Test nouveauté | Hutchinson Touareg : un pneu gravel polyvalent, accessible et fabriqué en France

Par Léo Kervran -

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Test nouveauté | Hutchinson Touareg : un pneu gravel polyvalent, accessible et fabriqué en France

C’est la surprise du chef ! Quelques semaines après avoir présenté le Kraken pour les pratiques XC/trail, Hutchinson dévoile le Touareg, son nouveau pneu de gravel. Relativement discrète sur ce marché jusqu’ici, la marque française veut proposer avec le Touareg un pneu polyvalent et accessible à tous, qui fait la synthèse de son expertise en VTT et en route. Nous avons pu le découvrir en avant-première, voici nos impressions.

Avec ce nouveau Touareg, Hutchinson souhaite donc proposer un vrai pneu pensé pour le gravel et plus polyvalent que l’Overide. Cette polyvalence s’entend aussi bien du point de vue de ses terrains de prédilection que du point de vue de la variété de cyclistes auxquels il doit convenir. Hutchinson veut en effet offrir un pneu qui satisfera aussi bien les adeptes du voyage à vélo que les compétiteurs ou les pratiquants loisirs.

Chacune de ces communautés a des demandes très différentes (légèreté vs solidité, rendement vs accroche et sécurité) et si on verra ce que ça donne sur le terrain, force est de constater que sur le papier, Hutchinson a fait de son mieux pour satisfaire aux désirs de chacun.

Une bonne partie de la structure est inspirée des pneus de XC, Skeleton et Kraken en tête. Ainsi, les crampons de la bande de roulement, très bas et rapprochés pour offrir un bon rendement, sont orientés en forme de chevrons pour conserver des performances correctes au freinage.

Les crampons intermédiaires sont de taille moyenne et un peu plus espacés pour assurer une transition progressive vers les pavés latéraux, qui reprennent la forme de ceux du Skeleton ou du Kraken, c’est-à-dire qu’ils sont séparés en deux en surface pour offrir plus d’arêtes en contact avec le sol, mais reliés en profondeur pour contrôler leur déformation. Deux duretés de gomme sont au programme, avec du 60 ShA sur la bande de roulement et en support et du 50 ShA plus tendre sur la surface des crampons latéraux et intermédiaires.

En dessous, on retrouve une carcasse haut de gamme 127 tpi, très souple pour avoir un confort et un rendement optimaux. Pour la protection, on retrouve le renfort Hardskin, cette maille qui court d’une tringle à l’autre le long du pneu. Moins efficace que d’autres face aux perforations (mais le préventif est là pour ça), il est en revanche très bon contre les déchirures et préserve mieux la souplesse du pneu qu’un renfort en toile.

Le Touareg sera disponible en version tan wall (flancs beiges, en caoutchouc naturel) ou flancs noirs (teintés et renforcés avec du noir de carbone), la version tan wall étant censée être légèrement plus souple et plus étanche lors du premier montage grâce à l’absence de noir de carbone. Trois tailles sont au programme : 700×40 (490 g), 700×45 (550 g) et 650×47 (585 g). Tous ces modèles sont fabriqués en France dans l’usine de Châlette-sur-Loing et affichés au même tarif de 36,90 €.

Le Hutchinson Touareg sur le terrain

Notre prise en main s’est déroulée sur les sentiers du sud de la France, dans les massifs de l’Etoile et du Garlaban. Hutchinson recommande une pression de départ de 2,5 bars pour 70 kg en 700×40 et après quelques tests en début de sortie, nous nous sommes arrêtés sur 2,3 bars pour 66 kg. Au-delà, on perd sensiblement en confort et en adhérence sur ces pistes caillouteuses tandis que plus bas, on touche un peu trop souvent la jante en descente. Sur ces petites sections, 0,2 bars font une grande différence et il faut donc être prudent lorsqu’on joue avec les pressions. Avec un pilotage plus fin et sage ou sur des terrains plus doux, on pourra cependant envisager de descendre jusqu’à 1,8-1,9 bar.

Notre vélo de test est un Scott Addict Gravel 30, directement dérivé de la version cyclocross et pas réputé pour être le vélo de gravel le plus confortable qui soit. Tant mieux, ça nous permettra de mieux sentir le travail des pneus ! En montée et sur le plat, la souplesse de la carcasse fait son travail et le Touareg filtre toutes les petites irrégularités du terrain. Plus on descend en pression (merci le montage tubeless), plus c’est sensible. Il est difficile de parler de rendement sur ces pistes recouvertes de gravillons mais côté adhérence, le pneu s’en sort plutôt bien. Avec notre pression de 2,3 bars, il faut faire un peu attention au positionnement de son poids pour ne pas patiner lors des relances en danseuse mais cela n’a rien de surprenant et dès qu’on revient sur du sol plus dur et compact, on retrouve un très bon grip.

Au moment de basculer dans la descente, on ne savait pas trop à quoi s’attendre. Notre seule expérience avec des « vrais » pneus gravel jusque-là (comprendre autre chose que des pneus de cyclocross), ce sont les Schwalbe G-One Allround qui équipaient notre vélo lors de notre découverte de Tweed Valley. Ils ne nous avaient pas laissé un excellent souvenir et en statique, le Touareg n’est pas plus impressionnant avec ses petits crampons rapprochés qui paraissent franchement sous-dimensionnés quand on vient du VTT.

Très vite, nos doutes sont balayés et on se rend compte qu’on peut vraiment rouler vite avec ce pneu. Sur un terrain difficile et glissant (mélange de gravillons et de gravier plus gros, quelques dalles), le Touareg parvient à conserver un grip suffisant au freinage malgré ses crampons très bas et rapprochés sur la bande de roulement. Lorsqu’on arrive dans un virage, les crampons latéraux prennent le relais et l’inspiration VTT se fait sentir. On peut mettre de l’angle sans souci (dans la limite permise par le vélo, on n’est pas sur un VTT), le support est présent et le pneu tient sa ligne.

Une fois qu’on s’est réhabitué à l’absence de tige de selle télescopique et au cintre recourbé, on s’amuse même à arriver fort dans les virages et à jouer avec la glisse pour faire tourner le vélo. Le pneu reste prévisible et on maîtrise facilement ses dérapages. La solidité semble être également au rendez-vous puisque nous n’avons pas crevé malgré un pilotage plutôt engagé et certains passages qui seraient tout à fait à leur place sur un circuit de XC. Dans notre groupe d’une douzaine de journalistes et salariés d’Hutchinson, nous n’avons compté qu’une seule crevaison, très vite bouchée par le liquide préventif.

Un comportement satisfaisant en tout-terrain donc, mais c’est sur route que le Touareg nous a réellement impressionné. Il est silencieux, ne vibre pas et son rendement est surprenant, à tel point qu’on roule sans difficulté à 30-35 km/h. Pour tester ses limites, nous avons poussé le vice jusqu’à l’emmener sur les pentes du col de l’Espigoulier, le plus élevé des Bouches-du-Rhônes avec ses 723 m. Le Touareg s’est tout simplement fait oublier, aussi bien en montée (même si on aurait certainement roulé un peu plus vite avec un vrai pneu de route) qu’en descente, où il s’est montré très stable et sécurisant dans les courbes, bien plus qu’un pneu en 25 mm.

Verdict

Chez Vojo, nous n’avons pas la prétention de nous poser en experts du gravel et dans le domaine des pneumatiques, nous sommes loin d’avoir l’expérience que nous avons en VTT. Notre grille de lecture reste cependant valable et nous avons mis autant de sérieux et d’application dans ce premier essai que pour n’importe quel composant VTT. Ce qui ressort de cette découverte, c’est que la polyvalence mise en avant par Hutchinson n’est pas un vain mot et, s’il existe probablement d’autres pneus au comportement similaire, le Touareg nous a satisfait et a de très bons arguments à faire valoir. Performant en tout-terrain tant qu’on évite la boue, efficace sur la route, pas trop lourd, solide et fabriqué en France, il a tout pour plaire et a en plus le bon goût d’être proposé à un tarif tout à fait honnête. Une réussite !

Plus d’informations : hutchinsontires.com

ParLéo Kervran