Prise en main | Merida One-Twenty : métamorfun

Par Paul Humbert -

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Prise en main | Merida One-Twenty : métamorfun

L’histoire du Merida One-Twenty ne date pas d’hier. Le vélo classifié « Trail » n’a cessé d’évoluer depuis son apparition en 2009. À Rupholding, en Allemagne, Merida a dévoilé une nouvelle version du vélo, résolument moderne et qui confirme le changement de dynamique de la marque. Le vélo n’est plus un gros vélo de cross-country mais il s’inscrit dans un segment à part entière où le rendement a un niveau d’importance équivalent à celui du fun que l’on doit prendre à son guidon. Présentation et prise en main du nouveau Merida One-Twenty « 2019 » : 

De son prédécesseur, Merida n’entend pas garder grand chose et les capacités de la machine sont annoncées comme décuplées, et particulièrement en descente. Trois modèles sont présentés en carbone et 5 versions en aluminium seront au catalogue. Sur toute la gamme, la biellette reste en aluminium. Le gain du carbone est minime sur cette pièce mais il peut se révéler bien visible sur l’addition.

Ce qu’on commence par remarquer, c’est le design du cadre. Il tranche particulièrement avec celui des précédentes générations et on retrouve un filiation évidente avec le One-Sixty d’enduro. Les lignes sont tendues, le cadre dégage une impression de solidité est le tout est visuellement très réussi. Il affiche 2,417kg sur la balance, en taille M, tout équipé (visserie, protections…).

Merida a développé ce nouveau cadre dans une version carbone qui est donc 400g plus légère que le modèle précédent. La version en aluminium est un petit peu plus lourde mais les deux déclinaisons du One-Twenty se veulent plus rigides et fiables. Pour ce faire, des tests plus exigeants ont été réalisés sur les vélos qui présentent des bases plus courtes, plus épaisses, plus rigides et connectées au reste du cadre par des roulements et des points de pivots surdimensionnés. 

L’arrière du vélo est plus compact. Il accueille des pneus jusqu’à 2.35 de sections sur les jantes de largeur interne de 29mm équipant la gamme. Là aussi, c’est une petite révolution qui témoigne du changement de philosophie de Merida sur ce type de vélo. Plus de liberté, plus de confort, plus de grip. Le cadre est conçu pour des transmissions mono-plateau et l’ensemble est protégé. 

On retrouve un protège-base, une protection sous le tube inférieur et des passages de câbles en interne. L’ensemble est aux standards boost et on repère d’autres petits détails. L’étrier de frein arrière s’intègre joliment sur les bases, derrière les haubans. 

Les vis du cadre optent pour une interface Torx et toutes sont accessibles d’un coup de clé d’un seul côté du cadre (exit la vis cachée qui tourne du côté opposé). Un bidon trouvera également sa place sur le cadre. 

Côté cinématique, Merida décline le système que nous testions sur le One-Forty plus tôt cette année. On retrouve donc un mono-pivot avec basculeur, mais avec un amortisseur ancré sur les bases du triangle arrière. Pendant le travail de la suspension, les bases « tirent » sur l’amortisseur pendant que la biellette « pousse » pour un résultat que la marque veut comme progressif (plus que le modèle précédent).

L’amortisseur offre un point d’ancrage haut Trunnion sur roulement, et des bushing sont préférés (question de poids) pour l’ancrage bas. 

La géométrie du vélo est elle aussi modernisée. On le disait, les bases se raccourcissent de 10mm, l’angle de direction s’ouvre à 67,3 degrés (contre 69 auparavant) et le reach en taille M est de 435mm.

Derrière le nom Merida se cache un des plus grands géants de l’industrie du cycle. La marque propose donc une large gamme de modèles de One-Twenty. On en compte huit en tout, deux tout en carbone, un mêlant carbone pour son triangle avant et alu à l’arrière, et le reste est en aluminium. 

Le vélo est commercialisé en 4 tailles (S, M, L, XL) et une option 27,5 pouces existe pour les deux plus petites tailles sur les trois modèles les moins onéreux de la gamme. 

Les modèles 9000 et 8000 les plus chers s’équipement de roues en carbone. Pour les modèles en dessous, on repasse en alu et les montages se déclinent également dans les différentes offres de prix proposées par Sram et Shimano principalement. 

Il serait fastidieux de décliner tous les montages et on devrait connaître l’ensemble des spécifications techniques rapidement. Côté tarif, l’entrée de gamme est à 1599 euros, et le modèle le plus haut de gamme est à 8999 euros (400: 1599€, 600: 2499€, 800 : 2999€, 6000: 3799€, 8000: 6999€, 9000: 8999€). Sur la balance, l’aiguille indique 14,6kg sur les entrées de gamme en alu et 11,59kg pour le modèle haut de gamme.

Prise en main : Merida One-Twenty 6000 2019 

Photo : Paul Box

Direction les Alpes pour découvrir le Merida One-Twenty. À deux heures de Munich, nous arrivons à Rupholding où Merida a vu les choses en grand. La marque a rassemblé l’ensemble de sa gamme et de nombreux journalistes issus du monde de la route et du VTT sont présents. Dans la gamme One-Twenty, nous choisissons le modèle 6000 qui allie un triangle avant en carbone et un triangle arrière en aluminium. 

Esthétiquement, le vélo est une petite pépite et il nous tarde de monter à son guidon. Côté équipement, on se situe plutôt en milieu de gamme mais tous les composants semblent tenir la route : on retrouve une fourche RockShox Revelation, un amortisseur Deluxe de la même marque aux réglages adaptés au vélo, une tige de selle KS Lev Integra de 150mm de débattement (taille M et au -delà), une transmission Sram GX 1×12 et des pneus Maxxis Minion DHR II et Forekaster. Côté freinage, on retrouve un modèle d’entrée de gamme Shimano et pour les roues et le poste de pilotage, c’est Merida qui s’en occupe. 

Notre boucle de test sera très « allemande » avec beaucoup de chemins blancs, relativement inintéressants pour ce vélo, mais une section de descente relèvera le niveau et nous permettra de découvrir un petit peu le caractère du One-Twenty.  En grimpant au guidon du vélo, on trouve très vite nos marques et l’équilibre. Les lignes sont rassurantes et on a vite envie d’attaquer la sortie. 

En montée, la position est, on vous le disait, très bonne, mais on a l’impression de manquer de rendement. Pourtant, l’amortisseur, même en mode ouvert, ne s’active pas outre mesure et on retransmet bien la puissance au vélo. Un peu « collé au parquet », on reste perplexe mais nous découvrirons finalement la cause de tout cela : le vélo affiche près de 14 kilos et est monté avec des chambres à air ! Difficile dans ce cas de pouvoir s’aligner dans la catégorie des petits « trails » joueurs et dynamiques quand on pèse le poids d’un vélo d’enduro.

Photo : Paul Box

On prend sur nous et on continue la prise en main. Dans la descente, le vélo se révèle. On est vraiment en confiance, on tire sur le guidon dès qu’on le peut et on s’amuse franchement. La suspension est très sensible en début de course et on utilise une bonne partie du débattement sans pour autant aller au fond, le tout étant ensuite bien progressif. 

Le petit jeu de la journée sera ensuite une succession d’épingles dans lesquelles on arrivera à se placer relativement facilement. Le vélo est aussi joueur et facile à positionner qu’il est rassurant quand on roule plus vite. 

Le Merida One-Twenty s’épanouit dans cette taille de roue et on s’amuse des petits franchissements techniques et autres difficultés. Véritable petit vélo joueur, il prend bien sa place dans la catégorie si on oublie son problème d’embonpoint. 

Un peu chagrinés par ce dernier, le lendemain, nous montons sur le Merida One-Twenty 8000, juste au-dessus de lui dans la gamme. Le vélo bénéficie ici d’une architecture complète en carbone, de roues FSA Gradient LTD du même matériaux et d’une paire de freins Sram Code et de nombreux autres composants bien plus haut en gamme. Sur la balance, le vélo affiche une douzaine de kilos et on retourne en vitesse dans la dernière portion technique de la veille. 

En descente, le vélo est tout aussi bon, et quand on roule, le vélo pédale enfin ! Nos doutes sont dissipés. Malgré une erreur de casting lors du choix de certains composants sur le modèle 6000, Merida arrive à proposer un vélo qui a le potentiel pour être très bon sur le segment « Trail ». Reste qu’à 3799 euros, c’est un peu dommage ce genre de mauvaises surprises. 

Il nous faudra toutefois passer un peu plus de temps sur des vélos de la gamme pour aller plus loin, tester l’aluminium pour avoir une vision du meilleur rapport qualité/prix et pousser le 8000 sur nos sentiers. 

Plus d’infos sur le site de la marque :  www.merida-bikes.fr/

Notre test du Merida One-Forty : https://www.vojomag.com/test-merida-one-forty-800-elargir-le-champ-des-possibles/

ParPaul Humbert