Test VTT XC | BH Lynx SLS : l’art et la manière

Par Adrien Protano -

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Test VTT XC | BH Lynx SLS : l’art et la manière

À mi-chemin entre semi-rigide et tout-suspendu, et dans la philosophie des Trek Supercaliber et Specialized Epic World Cup, le BH SLS trace sa propre route. Clairement orienté rendement et performance, le BH SLS et ses 80 mm de débattement ne se met pas d’œillères pour autant. Que peut bien valoir une version milieu de gamme ? Notre avis après plusieurs semaines de test : 

Né dans les projets de réussite olympique du team factory de la marque espagnole, le BH SLS s’était d’abord montré au stade de prototype couvert d’une chaussette en néoprène sur la zone de l’amortisseur arrière (cf. Spyshot | Un nouveau XC chez BH ?).

Les athlètes du team l’ont mis à rude épreuve durant la saison 2024 de coupe du monde, avec comme consécration la participation aux Jeux olympiques de Paris. Une manière d’éprouver le prototype et de peaufiner les derniers détails avant la version de série. La championne de France U23 en titre, Olivia Onesti, ici à la manoeuvre.

Et enfin, en septembre dernier, le BH Lynx SLS s’est dévoilé au public ! « Le Lynx SLS est un vélo qui marque un tournant en ouvrant une nouvelle catégorie au sein de la vaste gamme de VTT de BH, celle des tout-suspendus à court débattement. Il est conçu pour remplacer les VTT rigides haut de gamme destinés à la compétition », détaillait la marque à son lancement : Test nouveauté | BH Lynx SLS : missile tout-suspendu en approche.

Quelques mois après le lancement de ce modèle, BH a décidé d’élargir la gamme en proposant des versions financièrement plus accessibles de ce modèle. Géométrie et cinématique sont identiques, le changement se trouve du côté de la construction du cadre avec un layup de carbon moins onéreux et des composants moins haut de gamme. C’est ici la version milieu de gamme (8.0 – 6299 €) que BH a mise à notre disposition pour ce test.

Châssis :

Pas de doute, le BH Lynx SLS joue dans la catégorie des poids légers dans le monde du cross-country avec sa philosophie à mi-chemin entre semi-rigide et tout-suspendu. Le cahier des charges de la marque pour ce châssis était donc clair : créer le cadre le plus léger possible et offrant une optimisation du transfert de puissance maximale.

On vous l’expliquait lors de la présentation du vélo à son lancement, BH avait frappé fort du côté du poids, avec un cadre complet annoncé à 1520 g. À titre de comparaison, le cadre du Trek Supercaliber est annoncé à 1950 g (en taille M prêt à rouler), tandis que Specialized annonce 1765 g pour le cadre de l’Epic World Cup avec amortisseur, peinture et visserie.

Pour les versions plus accessibles de son châssis, BH a choisi un layup de carbone moins onéreux (baptisé Performance Layup), mais légèrement plus lourd (environ 200 g). C’est un schéma que l’on avait déjà pu observer avec le modèle Lynx Race par exemple. Pour être sûr de la différence entre les deux cadres selon la version, cherchez après l’abréviation EC (pour EVO Carbon) ou PCL (pour Performance Layup) dans les caractéristiques du vélo.

Le design du cadre reste quant à lui identique, avec ses lignes fines et étirées très inspirées du (très bon) modèle hardtail Ultimate EVO. On notera toutefois l’apparition de nouvelles peintures et livrées pour ces versions plus récentes bénéficiant du carbone plus abordable.

Le BH Lynx SLS bénéfice d’un passage interne guidé dont l’entrée se fait directement par le jeu de direction.

Dans les autres petits détails, on notera la compatibilité avec les transmissions T-Type (puisque ce Lynx SLS est doté d’une patte UDH) et l’utilisation d’un serrage traditionnel de tube de selle (là où la marque est très attachée à un système de serrage intégré au cadre sur d’autres modèles). La base du côté transmission est discrètement protégée par ce petit cache en plastique dur.

Suspensions :

C’est peut-être le point sur lequel le Lynx SLS se distingue le plus de ses concurrents : BH a opté pour un débattement arrière de 80 mm, associé au système Split Pivot (notez le point de pivot entre les bases et les haubans, concentrique à l’axe de roue arrière), comme tous les BH tout-suspendus.

Une nouvelle voie empruntée dans ce monde à mi-chemin entre semi-rigide et tout-suspendu, différente de celle du Trek Supercaliber et sa conception inédite du tube supérieur (et du rôle structurel de son amortisseur), et de celle du Specialized Epic WC avec une forme plus classique (mais une tentative de « réinventer » le fonctionnement de l’amortisseur qui est propre à ce modèle).

Outre le fait que le BH Lynx SLS soit basé sur une architecture de suspension dite « Split Pivot » (cf. Petit lexique illustré du VTT : toutes les clés pour comprendre), celui-ci se distingue également par l’utilisation d’un amortisseur standard. De quoi faciliter les choses en cas de remplacement nécessaire ou de souhait de faire évoluer cet élément, là où ses concurrents sont basés sur des amortisseurs spécifiques.

C’est également ce qui explique que le Lynx SLS dispose déjà d’une version équipée des suspensions électroniques Flight Attendant de chez RockShox : Test longue durée | Les 10 travaux du RockShox Flight Attendant XC

Toutes les versions de la famille Lynx SLS sont équipées d’une fourche de 110 mm de débattement. Sur notre version de test (Lynx SLS 7.0), Fox est aux commandes des suspensions avec un amortisseur SL Factory et une fourche 34 StepCast Factory.

On dispose également d’une commande de blocage des suspensions au guidon.

Géométrie :

Côté géométrie, le BH Lynx SLS se caractérise par des chiffres bien dans leur époque pour du XC, avec des bases très courtes (426 mm dans toutes les tailles), un reach de 445 mm en taille M, un angle de direction assez ouvert (67°) et un angle de tube de selle relevé (76°).

Équipements :

Pour la durée de ce test, c’est un BH Lynx SLS 8.0 que la marque espagnole a mis à notre disposition. Commercialisée à 6299 €, cette version se veut plus accessible, avec des composants moins exclusifs que l’onéreuse version 9.7 que nous avions essayée au lancement du modèle. Spoiler : il y a déjà tout ce qu’il faut pour s’élancer à l’assaut des sentiers et s’aligner sur des compétitions dans cette version.

Shimano s’occupe de la transmission et du freinage, avec un ensemble estampillé XT. Les freins à deux pistons sont associés à des disques de 180 mm à l’avant et 160 mm à l’arrière.

Les roues sont maison avec une paire de EA30SL en aluminium de 30 mm de largeur interne. Elles sont chaussées de pneumatiques Maxxis : Rekon Race à l’avant et Aspen à l’arrière tous deux en 2.4 de section.

La tige de selle est une RaceFace Aeffect R, surmontée d’une selle Prologo R4.

Le poste de pilotage est maison avec un très joli ensemble potence/cintre en une pièce et en carbone. S’il est visuellement soigné, celui-ci nous a amené un lot de soucis et de prises de tête de par son système compliqué sans raison, on y revient dans la partie test terrain.

Versions et tarifs :

Quelques mois après le lancement de ce modèle, BH a décidé d’élargir la gamme pour offrir une version financièrement adaptée au plus grand nombre. On l’a vu, cela passe notamment par l’usage d’un layup de carbone différent. On retrouve ainsi quatre modèles en carbone « Performance Layup » :

Les deux modèles les plus accessibles financièrement sont le BH Lynx SLS 6.0 et 6.5, respectivement commercialisés au tarif de 4199 € et 4699 €. On notera que même le modèle le plus entrée de gamme de la famille SLS est doté d’une tige de selle télescopique de série !

Un cran au-dessus, le BH Lynx SLS 7.0 (6299 €) voit son duo de suspensions monter en gamme, tandis que le SLS 8.5 (7299 €) passe à la transmission électronique, avec un groupe Sram GX T-Type AXS.

Au-delà de ces quatre modèles, c’est le carbone dit « EVO Carbon » qui est utilisé sur le reste des versions. Attention, au catalogue ceux-ci prennent exactement la même dénomination, avec le Lynx SLS 8.0 (6299 €) et 8.5 (5999 €) en ticket d’entrée. On a du mal à saisir la logique d’utiliser les mêmes chiffres de dénomination, et encore moins pourquoi le 8.0 est ici plus cher que le 8.5…

 

Finalement, le haut du panier est occupé par les luxueux modèles 9.0 (7399 €), 9.7 (9999 €) et 9.9 (11999 €). Ici, on retrouve ce qu’il se fait de mieux en termes de composants. On vous en parlait lors de notre prise en main de la version 9.7.

BH Lynx SLS 2025 : le test terrain

« Surprenant, ce nouveau modèle de chez BH est une vraie réussite ! Efficace, dynamique, agile, capable… Le Lynx SLS déborde de qualités et donne l’impression d’être dans la forme de sa vie » : voilà comment nous avions conclu notre prise en main de ce Lynx SLS au moment de sa sortie. Ce modèle nous avait fait forte impression, et nous étions (très) curieux de mettre une version plus accessible à l’essai durant plusieurs semaines.

Là où ça ne change pas, c’est du côté de la taille du cadre, à savoir une taille medium qui nous a semblé parfaite pour des pilotes allant de 175 à 180 cm (au-delà, visez la taille supérieure) et un réglage de l’amortisseur arrière avec un SAG idéal aux alentours de 23%.

On se permet d’insister sur ce point : avec un débattement si réduit, le réglage précis de cet amortisseur est encore plus primordial que d’accoutumée. Si le châssis a tendance à pomper à outrance au pédalage et /ou en montée, c’est que vous êtes au-delà de la plage idéale, si contre le châssis s’avère trop ferme, c’est sans doute que la pression est trop élevée.

Le BH SLS n’est, de nature, pas fait pour tout le monde, et c'est très bien comme ça !

Il faut toutefois nuancer ce point : le BH SLS n’est, de nature, pas fait pour tout le monde ! Le premier facteur est sa position résolument sportive et portée sur l’avant. On est bien face à un vélo pensé pour la performance et cela s’en ressent largement sur la manière dont le vélo place le pilote. Non pas qu’il ne permettra pas les longues sorties ou d’éventuelles épreuves marathons/longue distance, mais il nécessitera simplement d’être en forme pour en profiter pleinement. Disons ici qu’il s’agit d’un choix de philosophie et de segment, plutôt que d’un défaut, et c’est très bien comme ça.

Le second aspect est l’efficacité du châssis. Cela peut paraître presque absurde, mais le lynx SLS offre une nervosité et un transfert de puissance tels qu’il peut en devenir contre-productif. Avec son caractère pousse-au-crime constant, ce SLS incite naturellement à rouler au-dessus de son rythme. C’est un peu comme aller faire ses courses en kart : c’est drôle, ça va vite, mais l’air de rien ça fatigue.

Une fois que l’on a appris à dompter la bête, cette légèreté et ce rendement supérieur du châssis font de ce BH Lynx SLS un allié de choix. Sans trop s’avancer, et sans comparaison directe, on peut clairement affirmer qu’il s’agit là d’un des châssis tout-suspendus les plus dynamiques et offrant le plus de rendement du marché.

Par contre, contrairement à la version 9.7 plus luxueuse (et sa bonne paire de roues carbone), le train roulant ne nous a pas transcendés sur cette version 8.0. Attention, il ne s’agit pas là de mauvaises roues pour autant, mais disons qu’elles ne donnent pas le coup de fouet supplémentaire au châssis comme on peut l’expérimenter avec de bonnes roues dynamiques. La transmission mécanique XT de chez Shimano remplit complètement sa fonction, sans pouvoir prétendre aux mêmes qualités que les dernières transmissions électroniques en date.

Si on veut être catégorique, évidemment que ce châssis ne pourra jamais offrir le même niveau de rigidité/légèreté qu’un modèle semi-rigide (même s’il s’en rapproche clairement). Par contre, là où le BH Lynx SLS sort son épingle du jeu, c’est lors d’ascensions techniques où son petit débattement lui permet d’offrir une adhérence à la roue arrière terriblement efficace.

Le revers de la médaille de ce châssis qui figure parmi les meilleurs grimpeurs de sa catégorie se trouve dans son côté assez ferme de manière générale, et surtout en terrain accidenté.

Ça n’empêche pas de l’emmener sur des sorties techniques, et de bien s’amuser, mais cela demande simplement une certaine forme physique.

D’autant plus que le caractère nerveux de ce châssis se retrouve également à la descente. Précis, joueur et réactif, c’est une vraie petite bombe qui ne demande qu’à être placée de virage en virage quand la pente s’inverse. Sur ce point, il faut clairement souligner le bon duo géométrie/cinématique de chez BH. On est un cran au-dessus du Specialized Epic WC sur ce point, et clairement en bataille avec le Trek Supercaliber.

On se permet même quelques excentricités tant le châssis est agréable à la descente.

Dans les petites évolutions, on souhaite sincèrement que BH prenne du recul par rapport à son système de serrage de potence/jeu de direction. Celui-ci nous semble inutilement trop compliqué, et nous a demandé quelques moments de grande mécanique pour arriver à nos fins. Dommage, car le poste de pilotage en lui-même est plutôt réussi avec une bonne balance entre souplesse et rigidité. C’est une remarque que l’on avait déjà effectuée lors de notre prise en main et que l’on réitère ici : l’ergonomie du poste de pilotage est perfectible du côté commande de blocage des suspensions/ levier de tige de selle télescopique. Un agencement idéal entre les deux commandes est difficile à trouver, et la commande du blocage des suspensions affiche un tirage très long et se montre dure à actionner. Plus accessoire finalement tant c’est un point personnel, les grips sont plutôt fins et (trop ?) fermes pour ce châssis.

Verdict :

Avec ce Lynx SLS, BH signe un vélo à la personnalité bien trempée, sans compromis sur la performance. Ultra dynamique, redoutable grimpeur, étonnamment joueur en descente, il incarne parfaitement l’esprit « race » moderne, avec ce petit supplément d’âme qui donne envie de repousser ses limites. Certes, il demande un certain bagage technique et physique pour être exploité pleinement, mais c’est justement ce qui fera vibrer les pilotes aguerris à la recherche d’un véritable allié qui a le goût de l’attaque.

BH Lynx SLS

6299 €

11,50

  • Efficacité, dynamisme et rendement du châssis
  • Caractère nerveux et agile
  • Rapport qualité/prix
  • Pas à conseiller à tout le monde, usage précis
  • Serrage de potence inutilement compliqué
  • Ergonomie du poste de pilotage perfectible
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Évaluation des testeurs

  • Prix d'excellence
  • Favori
  • Qualité / prix

Par  Adrien Protano