Tests Acier | Production Privée Shan GT & Cotic Solaris MAX - Production Privee Shan GT

Par Olivier Béart -

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Tests Acier | Production Privée Shan GT & Cotic Solaris MAX - Production Privee Shan GT

Test | Production Privée Shan GT : le diable vit en Andorre !

Avant de vous parler du Shan GT, l’histoire de Production Privée mérite bien quelques mots. Tout commence en Andorre avec, au départ, David Georges et Damien Nosella, qui développaient une potence CNC, persuadés qu’il est possible d’obtenir avec ce simple composant une amélioration des sensations de pilotage en offrant quelque chose de précis et tolérant à la fois.

Ils allèrent présenter la chose à un certain Cédric Gracia, qui fut séduit après quelques tests et qui proposa de rouler pour eux à condition de lui faire aussi un cintre. C’est donc d’un poste de pilotage que l’histoire de la marque a commencé, bien avant les cadres.

Mais la philosophie de la maison est toujours, même sous des dehors aux apparences très simples, de proposer des produits très étudiés et, comme ils disent, avec une « différence positive ». Pour un peu, on pourrait croire juste à un beau brouillard marketing, mais il paraît que les gars roulent, roulent et roulent encore et que c’est là leur laboratoire. Au final, pour savoir, y a qu’à tester. Et c’est ce qu’on va faire !

Le cadre

De loin déjà, le look du Production Privée Shan GT interpelle. Au-milieu d’un garage rempli de bolides au passé glorieux, il ne fait pas tache, loin de là. Et les mécaniciens du garage qui nous accueille (merci LLM Mecasport à Spa-Francorchamps) reconnaissent tout de suite les références subtilement mélangées à quelques glorieux bolides des années 70′ et 80′ (on pense aux Porsche Rothmans) ainsi qu’à de belles américaines (la Corvette en particulier). Une vraie réussite qui donne un côté particulièrement luxueux au vélo… alors que le cadre seul ne coûte en fait que 599€ !

Quand on s’approche un peu, on comprend vite qu’on n’est pas en présence d’un « bête » semi-rigide, mais d’un bike sur lequel chaque tube a été travaillé et étudié dans un objectif précis : avoir un comportement à la fois joueur, précis et tolérant (tiens, on a déjà entendu cela quelque part).

L’arrière du cadre a fait l’objet d’une attention très particulière, avec des bases et des haubans aplatis afin de pouvoir se déformer et garantir un arrière qui absorbe vraiment les chocs même s’il n’y a pas de suspension. C’est ce que Production Privée nomme le KTP Flex System, qui comprend aussi une fine plaque d’acier (Yoke KTP+) pour relier les bases et le boîtier de pédalier, ainsi que l’absence de traitement thermique sur les haubans pour leur laisser un maximum de flex.

Toutes ces originalités indispensables pour concevoir un Endurigide de qualité, seul l’acier les permet selon la marque, et Production Privée travaille avec des séries de tubes MCS en CrMo 4130 provenant du Japon, qui sont ensuite mis en forme à Taïwan selon le cahier des charges propre à PP. Les Andorrans disposent d’ailleurs d’un bureau à Taïwan et y passent une grande partie de l’année. Cela va sans dire, les tubes sont aussi traités contre la corrosion.

Seuls les passages de câbles en externe (ce qui est un très bon choix) mériteraient peut-être d’être un peu plus travaillés pour mieux guider et maintenir les câbles afin de les rendre plus discrets encore. Pourquoi pas aussi un guide sur la douille de direction pour éviter de la griffer, même si la peinture est très solide ?

Pour en finir avec ce cadre, qu’on ne se lasse pas de regarder, sachez qu’il est disponible en 4 coloris (rappelant chacun des peintures iconiques de bolides qui ne le sont pas moins) et 4 tailles. Il est compatible roues de 29″ (comme ici) et 27,5+, et il existe également toujours le Shan en 26/27,5. Le cadre seul est annoncé à 2,7kg… ce qui peut paraître beaucoup, mais on l’oublie vite sur le terrain comme nous le verrons plus loin. Enfin, nous l’avons déjà évoqué, le tarif reste très raisonnable, avec 599€ pour le cadre nu ou 659€ avec jeu de direction et axe arrière. En cherchant un peu, on peut donc se faire un montage très sympa pour 2000€, voire moins.

Géométrie

Voilà aussi un sacré morceau, qui montre toute la particularité du Production Privée Shan GT. On le voit dans le tableau ci-dessus, la marque conseille assez vite de passer sur du L (à partir de 175cm), et le reach n’est pas excessivement long (426mm dans cette taille) comparé à d’autres endurigides à l’anglaise notamment. Mais si le cadre paraît long de l’avant, c’est surtout parce que l’arrière est extrêmement court : 427mm en 29/27,5+, difficile de faire mieux !

Le cadre est aussi très sloping pour pouvoir bien faire bouger le coco entre les jambes, et l’angle de direction de 66,6° est bien couché pour un 29″. Avec les grandes roues, Production Privée recommande le montage d’une fourche en 140mm de débattement, ou 120 pour lui donner un côté plus all-mountain. C’est comme cela que nous l’avons testé. En 27.5+, PP recommande le montage d’une fourche en 160mm de débattement ou l’ajout d’une bague sous le jeu de direction.

Equipements

On ne va pas en faire des tonnes sur ce chapitre, vu que le Production Privée Shan GT se vend en cadre seul. Néanmoins, il est équipé du fameux poste de pilotage maison. Au menu pour le cintre : angles choisis avec soin (8° de backsweep et 5° en upsweep), 5 modèles au choix (largeur et rise), finition à double anodisation pour la résistance, marquages pour positionner les commandes et toujours un diamètre de 31,8mm pour ne pas verser dans la sur-rigidité du 35mm (nous sommes bien d’accord avec cela).

Pour la potence : un superbe design, des vis placées vers l’avant pour éviter de se blesser les genoux en cas de contact, des marquages parfaitement assortis au cintre et aussi un travail pour marier rigidité et tolérance.

Enfin, les grips CR35 présentent la particularité d’être excentriques pour offrir un offset réglable. Ils permettent en effet de régler l’upsweep ou le backsweep sur 1°. Quant à leur dessin, il est inspiré d’un ancien célèbre pneu Dunlop de F1… quand on vous disait que ces gars sont picousés de bagnoles !

Le reste de l’équipement de notre modèle de test est assez basique (freins SLX, transmission Sram NX,…) mais tout fonctionne largement assez bien pour se faire oublier et juste penser à prendre du plaisir. La fourche RockShox Pike est dans cette lignée du simple et efficace, tout comme les roues Spank qui méritent une mention spéciale car elles se marient parfaitement au comportement du vélo et, sans être haut de gamme, elles offrent une belle sensation de légèreté. Enfin, la tige de selle BikeYoke Revive est toujours aussi désirable (voir notre test complet).

Production Privee Shan GT : le test terrain

Posons les bases d’emblée : si vous cherchez un vélo pour aller acheter le pain, ou juste pour randonner paisiblement, voire pour faire du tourisme, passez votre chemin. Quand c’est plat, c’est pas qu’on s’emm… au guidon du Shan, mais c’est tout comme et on sent que ce n’est pas pour cela que le vélo a été dessiné. Comme certains de leurs voisins andorrans plus gros (coucou Commencal), ce sont des vélos qui respirent leur terroir et qu’on sent taillés pour la pente et les reliefs montagneux.

En fait, pas besoin de grandes en longues descentes pour s’amuser, mais il faut que ça bouge pour le PP. C’est là qu’il se révèle vraiment. Quand la plupart des autres semi-rigides rendent les armes et commencent à sauter d’un coin à l’autre du sentier, le Shan GT se réveille et se révèle.

Sa capacité à filtrer les vibrations est absolument hors normes et nous n’avons pas le souvenir d’avoir jamais roulé un hardtail, même en acier ou en titane, qui ait une telle souplesse verticale. Au point qu’on se jette dans les champs de racines et les pierriers sans la moindre arrière-pensée. Un full ferait-il mieux ? Sans doute. Mais franchement, quand on roule, on n’y pense pas du tout et c’est vraiment bon signe.

Pour autant, même s’il pardonne beaucoup, passionnément, à la folie, le Production Privée Shan GT est aussi bel et bien d’une précision redoutable. Les petits gars d’Andorre ne mentaient pas et leur travail porte ses fruits : ils sont parvenus à traduire leurs paroles en actes, et de façon évidente en plus. Le résultat : on se sent en confiance, on prend un pied incroyable au guidon de ce vélo, avec lequel on semble pouvoir tout se permettre ou presque.

Sa maniabilité est aussi telle qu’on se demande si c’est vraiment un 29 pouces. On frotte les pneus à la recherche du marquage pour confirmer et, oui, ce sont bien des grandes roues. Mais elles ne sont là que pour améliorer les capacités en franchissement de la bête et planer au-dessus des obstacles. Mais en aucun cas pour rendre l’ensemble pataud. Nous ne l’avons pas roulé en 27,5+, et nous n’en avons pas vraiment senti le besoin, tant l’arrière est conciliant et l’avant précis en l’état.

Il n’y a pas qu’en descente que le PP excelle. Avec son arrière très court, on aurait pu craindre un vélo délicat à dompter dans les grimpettes raides, mais il n’en est rien. Ce qu’on ressent nettement par contre, c’est le grip énorme de la roue arrière, qui colle aux reliefs. L’avant se plaque facilement au sol, et pas mal de montes impossibles ne le sont soudain plus tant que cela.

L’animal fait 13,7kg tel que testé ici, mais cela ne se sent pas vraiment. L’absence de suspension arrière confère un beau dynamisme dans les relances, sans amortisseur pour pomper de l’énergie, mais avec un triangle arrière à la fois bien rigide latéralement et au flex subtilement dosé pour renvoyer l’énergie du coup de pédale. Un véritable éloge de la simplicité.

Verdict

Bon, c’est vrai, on les adore tous ces fulls suspendus hyper travaillés avec leurs amortisseurs de plus en plus compliqués. Les gars de chez Production Privée les aiment aussi et ils ont d’ailleurs un « tout mou » dans leur gamme. Mais parfois, on se demande si on ne se prend pas un peu trop le chou avec des détails. Quand on roule un hardtail de la trempe du Shan GT, pas mal de certitudes sont bousculées. Il est lourd ? Cela ne se sent pas. Il ne devrait pas savoir grimper avec une telle géométrie ? Et pourtant, il y arrive très bien. Il se présente comme une machine à plaisir ? Et là, il a bon sur toute la ligne. Un gentil petit diable, et un authentique coup de cœur, proposé en plus à prix d’ami. A consommer sans modération !

Plus d’infos : www.production-privee.com/fr/
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ParOlivier Béart

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