Prototypes, électronique, couvre-disques : le matos DH à Fort William
Par Romain Viret -
La saison de coupe du monde de DH 2024 a commencé ce week-end à Fort William en Écosse. Première étape d’une nouvelle saison et comme d’habitude sur ce genre d’événement, les nouveautés et les prototypes ont pointé le bout de leur nez. Au programme, nouveaux vélos, suspensions avec gestion électronique, et même des couvre-disques ?! On vous détaille tout ça :
Pour ce premier week-end de coupe du monde, Vali Höll s’impose chez les femmes tandis que c’est le français Loic Bruni qui l’emporte dans la catégorie masculine. Evidemment, c’est principalement le talent des pilotes qui fait le chrono, mais pour obtenir la victoire à ce niveau de compétition, le côté matériel est aussi extrêmement important. Chaque nouvelle saison apporte donc logiquement son lot de petites et grosses nouveautés. Nous sommes donc partis à la chasse à Fort William !
Commençons par les suspensions. RockShox nous offre le retour de leur fourche de DH avec des plongeurs en finition dorée. Eh oui, n’en déplaise aux fans du très connu Kashima (le traitement basse friction doré de chez Fox), c’est bel et bien RockShox qui, en 2002, avait sorti en premier la Boxxer et la SID équipées de ce genre de traitement de surface sur les plongeurs. Suite à des problèmes de durabilité, la marque y avait rapidement mis fin, tant en production qu’en compétition. Quant à Fox, ce n’est qu’en 2008 que la marque américaine s’est lancée dans l’aventure du Kashima. Bien entendu, des progrès ont été faits depuis et, quoi qu’il en soit, on constate que l’objectif est toujours le même quelle que soit la couleur ou la nature du revêtement des plongeurs : réduire les frictions. Reste à voir si la nouvelle finition gold aperçue sur les vélos de certains pilotes sponsorisés par RockShox (pas tous) arrivera un jour sur les modèles de série.
Autre grosse tendance, encore plus importante, au niveau des suspensions : l’arrivée de plus en plus massive de l’électronique. Parmi les vélos du top cinq masculin, quatre d’entre eux étaient équipés de suspensions à gestion électronique : Öhlins, mais aussi RockShox avec ce qui semble être une déclinaison DH du Flight Attentant équipaient les vélos du podium. Seul Fox n’a pas encore emboîté le pas (le seul pilote du top 5 sans suspensions électroniques est à la quatrième place avec Dakotah Norton), mais notre petit doigt nous dit que des choses sont aussi en préparation de ce côté. Ce qui ne serait pas surprenant quand on sait que la marque américaine a été pionnière dans le domaine avec les Live Valve ou E-Live Valve et que des protos d’une nouvelle version commencent à être aperçus ça et là. Nouvel élément incontournable pour prétendre à la victoire ou technologie à utiliser avec parcimonie, la suite de la saison nous le dira !
Longtemps caché pour des raisons de dépôt de brevet (encore en attente de validation), cette fois-ci, l’architecture du prototype Specialized était visible aux yeux de tous. On peut voir sur la photo ci-dessus que tout l’intérêt de cette architecture réside dans la biellette venant actionner le basculeur de l’amortisseur en passant sous le boîtier de pédalier et non plus dessus. Dans son brevet, Specialized met en avant le fait de pouvoir modifier les paramètres de suspensions de manière plus indépendante les uns des autres.
Uniquement lors du run final, l’équipe Specialized Gravity à également dévoilé des couvre-disques sur le vélo de Loic Bruni. Au vu de la météo incertaine ou rapidement changeante en Ecosse, il y a fort à parier que ceux-ci permettent de garder un freinage constant en protégeant les freins si jamais les conditions météo venaient à se dégrader. On peut imaginer également un second intérêt sur de potentiels gains aérodynamiques. Ce qui est également une explication crédible quand on sait que Specialized est la seule marque équipée d’une soufflerie pour mener des tests d’aéro et l’attention portée par le team aux gains marginaux.
Déjà présentes dans de nombreux sports, les combinaisons aérodynamiques sont des équipement obligatoires pour être performants. Les règles de l’UCI interdisent de porter des combinaisons intégrales hyper moulantes comme en ski par exemple, mais les marques rivalisent d’ingéniosité pour flirter avec la limite de la légalité. Les nouvelles tenues Fox SpeedSuit RS en sont un bel exemple, tout comme les vêtements des pilotes du team Specialized.
Depuis l’EWS de Châtel en 2023, on sait que Lapierre nous prépare un gros vélo. Lors de cette coupe du monde, le pilote Antoine Rogge du team Lapierre Zipp Collective semblait être au guidon du même vélo, mais cette fois-ci avec un montage double T et surtout une architecture à point de pivot haut. Cela annonce-t-il le retour d’un vélo de DH chez Lapierre ou plutôt un nouveau châssis gravity très polyvalent, capable de jouer tant en enduro qu’en DH selon la configuration ? On devrait en savoir plus très bientôt !
En parlant de prototype, il semble qu’un nouveau Sender soit dans les tuyaux chez Canyon et qu’il fonctionne plutôt bien. Dans les mains de Troy Brosnan, ce Sender s’est en effet classé 2ème de la manche écossaise .
Pour finir, comment ne pas parler du cintre de Dakotah Norton avec un rise hors normes ou encore du vélo de Martin Maes. Un DH basé sur le châssis de l’Orbea Wild, le power e-bike de la marque, il fallait y penser et cela a beaucoup fait jaser pendant le week-end ! D’autant qu’il a décroché sa place en finale et que le pilote belge a tout de même été chercher une très belle 21ème place alors qu’il n’avait plus roulé en DH depuis quasiment deux ans !
Pour en savoir plus sur le déroulé de la course, ça se trouve ici: World Cup DH 2024 #1 | Fort William : Höll sur le fil, Bruni au-dessus de la mêlée