Test nouveauté | Bosch Performance CX 2020 : plus compact, toujours aussi musclé ! - Bosch Performance CX 2020 : le test terrain

Par Olivier Béart -

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Test nouveauté | Bosch Performance CX 2020 : plus compact, toujours aussi musclé ! - Bosch Performance CX 2020 : le test terrain

Si Bosch reste sans conteste un acteur majeur parmi les fournisseurs de motorisations pour vélos électriques, son leadership a été fortement challengé ces dernières années, principalement par Shimano et Brose dont les derniers moteurs nettement plus légers et compacts ont séduit de nombreuses marques. Les Allemands se devaient donc de réagir et c’est désormais chose faite avec ce tout nouveau moteur Bosch Performance CX 2020, combiné à une unité de commande Kiox revue et à de nouvelles options de batterie intégrée dont une 625Wh très prometteuse. Vojo a pu découvrir et tester tout cela en avant-première :

 

Moteur Bosch Performance CX : le test terrain

Pour cela, nous étions en compagnie de Guillaume Heinrich, en charge des relations presse de Bosch en France, et de notre confrère Benjamin Lacoste du magazine papier Vélo Tout Terrain. Nous étions équipés bien entendu du nouveau moteur Bosch Performance CX et des nouvelles batteries Powertube 625Wh, le tout sur un vélo tout suspendu 130mm/29 » en carbone d’une marque partenaire de Bosch, mais dont nous ne pouvons pas encore vous parler dans la mesure où il n’a pas encore été officiellement présenté. De toute façon, ce n’est pas l’objet ici et nous allons nous concentrer sur le moteur lui-même !

Départ entre Eco et Tour

Nous démarrons notre périple de bon matin. A 6h30 nous attaquons la première grosse ascension. En gros, jusqu’à atteindre la ferme-auberge où nous mangerons, nous allons principalement grimper et jouer aux cabris sur un sentier très rocailleux. Pour ne rien vous cacher, le début a été difficile, mais pas à cause du moteur. Trouver le bon réglage de suspension arrière sur notre vélo de test n’a pas été facile, surtout avec le poids du sac à dos contenant la batterie.

Même si on a une batterie de réserve, le but du jeu est d’essayer de rallier le repas de midi sans changer de batterie, soit 40km et 1600m de d+. On va donc commencer par jouer entre les modes Eco et Tour. On ne va pas tourner autour du pot, le mode Eco est une vraie déception. Avec 60% d’assistance en plus de la puissance délivrée par vos jambes et seulement 40Nm de couple maxi, il permet seulement de rouler très cool sur du plat ou des zones très peu vallonnées. C’est tout juste s’il compense le poids du vélo et la résistance au roulement des gros pneus.

Il peut convenir si on a aussi un usage utilitaire de son vtt (trajets boulot/dodo), mais sur un tracé vtt varié, il ne permet même pas vraiment de faire des économies car il est à peine utilisable. On regrette aussi que ce ne soit pas paramétrable, au moins dans une certaine mesure, via une application comme cela se fait chez la plupart des concurrents. Bosch veut fonctionner en système fermé, on peut le comprendre dans une certaine mesure, mais en tant qu’utilisateur on trouve dommage de ne pas avoir cette possibilité.

On passe donc vite au mode Tour et là c’est un pur plaisir ! Le nouveau moteur Bosch Performance CX 2020 lui permet de gagner en polyvalence et on a maintenant affaire à une sorte de mode eMTB économique. Il ne délivre « que » 140% d’assistance sur les 340 possibles, mais avec une réelle élasticité et tellement de souplesse qu’il en devient vite notre mode favori pour faire face à toutes les situations, pour peu qu’il s’agisse juste de rouler et de passer partout, mais pas de se tirer la bourre entre potes ou de relier le plus vite possible le point A au point B.

Finalement, notre batterie perd son dernier pourcent d’autonomie après 36km. Cela peut paraître peu dit juste comme cela, mais quand on regarde le chemin parcouru et surtout le dénivelé, on comprend mieux ! En effet, nous avons grimpé 1500m de d+ et nous n’avons roulé quasiment que sur du single technique, soit une des situations les plus défavorables. Tout cela aussi avec un pilote de 75kg + sac à dos contenant la batterie, soit 10kg de plus. C’est donc dans la lignée de ce qu’on est en droit d’attendre d’un moteur contemporain, et il nous semble surtout que c’est un peu mieux que ce que nous aurions pu faire avec la précédente génération de moteur Bosch. Mais il faudra attendre un vrai test sur nos traces de référence pour en avoir le cœur net.

Quelques instants plus tard, nous arrivons à notre destination de midi, l’excellente ferme-auberge Thanner-Hubel, où nous sommes accueillis par le patron, très ouvert aux cyclistes et aux e-bikers en particulier, dans la mesure où ils représentent une part de plus en plus importante de la clientèle de son restaurant… qui n’est pas accessible en voiture. Il a donc très vite accepté la proposition de Bosch de l’équiper de chargeurs et d’en faire un point de recharge, dont nous allons profiter pour pouvoir continuer notre trip l’esprit tranquille. En moins de 2h, nos batteries sont chargées à près de 75%.

Sur les crêtes, vive le eMTB !

L’après-midi, le tracé est plus varié. On va encore monter en direction du point culminant de l’Alsace, le Grand Ballon, mais ce sera plus une alternance de petites montées et descentes et plus de flow que lors des premiers kilomètres le matin. On se permet donc de jouer davantage avec les modes supérieurs, dont l’eMTB.

L’eMTB est apparu il y a deux saisons, au cours d’une mise à jour logicielle de la précédente génération du Bosch Performance CX. Il s’agit d’une sorte de « boîte automatique » capable de jouer sur presque toute la gamme d’assistance du moteur, de 140 à 340%. Au départ, on ne sent pas la différence avec le mode Tour particulièrement marquée, mais à l’occasion de passages raides ou quand on appuie plus franchement sur les pédales, on sent qu’il est capable de « monter plus haut dans les tours », ce qui permet de se sortir de plus de situations et plus facilement qu’avec le mode Tour.

Le nouveau eMTB profite aussi bien de l’élasticité et de la souplesse du nouveau moteur pour délivrer une assistance à la fois intense et subtile. La différence avec le mode eMTB du précédent moteur CX est cependant moins marquée que sur le mode Tour. Disons que c’est efficace, performant, rond, très adapté à une pratique variée, technique et intense du vtt, mais on n’a pas non plus fait « woaw ». Le job est fait, et bien fait, mais sans coup d’éclat.

Le mode Turbo est annoncé comme plus exploitable que par le passé. C’est vrai, mais surtout car il était particulièrement violent avant. La nouvelle programmation reste quand même vraiment musclée, et on ne peut l’utiliser que quand on est sûr de son coup niveau adhérence. Pour les zones où il faut plus de subtilité, le eMTB est plus adapté, mais quand il faut aller vite dans une pente forte et peu technique, le Turbo a sa raison d’être.

Comme on joue avec les modes, c’est le moment de parler de la commande et du display Kiox. Côté écran, le Kiox est petit mais costaud. Son écran clair et bien défini permet une bonne lecture des informations… sauf peut-être pour le pourcentage de batterie, affiché juste en tout petit en haut à droite de chaque page. Disons qu’on arrive à le déchiffrer assez vite mais qu’il faut un peu de concentration. La commande nous a par contre déçus. Les boutons sont un peu trop sensibles et donnent trop peu de feedback en usage vtt intensif (clic pas assez franc). Elle nous semble aussi inclinée dans le mauvais sens (vers le haut et non vers le bas), de sorte qu’elle ne suit pas le mouvement naturel du pouce et qu’on aurait presque eu envie de l’inverser (mettre le + en bas). Cela dit, on a fini par s’y habituer, mais une petite commande plus discrète comme la dernière Shimano ou celle du Levo nous plaît plus.

Après 102km et 3500m de d+, premier bilan

Après cette première longue journée, qu’on termine avec 102km, 3500m de d+ et quasi 7h de roulage, il est temps de faire un premier bilan. Au niveau des modes, nous avons passé beaucoup de temps en Tour, vraiment agréable et très polyvalent dans le cadre de longues sorties comme nous l’avons fait ici. Nous avons aussi régulièrement mis le mode eMTB quand nous voulions aller un peu plus vite ou nous amuser en montée.

Au final, nous avons consommé un peu plus de l’équivalent de deux batteries pour ce trip, ce qui tend à montrer que, outre la batterie de plus grande capacité qui augmente naturellement l’autonomie, le nouveau moteur a l’air de consommer un poil moins que le précédent. Ce qui serait logique vu la diminution du poids, des frottements et la nouvelle gestion. Mais une fois encore tout cela sera à confirmer sur nos boucles test habituelles.

Du côté des points positifs, le nouveau moteur Bosch nous a vraiment séduits sur deux points. Tout d’abord, il y a sa grande disponibilité. De réels progrès ont été faits pour élargir sa plage d’utilisation et il est désormais bien plus capable de reprises à très bas régime que son prédécesseur. Ensuite, l’autre gros progrès concerne la coupure de l’assistance, au-delà de 25km/h ou lorsqu’on arrête/recommence à appuyer sur les pédales. Là où c’était violence et a-coups avant, c’est désormais un monde de douceur et de subtilité. Bravo.

 

Par contre, si nous n’avons pas relevé de gros défaut majeur, là où il nous a laissé un peu sur notre faim, c’est bien sûr sur le mode Eco dont nous avons déjà parlé, mais aussi au niveau du bruit. C’est moins un bruit de pignons et d’engrenages qu’avant, mais c’est une sorte de sifflement électrique fort présent. On ne passe pas la limite de ce qui devient agaçant, mais on n’est pas loin. Ce sera à confirmer sur d’autres vélos car le cadre carbone et le carter propre au modèle essayé peuvent accentuer ce ressenti.

Une bonne petite sortie AM/Enduro pour conclure

Après une bonne nuit de sommeil, notre trip de découverte du nouveau moteur Bosch Performance CX 2020 se conclut par une dernière demi-journée plus typée all-mountain/enduro pour rejoindre la gare de Turkheim, où nous prendrons le train en début d’après-midi pour regagner nos pénates. Sans sac sur le dos et avec un vélo qu’on a désormais bien en main, on s’adonne à un pilotage plus sportif.

Le nouveau moteur Bosch reste bien un moteur Bosch, avec cette poigne qu’on connaissait au précédent, mais plus de subtilité qui permet de mieux s’en sortir dans les passages techniques et les zones de franchissement. Il ne semble jamais à court de ressources et il permet de rouler vite et bien sans devoir déployer toute sa science du pilotage pour le dompter. En descente, pas besoin non plus de le couper, il sait se faire discret et ne pointer le bout de son nez que quand on a vraiment besoin de lui. Là aussi, il est plus subtil que son prédécesseur. Quand on dépasse les 25km/h, la coupure du moteur est aujourd’hui très douce et quasiment insensible. C’est un des points forts et une des belles évolutions du nouveau moteur. Les frottements sont aussi réduits de manière sensible quand on roule sans assistance.

Par rapport aux concurrents Shimano/Brose ?

On a parlé de rondeur, de subtilité, et c’est justement sur ces points que le Shimano M8000 ainsi que le Brose SMag (2e génération) nous ont souvent séduits. Par leur élasticité aussi, c’est à dire leur capacité à reprendre à très bas régime, à vous accompagner en reprise après un virage difficile ou un passage technique, et à le faire autant avec douceur qu’avec poigne. Bosch semble avoir aussi travaillé dans cette voie et c’est tant mieux, car ce sont des caractéristiques qui participent grandement à l’agrément d’un moteur en usage vtt.

Avoir de la puissance, brute et limite brutale, c’est intéressant pour faire le beau sur le parking et impressionner son beau-frère, mais sur les sentiers en général ça ne sert à rien. Le précédent moteur Bosch, sans être caricatural, était un peu la main de fer dans le gant de fer. Le nouveau garde toujours beaucoup de poigne, mais il s’est arrondi, et ce n’est pas pour nous déplaire. Après, le caractère plus « mécanique » du précédent CX plaisait à certains, et le petit nouveau rentre plus dans le rang à ce niveau. Le Brose à la sauce Specialized/BH est selon nous celui qui garde le plus de brio et de souplesse. Le Shimano joue lui la carte de la discrétion, en étant aussi assez silencieux. Plus que le nouveau Bosch d’ailleurs, qui nous a paru assez bruyant. Le Shimano est par contre parfois un poil trop discret côté punch et puissance, et le nouveau Bosch, tout en se rapprochant du Nippon, y ajoute un peu de poigne parfois bienvenue. Le nouveau Bosch est aussi celui sur lequel la coupure moteur au-delà de 25km/h est la mieux gérée.

Quoi qu’il en soit, les trois grands acteurs du milieu se tiennent désormais dans un mouchoir avec trois très bons blocs moteur compacts et à la puissance bien maîtrisée. Côté autonomie aussi, les trois semblent fort proches, même si le Brose avec la gestion Specialized du Levo est celui qui nous semble le plus frugal. Mais seul un test face à face direct, que nous ne manquerons pas de faire dès que possible, nous permettra d’en avoir le cœur net. Seul point sur lequel Bosch est selon nous un peu en retard, c’est sur les possibilités de personnalisation des modes. Sans laisser faire tout et n’importe quoi à l’utilisateur, un peu de liberté encadrée (à la Shimano) serait vraiment bienvenue.

Verdict

Face à la concurrence, Bosch se devait de réagir. C’est chose faite, et bien faite. L’intérêt principal de ce moteur est surtout sa compacité, qui va donner beaucoup plus de liberté de conception aux marques de vélo partenaires de Bosch. Et on devrait voir arriver de très belles nouvelles machines qui en seront équipées. Pour le reste, le nouveau Performance CX 2020 est plus raffiné, plus doux tout en étant toujours costaud, mais il n’apporte pas de révolution par rapport à la concurrence. C’est une mise à niveau, sérieuse et bien faite, mais pas un saut technologique majeur, du moins vu côté utilisateur. Peut-être est-ce un signe que ce segment des vélos électriques que nous connaissons est arrivé à une certaine maturité ? Et que les futures évolutions seront plus à chercher du côté d’une diversification, notamment au niveau des micro-moteurs type Fazua, plutôt que dans une course à la technologie et aux performances pures ? L’avenir nous le dira !

Plus d’infos : https://www.bosch-ebike.com/fr/

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ParOlivier Béart

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