Pimp my bike | Le Specialized Levo Vojo pour les premiers worlds e-bike

Par Olivier Béart -

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Pimp my bike | Le Specialized Levo Vojo pour les premiers worlds e-bike

Votre serviteur aura l’honneur de représenter la Belgique lors des premier championnat du monde e-bike de l’histoire au Mont-Ste-Anne. Sans ambition face à de nombreuses grandes stars, mais avec beaucoup de curiosité et l’envie de vous raconter cette aventure d’un nouveau genre, cette participation mondiale est aussi une bonne occasion de se monter un beau vélo. Notre e-bike de rêve, où chaque pièce a été soigneusement sélectionnée et testée avant d’être validée. Histoire de vous donner quelques idées et de vous faire rêver un peu, voici la présentation du Specialized Levo qui nous accompagnera au Canada !

Puis, avouons-le, cette participation au premier championnat du monde e-mountainbike (qui se fait pour cette première édition sur candidature et non sur base de critères de sélection comme dans les autres épreuves officielles), ainsi qu’à quelques autres belles épreuves du calendrier, a aussi été une belle excuse pour Olivier Béart, co-fondateur de Vojo et fan assumé de beau matos… de se monter un VTT électrique de rêve ! A la première personne, je vais vous expliquer mes choix, tout aussi subjectifs que réfléchis et assumés.

La base : un Specialized Turbo Levo Comp Carbon

Vous ne m’entendrez pas dire que le Specialized Levo est le meilleur e-bike de la terre, cela n’aurait pas de sens et cela dépend de la pratique et des goûts de chacun. Par contre, c’est assurément une des références du marché et une machine particulièrement aboutie et homogène qui, selon moi, colle bien à un usage sportif et polyvalent. Vous pouvez en apprendre plus sur la version d’origine dans notre test-match où nous l’avons opposé au BH AtomX Carbon : https://www.vojomag.com/test-match-electrique-specialized-levo-fsr-carbon-vs-bh-atomx-carbon-le-combat-des-chefs/

Je n’ai pas opté pour le S-Works tout haut de gamme et très onéreux, préférant plutôt me baser sur un montage Comp Carbon que j’ai pu personnaliser. Le cadre Comp Carbon est identique à l’expert et son arrière en alu (carbone sur le S-Works) ne fait pas de réelle différence sur le terrain. Ce modèle Comp était aussi disponible beaucoup plus rapidement que l’Expert qui a connu un énorme succès. Et surtout, le moteur est le même et j’apprécie beaucoup ce nouveau Brose S-Mag aussi souple et disponible que puissant et performant.

Seul hic sur le Specialized Levo Comp Carbon 2019 : il est équipé d’origine d’une batterie de 500Wh contre 700Wh pour l’Expert et le S-Works. Mais, si j’ai pu avoir aussi une batterie de 700Wh en prêt en parallèle, je me suis vite rendu compte que l’autonomie avec la 500Wh était déjà excellente, me permettant de faire des sorties avec près de 1500m de d+ et quasi 50km sans souci alors qu’habituellement je reste calé à 35km et 1000/1200m de d+ avec d’autres vélos en 500Wh. Point non négligeable : la 500Wh est 700g plus légère que sa grande sœur. Sur des épreuves courtes comme les championnats du monde (1h30 à 2h maxi), autant ne pas trop se charger…

Les suspensions

D’origine, le Specialized Levo Comp Carbon est équipé en suspensions Fox Performance. Disons que cela fonctionne plutôt pas mal, mais la fourche F34 performance Grip reste assez basique et surtout lourde. Il y a donc un gros potentiel de gain de poids à ce niveau et aussi de gain d’efficacité en passant sur un modèle plus haut de gamme. L’idée étant de se monter un Levo typé « XC hard » et pas une machine d’enduro, c’est la RockShox Pike Ultimate MY20 qui a été retenue. Son comportement se rapproche très fort de l’excellente Lyrik 2020 (voir notre test ici) mais dans un package plus léger qu’une fourche d’enduro race.

Ne pesant que 1830g sur la balance, elle permet de gagner près de 200g par rapport au modèle d’origine. Le débattement de 150mm a été conservé car d’une part le vélo a été conçu pour cela, et d’autre part il faut bien cela pour encaisser un usage engagé avec un VTTAE, sans même parler d’enduro mais juste de bien s’en sortir sur terrains techniques et quand on veut pousser un peu la machine ainsi que le pilote.

L’amortisseur d’origine est resté longtemps sur le vélo, mais en prévision des championnats du monde, il a fait place à un RockShox identique à celui du modèle Expert et dont le comportement est, selon moi, plus adapté au Levo. Le débattement de 150mm reste inchangé mais le Fox a une petite dureté en début de course qui fait ressentir plus de vibrations en roulant que sur le RockShox, et il suit moins bien sur les successions de chocs. Nous avons aussi rencontré un souci de levier de blocage sur le Fox, qui commençait à avoir tendance à ne plus rester en place et à se bloquer/débloquer tout seul sur terrain chaotique.

Le train roulant

Les roues d’origine sont sans conteste le gros point faible du Specialized Levo Carbon Comp. Pas très rigides, inertes, elles brident le vélo et nécessitaient un upgrade d’urgence. Vu la destination du vélo, j’ai pensé assez vite à des roues carbone pour le rapport poids/rigidité. J’aurais pu opter pour des DT Swiss, dont une version spécifique VAE existe, ou encore pour les excellentes Roval carbone qui équipent le Levo S-Works, mais j’ai eu un véritable coup de cœur pour les nouvelles Zipp 3ZeroMoto.

Avec leur jante ultra-plate tout à fait particulière (voir notre présentation complète pour plus d’infos), elles offrent ce que la marque appelle un « effet cheville », à savoir une capacité des côtés de la jante à se déformer pour mieux épouser les reliefs du sol ou les dévers. Et ça marche ! Encore plus sur un VAE que sur un VTT classique d’ailleurs ! Et, grâce à l’assistance, on ne sent plus leur seul défaut qui est une certaine inertie due à leur poids (1900g la paire). A mes yeux, ce sont sans doute les meilleures roues du moment pour un VTT électrique. Vous retrouverez bientôt notre test complet !

Côté pneus, j’aime beaucoup les Specialized Butcher 2.6 » d’origine, mais j’ai connu quelques crevaisons en leur compagnie et leur section généreuse est plus orientée vers un usage polyvalent que performant. J’ai donc monté des Vittoria Martello trail en 29×2.35 ». Ils ne sont pas légers (1kg pièce) mais ils sont très solides et dotés d’une gomme Graphène 2.0 assez bluffante tant elle parvient à marier accroche et rendement. Pile dans le programme ! La section un peu plus fine et leur plus faible résistance au roulement par rapport aux pneus d’origine permettent aussi de gagner un peu en autonomie tout en gardant un grip excellent. A l’intérieur des pneus, j’ai mis uniquement du latex (NoTubes Race) et pas de « boudins » anti-pincement car ceux-ci ne sont pas vraiment nécessaires avec les jantes Zipp, plus « flexibles » et donc plus capables d’encaisser les impacts sans abîmer le pneu par rapport à des modèles traditionnels.

La transmission

Ici, pas de fioritures, tout est d’origine ou presque. Toute la gamme Specialized Levo 2019 reste en 11 vitesses et cela me semble un bon choix pour la simplicité et la fiabilité. Jamais je ne me suis senti limité par le pignon de 42 dents grâce à l’assistance, et la fiabilité est démontrée. Le dérailleur Sram GX d’origine reste sur le vélo, tout comme sa commande spécifique ebike qui ne permet pas la montée des rapports à la volée, mais un seul à la fois. Ce qui évite de trop torturer la chaîne, mais qui ne fait finalement pas vraiment perdre en performances.

Seule la cassette GX d’origine a été changée pour une XX1 nettement plus légère. Le pédalier Praxxis d’origine n’a pas été changé. Il aurait pu être remplacé par un modèle avec des manivelles en carbone, mais cela aurait juste été pour le luxe. L’important c’est d’avoir des manivelles courtes pour ne pas taper lorsqu’on pédale (et on le fait à plus d’endroits « improbables » en électrique qu’avec un VTT classique), et les Praxxis d’origine sont en 165mm donc c’est parfait.

Le freinage

D’origine le Specialized Levo Carbon Comp est équipe de freins Sram Guide RE. Il s’agit d’un modèle spécifique VAE doté de leviers Guide de première génération et des étriers massifs et puissants des anciens Code. Ils freinent bien mais manquent de subtilité à mon goût et je disposais de superbes Sram Code RSC avec, cerise sur le gâteau, des leviers personnalisés. Quand on peut gagner en performance et en efficacité avec, en prime, un petit détail sympa, autant ne pas se priver…

Le disque avant en 200mm a été conservé, mais j’ai passé l’arrière en 180mm pour gagner un peu de poids (disque plus petit et donc plus léger mais aussi un adaptateur en moins grâce au montage de l’étrier en direct sur le cadre). Vu l’usage du vélo et mon poids (75kg), c’est largement suffisant.

Accessoires

Au niveau du poste de pilotage, si la potence d’origine reste, le cintre (un peu trop) relevé d’origine a été changé au profit d’un modèle plat. Cependant, le FSA K-Force reste large (780mm) et solide. Le poste de pilotage ainsi abaissé donne une position plus racing et XC au Levo, sans verser dans les extrêmes.

Les grips d’origine ont cédé la place à des modèles en silicone que j’apprécie beaucoup pour leur rapport poids/confort/accroche. Il s’agit ici de Suppacaz Silicone en 32mm de diamètre. Dans le tube de direction, le multi-outil Swat a été installé pour toujours disposer de quoi réparer sur le terrain, ainsi qu’un support GPS K-Edge pour avoir sous le nez les infos utiles (comme la distance) lors de certaines sorties ou épreuves où il faut gérer la batterie. Mais j’aime aussi rouler le Levo sans aucun compteur GPS et j’aime son minimalisme à ce niveau avec le simple petit display d’origine sur le tube supérieur.

Au niveau de l’assise, la tige de selle X-Fusion Manic d’origine restera sur le vélo. Elle fait bien le job et elle se montre fiable, mais il y a aussi une raison pratique : le Levo a un tube de selle en diamètre 34,9mm ! Il existe encore peu de tiges dans ce diamètre, et la RockShox Reverb AXS dont nous disposons à l’essai est en 31,6. Il existe des adaptateurs, mais nous n’en avions pas sous la main et finalement, le modèle d’origine donne satisfaction. Au niveau de la selle, la Specialized Phenom Comp d’origine a été remplacée par la Specialized Power qui est ma préférée quand il est question d’enchaîner les heures de selle car je n’ai jamais la moindre douleur avec elle. Et comme j’ai fait les 24h des Crapauds en solo avec ce vélo… vous comprenez que c’était important !

Enfin, dernier détail qui a son importance : le Levo accepte un porte-bidon ! Ce n’est pas le cas de tous les VAE et sur une course en circuit ou même en format raid, c’est un petit plus non négligeable.

Au final, notre version pèse 20,2kg sans pédales (mais avec porte-bidon et outil Swat) en batterie de 500Wh.

A l’heure d’écrire ces lignes, ce vélo a déjà participé à une manche World Ebike Series (WES) à Monaco (podium sur le XC), aux 24h des Crapauds (avec à la clé la victoire en catégorie e-bike solo avec plus de 250km au compteur) et près de 1500km accumulés sur des terrains très variés. Voilà qui a permis de valider le montage et d’éprouver le châssis du Specialized Levo qui n’a, jusqu’ici, montré aucune faiblesse si ce n’est l’apparition d’un léger craquement au niveau des manivelles, assez vite résolu suite à un bon nettoyage et à un remontage des attaches du moteur avec de la pâte de montage. Et maintenant, direction le Canada pour les Mondiaux ! Une aventure que je vous raconterai bien entendu sur Vojo !

ParOlivier Béart