Prise en main | En visite chez Bike & Test pour rouler le Rose Pikes Peak

Par Olivier Béart -

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Prise en main | En visite chez Bike & Test pour rouler le Rose Pikes Peak

Rose est un des grands acteurs allemands de la vente en ligne. Mais comme c’est toujours bon de voir, toucher et même pouvoir rouler le vélo de ses rêves avant de l’acheter, la marque s’est associée à Bike&Test en France pour offrir ce type de service à ses clients. Nous avons profité d’un passage en région parisienne cet été pour aller y faire un tour et réaliser une petite prise en main du Rose Pikes Peak en version Enduro Race.

Sur place, nous sommes accueillis par Florian Lecuyer, le maître des lieux, et par son équipe. Direction le premier étage pour rentrer dans l’univers Rose, après être passé par la partie magasin où on trouve des vêtements, accessoires et les autres marques du shop.

Ici, nous avions déjà une idée assez précise de ce que nous voulions tester, mais si ce n’est pas le cas, Florian peut vous guider à travers les modèles de la marque et vous montrer les configurations possibles sur le site de Rose. Car les Allemands se distinguent en proposant de très nombreuses options sur leurs vélos et il est possible de s’écarter très fort de la configuration de base si on le souhaite, ou juste de changer l’un ou l’autre composant (freins, pneus,…) avec ou sans supplément selon ses choix et le modèle de base sélectionné.

Une fois notre vélo de test sélectionné, Florian procède aux réglages et on peut partir rouler ! Le terrain de jeu est tout proche, dans les bois de Maurepas situés à 5 minutes à peine à la pédale, et il est magnifique. Il n’y a pas énormément de dénivelé, mais de très belles pistes de tous niveaux, dont certaines assez engagées avec de jolis sauts, ont été tracées par les locaux et il y a vraiment de quoi se faire plaisir ainsi que réaliser une bonne première prise en main d’un vélo. Mais avant de partir rouler, attardons-nous un peu sur ce Rose Pikes Peak Enduro sur lequel nous avons jeté notre dévolu.

Rose Pikes Peak 4 EN : en statique

Le Rose Pikes Peak est un vélo atypique qui offre plusieurs visages. Tout d’abord, dans la gamme de la marque, on le retrouve dans deux configurations. Le châssis est identique, mais il existe en version Trail avec 150mm de débattement et en 160 avant/165 arrière en version Enduro qui se pare d’une plus grosse fourche et d’un amortisseur à course plus longue. C’est cette dernière version, plus musclée, que nous avons choisi de tester.

Rose définit son Pikes Peak comme  » a trail chameleon in enduro clothing » (littéralement, un caméléon des sentiers dans des habits d’enduro), et c’est surtout grâce à son original système Progeo qu’on peut dire que ces mots collent bien à la réalité. Mais de quoi s’agit-il ? Le Progeo, pour “progression” et “géométrie”, est un système d’excentrique situé au niveau de la partie basse de l’amortisseur, qui permet de jouer sur la courbe d’amortissement du vélo et sur son comportement général.

Avec une simple clé Allen, il est possible de choisir très facilement parmi quatre positions.  Les modes “steep” ou “slack” influencent l’angle de direction, l’angle du tube de selle (1° de variation) et la hauteur du boîtier de pédalier (12mm de variation), et sont associés aux positions “low”, “mid” ou “high” qui concernent la gestion des chocs. On obtient ainsi quatre combinaisons, adaptées aux montées délicates, aux descentes rapides et fluides, aux trails techniques et sinueux ou encore aux descentes ponctuées de gros drops qui exigent une fin de course peu sensible au talonnement. Nous verrons plus loin ce que ça donne sur le terrain, mais on peut d’ores et déjà vous dire que la manœuvre est très facile à effectuer et ne prend réellement que quelques secondes sans qu’il y ait de risque de perdre la moindre pièce.

Au niveau de la géométrie, le Pikes Peak se montre très contemporain et on peut même dire qu’il taille assez grand avec un reach de 445/455 en taille M (selon position du Progeo), le tout combiné à une potence très petite, en 32mm de long seulement. Les bases sont courtes avec 430mm, l’angle de direction bien couché (65,6° en mode low, 66,5 en high) et le tube de selle assez redressé pour garder de bonnes facultés au pédalage (74/75°).

Le cadre du Rose Pikes Peak est très soigné et surtout, entièrement en carbone, ce qui est rare sur ce type de machine. Habituellement, les bases ou la biellette restent en alu, mais ici, la marque a poussé le travail jusqu’au bout et a voulu jouer la carte de la légèreté, puisque le châssis nu est annoncé à moins de 2400g (sans amortisseur).

Parmi les détails qui attirent l’œil, il y a notamment cet important arceau de renfort entre les haubans, le fait que le cadre accepte sans souci un grand bidon même s’il est très sloping, et aussi la présence d’axes surdimensionnés au niveau de tous les points de pivot, ainsi que le fait qu’ils se (dé)montent au moyen d’un simple outil pour cassette. Bien vu !

La tendance est au 29 pouces, mais le Rose Pikes Peak reste en 27,5″, et cela lui va plutôt bien. Dans cette version haut de gamme, on bénéficie des excellentes roues DT Swiss 1501 en 30mm de large avec des pneus Schwalbe Magic Mary en gomme Addix soft devant et Hans Dampf Speedgrip derrière.

Pour ce qui est des suspensions, la cinématique est un classique 4 bar linkage, toujours bien efficace et qui jouit en plus de la présence du Progeo spécifique à Rose et dont nous avons déjà parlé. Le Rose Pikes Peak 4 haut de gamme testé ici est équipé en Fox Factory, avec la F36 devant et le Float X2 derrière. Difficile de faire mieux. Quant aux versions plus accessibles, elles sont en RockShox.

Cette version équipée en Sram XO et d’à peu près tout ce qui se fait de mieux reste affichée à un tarif canon de 4599€ ! Pas mal, quand on voit que les modèles haut de gamme de bien d’autres marques dépassent allègrement les 7000€. Le modèle en XT est à 3599€, celui en GX Eagle à 3299€ et 3199€ en SLX. Avec toujours, bien entendu, la possibilité de changer presque chaque équipement grâce au configurateur, si on souhaite améliorer certains postes. A noter que, pour 2019, peu de choses changent sur la version que nous avons testée, mis à part la couleur verte qui est remplacée par du rouge/orange et quelques changements de périphériques.

Rose Pikes Peak 4 EN : sur le terrain

Nous n’avons que deux bonnes heures devant nous, ce qui est court, mais Florian connaît les trails comme sa poche et il nous emmène directement dans les endroit les plus intéressants pour éviter de perdre du temps. Nous n’allons par contre pas vous raconter que nous avons fait un vrai test du vélo au sens où nous l’entendons chez Vojo (4 à 6 semaines sur nos trails, 3 testeurs minimum, etc), mais cette première approche nous a tout de même permis de bien saisir quelques traits de caractère du Rose Pikes Peak et de voir que c’est une machine plus que prometteuse !

Ce qui ressort en premier lieu, c’est la facilité avec laquelle le vélo se prend en main. Malgré sa géométrie, si pas radicale, au moins assez typée, on comprend immédiatement le mode d’emploi pour bien attaquer dans les sentiers. Sa maniabilité est démoniaque, même en position low/slack (la plus radicale) sur le Progeo, et c’est un vrai jouet pour s’envoyer en l’air sur les sauts. Il donne la banane, et c’est déjà pas mal pour un début.

Dans les quelques sections un peu plus défoncées, sa suspension colle la roue au sol et absorbe tout sur son passage, donnant au vélo une grande stabilité. On se sent en confiance et, quand on a moins envie de jouer mais plus d’attaquer ou de rouler plus fluide, il répond également bien présent. On se prend aussi au jeu de passer le Progeo dans la position complètement opposée (steep en géo et high en progressivité) et le résultat est directement perceptible. Le Pikes Peak reste le Pikes Peak, mais c’est assez bluffant de voir la différence. Cela lui donne plus un comportement de trailbike à gros débattement, alors qu’avant on était bien en présence d’un gros enduro.

Sur les pistes assez lisses mais rapides et par moments engagées, le compromis de la géométrie slack (couchée) et de la suspension en mode intermédiaire nous semble le plus intéressant pour profiter de toutes les qualités du vélo. Pour bien faire, il faudrait revoir légèrement les réglages de l’amortisseur (quelques clics en rebond et compression, mais pas la pression), mais nous n’en avions hélas pas le temps et le vélo reste très cohérent sans chipoter aux molettes de réglages du X2 lorsqu’on passe d’une position à l’autre sur le Progeo.

Verdict

Alors que le Rose Root Miller 29″ que nous avions testé par le passé nous avait donné l’impression d’un gros nounours efficace mais placide, ici, c’est tout l’inverse. Le Pikes Peak apparait comme un vélo pétillant, à la personnalité affirmée mais qui reste facile à prendre en main. Son système Progeo est une belle trouvaille, qui permet d’affirmer plus ou moins certains traits de caractère du vélo selon le terrain sur lequel on roule. Et comme sa manipulation est facile, on n’hésitera jamais à s’en servir. Enfin, malgré toutes ses qualités sur le terrain, son équipement luxueux et son cadre carbone très bien fini, il a le bon goût de rester très accessible. Le Pikes Peak marque vraiment la montée de Rose un cran plus haut dans la réalisation de ses vélos et, après cette belle première prise en main, on a hâte de voir ce que la marque nous réserve dans d’autres disciplines, comme le XC.

Plus d’infos : https://www.rosebikes.com/bikes/mtb/endurohttps://www.bikeandtest.fr

ParOlivier Béart