et exigeantes
Le cadre Strive:ON pèse 3268 g en taille M, incluant toute la visserie. De plus, la rigidité optimisée rend le triangle arrière du Strive:ON plus « souple » afin d’améliorer la traction et atténuer la fatigue du pilote dans les spéciales longues et exigeantes, sans compromettre la confiance et le contrôle à haute vitesse grâce à la rigidité du triangle avant.
C’est autour des motorisations Bosch Performance CX et CX Race que le Strive:ON a été imaginé et conçu. Toutes deux se caractérisent par une puissance de 600 watts, un couple soutenu de 85 Nm et une réponse rapide de l’assistance afin de franchir les sections les plus techniques et difficiles des parcours. Ces dernières années, sans moteur Bosch, il était difficile d’être compétitif sur les courses EWS-E car s’il est vrai qu’un Bosch CX est plus lourd et plus encombrant qu’un Shimano EP8, son assistance est configurée pour être plus « présente » que la Shimano, plus souple et naturelle (alors que les deux délivrent le même couple maximum).
Du côté du gabarit, le nouveau moteur CX Race a une taille et une forme identiques au moteur CX standard, pourtant cette itération plus exclusive permet un gain de 150g et porte l’assistance au pédalage de 340 à 400 %. Bosch explique que ce moteur CX Race dispose également d’une fonction Extended Boost plus longue : une impulsion sur les manivelles et on est accompagné par l’assistance sur une belle distance. Le CX Race n’étant disponible qu’en quantité limitée, celui-ci n’équipera que la version la plus onéreuse de ce Strive:ON, à savoir le montage CFR LTD. Pour plus de détails quant à ce moteur CX Race, découvrez notre prise en main : Prise en main | Moteur Bosch Performance CX-Race Limited Edition : le tout pour le tout
Du côté de la batterie, le choix est laissé au pilote entre une batterie de 625 Wh ou de 750 Wh, et ce pour toutes les tailles de cadre, de sorte que tous les pilotes – petits ou grands – puissent être en mesure de choisir entre un poids plus faible ou une plus grande autonomie en fonction de leurs besoins/envies. À titre d’information, une batterie de 625 Wh pèse 3650 g tandis qu’une 750 Wh affiche 4330 g sur la balance. Cela représente une différence de près de 700 g, pour une autonomie accrue d’environ 20 %. Qui dit batterie plus grosse dit également batterie plus onéreuse, puisque l’on peut observer une différence de 200 € entre les deux.
Les batteries sont maintenues au sein du cadre grâce à un support conçu par Canyon et compatible avec le système de verrouillage Bosch, permettant un changement rapide et facile tout en les maintenant bien en place. Ce système permet également un gain de 300 g par rapport au support Bosch standard. Les vélos équipés de la plus petite batterie de 625 Wh sont livrés avec une entretoise à monter à l’extrémité de la batterie pour une bonne adaptation. Cette entretoise est également disponible comme pièce de rechange pour celles et ceux qui achèteraient ultérieurement une (petite) batterie supplémentaire.
Géométrie et cinématique : tout pour la course
À ce stade, tous les connaisseurs du modèle originel, sans moteur, du Strive se demandent… Qu’est-il advenu de la technologie Shapeshifter ? Alors que la possibilité de modifier la géométrie et le débattement de la suspension est la marque de fabrique du Strive non électrique, le Strive:ON en est dépourvu. La principale raison de la suppression du Shapeshifter et de l’adoption d’un positionnement horizontal de l’amortisseur est, selon la marque, d’abaisser le centre de gravité et de s’assurer que la cinématique reste optimale, malgré l’encombrement du moteur Bosch. Sans ce choix, il n’y aurait pas eu de place pour un porte-bidon dans le triangle avant ou pour la grande batterie 750 Wh dans les petites tailles de cadre du Strive:ON.
Le Strive:ON conserve le comportement très capable en descente caractéristique du Strive et dispose également d’un débattement de 170 mm à l’avant et de 160 mm à l’arrière. Côté géométrie, il affiche un angle de tube de selle particulièrement redressé de 78°, autrement dit un angle identique à celui d’un Strive en position « pédalage » au niveau du Shapeshifter. L’angle de direction évolue d’un demi degré par rapport au Strive (63,5°) tandis que les bases arrière ont été délibérément allongées (445 mm) afin d’offrir plus de stabilité mais également une meilleure assiette du vélo dans les montées techniques raides.
Comme sur le modèle enduro classique, le reach est plutôt généreux (475 mm en taille M), bien qu’il soit moins long sur le Strive:ON que sur le Strive traditionnel. Cela s’explique par le fait que la stabilité d’un e-bike provient principalement du poids du moteur et de la batterie, et qu’un reach légèrement plus court permet ainsi de pallier le poids d’un e-bike, en offrant davantage de maniabilité. Par rapport au Torque:ON (que l’on vous présente quelques lignes plus bas), le Strive:ON affiche un boitier de pédalier 7 mm plus haut, promesse d’une meilleure agilité à basse vitesse mais également de franchissements facilités.
Le Strive:ON est monté de série en montage dit « mulet », promesse d’un vélo rapide et agile sur les pistes sinueuses
Le Strive:ON est monté de série en montage dit « mulet », à savoir une roue avant en 29″ et une roue arrière en 27,5″. Selon Canyon, ce montage « mulet », et particulièrement la roue de 27,5″ à l’arrière, permet d’obtenir un vélo rapide et agile sur les pistes sinueuses et rapides malgré le poids supplémentaire et le centre de gravité plus bas de ce Strive:ON.
Pour le Strive:ON, comme pour de nombreux autres modèles de sa gamme, Canyon utilise une cinématique dite « Triple Phase« . Cela fait simplement référence à un comportement souple de la suspension dans la première partie de son débattement afin de favoriser le contrôle et la traction, plus soutenue en milieu de course, et finalement progressive en fin de course pour éviter tout talonnage.
La marque allemande explique que cette cinématique a été optimisée afin d’améliorer l’autonomie, d’offrir une meilleure réactivité dans les montées mais aussi de rendre le vélo plus confortable dans les longues descentes exigeantes. Canyon signale que le Strive:ON est également compatible avec le montage d’un amortisseur à ressort.
La marque continue en expliquant que par rapport au Torque/ON, l’anti-squat mesuré au SAG du Strive:ON est plus élevé dans le but d’améliorer l’efficacité du pédalage. Cela a pour conséquence d’également augmenter le « kickback », « mais une fois que vous plongez dans le débattement de la suspension, l’anti-squat plus élevé et le kickback diminuent. Cela permet de maintenir la suspension active et d’ainsi maximiser la traction et le confort », précise la marque. Si ces différents termes vous sont inconnus, notre lexique sera en mesure de vous éclairer : Petit lexique illustré du VTT : toutes les clés pour comprendre.
Le diable se cache dans les détails
Le centre de contrôle Smart System, intégré au niveau du tube supérieur, permet de voir en un coup d’œil le mode d’assistance utilisé, le niveau de la batterie ou encore la puissance délivrée. Si ce Smart System est doté d’un bouton permettant de choisir le mode d’assistance désiré, une nouvelle commande sans fil (que vous pouvez apercevoir sur la gauche du cintre) permet de contrôler les fonctions clés de la motorisation sans même lâcher le guidon.
Pour protéger le boîtier du moteur ainsi que le plateau, le Strive:ON est équipé d’une plaque de protection destinée à faire face aux pierres, racines et autres intrus que l’on pourrait rencontrer sur les sentiers. Grâce à sa surface de contact plus petite qu’une coque traditionnel plate, la conception spéciale de cette plaque, inspirée de ce que l’on peut retrouver en moto enduro, lui permet de glisser lorsqu’elle entre en contact avec le sol ou un obstacle. Pour le détail, la plaque est fixée directement sur les boulons du support moteur.
Le Strive:ON a été testé et évalué selon la classification « Catégorie 4 » de Canyon. Le vélo subit ainsi les mêmes tests intensifs que la catégorie 4 (comme le Strive), mais les tests de charge et de stress sont plus longs et plus difficiles pour simuler les forces supplémentaires que l’on peut retrouver en compétition e-bike.
Comme pour les modèles Spectral:ON et Torque:ON CF, les roulements de pivot du Strive:ON reçoivent également la protection spéciale à double étanchéité de la marque, ainsi que la graisse « longue durée » caractéristique de Canyon.
Au rang des détails, on notera que le bas du tube supérieur permet d’y fixer un support pour une trousse à outils ou le « Load bag » de chez Canyon. La marque allemande a également son propre garde-boue qui existe en deux versions, l’une pour la RockShox Zeb et l’autre pour la Fox 38. Finalement, pour protéger la base arrière du côté de la chaine, le Strive:ON est équipé de la protection brevetée de la marque dotée de stries spéciales. Elle se trouve très près de la chaîne et limite ainsi le bruit de cliquetis de celle-ci.
Enfin, il convient de mentionner que, comme pour le Grand Canyon:ON, le module Bosch BCM3100 ConnectModule – qui permet d’utiliser votre smartphone comme clé numérique – est préinstallé sur tous les modèles Strive:ON et comprend un abonnement gratuit de 12 mois à la fonction eBike Alarm après enregistrement. L’abonnement se termine automatiquement après la période gratuite de 12 mois, à moins qu’il ne soit renouvelé pour 4,99 € par mois ou 39,99 € par an.”
Modèles, prix et disponibilité
Le Canyon Strive:ON CFR LTD aux couleurs de Fabien Barel attire naturellement l’attention. L’équipement suit logiquement les sponsors de l’équipe CLLCTV. Ainsi, le vélo est équipé d’une fourche RockShox Zeb Ultimate RC2 et d’un amortisseur RockShox Super Deluxe Ultimate. La transmission Sram X01, les freins Code Ultimate et les pneus Pirelli sont également de la partie. Les deux autres montages sont quant à eux équipés de suspensions Fox, de transmission et de freins Shimano ainsi que de pneus Maxxis.
Équipé d’une batterie de 750 Wh, le Strive:ON Underdog est affiché au tarif de 5999 €, le Strive:ON CFR à 7199 € et vient finement le Strive:ON CFR LTD à 9699 €. Avec une batterie de 625 Wh, comme nous l’avons déjà mentionné, chaque vélo perd 200 €. Tous les modèles du Strive:ON sont maintenant disponibles à la commande sur le site de Canyon.
Canyon Strive:ON : le test terrain
Courses d’enduro, boucles de test ou sorties en bikepark, nous avons déjà bien expérimenté le segment des e-bikes au débattement conséquent, et étions donc très curieux de voir comment se positionne ce modèle destiné principalement à la compétition. Par habitude, nous avions choisi la taille Medium pour cette journée de test. Avec les vélos d’autres marques, nous pouvons parfois nous contenter d’une taille Large et si la taille intermédiaire M/L est disponible, c’est celle que nous préférons.
Rien de bien sorcier quant au réglage de notre vélo de test : nous réglons nos pressions de suspensions afin d’obtenir un sag de 25% à l’avant et 30% à l’arrière, et vérifions que le rebond n’est pas trop rapide. Pour le reste, nous sommes partis avec des réglages de compression très ouverts et des pneus bien gonflés (1.4-1.5 bar), tout en sachant qu’il nous serait possible de les régler à la baisse une fois sur les sentiers.
Fabien Barel, Alexandre Cure (pilote du team Canyon CLLCTV Factory) ainsi que les guides et shapeurs des sentiers locaux (The Trail Brothers) nous ont prévu un joli singletrack alternant montées et descentes afin de s’habituer au vélo… et cela s’est fait extrêmement vite. Pour un vélo de compétition, le Strive:ON est très accessible et facile à manier. Les sensations à son guidon sont immédiatement familières et nous nous sentons directement à l’aise sur la plateforme.
Et voilà que nous faisons face au premier vrai défi de la journée, avec une montée très technique. L’angle extrêmement droit du tube de selle vous pousse automatiquement vers l’avant et vous rend très agile pour affronter les différents obstacles. La roue avant adhère fermement au sol et la roue arrière offre une traction plus que suffisante. Nous nous mettons à faire des choses que nous n’avions jamais faites auparavant sur un vélo électrique.
Nous avons la sensation que cette taille « Medium » est finalement peut-être un peu trop grande pour notre mètre 71. Sur certains passages, nous avons cette impression d’être plus un passager qu’un pilote sur le vélo
Dans les premières descentes vraiment techniques, l’histoire n’est pas la même ! Nous avons la sensation que cette taille « Médium » est finalement peut-être un peu trop grande pour nos 171cm. Sur certains passages, nous avons cette fâcheuse impression d’être plus un passager qu’un pilote sur le vélo : surtout dans les virages en épingle, où le vélo semble suivre son propre chemin, nous embarquant avec lui sans que l’on puisse réellement imprimer nos propres choix de trajectoires.
Partageant nos ressentis lors de la pause déjeuner, Fabian Barel n’hésite pas une seconde et nous conseille directement de passer sur une taille « Small ». Cela démontre une fois de plus qu’il ne faut pas se contenter de prendre sa taille habituelle lorsqu’on achète un nouveau vélo et qu’il est important d’examiner attentivement le tableau de géométrie. On peut également tenir compte des recommandations des marques mais attention, toutes ne se valent pas et certains calculateurs sont plus justes que d’autres.
Et ce changement de taille s’est avéré convaincant ! Une fois passé sur la taille inférieure, la sensation de lourdeur et de vélo surdimensionné a disparu et nous nous sommes surpris à chercher des lignes créatives, en toute agilité. En montée comme en descente, l’après-midi a été une succession de moments forts sur le vélo. En empruntant des pistes noires, nous avons parfois même dépassé ce que l’on pensait être les limites du vélo, avant de se rendre qu’il pouvait supporter bien plus que ce que nous osions.
Verdict
Facile à prendre en main, le Strive:ON se pilote de manière assez similaire à un vélo d’enduro classique (comprenez : sans assistance). Agile et ludique dans les descentes, il en faut déjà beaucoup avant d’imaginer atteindre les limites de ce vélo très capable. S’il est un bon descendeur, le Strive:ON n’est en pas un mauvais grimpeur pour autant, que du contraire ! Le comportement lors d’ascensions techniques est excellent, et l’angle très redressé du tube de selle associé au boitier de pédalier plutôt haut permet d’envisager sereinement l’ensemble des franchissements qui se dressent devant vous. Nous sommes curieux de voir ce que ce modèle va donner en compétition aux mains du team Canyon CLLCTV, étant donné la cohérence entre cette nouvelle plateforme et les spéciales modernes de l’UCI E-Enduro World Cup Series. Toutefois, ce Strive:ON présente également un intérêt pour le commun des mortels, et plus précisément pour les pilotes à la recherche d’un e-bike performant et au comportement (et prix) accessible malgré son orientation « compétition ». Une chose est sûre, il ne faut pas être un pilote de haut niveau pour prendre un plaisir fou sur ce Strive version électrique.
Crédit photo: © Boris Beyer/Roo Fowler/Canyon
L’impressionnant Torque:ON CF
Il n’y a pas de doute, le nouveau Torque:ON CF est un monstre, au look agressif et brutal, qui attire toute l’attention. Le regarder – si vous l’osez – provoque une libération accrue d’adrénaline. La sensation que vous ressentez au niveau du bas ventre, lorsque vous saisissez le guidon pour la première fois, est comparable à celle que vous ressentez lorsque vous entendez « ALAAAARMA » sur le Pic Blanc ou lorsque l’hélicoptère survole le glacier des Deux Alpes juste avant le départ de la Mountain of Hell.
Avec le nouveau Torque:ON CF (175 / 180 mm), l’équipe gravity de chez Canyon est retournée à la planche à dessin pour construire un véritable e-bike destiné au freeride. En passant au tout carbone, les ingénieurs de la marque allemande ont pu gagner 1,5 kg par rapport au cadre en aluminium (qui pèse 4,9 kg), tout en améliorant la rigidité du triangle avant de 7% et celle du triangle arrière de 25%. Cela signifie que malgré l’augmentation significative de la taille de la batterie, le vélo ne pèse que 23,7 kg (pour le montage CF 9 en taille M, avec une batterie de 720 Wh).
« Avec ses dimensions compactes et son poids total de 2,6 kg, le Shimano EP8 était le choix évident pour la conception du Torque:ON » explique Canyon. L’objectif était d’obtenir un poids total inférieur à 25 kg avec une grande batterie de 900 Wh, tout en étant davantage libre quant à la conception du nouveau cadre autour de ce moteur.
Comme on peut l’observer, le moteur EP8 a été tourné à plus de 30° vers le haut. Cela a permis aux ingénieurs de Canyon de le positionner encore plus bas dans le cadre et d’insérer facilement les batteries maison de plus grande taille dans le tube diagonal du vélo.
Canyon utilise les mêmes batteries à cellules horizontales que celles introduites l’année dernière avec le Spectral:ON. Celles-ci sont disponibles en 720 ou en 900 Wh, contre 630 Wh pour les batteries en provenance de chez Shimano. Selon une utilisation moyenne du Torque:ON, Canyon affirme qu’il est possible d’accumuler plus de 2 000 mètres de D+ avec la batterie de 900 Wh (et plus de 1 500 m avec la batterie de 720 Wh). « Cela devrait permettre au pilote de profiter pleinement des pistes de freeride sans la présence de remontée mécanique à proximité » conclut la marque.
Approuvées par Shimano et couvertes par leur service après-vente, les batteries Canyon sont fiables et fonctionnent parfaitement avec le moteur Shimano EP8
Approuvées par Shimano et couvertes par leur service après-vente, les batteries Canyon sont fiables et fonctionnent parfaitement avec le moteur Shimano EP8. Petite remarque : seule la « petite » batterie de 720 Wh est proposée sur les modèles en taille « Small » en raison des dimensions du tube diagonal.
« La rigidité accrue du châssis donne beaucoup d’assurance lors de passages à haute vitesse, tandis que le triangle arrière rigidifié permet de conserver un comportement vif, enjoué et prêt à prendre des virages relevés à toute vitesse » explique la marque.
Le vélo étant monté de série en « mulet », la roue de 29″ à l’avant offre plus d’adhérence dans les virages et permet de faciliter les franchissements dans les sections techniques, tandis que la roue de 27,5″ à l’arrière permet une maniabilité accrue, améliore la rigidité de l’arrière du vélo et offre plus d’espace pour se placer derrière la selle dans les sections techniques très raides. Il est évidemment possible d’installer un amortisseur à ressort, mais une fourche à double té n’est par contre pas envisageable.
Géométrie et cinématique : le freeride dans l’âme
Si le débattement ne bouge pas (180 mm devant, 175 mm derrière), le concept de suspension de ce nouveau Torque:ON est complètement différent visuellement, mais aussi en termes de fonctionnement par rapport au Torque:ON AL que l’on connaissait jusqu’à présent. Toutefois, la cinématique de la suspension ne diffère pas beaucoup. Celle-ci est caractérisée par un un début de course assez souple et une fin de course bien plus progressive. Par rapport au nouveau Strive:ON, on constate surtout davantage de support et de progressivité en milieu de course, ce qui est tout à fait logique si l’on compare une spéciale d’enduro et une piste de bikepark.
La plus grande différence entre le Strive:ON CFR, orienté compétition enduro, et le Torque:ON, orienté freeride et bikepark, se situe au niveau de l’anti-squat et l’anti-rise. Pour rappel, l’anti-squat consiste à empêcher la suspension de pomper lors du pédalage (lire : Petit lexique illustré du VTT : toutes les clés pour comprendre). L’anti-rise est aussi nettement plus faible sur le Torque:ON, surtout si l’on va plus loin dans le débattement de la suspension. Cela permet à la suspension d’être plus active au freinage. « Cela fait toute la différence lorsque vous entrez dans un virage relevé parsemé de trous de freinage » explique Canyon.
L’un des principaux objectifs de Canyon avec ce Torque:ON CF était de créer un e-bike au comportement d’un vélo de freeride/ bikepark. C’est pourquoi la géométrie est similaire à celle du Torque avec un angle de direction de 63,5° ainsi qu’un angle de tube de selle de 77,5°. Le reach ainsi que les bases arrière se voient augmentés de 10 mm, pour atteindre respectivement 475 mm et 445 mm en taille M. Sur le papier, mis à part la hauteur du boîtier de pédalier plus basse de 7 mm, tout cela ressemble à s’y méprendre au nouveau Strive:ON. Cependant, Canyon nous promet, en raison de la rigidité du vélo et d’une cinématique de suspension différente, une expérience totalement inédite …
Un dernier verre ?
La caractéristique la plus frappante de ce nouveau Torque:ON est certainement ce bidon incorporé au sommet du triangle avant. « Une fois que le cadre et la suspension du Torque:ON ont été réglés afin d’offrir les meilleures performances et la meilleure maniabilité possible, comme c’est souvent le cas pour les vélos de freeride/DH, il n’y avait plus de place dans le triangle avant pour un bidon…». Pourtant, même si l’on pourrait avoir tendance à l’oublier, il est toujours question de pédaler sur ce type de plateforme et une gourde est donc tout à fait la bienvenue.
Les ingénieurs de Canyon se sont inspirés de ce que l’on peut observer dans le monde du motocross et ont créé une fente dans le tube supérieur, où un bidon personnalisé de 650 ml s’insère parfaitement. Le bidon se place directement derrière le jeu de direction et est donc facilement accessible. Canyon livre également une sangle supplémentaire pour s’assurer qu’il reste en place même sur les terrains les plus difficiles. Bien que le tube supérieur en deux parties puisse paraître atypique, le carbone de chaque côté du porte-bidon a été sérieusement renforcé et testé au plus haut niveau. Canyon nous assure que la rigidité et la solidité du triangle avant, comme le reste du vélo, répond à leur plus haut niveau de certification, à savoir la « Catégorie 5 ».
Le cadre a subi les mêmes tests de contrainte et de durabilité que le Sender mais a enduré beaucoup plus de cycles.
Le cadre a subi les mêmes tests de contrainte et de durabilité que le Sender (modèle de descente de la marque), mais a enduré beaucoup plus de cycles. En outre, il a été soumis à des tests spécifiques au niveau de la tige de selle afin de tenir compte des contraintes supplémentaires pouvant être provoqués par les différentes ascensions que l’on peut retrouver en e-bike.
La nouvelle structure en carbone renforce le cadre aux points critiques et a même nécessité de nouvelles idées, comme l’utilisation de ce » bras » en carbone au niveau de l’œillet inférieur de l’amortisseur.
Au-delà du cadre, Canyon explique que « la durabilité du Torque:ON est également renforcée grâce à l’usage de roulements à double étanchéité avec une graisse spéciale de longue durée, ce qui se traduit par plus de temps sur les pistes et moins à l’atelier ».
Le Torque:ON est également équipé d’un garde-boue « maison » dérivé de celui qui équipe le Sender, et qui se fixe directement au triangle arrière.
Le Torque:ON CF dispose également de deux points d’attache sous le tube supérieur, où il est possible de fixer un multi-outils directement sur le cadre.
Finalement, une protection en caoutchouc intégrée au cadre protège le bas du tube diagonal, au niveau du moteur, tandis qu’une protection solide protège la base arrière du côté de la transmission et atténue tout bruit de chaîne.
Modèles, prix et disponibilité
Le Torque:ON CF Roczen vient compléter la gamme et a été créé en collaboration avec le légendaire pilote de motocross Ken Roczen. Le vélo arbore le coloris « Roczen 94 » et est équipé d’une fourche RockShox Zeb Ultimate, d’un amortisseur Superdeluxe C Ultimate, d’une transmission sans fil SRAM XO1 AXS et d’une tige de selle RockShox AXS Reverb. Comme pour le Strive:ON, les deux autres modèles sont équipés de suspensions Fox ainsi que d’une transmission et des freins en provenance de chez Shimano .
Canyon Torque:ON CF : le test terrain
Votre humble serviteur en charge de la prise en main de ces nouvelles plateformes de chez Canyon peut se targuer d’une certaine expérience dans le monde du VTT, allant du gravel jusqu’aux courses d’enduro les plus réputées, mais sans pouvoir se dire être un spécialiste des bikeparks. Cependant, cette prise en main ayant été faite sur les traces de Massa Marittima, le terrain de jeu ressemblait davantage à de jolies traces d’enduro plutôt que de larges pistes aménagées de bikepark. De plus, lors de notre test du Torque:ON, le terrain était particulièrement humide et glissant. Ces premières impressions à bord de cet e-bike radical sont donc davantage une comparaison entre la maniabilité des modèles Strive:ON et Torque:ON, plutôt qu’un avis sur les capacités du Torque:ON en bikepark.
Du côté des réglages, même refrain que pour que le Strive:ON : pressions des suspensions pour obtenir un sag d’environ 25% à l’avant et 30% à l’arrière, et un réglage du rebond pas trop rapide feront l’affaire. Comme pour le Strive:ON, nous avons fait le choix de partir avec des réglages de compression très ouverts et des pneus bien gonflés (1.4, 1.5 bar), en se laissant la possibilité de modifier ces réglages en cours de sortie. Nous avons subtilement tenté d’échanger notre gourde contre une bouteille de bière au sein de notre support intégré mais en vain…
Dès les premiers mètres, on sent que le Torque:ON est un vélo complètement différent du Strive:ON. Le boitier de pédalier est bien plus bas et nous avons quasi l’impression de rouler avec une fourche double té.
Sur les sentiers étroits et techniques où il est difficile de conserver de la vitesse, nous nous sentons vraiment comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Nous sommes constamment sur les freins et le vélo semble pataud. Lorsque le terrain s’ouvre un peu plus, le conseil est d’arrêter d’essayer de mouvoir le vélo et le laisser faire son travail, et là…
… le train à grande vitesse qu’est ce Torque:ON se met en marche. C’est réellement une sensation d’être sur des rails qui prédomine et ce monstre dévore tout ce qui se trouve sur son passage, lissant les passages les plus techniques. En tant que pilote trail/enduro, cette nécessité de « se laisser aller et suivre le mouvement » est un peu contre-nature puisqu’après tout, la pratique veut que nous essayons toujours de placer le vélo avec précision. Voilà peut-être aussi la raison pour laquelle nous ne nous sentons jamais tout à fait à l’aise sur les pistes de bikepark.
Pour le garde-boue arrière, on repassera… Mention très bien par contre pour le garde-boue avant « maison » de chez Canyon, qui protège tout aussi bien que les modèles habituels.
Du côté du porte-bidon, une fois le bidon magique placé dans son espace approprié, celui-ci ne bouge pas du tout et n’est source d’aucune nuisance sonore. Nous avons par contre fini par nous passer de la sangle puisque celle-ci nécessite d’utiliser les deux mains pour la retirer et ne semble pas indispensable dans le maintien du bidon. Nous avons également trouvé que ce bidon était fabriqué dans un plastique un peu trop dur, ce qui avait tendance à rendre la manoeuvre pour l’enfoncer plus compliqué, d’autant plus en fin de sortie lorsque nos mains et nos bras étaient fatigués par ce monstre qu’est le Torque:ON.
Finalement, après avoir roulé avec le Strive:ON et le moteur Bosch Performance CX, le moteur Shimano EP8 semble vraiment moins puissant et pas nécessairement plus économique. Nous aimons beaucoup ce comportement plus naturel de l’assistance mais il nous a manqué ce petit punch de la motorisation Bosch pour se lancer sur cette dernière boucle de la journée en mode Turbo et ainsi vider les derniers pourcentages de batterie.
C’est finalement sur la célèbre Crank Line du Monte Arsenti, légèrement asséché par le soleil qui pointe le bout de son nez, que nous commençons à prendre de la vitesse et à réellement nous habituer au vélo.
Contrairement au modèle destiné à la compétition enduro, le Torque:ON ne brille pas spécifiquement par ses aptitudes en montée technique. Le vélo ne nous pousse pas « naturellement » vers l’avant comme pour le Strive:ON, et il faut bien veiller à ne pas toucher le boitier de pédalier, plus bas que sur la majorité des e-bikes.
Verdict
Bien que le Strive:ON et le Torque:ON soient très proches au niveau du tableau de géométrie, en pratique, ils se révèlent par contre complètement différents. Le Torque:ON et son look agressif est définitivement destiné à un public de niche. Le châssis extrêmement rigide permet d’attaquer les virages relevés avec une précision extrême et la cinématique progressive de la suspension est idéale afin d’affronter toutes sortes de sauts et de drops. Le boitier de pédalier assez bas offre une grande stabilité à tout moment et en tout lieu. Si vos pistes de descente favorites ne disposent pas de remontées mécaniques, c’est un rêve qui devient réalité. Nous aurions aimé un moteur Shimano EP8 offrant un peu plus de punch et nous attendons toujours qu’une marque de bière fabrique une bouteille qui s’adapte au porte-bidon du cadre…
Crédit photo: © Boris Beyer/Roo Fowler/Canyon
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