Test | Merida EOne Sixty 800 : Surprise au sommet
Par Paul Humbert -
Présenté en 2017, le Merida EOne Sixty est « le » gros vélo électrique du géant du cycle. 160mm de débattement, des pneus de 27,5 Plus et une architecture construite autour d’un moteur Shimano en font un sérieux concurrent pour de nombreux acteurs du marché. Après le One Forty et le nouveau One Twenty présenté cette année, il était temps de voir de quel bois Merida se chauffe.
Avec cet EOne Sixty, on retrouve un vélo électrique de construction assez « classique » avec une batterie positionnée en externe mais qui, question design, intègre plutôt bien cette dernière. Le cadre du Merida EOne Sixty est en aluminium et se décline en quatre tailles. Il a également été conçu pour accueillir des roues et pneus au format 27,5 Plus avec des jantes de 38mm de large et des pneus de section 2.8.
La forme du cadre et de ses tubes n’est pas sans rappeler les autres vélos de la marque et on retrouve assez logiquement d’autres points communs avec les modèles « traditionnels » chez Merida. On pense notamment aux passages de câbles en interne qui bloquent ces derniers à l’aide d’une mâchoire vissée, une fois le câble bien positionné, empêchant ainsi bruit et mouvement.
L’ensemble de la visserie est en interface « Torx » et on retrouve une petite bande de caoutchouc pour protéger les bases côté pédalier.
L’ensemble du vélo est conçu pour accueillir du « gros » matériel et prévoit l’utilisation d’un amortisseur à bonbonne avec une fixation Trunion, ce qui permet de gagner de l’espace pour le design du cadre et d’installer ce dernier sur roulement en son point haut. Le triangle arrière est renforcé avec un gros « pont » qui vient rigidifier les haubans en les reliant. On découvre un étrier de frein arrière direct mount positionné juste à l’intérieur des bases.
C’est un moteur Shimano E8000 qui s’installe sur la machine, soit le haut de gamme de l’équipementier japonais. Avec sa batterie de 500Wh, il est pour nous une des références du marché, principalement pour son mode « Trail » et la capacité à ajuster le niveau d’assistance via une application smartphone ou son ordinateur.
Le moteur se commande avec un shifter identique à celui du dérailleur. L’écran de contrôle, bien lisible et plutôt discret, est positionné à droite de la potence.
Une transmission Shimano XT-SLX 11 vitesses équipe la machine mais son fonctionnement reste mécanique et non connecté à l’écran comme ça peut l’être avec les modèles di2.
La batterie externe est positionnée juste au-dessus de la zone de fixation du moteur. Elle se décroche pour être chargée loin du vélo mais il est évidemment possible de charger cette dernière quand elle reste installée sur le Merida.
Côté esthétique, pour un VTTAE utilisant une batterie externe, l’ensemble est plutôt réussi même si on pourra souligner un certain manque de finesse au niveau de certaines pièces soudées sur le cadre, notamment au niveau du bloc moteur, ou encore l’espace existant entre la batterie et le tube inférieur.
Côté cinématique, on retrouve un mono-pivot à basculeur. L’amortisseur, au contraire de ce qui est proposé sur le One Sixty « classique », n’est pas « flottant » et ancré sur le triangle arrière. Il est ancré en son point bas sur le triangle avant, au dessus du moteur. La suspension sera peut-être un peu moins sensible que si elle avait été « flottante », même si en électrique, avec un poids plus conséquent, les cartes sont en partie rebattues.
En se penchant sur la géométrie du vélo, on retrouve des cotes qui n’ont rien d’extrême mais l’ensemble est plutôt équilibré, ce qui est très important quand il est question de VTTAE. L’angle de direction affiche 66,5 degrés, les bases mesurent 439,5mm de long et le reach en taille M est de 440mm. Des cotes similaires sur un VTT d’enduro sans assistance seraient surprenantes mais pour l’EOne-Sixty, on pense comprendre qu’une telle machine doit s’adresser à un public plus vaste que les seuls « enduristes ».
D’ailleurs, pour que tout le monde y trouve son compte, Merida étoffe sa gamme de VTTAE et si notre modèle test étiqueté 2018 ne comptait que trois déclinaisons, on retrouve désormais pour 2019) six modèles de Merida EOne Sixty compris entre 3999€ et 6999€.
Notre modèle d’essai nous est arrivé en taille L et était parfait pour un pilote d’1m83. Le Merida Eone Sixty 800 se commercialise désormais à 4999 euros et semble avoir de bons arguments. Côté suspensions, on retrouve un duo RockShox avec la Yari RC Air qui fonctionne bien même si elle reste assez simple. Sur l’amortisseur, on ne retrouve pas de blocage mais finalement, il ne nous manque pas vraiment en VTTAE car c’est vers les montées techniques que nous nous tournons et, dans ces cas là, la suspension sera tout aussi sollicitée.
Pour la fourche, le réglage de compression permet de faire évoluer légèrement le comportement de la Yari mais il est possible de réaliser un bel « upgrade » en optant pour une cartouche adaptée, comme celle que propose Fast Suspension et dont nous avons réalisé un test : https://www.vojomag.com/test-kit-fast-suspension-yari-up-3-voies-une-cartouche-pour-tous/
On vous le disait, c’est un groupe Shimano qui s’occupe de la transmission avec un dérailleur XT 11 vitesses et des commandes SLX. L’ensemble est là encore bien performant, même si le passage de l’avant dernier au pignon le plus haut est bien marqué. La marque japonaise s’occupe ainsi du moteur, de la transmission, mais également des freins avec ses SLX et des disques de 200mm qui, comme souvent, ont un excellent rapport qualité/prix.
Le reste du vélo est siglé Merida en commençant pas les roues qui, avec leurs 38mm de largeur interne, sont restées vaillantes tout au long du test, malgré les attaques non mesurées que nous avons pu leur assener. Avec ces jantes, les pneus Maxxis Minion DHR 2 de section 2.8 ont pris une certaine largeur mais, sur ce vélo, l’ensemble était bien cohérent. Le choix des pneus est là aussi bien réfléchi mais nous avons réussi à mettre à défaut la carcasse Exo.
Le poste de pilotage Merida est bien pensé avec un cintre d’une largeur de 780mm et une potence de 35mm de long. Après une première sortie, on baisse toutefois le poste de pilotage qui est livré un peu trop haut à notre goût.
La tige de selle télescopique est elle aussi signée par la marque mais s’est avérée un peu courte en débattement avec ses 125mm. Cette dernière est actionnée à câble et le réglage au guidon est assez fin, le tout n’appréciant pas le passage en interne dans le cadre qui occasionne certaines tensions.
En statique, le Merida a beaucoup de chose pour plaire. Mais on repère toutefois certains défauts ergonomiques quand on s’installe pour prendre ses marques. La première concerne une nouvelle fois la commande de tige de selle qui, avec sa sortie de câble rigide au niveau du cintre, ne permet pas d’être positionnée librement car cette dernière bute sur les freins.
L’autre défaut concerne l’axe de roue arrière qui vient buter contre le cadre pendant sa rotation. Pour éviter tout dommage (comme ceux présents sur le vélo existant avant notre prise en main), il est nécessaire de « déclipser » le serrage pour le tirer vers soi et continuer la rotation.
Merida EOne Sixty 800 : Sur le terrain
Une fois les réglages du vélo trouvés, on prend très vite en main la machine. On vous le disait, ni de par sa géométrie, ni de par les composants, ce vélo n’est extrême ou difficile à appréhender. C’est d’ailleurs une caractéristique qui nous suivra tout au long du test. Le Merida EOne Sixty 800 est à l’aise partout !
Ça commence par la montée où ses bases, ni trop longues, ni trop courtes, associées à un angle de direction pas trop extrême le rendent assez docile. Comme sur tous les ebikes, il est nécessaire de trouver son équilibre et de bien charger l’avant du vélo, mais une fois que ce point est acquis, difficile de stopper la machine. Elle cabre assez peu et on grimpe vraiment bien à son guidon.
Le Merida EOne Sixty a un comportement assez tolérant qui le rend facile à prendre en main et à piloter. Sa relative légèreté (un peu moins de 22,5kg) l’aide à change de cap rapidement. On décolle les roues du sol sans trop de peine et le vélo se place bien.
Pour les pilotes les plus engagés et dans les terrains les plus exigeants, alors qu’on pourrait imaginer le vélo devenir « mou » ou s’affaisser face aux contraintes, le comportement du Merida reste finalement très prévisible et sain.
On retrouve évidemment un certaine déformation au niveau des pneus mais la précision générale reste bonne. On a affaire à un tout bon ebike qui nous laisse la possibilité de lâcher les freins.
En écrivant ce test, on repense à de nombreuses sorties, mais tout particulièrement à celle qui nous a menés dans les contreforts du Ventoux dans la roue de Jey Maréchal et en compagnie d’Anne Caroline Chausson : https://www.vojomag.com/decouverte-entre-dentelles-et-ventoux-ride-avec-jey-marechal-co/
Lors de cette sortie au rythme soutenu et aux tracés engagées, nous étions pilote et photographe. Il nous fallait tenir le rythme, rouler en tête pour prendre des photos et garder la vitesse tout au long de la boucle pour suivre les fusées. Le Merida s’est instantanément fait oublier et a su répondre présent toute la journée, et même dans les passages les plus difficiles en montée comme en descente.
Les grands pierriers sont avalés sans souci et en restant très stable. Le freinage offre ce qu’il faut de puissance et d’endurance (même si sur ce dernier point, attention tout de même à ne pas exagérer).
La suspension du vélo est finalement bien performante car sensible et très prévisible par la suite. Elle filtre le terrain tout en donnant les bonnes informations au pilote. Et si le vélo est très bon à haute vitesse, il ne démérite pas quand les changements d’angle sont plus lents. On place bien le vélo dans les appuis, on pousse sur le machine et le tout repart très bien.
Conclusion
À vrai dire, à la silhouette du vélo, on imaginait une machine construite un peu à la va-vite pour répondre à la demande grandissante du marché des VTTAE. Il n’en n’est rien. Le Merida offre, en terme d’équipement, tout ce qu’il faut pour passer du bon temps à vélo sans se préoccuper de son matériel avant un bon moment. Des soucis ergonomiques pourront lui être reprochés mais sur le terrain, on peut difficilement mal s’entendre avec cet EOne Sixty. Facile d’accès, il n’en n’est pas moins performant sur tous les terrains et saura répondre aux besoins d’une grande variété de pilotes. Certains lui reprocheront son design non intégré, ce n’est pas notre cas, son comportement le plaçant tout simplement parmi les meilleurs VTTAE du marché.
Plus d’infos sur le site de la marque : https://www.merida-bikes.fr/19-e-one-sixty-800
Le test du Merida One Forty : https://www.vojomag.com/test-merida-one-forty-800-elargir-le-champ-des-possibles/ et la prise en main du Merida One Twenty : https://www.vojomag.com/prise-en-main-merida-one-twenty-metamorfun/