Test nouveauté e-bike | Orbea Wild FS : refonte totale

Par Léo Kervran -

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Test nouveauté e-bike | Orbea Wild FS : refonte totale

Lancé fin 2017, l’Orbea Wild FS était le premier tout-suspendu électrique de la marque basque. Il était alors conçu comme un « Occam électrique », autour d’un moteur Shimano et de 140 mm de débattement. Si l’esthétique était discutable, avec une batterie externe intégrée dans le cadre, nous avions pris beaucoup de plaisir à son guidon lors de notre découverte. Depuis, l’Occam a été renouvelé, les fabricants de moteurs ont travaillé leurs solutions d’intégration et les lignes des VTTAE se sont affinées. C’est donc sans grande surprise qu’Orbea présente un nouveau Wild FS, entièrement remodelé. Plus de débattement, nouveau moteur, nouvelle architecture… Tout change, ou presque. Présentation et prise en main sur les sentiers du Pays Basque, en compagnie des ingénieurs de la marque.

Pour cette nouvelle édition du Wild FS, les équipes d’Orbea ont d’abord identifié les points faibles de la première version : vélo court (reach à 425 mm en taille L) et haut (stack à 646 mm, tube de selle à 470 mm), suspension très linéaire, répartition du poids à revoir pour améliorer la stabilité.

Elles sont ensuite reparties d’une feuille blanche, avec un seul objectif en tête : « monter mieux que l’Occam et descendre mieux que le Rallon ». Ambitieux, quand on connaît les capacités de ces vélos…

La conception du vélo a commencé dès novembre 2017, tout juste quelques mois après le début de la commercialisation du Wild FS premier du nom. Les ingénieurs ont réalisé de nombreux prototypes pour évaluer différentes cinématiques, différentes tailles de roues, différentes biellettes ou encore différentes longueurs de manivelles.

L’un des principaux changements sur le vélo concerne la partie électrique. Le Wild FS abandonne le moteur Shimano et se dote du tout nouveau Bosch Performance CX de 4e génération, dévoilé plus tôt cette année (retrouvez notre découverte ici).

En prenant en compte tous les paramètres (performances, autonomie, bruit, ergonomie, réseau de techniciens..), Orbea a jugé que la solution proposée par la marque allemande était la meilleure actuellement sur le marché et l’a donc intégrée à son vélo. Le Wild FS profite ainsi de la nouvelle batterie intégrée 625 Wh, protégée par une coque (carbone ou polymère suivant le niveau de gamme) démontable sans outil.

Pour rendre son vélo encore plus polyvalent, Orbea a fait en sorte qu’on puisse placer une deuxième batterie en externe, sur le tube diagonal. Cette opération peut être faite à la commande du vélo ou plus tard, si la pratique évolue. Le montage en double batterie porte ainsi la capacité totale du vélo à 1125 Wh ! C’est ensuite le logiciel Bosch qui s’occupe de gérer les deux batteries, sans intervention du pilote.

Chose pas si courante sur les VTAE, on peut monter un porte-bidon sur le Wild FS. Lorsque le cadre est modifié pour le montage avec double batterie, ces ports deviennent inaccessibles mais Orbea a pensé à tout. Les ingénieurs ont ainsi prévu une petite plaque à fixer sur le raccord de la batterie externe pour pouvoir monter malgré tout un porte-bidon, en cas de sortie plus courte avec la batterie intégrée uniquement.

La protection moteur est conçue dans un polymère léger et particulièrement résistant, utilisé également pour protéger la batterie sur les modèles moins haut de gamme. Nous avons pu l’avoir en main et le ratio poids/solidité est effectivement assez impressionnant.

Côté fiabilité justement, on remarque que le Wild FS ne dispose pas d’un aimant intégré pour le capteur de vitesse. C’est encore un simple aimant vissé sur un rayon, alors que plusieurs marques (Trek, Scott…) ont développé des systèmes avec un aimant plus stable et mieux protégé, au niveau de la fixation du disque de frein par exemple.

Notre modèle haut de gamme intégrait la commande Kiox, avec des boutons à la main gauche et un affichage déporté au niveau de la potence. Orbea n’étant pas satisfaite des supports d’écran proposés par Bosch, la marque basque a développé le sien. Il est facilement orientable dans 3 positions pour que chacun puisse choisir celle qui lui convient.

Pour terminer cette partie sur le moteur, signalons que la clé qui permet de démonter la batterie se range très discrètement dans le pivot de la fourche. Ainsi, pas de risque de l’oublier ou de la perdre. Le réglage du jeu de direction n’en est pas modifié pour autant, l’étoile prend juste place plus loin dans le pivot. En revanche, elle est maintenant inaccessible avec un simple multi-outils et il faut une clé longue pour pouvoir serrer ou desserrer le jeu de direction.

Côté suspension, grande nouveauté également puisque ce nouveau Wild FS est le premier tout-suspendu Orbea à disposer d’un amortisseur placé verticalement, le long du tube de selle.

Les premières versions envisagées avaient un amortisseur placé sous le tube horizontal, comme tous les Orbea jusque-là, mais la marque basque s’est vite rendu compte que cela posait un problème de place en cas de montage avec la double batterie.

Pour le reste, le Wild FS conserve un point de pivot arrière concentrique à l’axe de roue mais l’étrier de frein migre sur les haubans pour conserver de la sensibilité au freinage, à l’image du Split Pivot de Dave Weagle ou de l’ABP de Trek (plus d’informations sur cette architecture dans notre lexique).

Orbea a également travaillé sur la cinématique de la suspension pour augmenter sa progressivité. La marque a également modifié l’anti-rise dans le même objectif, avec une courbe complètement différente de celle de l’ancien modèle : au lieu de diminuer au cours du débattement, elle augmente pour raffermir progressivement la suspension. Du fait de la présence de l’assistance, les ingénieurs se sont également permis de diminuer légèrement l’anti-squat pour disposer d’un peu plus de grip.

Le débattement change lui aussi, il passe à 160 mm, contre 140 mm auparavant. Orbea offre le choix entre 3 amortisseurs (Fox DHX2 / Float X2 / DPX2) pour que chacun puisse adapter son vélo à sa manière de rouler et à son terrain. La fourche, une Fox 36 ou une Rock Shox en 35 suivant les modèles, suit le même chemin et passe aussi en 160 mm.

La biellette monobloc en carbone permet de gagner près de 150 g par rapport à un modèle en aluminium, tout en offrant un niveau de rigidité satisfaisant. Dans la même optique, les ingénieurs ont dessiné un « pont » de rigidification autour de l’amortisseur, pour ne pas avoir à renforcer exagérément le tube diagonal. Cela permet également de conserver une certaine identité visuelle, en rappelant les renforts des Occam et Rallon.

La géométrie se modernise et rejoint celle des « gros vélos » actuels, sans tomber dans l’extrême. L’angle de direction perd 1,5 ° (65,5°) tandis que l’angle de selle se redresse de 2° (76°). Pour offrir une position de descente plus en phase avec les capacités du vélo, le reach augmente de 25 mm (450 mm en taille L).

Les manivelles s’allongent un peu pour atteindre 160 mm, à la place des 152 mm de l’ancien modèle. Avec des manivelles aussi courtes, Orbea souhaitait avant tout éviter qu’elles touchent le sol à chaque appui mais la marque basque s’est ensuite rendu compte que ce n’était pas forcément la meilleure façon de procéder… Sur ce nouveau Wild FS, on revient donc à des longueurs certes courtes mais tout de même plus conventionnelles et moins perturbantes.

Les roues sont en 29″ uniquement, la solution la plus adaptée à ce vélo d’après les ingénieurs. Le cadre peut accueillir des pneus jusqu’à 2.6 de section. On remarque sur la photo ci-dessus que le protège-base est vissé et que les passages de gaines sont particulièrement étudiés, preuve du soin apporté aux détails par les équipes d’Orbea.

Enfin, du côté des petites astuces intéressantes, la patte de dérailleur est démontable sans outil, il suffit de tirer et tourner une bague. C’est un peu plus facile à dire qu’à faire et il faut un peu d’entraînement pour la démonter du premier coup mais en tout cas, on peut vous assurer qu’elle ne risque pas de se désolidariser toute seule du cadre pendant une sortie. Il s’agit du même principe que sur le nouvel Occam.

Pour protéger le cadre de la fourche en cas de chute, le jeu de direction est un Acros Block Lock, avec butées intégrées. Des bumpers en caoutchouc sont également présents aux endroits sensibles.

Côté équipements, Orbea n’a pas cherché à faire le VAE le plus léger et a privilégié des composants fiables : on retrouve donc sur tous les modèles des freins 4 pistons, des roues DT Swiss E-bike Series, une chaîne KMC spéciale VTT AE et des pneus Maxxis dotés de la nouvelle carcasse EXO+, à mi-chemin entre l’EXO, légèrement renforcée, et la DD de descente.

Garanti à vie, l’Orbea Wild FS sera disponible en 3 tailles (SM, LG et XL) et 2 coloris « standard ». 4 montages sont pour l’instant disponibles mais vu les prix affichés, on peut s’attendre à ce qu’Orbea les décline dans des versions aluminium plus accessibles plus tard :

  • M10, M-Team et M-LTD entièrement en carbone, de 6 999 € à 8 999 €
  • M20 avec triangle arrière et biellette en aluminium, à  5 999 €

Sur les versions les plus haut de gamme, il y aura également la possibilité de créer son propre design gratuitement avec le programme MyO qui offre plus d’un million de possibilités, comme sur tous les Orbea.

L’Orbea Wild FS 2020 sur le terrain

Orbea nous a invité au Pays Basque pour découvrir ce Wild FS sur les chemins où il a été conçu. Au programme, deux jours de vélo sur les meilleurs sentiers du Pays Basque pour se faire une bonne idée des capacités et du caractère de ce vélo.

Le Pays Basque, c’est le jardin d’Orbea. La marque est basée à Mallabia, un petit village de 1 158 habitants niché en plein cœur des montagnes, à mi-chemin entre Bilbao et Saint Sébastien. En s’éloignant de Bilbao pour rejoindre notre point de rendez-vous, on comprend vite l’intérêt d’un e-bike dans cette région. Les montagnes ne sont pas forcément très hautes mais il n’y a jamais de plat et ,surtout, les routes sont raides, très raides. C’est d’ailleurs la spécialité du Tour du Pays Basque sur route, début avril. Les montées comportent de nombreux passages à plus de 15-20 % et passé les meilleurs, il n’est pas rare de voir des coureurs descendre du vélo et monter à pied certains murs. On ose à peine imaginer ce que ça va donner sur les chemins…

Pour nous guider dans cette aventure, Orbea a fait confiance à Basque MTB. Lancée en 2009 par Doug McDonald, un Ecossais tombé amoureux du Pays Basque, Basque MTB est aujourd’hui une équipe de 5 guides qui propose divers itinéraires à la découverte des Pyrénées et du Pays Basque. Nous avions déjà eu l’occasion de profiter de leur travail lors d’une épopée mémorable à travers les Pyrénées (lire Escapade en Pyrénées) et cette fois-ci, ce seront Doug, Carlos et Igor qui nous emmèneront sur les chemins basques.

Côté Orbea, nous sommes accompagnés par Jon Gantxegi, chef produit ebikes, Xabier Narbaiza, responsable de l’innovation et du développement produit (en photo) et Eneko Zarandona, ingénieur.

Après avoir réglé notre vélo, une version M-LTD personnalisée par Orbea via le MyO, nous partons pour notre première journée de ride. La première chose que nous remarquons, c’est que le Wild FS se prend très facilement en main. On se sent tout de suite bien sur le vélo, la position est équilibrée et pas trop courte comme parfois sur les VTT AE.

En montée, le vélo ne cabre pas (sauf à vraiment le chercher) et nous n’avons pas eu de difficulté à gérer le duo adhérence à l’arrière / cabrage à l’avant dans les sections les plus raides.

Il est donc très facile de partir rouler avec le vélo sans passer trop de temps à le régler, mais si on souhaite vraiment en tirer tout le potentiel, cela reste une étape incontournable, notamment pour les suspensions. En nous basant sur les recommandations de Xabier Narbaiza pour l’amortisseur arrière (SAG à 30 %, rebond au plus rapide supportable et compression plutôt ouverte), nous affinerons progressivement nos réglages au fil des kilomètres. On en profitera également pour fermer légèrement la compression lente sur la fourche pour la mettre au diapason de l’arrière.

Une fois le bon set-up trouvé, on profite complètement de la nouvelle cinématique de suspension. La roue arrière dispose d’un excellent grip et reste collée au sol tandis que la progressivité est bien gérée. Très sensible et confortable en début de course, elle se durcit ensuite à tel point que nous n’avons jamais talonné. Cela se fait cependant tout en douceur et nous n’avons pas senti de « point dur » à mi-course.

En descente, le feeling est encore une fois très naturel. Il n’est pas aussi joueur que le Trek Rail, sorti il y a quelques jours, ni aussi efficace quand il s’agit d’aller vite que le Rotwild R.X750, que nous avions découvert il y a quelques mois, mais il est très naturel à piloter, on peut prendre les mêmes trajectoires qu’avec un VTT « classique ».

Sur les étroits chemins de bergers, comme on en trouve partout au Pays Basque, le vélo se place facilement et on ne résiste pas à ouvrir les virages en jouant avec les rebords du sentier.

Dans les virages les plus serrés, il peut néanmoins être difficile de faire tourner le vélo à cause des bases et de l’empattement plutôt longs. Il faut ne faut alors pas hésiter à jouer du frein arrière pour aider la roue arrière à pivoter.

Lorsque le terrain se fait plus rapide et fuyant, le Wild FS conserve une bonne stabilité mais on sent tout de même dans certains virages qu’on est sur un ebike : le poids nous pousse et le vélo a tendance à sous-virer légèrement.

Dans les sections les plus techniques, le Wild FS apparaît à nouveau très équilibré. Le poids est bien sûr présent mais bien réparti et le vélo est au final assez sécurisant. Seul bémol, les pédales ont tendance à souvent toucher le sol lorsqu’il faut pédaler dans des sections chaotiques.

Côté assistance, on apprécie encore une fois l’énorme progression du moteur Bosch vis-à-vis de la précédente génération. Parmi les points qui nous ont séduits, le mode Tour est particulièrement marquant. Bien plus puissant qu’auparavant, il est désormais réellement utilisable en VTT et même parfois à conseiller dans certaines sections à l’adhérence précaire, où le mode eMTB se révèle trop puissant.

Nous avons ainsi passé l’essentiel de notre temps à alterner entre les modes Tour et eMTB, sans presque jamais se servir des modes Eco et Turbo. Il est cependant difficile de donner des chiffres d’autonomie, tant elle varie selon le poids du pilote, le terrain, le dénivelé… Ainsi, lors de notre « pause recharge » du premier jour, après 31 km et 1200 m D+, l’autonomie restante des batteries variait entre 2 et 25 % dans notre petite troupe de journalistes, guides et ingénieurs.

Contrairement à d’autres tests réalisés par le passé, nous avons ici apprécié la commande Kiox, qui profite du collier déporté des freins Shimano XT M8120 pour se rapprocher de la poignée. L’ergonomie de cette commande est bonne mais seulement si elle est parfaitement placée, ce qui est rarement le cas.

Après un peu plus de 120 km et près de 4500 m de dénivelé positif, on commence à avoir une bonne idée du potentiel de ce nouveau Wild FS. L’ayant testé sur une très grande variété de terrains (rocailleux très technique, chemin côtier sablonneux et technique, forêt sèche très rapide, forêt humide plus lente, prairie… ), nous pouvons affirmer sans hésiter que c’est l’un des e-bikes les plus polyvalents que nous ayons eu entre les mains. Très naturel à piloter, on a l’impression de profiter de tous les bons côtés de l’assistance (aller plus loin, réussir des montées qui paraissent impossibles…) sans trop sentir les inconvénients classiques des VTTAE liés au poids. Il pourrait bien venir titiller le Levo de Specialized, notre référence actuellement, même si l’américain garde un petit avantage avec sa batterie intégrée de 700 wh. Cela dit, si vous pouvez vous passer du porte-bidon et que vous êtes prêts à accepter un certain embonpoint, le Wild FS peut monter jusqu’à 1125 Wh avec la deuxième batterie…

Plus d’informations : orbea.com

Photos : Duncan Philpott / Sam Needham / Jérémie Reuiller

ParLéo Kervran