Test | Rose Root Miller 2 : 150mm, tarif serré, potentiel élevé !

Par Olivier Béart -

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Test | Rose Root Miller 2 : 150mm, tarif serré, potentiel élevé !

Rose est un des gros acteurs de la vente internet en Allemagne. De plus en plus, la marque commence à être connue hors des frontières germaniques grâce à des modèles alléchants non plus uniquement pour leur tarif attractif, mais aussi simplement par leur fiche technique et leurs qualités intrinsèques. C’est le cas du Rose Root Miller 2, un tout suspendu alu, 29″, avec 150mm de débattement proposé autour de 2500€. Bonne affaire ? Pour le savoir, Vojo l’a testé :

Rose est basé dans le nord-ouest de l’Allemagne, à Bocholt, où sont développés et assemblés tous les vélos de la maison. Gros magasin de vente par correspondance de pièces et d’équipements vélo à la base, Rose s’est lancé depuis plusieurs années dans les vélos complets avec sa propre marque. Sans grande originalité au début, les vélos Rose se distinguaient surtout pour leurs prix serrés.

En VTT, c’était un peu le cas du précédent Root Miller, que nous avions testé également et qui était ressorti comme un très bon VTT à tout faire, au très bon rapport qualité/prix, mais manquant franchement d’âme. Depuis quelques saisons, on sent néanmoins que Rose a pris un virage important afin de faire de l’achat de ses vélos non pas juste un acte de raison, mais de passion.

Ce tournant, nous l’avons senti avec le Pikes Peak, un all-mountain/enduro carbone modulable qui nous a vraiment surpris par son tempérament. C’est aussi le cas du Thrill Hill, leur nouveau XC plein de caractère. Nous étions donc impatients de voir ce que le nouveau Root Miller a dans le ventre, et de voir si malgré ses tarifs très serrés (de 1999 à 3399€ selon les versions), il parvient à offrir des performances à la hauteur et ce petit supplément d’âme qui manquait à son prédécesseur.

Châssis

Pour son « broyeur de racines » (traduction littérale du nom de ce Rose Root Miller), la marque allemande est demeurée fidèle à un cadre en aluminium afin de rester dans des budgets contenus. On a tout de même droit à des tubes aux formes et aux sections travaillées, surtout au niveau du triangle avant.

L’arrière est plus simple, mais l’imposante biellette qui assure la liaison avec l’amortisseur donne une petite signature visuelle agréable. L’ensemble n’est pas d’une grande originalité, mais l’exécution est parfaite et la finition de l’ensemble très belle, que ce soit au niveau des soudures ou de la peinture qui ose des tons soit flashy, soit très neutres, mais bien tendance. Durant notre test, qui a tout de même duré 4 mois, la finition s’est montrée solide et de gros progrès semblent avoir été faits sur la qualité de la peinture par rapport à la précédente version. Attention simplement aux chaussures qui frottent sur les haubans, assez larges.

Roulements de dimensions généreuses, protections intégrées au niveau de la base et du hauban gauche ainsi que sous le tube diagonal, passage de gaines interne soigné : on voit que Rose porte une certaine attention aux détails et, où qu’on regarde, on n’a jamais l’impression d’avoir un VTT au rabais. Petit point tout de même au niveau du passage des gaines : s’il est bien pensé au niveau facilité d’entretien avec un trou de sortie de bonne dimension derrière le boîtier de pédalier qui permet de réaliser avec aisance les opérations de maintenance, les gaines et la durit de frein ne sont pas en tension dans le cadre et elles ont donc tendance à être sonores. Mais Rose ayant eu quelques soucis de gaines et de durits abîmées sur les premiers cadres, la sortie a été revue depuis et ce souci aurait été corrigé ou au moins atténué du même coup. Nous n’avons par contre pas pu le vérifier, et nous nous devions de vous relater notre expérience par souci de transparence. Des solutions, comme mettre une petite mousse autour de ses gaines, existent néanmoins pour éliminer le bruit.

Géométrie

Rien de révolutionnaire ici, mais des valeurs tout à fait dans l’air du temps pour un vélo de ce type. Reach juste en dessous des 450mm en taille M, potence bien courte, angle de tube de selle redressé mais pas trop, angle de direction à 66° et bases de 442mm sont les valeurs d’un vélo qui joue la carte du compromis et de l’équilibre pour un usage allant de la rando montagnarde technique jusqu’aux portes de l’enduro, voire même un poil plus.

Suspensions

Le Rose Root Miller offre 150mm de débattement à l’avant comme à l’arrière. Au niveau du châssis, c’est une très classique suspension 4 Bar Linkage qui a été retenue, montée avec un amortisseur en 60mm de course (voir notre lexique pour plus d’explications). C’est du connu et de l’éprouvé, mais ce n’est pas pour rien si cela fait toujours partie aujourd’hui des cinématiques de suspensions les plus utilisées. Quand on veut du bon sans exploser les budgets en R&D, c’est un choix cohérent.

Ici, Rose semble avoir voulu ménager la chèvre et le chou, en ayant une suspension qui ne va pas sacrifier son efficacité au pédalage sur l’autel de l’onctuosité sur les impacts et dans les parties descendantes. Sur notre modèle d’essai, l’amortisseur est un RockShox Super Deluxe Select+ RT avec blocage, mais le Rose Root Miller 3 haut de gamme est monté avec un amortisseur Fox DPX2 Factory. Dans tous les cas, il s’agit d’amortisseurs à air avec réservoir externe, situés entre les petits amortisseurs « inline » (sans réservoir) et les modèles clairement orientés enduro/DH comme un X2 chez Fox.

A l’avant, on trouve une RockShox Pike Select+, qui montre aussi que Rose a voulu jouer la carte du compromis entre poids, prix et débattement en n’allant pas vers une Lyrik. La Pike montée ici dispose déjà de l’excellente cartouche Charger 2 qui lui donne un comportement fort proche de celui de la Lyrik tout en ayant un châssis un peu plus léger et tolérant qui colle bien à la cible de ce vélo. Le Root Miller 1 le plus accessible est quant à lui monté avec une RockShox 35 que nous savons par expérience moins qualitative en hydraulique et plus vite dépassée. L’upgrade vers le Root Miller 2 vaut donc selon nous vraiment la peine. Sur le montage « 3 », on trouve une Fox 36 Factory avec cartouche Fit4 qui montre aussi que Rose a voulu conserver un côté « trail » à son vélo, plutôt que de viser le côté performances en descentes avec une F36 dotée de la cartouche Grip2 plus efficace mais aussi plus onéreuse et pointue à régler.

Equipements

Comme souvent avec les marques allemandes, on est plutôt très bien servi par rapport au tarif, qui est de 2599€ pour notre Rose Root Miller 2 milieu de gamme. Au-delà des suspensions que nous venons de détailler, on retiendra la présence d’un groupe Sram GX complet sur notre modèle d’essai. Depuis, Rose a procédé à quelques ajustements et le RM 2 est désormais monté en Shimano SLX/XT 12 vitesses, alors que c’est maintenant le RM 3 à 3399€ qui est équipé du nouveau groupe Sram GX et de sa cassette 10/52 ; ainsi que d’un pédalier Descendant en carbone. A noter aussi que, si on le souhaite, tout est prévu pour le mettre en pédalier double et monter un dérailleur avant…

Les roues 29″ sont des DT Swiss M1900 Spline, l’entrée de gamme de la marque, mais qui disposent de jantes en 30mm de large, bien adaptées à ce type de machine. Rien de fou à attendre de ce côté, mais on a l’assurance d’avoir une paire de roues neutre et fiable qu’on pourra garder longtemps ou upgrader si on souhaite booster un peu tant le rendement de son bike que sa vivacité dans les changements d’appui et sa précision en descente.

Les pneus sont de classiques Maxxis Minion DHR2 en carcasse Exo et section de 2.3. Ils font le job dans le cadre d’un usage modéré et polyvalent, mais si on engage un peu ou si on habite dans une région au sol agressif, il faudra sans aucun doute rapidement passer sur des carcasses plus renforcées, comme l’Exo+ chez Maxxis. A noter que le cadre et la fourche acceptent des pneus jusque 2.6 de section, et cela peut aussi être une bonne idée de profiter d’un changement pour passer sur des pneus plus gros, par exemple en 2.5, voire en 2.6. Nous y reviendrons.

Les freins sont les excellents et très puissants Formula Cura. C’est agréable et peu courant de les voir, mais c’est toujours un plaisir. Ils demandent un peu de temps pour être parfaitement réglés et d’habitude pour parvenir à bien moduler leur puissance, mais ce sont des freins qui semblent inépuisables et qui ne demandent que peu de force au niveau du levier pour ralentir de manière très franche.

Le poste de pilotage est signé de la marque maison « Level Nine », qui fait bien le job au niveau ergonomie et qui offre une rigidité bien dosée, même si on aurait pu craindre que la potence à l’aspect chétif n’arrive pas à bien maintenir le cintre de 800mm. Ce qui n’est heureusement pas le cas. Bon point pour les grips Ergon, que nous apprécions toujours beaucoup et qui sont une belle petite plus-value sur un vélo de ce tarif.

Enfin, la tige de selle maison est discrète et n’a rien d’original, mais elle fonctionne à merveille et la commande au guidon est agréable à utiliser malgré son aspect très brut. Elle dispose de 150mm de débattement, ce qui est correct sur un vélo en taille M, mais on aurait bien apprécié une version en 170mm de débattement, surtout sur les tailles supérieures.

L’ensemble est annoncé à 14,1kg ; un poids que nous avons pu vérifier sur notre balance à quelques grammes près. Le Root Miller est disponible directement sur le site Web de Rose mais n’hésitez pas non plus à contacter Bike & Test qui joue le rôle d’intermédiaire pour la marque. Même si les commandes se font en direct, vous disposerez d’un intermédiaire francophone en cas de question et l’enseigne dispose de vélos de test en région parisienne.

Rose Root Miller 2 : le test terrain

Simple de conception, le Root Miller est aussi simple à régler. 30% de SAG dans l’amortisseur arrière, les pressions recommandées dans la fourche (avec juste un ou deux volume spacers dans la chambre d’air en plus des deux montés d’origine pour éviter de talonner trop vite ou de devoir surgonfler) et c’est parti pour attaquer sur les sentiers. La position est équilibrée et on se sent d’emblée très bien sur le vélo.

On perçoit assez rapidement que le cadre est nettement plus rigide latéralement que son prédécesseur. On est passé d’un vélo long, hyper tolérant et facile à une machine beaucoup plus précise et vivante. Pour autant, il n’en devient pas vraiment trop pointu ni élitiste, mais ce n’est plus juste un bon gros vélo de rando : le Root Miller s’est transformé en petite machine à plaisir et ce n’est pas pour nous déplaire.

Alors qu’il avait un petit côté « vélo de papy » avant, on est ici davantage sur un vélo qu’on imagine pour une clientèle jeune qui a envie d’un bon full suspendu pour faire un peu de tout et surtout pour s’amuser en descente, sans pour autant se ruiner. Tant la suspension que le comportement du châssis et la géométrie invitent à un pilotage très dynamique et à utiliser n’importe quel prétexte pour s’envoyer un petit jump.

A l’avant, la fourche RockShox Pike nous a paru parfaite, même si on imagine qu’une fourche en 160mm de débattement ne ferait pas tache sur le Root Miller. Ça tombe bien, on peut le faire sur la Pike montée d’origine ! Nous n’avons pas testé mais nous sommes convaincus que cela ne peut qu’être sympa. A l’arrière nous aurions aimé un peu plus d’onctuosité sur les petits chocs de la part du Super Deluxe. Un petit tuning devrait permettre de régler cela et de mieux s’accorder avec l’avant. Néanmoins, on est dans le détail et la cinématique semble bien maîtrisée.

Cela se remarque aussi au niveau du comportement au pédalage : la suspension reste très neutre et il n’y a pas réellement besoin de jouer avec le levier de blocage même dans les longues ascensions et sur les portions roulantes. Malgré ses 14kg et des roues pas vraiment haut de gamme, le Rose Root Miller fait preuve d’un beau dynamisme dans les relances et permet de rouler facilement à une vitesse constante et soutenue sur le plat.

On sent que la base est saine et elle donne envie de faire évoluer le vélo. Ce que nous avons fait en montant une paire de roues plus haut de gamme ; des Santa Cruz Reserve Carbon en 27mm de large. Plus légères, plus élastiques et dynamiques, ces roues ont permis de magnifier l’ADN joueur du vélo et de le rendre encore plus agréable à piloter. Bon, ces roues doublent quasiment le prix du vélo, mais plutôt que de prendre la version à 3400€ ou un autre vélo à plus de 4000€ avec un cadre carbone mais un équipement moyen, le choix d’un Root Miller avec une super paire de roues nous semble vraiment intéressant.

Autre changement qui nous a aidé à mieux profiter des charmes du Root Miller : les pneus. En passant sur des Schwalbe Nobby Nic et Big Betty en 2.6″ de section, nous n’avons pas beaucoup perdu en rendement, mais nous avons gagné énormément en confiance sur terrain chaotique. Le nouveau cadre étant assez rigide et exigeant pour un alu, le montage de plus gros pneus a permis d’obtenir un vélo moins sensible aux petites vibrations, plus homogène et mieux balancé qu’à l’origine.

Conclusion

C’est désormais clair : Rose ne fait plus juste des vélos intéressants pour leur prix, mais des vélos intéressants tout court et qu’on va acheter pour leur caractère. Du caractère, justement, ce nouveau Rose Root Miller n’en manque pas. Facile au pédalage, il révèle un comportement extrêmement joueur et vif en descente. Moins accessible, sans être non plus trop exclusif, il ne s’adresse plus à la même cible que son prédécesseur. Si vous cherchez un bon vélo de rando confortable et polyvalent, c’est vers le Ground Control qu’il faudra désormais vous tourner. Maintenant, le Root Miller est un petit jouet all-mountain pour les régions à grand dénivelé ou même un petit enduro plaisir pour des reliefs de moyenne montagne ou constitués de pentes raides mais courtes comme dans les Ardennes. Au prix auquel il est proposé, c’est une véritable affaire, qui laissera du budget pour envisager de le faire évoluer par la suite. 

Rose Root Miller 2

2599€

14,1kg(sans pédales)

  • Tempérament joueur et amusant en descente
  • Rendement au pédalage très correct
  • Excellente base qui pourra évoluer par la suite
  • Bruit des gaines dans le cadre
  • Plus exigeant que par le passé
  • RAS

Évaluation des testeurs

  • Prix d'excellence
  • Coup de coeur
  • Rapport qualité / prix

ParOlivier Béart