Test | Trek SuperCaliber : avez-vous vraiment besoin de plus de débattement ?

Par Adrien Protano -

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Test | Trek SuperCaliber : avez-vous vraiment besoin de plus de débattement  ?

Hardtail ou tout-suspendu ? Trek entend proposer le beurre et l’argent du beurre avec son SuperCaliber, ou plutôt son  « semi tout-suspendu »… Corrigé après une première version jugée un peu trop exclusive sur le terrain, cette seconde itération du SuperCaliber se veut plus polyvalente, avec un débattement arrière porté à 80mm, sans pour autant renier l’esprit de cette plateforme. Nous l’avons mis à l’essai durant plusieurs semaines sur nos terrains de test habituels. Verdict : 

Champion olympique en 2021 à Tokyo avec Jolanda Neff, champion du monde la même année à Val di Sole avec Evie Richards… Le Trek Supercaliber a rapidement marqué les esprits en s’imposant à de multiples reprises sur le circuit international.

Raffiné et digne de performances proches d’un hardtail, le Trek Supercaliber et ses 60 mm de débattement avait toutefois été jugé par certains un peu trop exclusif. Pour pallier ces défauts, la marque américaine a entrepris de faire évoluer son châssis de cross-country, notamment en le musclant légèrement avec un passage du débattement arrière à 80mm.

Châssis

Que l’on aime ou pas, la construction de ce Trek Supercaliber ne laisse personne indifférent et se détache visuellement du reste des vélos de cross-country actuellement sur le segment… mis à part un ! Eh oui, impossible de commencer ce test sans mentionner le Specialized Epic World Cup. Mettons les choses au clair dès le départ : non, les deux vélos ne sont pas des jumeaux, loin de là. On vous avait expliqué en détail ce qui différenciait les deux châssis lors de notre prise en main du modèle de chez Specialized : Test nouveauté | Specialized Epic World Cup : le semi, c’est fini ?

Au-delà de toute ressemblance, à juste titre ou pas, avec le Specialized Epic World Cup, le Trek SuperCaliber demeure un châssis à l’allure minimaliste et soignée. Bien plus qu’une question d’esthétique, les tubes très droits du SuperCaliber lui permettent un positionnement optimal des fibres de carbone, de quoi maximiser le rapport poids/rigidité.

Toujours dans cette mission de rigidité maximale, le triangle arrière est en une pièce afin de se rapprocher au plus près des sensations offertes par celles d’un hardtail. Du côté de la balance, le cadre est annoncé à 1950g en taille M prêt à rouler, tandis que le vélo complet pointe à 9,45 kg.

Il nous faut préciser que cette version haut de gamme est dotée d’un cadre en carbone SLR, à savoir le carbone le plus haut de gamme de la marque, et donc le plus onéreux, mais également le plus léger. Les cadres des deux modèles les plus accessibles de la famille SuperCaliber sont quant à eux en carbone SL, niveau de carbone plus abordable.

Le passage des câbles se fait en interne, avec une entrée située sur le haut du tube diagonal, et non directement au niveau de la potence ou du jeu de direction comme on le voit de plus en plus. Le cadre laisse la place pour embarquer deux bidons au sein du triangle avant, même sur les tailles les plus petites. Pratique d’un point de vue encombrement d’avoir un amortisseur presque intégré au tube supérieur, n’est-ce pas ?

Le hauban gauche mérite également un moment d’attention : légèrement dévié pour laisser passer l’étrier de frein, ce dernier est flottant (comprenez par là qu’il pivote avec la flexion de la suspension) afin de mieux isoler la suspension des forces de freinage.

Suspension

Inaugurée sur sa première génération, l’architecture unique et particulière est conservée sur ce Trek SuperCaliber. Elle est baptisée IsoStrut et se caractérise par cet amortisseur réellement intégré au cadre.

De manière simplifié, l’idée est que celui-ci fasse office de « rail » ou de « guide » sur lequel coulisse un tube en carbone qui prolonge directement les haubans.

Cela peut porter à confusion, mais le Trek SuperCaliber n’est pas un softail pour autant. Il s’agit là d’un tout-suspendu avec un point de pivot principal monté sur roulements près du boîtier de pédalier (cf. Lexique).

Si le débattement était de 60mm sur la première génération (ou plus précisément 55mm de débattement assuré par l’amortisseur lui-même et 5mm obtenus par la déformation des haubans), cette seconde génération a porté son débattement à 80mm.

Cette augmentation du débattement a nécessité la conception d’un tout nouvel amortisseur, qui a cette fois été développé avec RockShox au lieu de Fox. Basé sur le SIDLuxe, ses dimensions sont plus grandes que celles de l’ancien modèle (240×40 contre 235×32,5) et son plongeur plus gros (38 mm de diamètre), ce qui permet d’augmenter la rigidité du cadre et l’utilisation d’un piston plus gros, facteur d’une meilleure gestion des flux d’huile.

En plus d’augmenter le débattement, Trek a également fait évoluer la cinématique de son « semi tout-suspendu » avec un ratio un peu plus haut pour améliorer la sensibilité du vélo. On reste évidemment en deçà d’une suspension classique, mais la marque affirme que « la différence entre les deux versions s’en ressent sur le terrain ». Il ne reste plus qu’à le vérifier sur le terrain !

Par rapport à son prédécesseur, le SuperCaliber 2e génération gagne 10 mm à l’avant et est désormais équipé d’une fourche en 110 mm de série. Trek précise toutefois qu’il est tout à fait possible de mettre du 100 ou du 120 mm selon ses besoins et sa pratique.

Géométrie

Assez contemporain dans sa conception, le Trek SuperCaliber se veut également dans le coup au niveau de ses cotes de géométrie avec, en taille M, un angle de direction de 67,5°, un angle de tube de selle de 74,5°, des bases de 435 mm et un reach de 465 mm. Si la précédente génération offrait pas moins de 6 tailles pour le SuperCaliber, cette seconde génération s’en contente de 5, de S à XL.

Équipements

Nous avons reçu ce Trek SuperCaliber dans son montage le plus haut de gamme, à savoir le SuperCaliber SLR 9.9 XX AXS. Pas de doute, on touche ici au haut du panier avec ce qu’il se fait de mieux en termes de composants. On vous en parlait quelques lignes plus haut, c’est un combo de suspensions en provenance de chez RockShox qui équipe notre modèle de test, plus précisément une fourche RockShox SID SL Ultimate offrant 110 mm de débattement et un amortisseur RockShox SIDLuxe (cf. Test nouveauté | RockShox SID 2024 : quand le mieux est l’ami du bien).

C’est Sram qui est aux commandes du côté de la transmission et du freinage. On retrouve ainsi un excellent groupe Sram XX SL T-Type, dont notre test est à retrouver juste ici : Test | Sram Eagle AXS 2023 : sans égal.

Pour le freinage, ce sont des Sram Level Ultimate à 4 pistons qui équipent notre modèle de test, avec des disques de 160 mm (cf. Test nouveauté | Freins Sram Level et Code Stealth : changer sans changer).

Le train roulant est composé des exclusives Bontrager Kovee RSL, chaussées de pneumatiques Bontrager Sainte-Anne RSL XR à l’avant et Pirelli Scorpion XC à l’arrière, tous deux en 2,20″ de section. Notons toutefois que le cadre est en mesure de recevoir des pneus jusque 2,4″ de section.

Pour les périphériques, on retrouve également du connu avec une tige de selle télescopique en provenance de chez Fox (Fox Transfer SL) et un joli poste de pilotage maison en une pièce et en carbone. De série, le cintre fait 750mm de large tandis que la potence est une 80mm avec une inclinaison de -13°. Pour la selle, c’est une très bonne Aeolus RSL aux rails en carbone.

Versions et tarifs

La famille SuperCaliber est assez fournie avec pas moins de 6 déclinaisons au sein du catalogue, en plus d’une option « cadre seul » en carbone SLR affiché à 3999€.

Ticket d’entrée, le Trek SuperCaliber 9.6 est commercialisé à 3999€, suivi juste après le SuperCaliber 9.7 affiché à 5499€. Ces deux versions se partagent le carbone entrée de gamme au sein de la marque et pointent respectivement à 13,10 kg et 11,80 kg. On remarquera que même ces premiers modèles sont équipés d’une tige de selle télescopique de série, une sage décision à saluer !

 

Dans l’entre-deux, le SuperCaliber 9.8 XT (6499€) et 9.8 GX AXS (6999€) se partagent le gâteau, bénéficiant tous deux déjà du carbone SLR plus haut de gamme et léger.

 

Le SuperCaliber SLR 9.9 XTR est l’avant-dernier modèle dans le haut du panier, précédant notre luxueux modèle de test. Commercialisé à 10 999€, on est sur un montage haut de gamme : fourche Fox 34 SC Factory, transmission et freins Shimano XTR, roues Kovee RSL et pneus Bontrager Sainte-Anne RSL XR.

Trek Supercaliber : le test terrain

La première chose que l’on remarque, avant même de monter sur le vélo, est l’apparition de repères de sag sur le plongeur de l’amortisseur arrière. Étant un brevet propre à RockShox, c’est en raison du changement de crémerie pour l’amortisseur que cette petite option bien utile a pu être ajoutée par Trek sur cette seconde génération. En parlant de sag, la marque conseille un sag compris entre 22 et 28% de la course, et avec si peu de débattement, mieux vaut – un peu plus encore que d’habitude – ne pas se tromper afin de les utiliser de manière optimale.

Pas de faux-semblants, le Trek SuperCaliber est imaginé et conçu pour la performance et il le fait vite savoir. Dès les premiers tours de roue, la position plongée vers l’avant correspond totalement à l’idée qu’on se fait du programme du vélo. Si on est face à une position assez racée, elle n’est pas inconfortable pour autant. Attention, il s’agit toutefois d’une position très sportive et en phase avec le programme du vélo, qui peut ne pas plaire à chacun.

C’est également le cas du poste de pilotage tout en une pièce qui n’a pas fait l’unanimité au sein des testeurs, de par son angle, mais surtout de par sa forme et sa largueur (740 mm). Si la réalisation est du plus bel effet visuellement et emporte divers avantages sur le terrain, il est évident qu’il est impossible de jouer sur les différents facteurs pour trouver une position idéale pour tous… Porter la largeur du cintre de série à 760mm voire 780mm afin de permettre le recoupage en cas de besoin nous semble être une piste intéressante.

Rapide. C’est clairement la sensation qu’offre le Trek SuperCaliber une fois sur les sentiers. Le transfert de puissance est assez impressionnant et le châssis très vif, grâce à son poids léger et sa rigidité maîtrisée, donne littéralement l’impression de voler. Le SuperCaliber semble constamment accélérer et en avoir sous la pédale, sans aucune perte de watt dans la bataille.

Les montées au profil roulant s’avalent à un rythme impressionnant, avec cette curieuse envie de descendre d’un rapport tant le vélo nous invite à pousser sur les pédales. Si la première génération s’était imposée comme l’un des meilleurs pédaleurs/grimpeurs, le SuperCaliber second du nom n’a rien perdu et demeure extrêmement efficace.

Au-delà d’être aussi efficace lors des ascensions roulantes, le Trek SuperCaliber 2 nous a donné l’impression d’être encore plus à l’aise dans les montées techniques que son prédécesseur. Comme si l’on bénéficiait du meilleur des deux mondes, en plus de cette vivacité digne d’un hardtail, la construction IsoStrut permet de gagner sensiblement en motricité. Cela permet d’avoir une roue arrière constamment en contact avec le sol et donc un grip idéal pour les franchissements en côte.

Le vélo reste assez haut dans son débattement et l’on se sent bien positionné pour attaquer ces passages techniques en côte, avec un caractère calme et posé, notamment grâce à l’allongement des bases et à l’ouverture de l’angle de chasse par rapport à la première génération. Le SuperCaliber offre ainsi cette impression que tout est plus simple et que l’on a juste à se concentrer sur notre pédalage.

On retrouve certes la motricité d’un tout-suspendu, mais sans devoir composer avec le pompage qui en découle, plus ou moins important sur les tout-suspendus de conception plus classique. Le Trek SuperCaliber se pilote et se ressent comme un semi-rigide avec un pompage très limité, voire inexistant. C’est une différence assez marquante et grisante à l’usage puisque cela donne l’impression de ne perdre aucune énergie dans ces mouvements parasites.

Pourtant le SuperCaliber demeure un tout-suspendu et il nous le rappelle dès que le terrain devient un peu plus difficile ou qu’on attaque une descente. Les 80mm de débattement arrière sont bien présents !

Par rapport à la première génération, l’allongement de l’empattement et le travail réalisé sur la rigidité de l’ensemble du châssis ont permis à ce Trek SuperCaliber d’évoluer dans la bonne direction. Plus stable et bien ancré, on se sent bien à son bord pour affronter les multiples passages techniques de nos parcours de test. Si cela peut sembler peu comme débattement, Trek est parvenu à exploiter de manière réussie les 80 mm à disposition, et l’on a presque l’impression d’en avoir un peu plus sous la pédale.

Pas d’incompréhension pour autant : si le plus petit débattement de ce SuperCaliber est bien géré et permet de pousser sensiblement le curseur dans les descentes, on ne se retrouve pas dans la catégorie des châssis de cross-country en 120 mm les plus agressifs du marché, à l’image d’un Scott Spark RC (cf. Test nouveauté | Scott Spark RC 2022 : la référence reprend un coup d’avance). Par contre, il peut s’aligner face à certains châssis de 100 mm de débattement sans rougir.

Assez logiquement au vu de son placement et de sa philosophie, le vélo nécessite un certain engagement physique pour libérer son potentiel. Une fois le vélo mis en action, la direction est particulièrement rapide dans les changements de direction et le SuperCaliber vire de façon franche et précise. On est face à un vélo qui demande de l’attention et qui se pilote au sens premier du terme ! Loin d’un canapé vous promenant sur les sentiers, on est ici en compagnie d’un véritable allié qui ne demande que vitesse et pilotage…

C’est également un vélo qui peut s’avérer usant sur du plus long au vu de l’engagement physique nécessaire. Physique à piloter, il faut être en forme pour tenir cette petite formule 1 sur les sentiers.

En cherchant la petite bête à ce Trek SuperCaliber, la paire de roues maison, les Kovee RSL, nous ont paru très rigides et donnent l’impression d’être indéformables. Il faut également remarquer qu’elles ne sont pas aidées par la monte de pneus très étroits et peu cramponnés qui se destinent aux terrains très secs et durs.

On pourrait également imaginer doter le SuperCaliber d’un réglage interne de la fourche davantage en adéquation avec la cinématique du vélo et la manière dont celui-ci travaille, pour grappiller encore davantage de performances lors des relances. Dans le même ordre d’idées, nous nous sommes imaginé retirer le blocage au guidon de la fourche étant donné le faible intérêt au vu du peu de pompage du vélo… mais finalement cela pèse tellement peu que l’on aurait sûrement plus à perdre de le retirer plutôt que le contraire.

Verdict :

Développée dans cet esprit et complètement assumée par la marque, la philosophie de ce Trek Supercaliber ne fait pas l’ombre d’un doute : la performance. Rapide, précis, vif, efficace… On se sent voler sur ce châssis qui invite continuellement à pousser fort sur les pédales. Évidemment, il ne s’agit pas là d’un vélo à mettre entre toutes les mains au vu de son côté plutôt exclusif ! C’est une machine qui se pilote avec un certain engagement physique et technique.

Toutefois, il nous faut tempérer nos propos : si la première génération de ce SuperCaliber était peut-être un peu trop exclusive dans sa philosophie et ne pouvait convenir qu’à une faible part d’utilisateurs lambdas, cette seconde génération est parvenue à redresser la barre de manière notable. Avec un débattement arrière porté à 80 mm et une évolution du cadre, ce SuperCaliber 2 a largement plus à offrir pour le commun des mortels. À tel point que l’on a l’impression de retrouver le pilotage d’un tout-suspendu, là où la génération précédente s’apparentait davantage à un semi-rigide. Si certains irréductibles s’accrocheront aux semi -rigides coûte que coûte, ce SuperCaliber a de quoi réellement remettre en question l’intérêt de tel châssis. Nous, on a fait notre choix et il s’avère plus confortable ! Bref, si vous aimez la performance, que vous êtes à la recherche d’un vélo capable de vous accompagner dans vos sorties, et non le contraire… le SuperCaliber est un choix de première liste ! 

Trek SuperCaliber SLR 9.9 XX AXS

11 499 €

9,45 kg (sans pédales, en tubeless)

  • Identité propre avec son look bien à lui
  • Excellent rapport poids/rigidité
  • Transfert de puissance et efficacité dignes d'un hardtail
  • Grip de la roue arrière impressionnant, notamment en montée technique
  • Prix élitiste
  • Châssis à ne pas mettre dans toutes les mains
  • Roues très (trop ?) rigides
  • /

Évaluation des testeurs

  • Prix d'excellence
  • Coup de coeur
  • Rapport qualité / prix

ParAdrien Protano