Test nouveauté | Bold Linkin 2022 : le leader d’opinion ?

Par Paul Humbert -

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Test nouveauté | Bold Linkin 2022 : le leader d’opinion ?

Depuis le rachat de la marque Bold par le groupe Scott, nous étions sans nouvelles de la petite marque suisse. Le géant a pu reprendre à son profit la technique d’intégration de la suspension sur son Spark, et on ne savait pas ce qui resterait d’indépendance à Bold pour se démarquer sur un marché très concurrentiel. Nous avons répondu à l’appel de Vincenz Droux, le PDG et concepteur des vélos Bold, pour découvrir un surprenant et tout nouveau Linkin Trail :

 

 

Du côté de chez Scott, l’intégration était d’ores et déjà une priorité pour les développements à venir et le rachat de la marque Bold a pu permettre d’accélérer la présentation du nouveau Spark (à découvrir ici : https://www.vojomag.com/test-nouveaute-scott-spark-rc-2022-la-reference-reprend-un-coup-davance/ ) et, on l’imagine, des futures plateformes. 

Que restait-t-il de son identité à Bold ? C’est ce que nous avons découvert. En intégrant le groupe Scott, Vincenz Droux et son équipe continuent à pouvoir exploiter la marque et son nom avec une totale liberté créative. En « offrant » sa technologie, Vincent s’ouvre les portes de la chaîne de production Scott et d’une partie du carnet d’adresse de la marque pour optimiser ses suspensions. Ce rachat permet ainsi à Bold d’entrer plus facilement en usine, de bénéficier de meilleures séances de testing avec les marques de suspensions et de développer la capacité de production ainsi que son réseau de distribution.

 

 

Bold sera désormais présent dans 38 pays avec une véritable ambition de développement auprès d’un public très haut de gamme. La figure de proue de ce développement sera le tout nouveau Linkin trail et sa plateforme « all-mountain » proposant 150 ou 135mm de débattement avec des roues de 29 pouces. 

Côté cinématique, Bold se réinvente avec un nouveau système à point de pivot virtuel. L’amortisseur intégré passe de la verticale à l’horizontale et le triangle arrière n’est plus relié directement au triangle avant. La compacité du système permet de compter sur deux basculeurs, haut et bas, qui offriront de toutes nouvelles qualités de suspensions. 

Bold « bascule » ainsi dans la grande famille des « points de pivot virtuels », aux côtés de Santa Cruz, BMC, Giant, Pivot. On vous invite à en apprendre plus sur cette cinématique ici : https://www.vojomag.com/petit-lexique-illustre-du-vtt/?more=3-partie-2-les-cinematiques . Comme on vous le présentait dans ce lexique, la contrainte qui repose sur les vélos équipés de cette cinématique repose sur la rigidité du système. Bold semble avoir trouvé la parade en proposant une construction ultra-compacte. Le reste se vérifiera sur le terrain.

 

 

La géométrie du Linkin 150 le positionne comme un vélo moderne et plutôt modulable. On retrouve un reach assez long (490mm en taille L), un angle de direction compris entre 64,2 et 65,6 degrés et un tube de selle à 77,4 degrés. 

Au-delà des chiffres, on retient surtout la capacité du vélo à se transformer avec un jeu de direction « angle-set » et la possibilité d’offrir des combinaisons « basses-ouvertes » ou « hautes-fermées ». Le flip-chip du cadre permet de faire varier la hauteur de pédalier de 6,3mm et l’angle de direction peut s’ouvrir ou se fermer d’un degré en tournant simplement une coupelle.

 

 

Le Bold Linkin se démarque de la concurrence en intégrant une flopée de solutions innovantes ou repensées au service d’un vélo assez unique. On retrouve sans trop de surprise un cadre tout en carbone (à l’exception des basculeurs) qui offre de large possibilités de conception.

 

 

Pour accélérer le développement, Vincenz Roux a imprimé ses premières idées en 3D. Initialement, il aurait aimé un triangle arrière qui viendrait épouser le triangle avant, mais il a finalement opté pour la solution qu’on connaît désormais avec un « pont » rigidifiant les deux côtés du triangle arrière. 

À « l’extérieur » du cadre, on retrouve un témoin de SAG aimanté qui permet de régler votre vélo. 

Côté suspension à nouveau, on retrouve une triple commande baptisée Tracloc, sensiblement identique à la Twinlock de chez Scott qui permet de faire évoluer la suspension (arrière uniquement chez Bold) entre la position ouverte, fermée et intermédiaire qui vient diminuer la taille de la chambre d’air et proposer un amortisseur à débattement réduit mais fonctionnel. 

Après des années en partenariat avec DT Swiss, Bold a fait le choix d’un amortisseur Fox Nude pour son nouveau Linkin. Il sera également possible d’intégrer des amortisseurs Rockshox (il sera simplement installé dans l’autre sens). Les deux vis de montage/démontage sont visibles et accessibles depuis l’extérieur du cadre. 

Sans trop de surprise, on retrouve des composants Syncros (la marque de composants du groupe Scott : https://www.vojomag.com/visite-syncros-bien-plus-quun-equipementier/ ) avec un poste de pilotage guidon/potence intégrant les câbles et gaines. Sur les tailles S et M, le rise proposé est de 15mm et en taille L et XL, le rise est de 25mm. 

Lors de la conception du cadre, l’équipe Bold a particulièrement travaillé pour une bonne insertion des tiges de selles télescopiques et des modèles à grand débattement prennent place sur toutes les tailles. 

Côté protections, on retrouve de nombreuses pièces sous le cadre, et tout autour du triangle arrière côté pédalier. Un guide-chaîne vient compléter le cadre. 

La marque a également travaillé pour abaisser le centre de direction le plus bas possible. Avec l’amortisseur évidemment, mais également avec le porte-bidon qui se fixe le plus bas possible sur le cadre. 

C’est quand on ouvre la boite de pandore qu’on accède au coeur du vélo. À la main, on démonte la protection sous le cadre et on découvre 4 choses : 

D’abord, un multi-outil aimanté Syncros. Il est bien fourni et s’installe et se désinstalle facilement. On réfléchit toutefois un moment avant d’aller le chercher quand son vélo est plein de boue (ou de bouse comme lors de notre prise en main). Ce multi-outil est toutefois complété par une clé sur l’axe de roue arrière qui permet déjà d’assurer le serrage de tous les pivots du cadre. 

On découvre ensuite la tête de l’amortisseur qui se démonte relativement facilement. Le tout reste bien à l’abri une fois la protection ré-installée et Bold annonce des intervalles de maintenance rallongés car l’amortisseur est mieux protégé des agressions extérieures.

 

 

Une languette se dessine ensuite et quand on tire, c’est un imposant dispositif qui sort du cadre : Bold n’a pas fait les choses à moitié et propose un large compartiment dans son cadre pour venir glisser du matériel de réparation. Evidemment, plus on en met, plus le poids augmente et remonte, mais la marque propose sa solution. Un « Save the day kit » qui intègre une chambre à air, une mini-pompe, une attache rapide et des démonte-pneu. L’ensemble est solidarisé et se glisse sur une structure qui permet de le glisser facilement dans le cadre. 

Une fois ce « save the day kit » démonté, on jette un oeil dans le cadre et on observe la gestion des câbles et gaines qui peuvent facilement être accessibles. 

Dans la gamme « linkin » chez Bold, on retrouvera une version « ultimate » et une version « pro » de chaque modèle en 150 ou 135mm de débattement :

  • Bold Linkin 135 Ultimate : 8499€
  • Bold Linkin 150 Ultimate : 10999€
  • Bold Linkin 135 Pro : 5999€
  • Bold Linkin 150 Pro : 6999€

 

 

À ces tarifs, les produits sont élitistes mais on retrouvera également des options « kit cadre » avec amortisseur, cockpit et tige de selle Syncros à 4999€. Un option sans amortisseur est proposée à 4999€. 

Prise en main | Bold Linkin 150 Ultimate

Direction le Val d’Aoste pour découvrir le nouveau Linkin. Nous sommes accueillis par Massimo et l’équipe d’Aosta Valley Freeride (dont on vous recommande chaudement les services) pour une rapide prise en main du petit dernier. 

Avec ce Linkin 150, Bold repart d’une feuille presque blanche avec une nouvelle cinématique, une nouvelle géométrie, de nouvelles lignes… À part son air de famille avec son cousin Scott et quelques composants et concepts partagés, là encore, chacun a sa propre identité. 

On grimpe sur un Linkin 150 Ultimate très (très) haut de gamme : transmission Sram AXS, roues DT Swiss EXC 1501 en carbone, suspensions Fox Nude à l’arrière, 36 Factory à l’avant, « Save the day » kit, bref, rien à jeter. Sur le papier, le vélo est annoncé entre 13 et 13,4kg dans cette configuration. 

Présenté comme il l’est, le Bold Linkin 150 devrait pouvoir s’épanouir pleinement sur un terrain de montagne comme celui de la vallée d’Aoste. 

Petite différence par rapport au montage « usine », le cintre proposé sur notre vélo en taille L est celui des petites tailles avec un rise de 15mm et non 25mm. Rien de bloquant, mais il est vrai que le 25mm aurait été apprécié. 

On a immédiatement la sensation d’un vélo vif et léger. On est très bien posé sur le Linkin et si la commande « Tracloc » demande un certain temps d’adaptation, le reste tombe bien sous la main et on se sent vite près à lâcher les freins. Le vélo est en position « basse » quand on s’élance sur les sentiers. 

Tout est précis, vif, rapide. Presque un peu trop dans les sections fuyantes ou défoncées. On se dit que le vélo va nous renvoyer dans les cordes rapidement, mais il n’en n’est rien. Après quelques heures au guidon du Linkin, on peut parler d’une suspension particulièrement réussie. 

Avec son système à point de pivot virtuel, Vincenz Droux réussit à proposer une suspension très progressive qui apporte beaucoup de soutien sans aller à l’encontre du confort. On garde une très bonne lecture du terrain, de très bonnes remontées de sensations mais on ne se fait jamais piéger. La suspension travaille constamment, sans jamais en faire trop. On découvre alors un vélo capable d’encaisser et d’aller très vite, sans compromettre son rendement et son dynamisme. L’ensemble rend l’expérience assez extraordinaire.

 

 

Les lignes du vélo sont à tomber et on ne peut que souligner le travail d’intégration et de finition général. On jette souvent un oeil au petit aimant qui nous indique le débattement utilisé et on pédale sereinement sur ce vélo qui est capable de grimper longtemps. On aime également la possibilité de faire évoluer la machine en modifiant l’angle de direction ou l’ancrage du flip-chip pour l’adapter encore plus au programme qu’on aura choisi pour lui. 

Le Bold Linkin 150 ne nous a jamais semblé trop gros, et à la montagne, rien ne nous donnerait envie de l’échanger contre une version 135. Pour cela, il faudra l’emmener sur un terrain plus plat. À la montagne justement, on troquerait peut-être le combo cintre-potence et les roues carbone pour des références plus tolérantes. On aime leurs comportements respectifs qui apportent beaucoup de précision et de dynamisme, mais en fin de journée, on pourrait apprécier une petite dose de confort en plus. C’est évidemment une préférence personnelle, et ces éléments de montage sont à prendre en compte si on roule sur un terrain particulièrement cassant. 

Nous n’avons pas eu besoin de dégainer le kit de réparation et c’est tant mieux. On se contente d’ouvrir à plusieurs reprises la trappe sous le cadre pour ajuster nos réglages avec le multi-outil qui y est stocké.

 

 

Bold marque son grand retour depuis son rachat par Scott avec ce nouveau Linkin. Mariage réussi ou simples « friends with benefits », le résultat est toutefois là et on découvre un vélo avec une forte identité. Le Linkin est un petit concentré de technologie doublé d’un bel objet de design. Il ne se contente pas d’être beau et cher, il est aussi pointu, différent, mais pas exclusif. On se réjouit de pouvoir passer plus de temps sur les sentiers à son guidon, mais on sait déjà que la machine pourra convenir à un large panel d’utilisateurs. Si on aime les vélos de montagne vifs, précis et légers, le Linkin a de beaux arguments. Reste à voir ce que le Bold Linkin 150 laisse à son petit frère de 135mm. 

Plus d’infos sur le site de la marque : https://www.boldcycles.com/fr/ 

ParPaul Humbert