Coupe du monde d’enduro 2023 : tout ce qu’il faut savoir (et même plus)

Par Christophe Bortels -

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Coupe du monde d’enduro 2023 : tout ce qu’il faut savoir (et même plus)

Ne dites plus EWS, mais EDR ! Eh oui, c’est l’année du grand chamboulement, qui voit l’enduro devenir une discipline de coupe du monde. Vous n’avez pas tout suivi ? Pas de panique, on vous résume tous les changements alors que la coupe du monde de VTT 2023 démarre ce week-end à l’autre bout de la terre, en Tasmanie :

Les questions se bousculent alors que l’intersaison est enfin terminée et que la toute nouvelle coupe du monde d’enduro s’apprête à démarrer en Tasmanie. Comment ça une coupe du monde d’enduro ? Ça n’existe plus les EWS ? C’est quoi EDR ? A quoi ressemble le calendrier de la coupe du monde 2023 ? Les épreuves seront-elles encore disputées sur deux jours ? Y aura-t-il du live pour suivre les courses ? Et d’ailleurs, c’est où la Tasmanie ? On répond à tout ça et à bien d’autres choses encore !

Adieu EWS, place à l’EDR

L’histoire peut parfois se montrer ironique. Il y a 10 ans, en 2013, les Enduro World Series étaient nées en réaction au refus de l’UCI de reconnaitre l’enduro comme discipline internationale digne d’une coupe du monde. Venus du Royaume-Uni, de France, d’Italie et du Canada, des acteurs majeurs de ce sport encore jeune se fédéraient en effet pour lancer ce qui allait rapidement devenir le premier circuit mondial d’enduro et la référence absolue en la matière.

En 2019, les EWS et l’UCI opéraient un premier rapprochement avec la reconnaissance officielle de l’enduro comme discipline UCI, l’uniformisation des contrôles anti-dopage, le retour du Trophée des Nations (anciennement Enduro des Nations) et l’attribution de maillots arc-en-ciel au terme de cette épreuve très appréciée et disputée par équipes nationales. Mais sur le terrain, rien ne changeait ou presque et les EWS restaient les EWS.

Et puis en février 2022, un séisme secoue le monde du VTT : l’UCI annonce que RedBull, après plus de 10 années de bons et loyaux services, n’assurera plus la diffusion des manches de coupe du monde suite à la signature d’un contrat entre l’UCI et le groupe Discovery (qui détient notamment Eurosport, GCN et GMBN) portant sur 8 saisons à partir de 2023. Quelques mois plus tard, on apprend que ce contrat concerne non seulement la diffusion, mais également la promotion et l’organisation des épreuves, et que celles-ci seront assurées par Enduro Sport Organisation (ESO), jusqu’ici aux commandes des… EWS ! La suite, c’est un rapprochement logique et inévitable : l’enduro rejoint enfin officiellement le calendrier des coupes du monde à partir de cette saison 2023. En plus des biens connus sigles DHI, XCO, XCC ou XCM (le marathon ayant désormais lui aussi le statut de coupe du monde) pour identifier les disciplines, il faudra désormais s’habituer à celui d’EDR, pour enduro. Eh oui, END ça aurait sans doute été trop simple…

Calendrier 2023 : le grand regroupement

Les premières courses en Océanie pourraient donner l’impression qu’on entame une saison d’Enduro World Series tout ce qu’il y a de plus classique, comme on en a vu ces dix dernières années. Pourtant, ces deux épreuves isolées seront l’exception dans une saison qui, nouveau statut de coupe du monde oblige, verra l’enduro être accompagné d’autres disciplines.

Il y aura l’e-bike bien entendu, anciennement appelé EWS-E et qui répond désormais au nom d’EDR-E, qui sera le compagnon le plus fidèle des EDR puisqu’ils cohabiteront sur 5 des 7 manches du calendrier enduro. Lors de la première épreuve européenne, début juin à Finale Ligure, ils seront accompagnés par… le marathon, eh oui, qui sera aussi au calendrier coupe du monde pour 4 épreuves.

Plus tard en juin, Leogang accueillera la première semaine de coupe du monde vraiment multi-disciplinaire avec, au programme, l’enduro, l’enduro e-bike, le XC, le XCC et la descente, alors que les Portes du Soleil (Les Gets, Châtel et Morzine) feront encore plus fort mi-septembre en ajoutant le marathon au programme pour un double week-end de compétition qui s’annonce inoubliable. Entre ces deux gros morceaux, Val di Fassa sera le théâtre fin juin d’une simple manche EDR/EDR-E tandis que Loudenvielle proposera début septembre un week-end 100% gravity avec l’enduro, l’enduro e-bike et la descente.

Nouveau format de course et système de points pour le classement général remanié

Les gros week-ends de course sur deux journées avec plusieurs spéciales chaque jour, comme on en voyait il y a quelques années encore, c’est définitivement de l’histoire ancienne ! Et même les épreuves sur deux jours tout court, puisque la Pro Stage qui ces dernières années servait de tour de chauffe et déterminait en partie l’ordre de départ pour la grosse journée de course du lendemain a été supprimée. Désormais, c’est une journée d’entraînement et deux jours plus tard une journée de course, point. Avec, entre les deux, une épreuve destinée aux amateurs. En coupe du monde EDR, une course doit compter entre 4 spéciales minimum et 8 spéciales maximum.

Ce qui ne change pas, c’est la manière de déterminer le vainqueur d’une manche. Comme sur la plupart des enduros dans le monde, on additionne les chronos réalisés sur chaque spéciale, le pilote qui a le plus petit temps cumulé remportant la course. Il y a par contre du changement dans l’attribution des points pour le classement général de la coupe du monde. Jusqu’ici, un pilote récoltait des points pour ce classement en fonction de son résultat final sur une épreuve, (par exemple 520 points pour le vainqueur, 450 points pour le 2e, etc), mais il y avait également de précieuses unités à prendre sur certaines spéciales comme la Pro Stage ou la Queen Stage.

La logique globale demeure similaire en ce qui concerne la première partie, même si le barème est sensiblement revu à la baisse, avec 400 points au lieu de 520 attribués au vainqueur, 350 au lieu de 450 pour le 2e, etc. Mais en plus de ça, il y a dorénavant des points à récolter non pas sur l’une ou l’autre spéciale… mais sur toutes ! Quelle que soit la spéciale, un pilote qui réalise le scratch prend 20 points, le 2e en décroche 17e, le 3e 15, etc, jusqu’à la 10e place (pour les U21, c’est 10 points pour le premier d’une spéciale et seul le top 5 est récompensé).

Autrement dit, un pilote qui signe la journée parfaite et remporte 6 spéciales repart avec pas moins de 120 points bonus en plus des 400 points de la victoire finale. Là où ça devient encore plus intéressant, c’est qu’un pilote qui perdrait beaucoup de places suite à un incident dans l’une des spéciales pourra compter sur les points engrangés sur les autres spéciales pour limiter la casse. C’est également valable en cas de DNF (course non-terminée) où les points pris avant l’abandon sont attribués, mais pas en cas de DSQ (disqualification).

A l’instar de ce qui se faisait déjà en coupe du monde de XC ou de DH, les leaders du classement général de la coupe du monde d’enduro seront invités à porter un maillot distinctif. On en profite pour préciser qu’il n’y a plus de catégories Master, seuls les Elites et U21 (Hommes et Femmes) feront l’objet d’un classement.

Quelle couverture en direct ?

Avec le passage dans le giron Discovery et son nouveau statut de coupe du monde, on pouvait espérer que l’enduro bénéficierait désormais d’une plus grande couverture en direct, même si on en convient, de par sa durée et son étendue géographique ce n’est pas la discipline la plus évidente à suivre en live. Mais en l’absence de toute communication officielle à ce sujet – pour l’enduro mais aussi pour les disciplines qui jouissaient déjà de retransmissions en direct comme le XC et la DH -, on ne se faisait plus guère d’illusion.

 

La confirmation est finalement tombée ce mercredi, soit deux jours seulement avant le lancement de la première manche de la saison : il y aura un live timing pendant la course, des publications sur les réseaux sociaux, une vidéo « highlights » après l’épreuve, et… c’est tout. Bref, c’est un peu la douche froide. On peut simplement espérer que ce statu quo est à mettre sur le compte de l’année de transition et qu’une couverture digne de ce nom sera mise en place pour les prochaines saisons.

Les pilotes à suivre

Chez les femmes, il y a fort à parier qu’on verra des Françaises sur les podiums en coupe du monde d’enduro cette saison. La championne sortante Isabeau Courdurier, bien sûr, tout comme sa dauphine Morgane Charre, mais peut-être aussi Mélanie Pugin, si son passage de BH à Fulgur se passe bien. Elles devront toutefois se méfier de l’armada britannique, composée d’Harriet Harnden, Ella Conolly et Bex Baraona, qui avait été redoutable la saison dernière. On peut également compter sur la régularité de Noga Korem et espérer un retour en forme d’Andréane-Lanthier Nadeau et Katy Winton, sans oublier de surveiller la championne du monde de descente 2022 Vali Höll qui, comme l’année dernière à Val di Fassa, aura à coeur de rivaliser avec les meilleurs enduristes.

Du côté des hommes, on attend de voir les performances de Jack Moir et Jesse Melamed, qui évolueront tous deux sur de nouvelles montures cette saison. Moir a en effet rejoint YT à l’intersaison, alors que Melamed, champion EWS sortant, a pris la place de l’Australien dans le Canyon CLLCTV. A l’inverse, Richie Rude et Martin Maes ont joué la carte de la stabilité, en poursuivant respectivement chez Yeti et Orbea. Ces quatre-là partent grands favoris pour décrocher le premier titre de vainqueur du général de la coupe du monde d’enduro, mais il faudra bien entendu garder un oeil sur les outsiders habituels que sont Ed Masters, Slawomir Lukasik, Alex Rudeau, Charles Murray, etc. Sans oublier un certain Troy Brosnan qui va délaisser son vélo de descente ce week-end pour une petite pige en enduro !

Le programme à Maydena

La Tasmanie fait partie de ces lieux dont on connaît tous le nom mais qu’on a généralement du mal à situer sur une carte. Vous voyez l’Australie ? Eh bien en dessous à droite, il y a une (très) grande île. C’est la Tasmanie ! Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, il ne s’agit pas d’un pays en soi mais d’un des six Etats que compte l’Australie. Le Maydena Bike Park, qui accueille cette première manche de la saison, se trouve quant à lui dans le sud de l’île.

Située entre deux parcs nationaux et pas vraiment facile d’accès, la petite ville de Maydena est surplombée par une majestueuse forêt tropicale dans laquelle ont été tracées les pistes du Bike Park, réputées pour leur grande technicité et leur dénivelé important. Les Enduro World Series s’étaient déjà rendues en Tasmanie, et plus précisément à Derby (qui accueillera d’ailleurs la 2e manche de la saison la semaine prochaine), mais jamais encore à Maydena.

Ce vendredi, place aux entraînements, avec une règle qui ne change pas : un seul run autorisé par pilote sur chaque spéciale. Les caméras embarquées vont être mises à contribution… Le samedi sera synonyme de repos pour les pros, avant la journée de course de dimanche qui comptera six spéciales aériennes et riches en portions bien techniques qui ont fait la réputation du Maydena Bike Park.

On annonce une petite quinzaine de degrés pour ce week-end, et si quelques gouttes pourraient tomber vendredi, jour des entraînements, et le lendemain, il devrait faire sec dimanche pour la course.

Rendez-vous dimanche sur Vojo pour les résultats de la course et toutes les infos !

ParChristophe Bortels