Test nouveauté | Canyon Strive:ON et Canyon Torque:ON : quelqu’un a parlé de « gravity » ? - Le tout nouveau Strive:ON CFR

Par Jeffry Goethals -

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Test nouveauté | Canyon Strive:ON et Canyon Torque:ON : quelqu’un a parlé de « gravity » ? - Le tout nouveau Strive:ON CFR

Le tout nouveau Strive:ON CFR

Allons droit au but : le Strive:ON est un e-bike d’enduro conçu spécifiquement pour la nouvelle série de la Coupe du monde d’enduro UCI. Cela signifie qu’il doit être rapide et agile dans les descentes, tout en étant puissant et précis dans les montées techniques.

Le Canyon Strive:ON est doté d’un tout nouveau cadre en carbone haut de gamme, et les ingénieurs de Canyon ont travaillé d’arrache-pied sur la composition de ce carbone. Maximiser le rapport poids/puissance est en effet crucial dans les courses d’e-MTB, et c’est pourquoi ils ont optimisé la composition des fibres de carbone sur le Strive:ON afin de réduire le poids tout en améliorant la rigidité aux points critiques.

Le triangle arrière du Strive:ON est plus « souple » afin d’améliorer la traction et atténuer la fatigue du pilote dans les spéciales longues et exigeantes

Le cadre Strive:ON pèse 3268 g en taille M, incluant toute la visserie. De plus, la rigidité optimisée rend le triangle arrière du Strive:ON plus « souple » afin d’améliorer la traction et atténuer la fatigue du pilote dans les spéciales longues et exigeantes, sans compromettre la confiance et le contrôle à haute vitesse grâce à la rigidité du triangle avant.

C’est autour des motorisations Bosch Performance CX et CX Race que le Strive:ON a été imaginé et conçu. Toutes deux se caractérisent par une puissance de 600 watts, un couple soutenu de 85 Nm et une réponse rapide de l’assistance afin de franchir les sections les plus techniques et difficiles des parcours. Ces dernières années, sans moteur Bosch, il était difficile d’être compétitif sur les courses EWS-E car s’il est vrai qu’un Bosch CX est plus lourd et plus encombrant qu’un Shimano EP8, son assistance est configurée pour être plus « présente » que la Shimano, plus souple et naturelle (alors que les deux délivrent le même couple maximum).

Du côté du gabarit, le nouveau moteur CX Race a une taille et une forme identiques au moteur CX standard, pourtant cette itération plus exclusive permet un gain de 150g et porte l’assistance au pédalage de 340 à 400 %. Bosch explique que ce moteur CX Race dispose également d’une fonction Extended Boost plus longue : une impulsion sur les manivelles et on est accompagné par l’assistance sur une belle distance. Le CX Race n’étant disponible qu’en quantité limitée, celui-ci n’équipera que la version la plus onéreuse de ce Strive:ON, à savoir le montage CFR LTD. Pour plus de détails quant à ce moteur CX Race, découvrez notre prise en main : Prise en main | Moteur Bosch Performance CX-Race Limited Edition : le tout pour le tout 

Du côté de la batterie, le choix est laissé au pilote entre une batterie de 625 Wh ou de 750 Wh, et ce pour toutes les tailles de cadre, de sorte que tous les pilotes – petits ou grands – puissent être en mesure de choisir entre un poids plus faible ou une plus grande autonomie en fonction de leurs besoins/envies. À titre d’information, une batterie de 625 Wh pèse 3650 g tandis qu’une 750 Wh affiche 4330 g sur la balance. Cela représente une différence de près de 700 g, pour une autonomie accrue d’environ 20 %. Qui dit batterie plus grosse dit également batterie plus onéreuse, puisque l’on peut observer une différence de 200 € entre les deux.

Les batteries sont maintenues au sein du cadre grâce à un support conçu par Canyon et compatible avec le système de verrouillage Bosch, permettant un changement rapide et facile tout en les maintenant bien en place. Ce système permet également un gain de 300 g par rapport au support Bosch standard. Les vélos équipés de la plus petite batterie de 625 Wh sont livrés avec une entretoise à monter à l’extrémité de la batterie pour une bonne adaptation. Cette entretoise est également disponible comme pièce de rechange pour celles et ceux qui achèteraient ultérieurement une (petite) batterie supplémentaire.

Géométrie et cinématique : tout pour la course

À ce stade, tous les connaisseurs du modèle originel, sans moteur, du Strive se demandent… Qu’est-il advenu de la technologie Shapeshifter ? Alors que la possibilité de modifier la géométrie et le débattement de la suspension est la marque de fabrique du Strive non électrique, le Strive:ON en est dépourvu. La principale raison de la suppression du Shapeshifter et de l’adoption d’un positionnement horizontal de l’amortisseur est, selon la marque, d’abaisser le centre de gravité et de s’assurer que la cinématique reste optimale, malgré l’encombrement du moteur Bosch. Sans ce choix, il n’y aurait pas eu de place pour un porte-bidon dans le triangle avant ou pour la grande batterie 750 Wh dans les petites tailles de cadre du Strive:ON.

Le Strive:ON conserve le comportement très capable en descente caractéristique du Strive et dispose également d’un débattement de 170 mm à l’avant et de 160 mm à l’arrière. Côté géométrie, il affiche un angle de tube de selle particulièrement redressé de 78°, autrement dit un angle identique à celui d’un Strive en position « pédalage » au niveau du Shapeshifter. L’angle de direction évolue d’un demi degré par rapport au Strive (63,5°) tandis que les bases arrière ont été délibérément allongées (445 mm) afin d’offrir plus de stabilité mais également une meilleure assiette du vélo dans les montées techniques raides.

Comme sur le modèle enduro classique, le reach est plutôt généreux (475 mm en taille M), bien qu’il soit moins long sur le Strive:ON que sur le Strive traditionnel. Cela s’explique par le fait que la stabilité d’un e-bike provient principalement du poids du moteur et de la batterie, et qu’un reach légèrement plus court permet ainsi de pallier le poids d’un e-bike, en offrant davantage de maniabilité. Par rapport au Torque:ON (que l’on vous présente quelques lignes plus bas), le Strive:ON affiche un boitier de pédalier 7 mm plus haut, promesse d’une meilleure agilité à basse vitesse mais également de franchissements facilités.

Le Strive:ON est monté de série en montage dit « mulet », promesse d’un vélo rapide et agile sur les pistes sinueuses

Le Strive:ON est monté de série en montage dit « mulet », à savoir une roue avant en 29″ et une roue arrière en 27,5″. Selon Canyon, ce montage « mulet », et particulièrement la roue de 27,5″ à l’arrière, permet d’obtenir un vélo rapide et agile sur les pistes sinueuses et rapides malgré le poids supplémentaire et le centre de gravité plus bas de ce Strive:ON.

Pour le Strive:ON, comme pour de nombreux autres modèles de sa gamme, Canyon utilise une cinématique dite « Triple Phase« . Cela fait simplement référence à un comportement souple de la suspension dans la première partie de son débattement afin de favoriser le contrôle et la traction, plus soutenue en milieu de course, et finalement progressive en fin de course pour éviter tout talonnage.

La marque allemande explique que cette cinématique a été optimisée afin d’améliorer l’autonomie, d’offrir une meilleure réactivité dans les montées mais aussi de rendre le vélo plus confortable dans les longues descentes exigeantes. Canyon signale que le Strive:ON est également compatible avec le montage d’un amortisseur à ressort.

La marque continue en expliquant que par rapport au Torque/ON, l’anti-squat mesuré au SAG du Strive:ON est plus élevé dans le but d’améliorer l’efficacité du pédalage. Cela a pour conséquence d’également augmenter le « kickback », « mais une fois que vous plongez dans le débattement de la suspension, l’anti-squat plus élevé et le kickback diminuent. Cela permet de maintenir la suspension active et d’ainsi maximiser la traction et le confort », précise la marque. Si ces différents termes vous sont inconnus, notre lexique sera en mesure de vous éclairer : Petit lexique illustré du VTT : toutes les clés pour comprendre.

Le diable se cache dans les détails

Le centre de contrôle Smart System, intégré au niveau du tube supérieur,  permet de voir en un coup d’œil le mode d’assistance utilisé, le niveau de la batterie ou encore la puissance délivrée. Si ce Smart System est doté d’un bouton permettant de choisir le mode d’assistance désiré, une nouvelle commande sans fil (que vous pouvez apercevoir sur la gauche du cintre) permet de contrôler les fonctions clés de la motorisation sans même lâcher le guidon.

Pour protéger le boîtier du moteur ainsi que le plateau, le Strive:ON est équipé d’une plaque de protection destinée à faire face aux pierres, racines et autres intrus que l’on pourrait rencontrer sur les sentiers. Grâce à sa surface de contact plus petite qu’une coque traditionnel plate, la conception spéciale de cette plaque, inspirée de ce que l’on peut retrouver en moto enduro, lui permet de glisser lorsqu’elle entre en contact avec le sol ou un obstacle. Pour le détail, la plaque est fixée directement sur les boulons du support moteur.

Le Strive:ON a été testé et évalué selon la classification « Catégorie 4 » de Canyon. Le vélo subit ainsi les mêmes tests intensifs que la catégorie 4 (comme le Strive), mais les tests de charge et de stress sont plus longs et plus difficiles pour simuler les forces supplémentaires que l’on peut retrouver en compétition e-bike.

Comme pour les modèles Spectral:ON et Torque:ON CF, les roulements de pivot du Strive:ON reçoivent également la protection spéciale à double étanchéité de la marque, ainsi que la graisse « longue durée » caractéristique de Canyon.

Au rang des détails, on notera que le bas du tube supérieur permet d’y fixer un support pour une trousse à outils ou le « Load bag » de chez Canyon. La marque allemande a également son propre garde-boue qui existe en deux versions, l’une pour la RockShox Zeb et l’autre pour la Fox 38. Finalement, pour protéger la base arrière du côté de la chaine, le Strive:ON est équipé de la protection brevetée de la marque dotée de stries spéciales. Elle se trouve très près de la chaîne et limite ainsi le bruit de cliquetis de celle-ci.

Enfin, il convient de mentionner que, comme pour le Grand Canyon:ON, le module Bosch BCM3100 ConnectModule – qui permet d’utiliser votre smartphone comme clé numérique – est préinstallé sur tous les modèles Strive:ON et comprend un abonnement gratuit de 12 mois à la fonction eBike Alarm après enregistrement. L’abonnement se termine automatiquement après la période gratuite de 12 mois, à moins qu’il ne soit renouvelé pour 4,99 € par mois ou 39,99 € par an.”

Modèles, prix et disponibilité

Le Canyon Strive:ON CFR LTD aux couleurs de Fabien Barel attire naturellement l’attention. L’équipement suit logiquement les sponsors de l’équipe CLLCTV. Ainsi, le vélo est équipé d’une fourche RockShox Zeb Ultimate RC2 et d’un amortisseur RockShox Super Deluxe Ultimate. La transmission Sram X01, les freins Code Ultimate et les pneus Pirelli sont également de la partie. Les deux autres montages sont quant à eux équipés de suspensions Fox, de transmission et de freins Shimano ainsi que de pneus Maxxis.

Équipé d’une batterie de 750 Wh, le Strive:ON Underdog est affiché au tarif de 5999 €, le Strive:ON CFR à 7199 € et vient finement le Strive:ON CFR LTD à 9699 €. Avec une batterie de 625 Wh, comme nous l’avons déjà mentionné, chaque vélo perd 200 €. Tous les modèles du Strive:ON sont maintenant disponibles à la commande sur le site de Canyon.

Canyon Strive:ON : le test terrain

Courses d’enduro, boucles de test ou sorties en bikepark, nous avons déjà bien expérimenté le segment des e-bikes au débattement conséquent, et étions donc très curieux de voir comment se positionne ce modèle destiné principalement à la compétition. Par habitude, nous avions choisi la taille Medium pour cette journée de test. Avec les vélos d’autres marques, nous pouvons parfois nous contenter d’une taille Large et si la taille intermédiaire M/L est disponible, c’est celle que nous préférons.

Rien de bien sorcier quant au réglage de notre vélo de test : nous réglons nos pressions de suspensions afin d’obtenir un sag de 25% à l’avant et 30% à l’arrière, et vérifions que le rebond n’est pas trop rapide. Pour le reste, nous sommes partis avec des réglages de compression très ouverts et des pneus bien gonflés (1.4-1.5 bar), tout en sachant qu’il nous serait possible de les régler à la baisse une fois sur les sentiers.

Fabien Barel, Alexandre Cure (pilote du team Canyon CLLCTV Factory) ainsi que les guides et shapeurs des sentiers locaux (The Trail Brothers) nous ont prévu un joli singletrack alternant montées et descentes afin de s’habituer au vélo… et cela s’est fait extrêmement vite. Pour un vélo de compétition, le Strive:ON est très accessible et facile à manier. Les sensations à son guidon sont immédiatement familières et nous nous sentons directement à l’aise sur la plateforme.

Et voilà que nous faisons face au premier vrai défi de la journée, avec une montée très technique. L’angle extrêmement droit du tube de selle vous pousse automatiquement vers l’avant et vous rend très agile pour affronter les différents obstacles. La roue avant adhère fermement au sol et la roue arrière offre une traction plus que suffisante. Nous nous mettons à faire des choses que nous n’avions jamais faites auparavant sur un vélo électrique.

Nous avons la sensation que cette taille « Medium » est finalement peut-être un peu trop grande pour notre mètre 71. Sur certains passages, nous avons cette impression d’être plus un passager qu’un pilote sur le vélo

Dans les premières descentes vraiment techniques, l’histoire n’est pas la même ! Nous avons la sensation que cette taille « Médium » est finalement peut-être un peu trop grande pour nos 171cm. Sur certains passages, nous avons cette fâcheuse impression d’être plus un passager qu’un pilote sur le vélo : surtout dans les virages en épingle, où le vélo semble suivre son propre chemin, nous embarquant avec lui sans que l’on puisse réellement imprimer nos propres choix de trajectoires.

Partageant nos ressentis lors de la pause déjeuner, Fabian Barel n’hésite pas une seconde et nous conseille directement de passer sur une taille « Small ». Cela démontre une fois de plus qu’il ne faut pas se contenter de prendre sa taille habituelle lorsqu’on achète un nouveau vélo et qu’il est important d’examiner attentivement le tableau de géométrie. On peut également tenir compte des recommandations des marques mais attention, toutes ne se valent pas et certains calculateurs sont plus justes que d’autres.

Et ce changement de taille s’est avéré convaincant ! Une fois passé sur la taille inférieure, la sensation de lourdeur et de vélo surdimensionné a disparu et nous nous sommes surpris à chercher des lignes créatives, en toute agilité. En montée comme en descente, l’après-midi a été une succession de moments forts sur le vélo. En empruntant des pistes noires, nous avons parfois même dépassé ce que l’on pensait être les limites du vélo, avant de se rendre qu’il pouvait supporter bien plus que ce que nous osions.

Verdict

Facile à prendre en main, le Strive:ON se pilote de manière assez similaire à un vélo d’enduro classique (comprenez : sans assistance). Agile et ludique dans les descentes, il en faut déjà beaucoup avant d’imaginer atteindre les limites de ce vélo très capable. S’il est un bon descendeur, le Strive:ON n’est en pas un mauvais grimpeur pour autant, que du contraire !  Le comportement lors d’ascensions techniques est excellent, et l’angle très redressé du tube de selle associé au boitier de pédalier plutôt haut permet d’envisager sereinement l’ensemble des franchissements qui se dressent devant vous. Nous sommes curieux de voir ce que ce modèle va donner en compétition aux mains du team Canyon CLLCTV, étant donné la cohérence entre cette nouvelle plateforme et les spéciales modernes de l’UCI E-Enduro World Cup Series. Toutefois, ce Strive:ON présente également un intérêt pour le commun des mortels, et plus précisément pour les pilotes à la recherche d’un e-bike performant et au comportement (et prix) accessible malgré son orientation « compétition ». Une chose est sûre, il ne faut pas être un pilote de haut niveau pour prendre un plaisir fou sur ce Strive version électrique. 

Crédit photo: © Boris Beyer/Roo Fowler/Canyon

ParJeffry Goethals

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