Test | Haibike Hybe : un tank qui a plus d’un tour dans son sac

Par Adrien Protano -

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Test | Haibike Hybe : un tank qui a plus d’un tour dans son sac

Si Haibike fut l’une des premières marques à investir le secteur de l’e-bike, elle n’avait jamais pris le parti de développer une machine typée « compétition ». Pour combler ce manque, le fabricant allemand a imaginé le Hybe : une plateforme au format « mulet », en 170/160 mm de débattement avant/arrière et au moteur Bosch Performance CX ou CX Race. Nous l’avons mis à l’essai durant plusieurs semaines. Verdict : 

Pionnier dans le domaine, Haibike a très tôt cru au segment de l’e-bike et l’a investi de manière franche et sans retenue, notamment avec le Haibike eQ XDURO en 2011 qui fut simplement l’un des premiers VTTAE du marché. Quelques années plus tard, elle a même abandonné la production de vélos sans assistance. L’histoire aura finalement donné raison au fabricant allemand au vu de la popularité grandissante des VTT à assistance électrique.

Plus qu’une simple pratique, le VTTAE s’est décliné en diverses disciplines et sous-catégories, à l’image du VTT « traditionnel ».  Haibike cherche donc clairement aujourd’hui à élargir sa gamme et à investir de nouveaux créneaux. Après avoir coché la case des e-bikes légers avec le Lyke (comprenez là des VTTAE dotés d’un plus petit combo moteur/batterie pour se focaliser sur l’aspect naturel du pédalage. Cf :Test | Haibike Lyke 11 : plus facile que jamais), Haibike s’est tourné vers le secteur de l’e-bike « compétition » et a imaginé un nouveau châssis pour répondre à cette demande.

Un VTTAE imaginé et conçu pour les compétitions modernes, voilà donc le leitmotiv de cet Haibike Hybe. « Nous avons imaginé le Haibike Hybe pour maîtriser n’importe quel terrain. Nous avons fait l’impasse sur tous les compromis et poussé le Hybe au maximum des possibilités. Vous êtes armé pour affronter n’importe quelle épreuve, n’importe quand et n’importe où», n’hésite pas à louer la marque. Reste à voir si cela se vérifie sur le terrain.

Châssis

Avec ses tubes épais et surdimensionnés, son triangle arrière aux formes distinctives, pas de doute… c’est un Haibike bien né que l’on a face à nous ! Sans parler de ce pli distinctif au niveau du haut du tube supérieur et du tube diagonal, réelle signature caractéristique de l’ensemble des modèles de la marque.

Si cet air de famille ne vous est pas tout à fait inconnu, c’est simplement car ce nouveau venu au sein de la gamme Haibike reprend pour base l’un des modèles phares du fabricant allemand, celui du AllMtn (cf : Test | Haibike AllMtn 7 : retour réussi). Le Hybe (à gauche) partage la même construction que le modèle AllMtn (à droite), à savoir un triangle avant en carbone associé à un triangle arrière en aluminium.

Comme de nombreuses marques à l’heure actuelle, Haibike a opté pour un montage mulet, comprenez là une roue de 29″ à l’avant combinée à une plus petite roue de 27,5″ à l’arrière. « Tandis que la roue avant franchit sans effort tous les obstacles, la roue arrière, plus petite, s’adapte à un comportement de conduite agile pour une expérience de pilotage inégalée », explique la marque.

Présent sur les vélos de la marque depuis 2018, le rail du MRS (pour Modular Rail System) – qui s’étend tout du long du tube diagonal – se retrouve logiquement sur le Haibike Hybe. Le principe se veut assez simple et facile : offrir un support permettant d’accueillir différents accessoires comme un porte-bidon classique ou aimanté, un Range Extender, une sacoche ou encore un antivol. Cependant, en pratique, cela signifie qu’on ne peut pas monter un porte-bidon d’origine sur le vélo, à moins de se procurer le petit support adapté… De quoi se compliquer inutilement la tâche. Parfois, le mieux est l’ennemi du bien !

L’ensemble des câbles du Haibike Hybe sont acheminés en interne dans le cadre, l’entrée se faisant au niveau du jeu de direction. De quoi offrir un look soigné et aéré à ce poste de pilotage qui comprend pourtant de nombreuses commandes.

Le passage se fait également en interne du côté du triangle arrière. Cependant, les bases ont une forme tellement particulière, avec ce point de pivot placé assez loin de la roue arrière, que le câble ressort assez tôt et reste très exposé avant d’atteindre le dérailleur.

Assistance

Alors que la tendance va vers l’intégration, ou du moins la dissimulation du moteur dans les lignes du vélo, Haibike prend le contre-pied et marque la présence de ce moteur avec cet effet « suspendu » créé par l’écart entre le tube diagonal et le tube de selle.

Si le AllMtn est disponible tant dans une déclinaison avec assistance Yamaha PW-X3 que dans une seconde équipée d’une motorisation Bosch Performance Line CX, le Haibike Hybe se limite quant à lui au motoriste allemand Bosch. Par contre, le modèle entrée de gamme ici testé (Haibike Hybe 9) est équipé du moteur Performance Line CX, alors que le modèle plus haut de gamme (Hybe 11) bénéficie de sa déclinaison « Race » plus exclusive.

S’ils développent tous deux 250 W et ont un couple maximal de 85 Nm, la version Race, grâce à des composants en magnésium, est toutefois plus légère et offre une puissance maximale de 400 % (au lieu de 350 %). Pour plus d’informations sur cette version musclée de l’assistance Bosch : Test vidéo | Bosch Performance CX Race : moteur miracle ou effet placebo ?

Le contrôle de ce moteur se fait au moyen de la commande LED de chez Bosch, associée à l’élégant écran Kiox 300. Une fois de plus, ce n’est pas l’intégration ou le minimalisme qui a commandé les choix d’Haibike… Même si nous préférons un poste de pilotage plus épuré et qu’une commande plus simple en complément de l’écran aurait fait l’affaire, on ne peut nier que cela apporte un certain confort sur le terrain : impossibilité de se méprendre sur le mode d’assistance utilisé, affichage continu du niveau de la batterie, ou encore lisibilité de l’ensemble des données choisies…

Pour animer ce petit (gros) monde, c’est une batterie choisie en conséquence de 750 Wh que l’on retrouve intégrée au sein du tube diagonal. Celle-ci est amovible si besoin, mais nécessite de démonter le cache du moteur accessible au moyen d’une clé Allen de 5mm. Notons qu’il est également possible de prolonger l’autonomie de 210 Wh grâce à la batterie additionnelle venant se fixer sur le MRS et vendue en option. La recharge s’effectue via le port de charge situé juste au-dessus du moteur. Remarquons que ce dernier n’est pas placé parfaitement à l’horizontale, mais inscrit dans une légère pente, de façon à ce que d’éventuelles saletés ou gouttes d’eau ne s’accumulent pas sur le port de charge.

Suspensions

Si le Haibike Hybe a repris le châssis du AllMtn, modèle éprouvé de la marque allemande, en conservant les 160mm de débattement à l’arrière, elle a pourtant gonflé le débattement avant de ce Hybe en le portant à 170mm ( là où l’on retrouvait 160 mm sur le modèle AllMtn).

Le Hybe est construit autour de l’habituel 4 bar linkage de Haibike, reconnaissable à son point de pivot arrière placé plutôt bas et assez éloigné de l’axe de roue. Si cela ne vous parle pas, notre lexique est juste ici : Petit lexique illustré du VTT : toutes les clés pour comprendre.

C’est RockShox qui est aux commandes au niveau des suspensions avec une fourche RockShox ZEB Select RC et un amortisseur RockShox Deluxe Select+. Dans ce niveau de gamme, la fourche n’offre des possibilités de réglages que limitées (pression et rebond), mais suffisantes pour une bonne partie des utilisateurs. Reste que pour un modèle présenté comme « racing », on aurait peut-être pu s’attendre à des suspensions plus évoluées même sur une version moins onéreuse comme celle testée ici.

Géométrie 

Côté géométrie, le Haibike Hybe affiche des cotes attendues et modernes pour un e-bike de sa caste, avec en taille M un angle de direction de 64,5°, un angle de tube de selle de 75°, un reach de 435 mm et de longues bases de 455 mm (surtout pour un vélo au format mulet). Remarquons que la longueur de ces bases ne varie pas en fonction de la taille et que la taille du cadre (et du pilote) sera donc un facteur à garder en tête dans le comportement du vélo.

Équipement 

Nous avons reçu ce Haibike Hybe dans son montage le plus accessible, à savoir le Hybe 9. Dans cette version, le Hybe est doté de tout le nécessaire pour affronter les sentiers, sans extravagances quelconque. Comme on l’a déjà expliqué quelques lignes au-dessus, les suspensions sont en provenance de chez RockShox avec une fourche RockShox ZEB Select RC de 170 mm de débattement et un amortisseur RockShox Deluxe Select+ développant 160 mm de débattement.

Sram est également aux commandes du côté de la transmission avec un groupe Sram SX/NX Eagle. Le pédalier en aluminium est quant à lui maison. Le freinage est assuré par une paire de Shimano SLX associés à des disques de 203 mm à l’avant comme à l’arrière. Rien de luxueux, mais cela fonctionne bien et, si nous pouvons trouver les suspensions un peu limitées en réglages pour un vélo qui se veut orienté « race », la transmission basique ne nous a pas dérangés et nous avons trouvé les freins SLX très efficaces.

Le train roulant est composé d’une paire de roues WTB ST i30 chaussées de pneumatiques Maxxis Minion DHF à l’avant et Minion DHR à l’arrière. Si le pneu arrière bénéficie d’une carcasse EXO+ de série, l’avant est en simple carcasse EXO, dommage… Les plus attentifs d’entre vous auront remarqué que nous avons troqué le Minion DHF, et sa gomme MaxxTerra relativement dure, pour un pneu offrant davantage de grip et de confiance sur nos parcours de test rendus particulièrement fuyants en cette période de l’année.

Pour plus d’informations et d’explications quant à la gamme de pneus de chez Maxxis et des différences que peuvent emporter les différents profils, carcasses et gommes, c’est par ici : Maxxis : le guide complet de la gamme de pneus trail / enduro.

On termine le tour du propriétaire par les périphériques, avec une tige de selle maison sur laquelle on retrouve une selle Fi’zi:k Terra Aidon. Le poste de pilotage est également propre à Haibike et composé d’un cintre de 780 mm de large combiné à une potence de 35 mm.

Versions et tarifs 

En plus de notre version de test, le Hybe 9, modèle entrée de gamme et commercialisé à 7399€, la marque allemande propose une seule autre version à son catalogue. Plus luxueux, le Hybe 11 est proposé à 10 000€ et affiche la fiche technique suivante :

  • Moteur : Bosch Performance Line CX Race
  • Fourche : Fox 38 Factory
  • Amortisseur : Fox Float X Factory
  • Transmission : Sram GX AXS (ancienne génération)
  • Freins : Magura MT5 et disques de 203 mm
  • Roues : Mavic E-Deemax en aluminium
  • Poste de pilotage : RaceFace Atlas/ Chester

Haibike Hybe : le test terrain

Impossible de le nier… La première chose qui interpelle lorsqu’on prend le Haibike Hybe en main est le poids de la bête. Avec ses 26,24 kg, le Hybe n’est pas du tout un poids plume. Il faut également avouer que cette impression est renforcée par le visuel et la construction massive du cadre. Comme si le vélo affichait sur son cadre la certitude que rien ne pouvait lui arriver, même dans les conditions les plus chaotiques.

Si le Hybe n’est pas le plus léger de sa catégorie, il est toutefois armé en conséquence !  Le velu moteur Bosch CX est parfaitement dans son rôle ici et on sent que l’on en a sous la pédale dès les premiers tours de roues. Contrairement à ce qu’il pourrait laisser songer à première vue, le Haibike Hybe est loin d’être seulement un vélo fait pour descendre. Ce nouveau venu de chez Haibike est plus que capable de pédaler et offre une position agréable et confortable pour rouler au train durant de longues heures.

Avec son puissant moteur et cette philosophie «  je passe partout », le Haibike Hybe s’est même finalement révélé être un bon compagnon pour les montées impossibles et les multiples défis au gradient positif. On se place évidemment davantage du côté du tank que de l’e-bike agile, mais une fois lancé, le Hybe écrase les obstacles et parvient à rendre amusantes des ascensions qui s’apparenteraient à un calvaire sur d’autres châssis. Oui, en montée, on a affaire à une moto trial, et le caractère punchy du moteur Bosch se marie parfaitement au châssis.

Le Hybe demeure cependant long et relativement lourd, ce qui n’est pas pour nous faciliter la tâche dans les portions étroites, où les choses se compliquent quelque peu. Il faut s’employer à placer correctement le vélo et cela nécessite un certain engagement technique et physique pour permettre au châssis de s’exprimer réellement.

Une fois que la pente s’inverse et qu’on passe en mode descente, on pourrait s’attendre à ce que le Hybe dévoile une seconde personnalité… Pourtant, c’est le même caractère que lors des ascensions qui se révèle et qui transpire de ce châssis. À basse vitesse et/ou dans les portions assez sinueuses et étroites, le vélo pêche un peu en raison de son poids et il faut faire preuve d’engagement pour bien le placer.

Il faut forcer le pilotage pour parvenir à engager le vélo dans les courbes, qui s’avère plutôt demandeur et exigeant. Il n’est pas ici question de se reposer sur ses lauriers au moment d’aborder une série de virages étroits, toute la technique du pilote est mise à l’épreuve pour permettre à ce long châssis de s’inscrire dans la courbe. Dommage pour un vélo au format mulet…

Avec le Hybe, le beau pilotage n'est pas inné ou automatique : il se mérite !

Avec le Hybe, le beau pilotage n’est pas inné ou automatique, il se mérite ! Une fois que l’on a compris la logique du vélo et que l’on parvient à engager suffisamment pour faire vivre le vélo, alors le châssis nous le rend multiplié et dévoile, cette fois, son second visage.

Cette seconde facette, conditionnée à l’engagement du pilote, permet de découvrir un vélo bien plus joueur et équilibré malgré la masse embarquée. Il ne sera jamais question de rivaliser avec les e-bikes les plus agiles du marché, et il ne se transforme pas non plus pour autant en une machine à bunny-hop et excentricités en tout genre, mais le Hybe est un châssis agréable et sain, prêt à affronter les pistes d’enduro les plus complexes.

La cinématique du Hybe ainsi que ses suspensions généreuses en font un vélo bien collé au sol qui se veut sécurisant et confortable dans les sections défoncées. D’autant plus lorsqu’il s’agit de sections rapides où le vélo donne cette impression de rail, capable de surmonter n’importe quel obstacle sans broncher.

Bien posé sur ses roues, sécurisant et loin d’être intimidé par le raide ou par le défoncé (et encore moins par le combo des deux), le Haibike Hybe permet de pousser très loin le curseur du possible, avec des airs de mini vélo de descente. C’est finalement les limites du pilote qui conditionneront la sortie, plutôt que les capacités du vélo.

Nous l’imaginons toutefois mal aux mains de petits gabarits. Comme nous l’expliquions, le Hybe nécessite une certaine poigne et son poids impose un pilotage musclé pour arriver à en tirer réellement parti. Vous êtes avertis, le Haibike Hybe est un bon châssis… pour qui peut l’animer ! En cela, il offre une vision complètement différente de l’e-bike « race » par rapport à son lointain cousin le Lapierre GLP3 (les deux marques appartenant au même groupe. Cf :Test nouveauté | Lapierre GLP 3 : la gravité a toujours raison). Là où le Lapierre parvient à procurer des sensations d’e-bike léger, à se montrer très accessible et à se prêter à un pilotage aérien malgré son gabarit et sa grosse batterie grâce à un centrage des masses parfait, vous aurez compris à la lecture de cet essai que le Hybe voit les choses d’une manière bien différente !

A noter que le poids du Hybe a également une influence directe sur l’autonomie à laquelle il peut prétendre. Assez énergivore, il faut jouer avec les différents modes d’assistance du moteur pour optimiser l’autonomie de sa batterie et pouvoir prétendre à dépasser les 1000 m de dénivelé positif en une sortie, malgré la grosse batterie de 750Wh. Rappelons toutefois que l’autonomie est loin d’être une science exacte et que de nombreux facteurs entrent en ligne de compte (poids du pilote, type de pilotage, terrain, température extérieure…). Il est donc impossible de s’imaginer donner des chiffres précis d’autonomie.

Verdict

Avec ses airs de tank, le Haibike Hybe n’en est pas très loin… pour les bons et les mauvais côtés ! Doté d’une bonne géométrie, d’une cinématique réussie et de suspensions généreuses, le Hybe s’avère être un vélo confortable pour un usage allant de la randonnée jusqu’aux spéciales d’enduro les plus chaotiques. Avec sa position confortable et son moteur punchy, le Haibike Hybe est toujours présent pour s’élancer à l’assaut de montées impossibles et parvient même à rendre amusantes certaines ascensions qui se rapprocheraient davantage du calvaire sur d’autres châssis. Quand la pente s’inverse, c’est un vélo aux airs de mini DH que l’on découvre : sécurisant, confortable, bien posé… Le Hybe permet de se challenger et d’atteindre d’abord les limites du pilote avant celles du vélo. Mais tout cela a un prix ! Ne roule pas le Hybe qui veut… De par sa géométrie, sa construction et surtout son poids (26,24 kg), le Haibike Hybe nécessite une certaine poigne et est conditionné à un pilotage musclé. Pour parvenir à animer ce châssis, un certain engagement physique et technique est de mise. Le Hybe est un vélo qui se mérite ! Si vous êtes un petit gabarit ou que vous recherchez un vélo résolument agile, alors oubliez le Hybe… Si par contre, vous êtes d’une stature bien charpentée et à la recherche d’un châssis confortable, mettant en confiance et capable de vous accompagner, qu’importe les conditions ou le terrain, alors le Hybe pourra vous procurer de très bons moments.

Haibike Hybe 9

7399 €

26,24 kg (avec pédales)

  • Moteur Bosch CX punchy et agréable à l'usage
  • Châssis confortable et sécurisant
  • Arme redoutable pour montées impossibles
  • Vélo plutôt énergivore
  • Engagement physique et technique nécessaire pour donner vie au châssis
  • Poids assez élevé

Évaluation des testeurs

  • Prix d'excellence
  • Coup de coeur
  • Rapport qualité / prix

ParAdrien Protano