Test | Mondraker Sly RR : plaisir légèrement coupable

Par Olivier Béart -

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Test | Mondraker Sly RR : plaisir légèrement coupable

Mondraker dispose d’une gamme d’e-bikes plutôt large avec plusieurs moteurs au programme, dont le Bosch Performance SX, le « petit moteur » de l’équipementier allemand. Malgré son cadre alu, cela lui permet d’afficher un poids contenu et de jouer pleinement dans la catégorie trail/all-mountain, voire enduro. Vojo l’a testé et a découvert un Mondraker au comportement étonnamment accessible sans pour autant renier ce qui fait le caractère de la marque.

Mondraker s’est très tôt lancé dans la conception de vélos à assistance électrique et, aujourd’hui, la gamme e-bike espagnole est particulièrement vaste ! Carbone, alu, Bosch, Shimano, TQ, grand ou moyen débattement : il y en a pour tous les goûts. Voici un petit aperçu non exhaustif des e-bikes de la marque espagnole que nous avons testés récemment :

Sans oublier la visite des locaux de la marque en Espagne, réalisée en ce début d’année : Visite | Mondraker : quand la valeur n’attend pas le nombre des années

Le Mondraker Sly remplit la case « petit moteur, petite batterie et petit débattement » dans la gamme. Enfin, quand on parle de petit débattement, on est tout de même sur un 150 / 160 mm, mais on trouve clairement plus gros chez Mondraker (le Level par exemple, ou le Dune). C’est aussi un des modèles les plus accessibles de la gamme au niveau tarif. Voyons cela en détails. 

Châssis : option alu

Le Mondraker Sly repose sur un cadre en aluminium… mais il faut presque se pincer pour le croire ! Son cadre avec des tubes hydroformés complexes et ses soudures polies au niveau de la douille de direction pourrait presque passer pour un carbone tant son design est fluide et sa finition léchée.

Assistance : Bosch Performance SX

Il intègre le Bosch Performance SX, le « petit » moteur de la marque Allemande, qui offre un couple de 55 Nm (qui sera mis à jour à 60 Nm à l’automne) et une assistance allant jusqu’à 340% de la puissance fournie par le pilote avec un maximum de 600 W. En comparaison, un Performance CX avec la mise à jour récente offre jusqu’à 100 Nm de couple, 750 W et 400% d’assistance. Bref, ce n’est pas un moteur aussi compact et léger que le TQ par exemple, mais c’est tout de même un « mid motor » aux valeurs plus modestes que celles de son grand frère.

Ce Bosch Performance SX est prévu pour être couplé à une batterie de 400 Wh, intégrée dans le tube diagonal. Mondraker a prévu un port de charge sur le haut du tube, proche de la douille de direction, qui permet également de brancher le câble du range extender de manière sûre et discrète. Au cas où on opte pour cette option, on dispose de 250 Wh supplémentaires. Et, comme nous le verrons plus loin, ce n’est pas du luxe.

Au niveau des commandes, le cerveau principal situé sur le tube supérieur, avec l’indication graduée du niveau de batterie et le bouton d’allumage, est couplé à la plus petite commande au guidon et à l’écran Purion 400, aussi discret que complet et agréable à lire, placé à côté de la potence.

Suspensions : Zero Suspension

Comme le reste de la gamme, le Mondraker Sly est équipé de la fameuse suspension Zero qui fait la renommée de la marque. Ce système de type VPP offre ici 150 mm de débattement avec un amortisseur Fox Float X Performance.

Placé très bas sur la cadre, il permet d’avoir un centre de gravité bas et il est bien protégé des projections par une protection bien pensée, mais le réglage du SAG n’est pas des plus simples. La biellette est aussi très massive et tranche avec la finesse globale du reste du cadre (pour un e-bike, s’entend).

A l’avant, on dispose d’une Fox 36 Performance Grip, basique dans ses réglage mais confortable et flatteuse dans son fonctionnement, même si les riders confirmés trouveront qu’elle manque de maintien dans certaines circonstances et qu’elle consomme vite son débattement. Il ne faut d’ailleurs pas hésiter à fermer la compression et à passer en position intermédiaire dans les descentes fortes et défoncées pour limiter ce phénomène.

Géométrie du Mondraker Sly

Mondraker a revu ses géométries cette année, avec l’arrivée d’une nouvelle taille M/L qui a permis de mieux calibrer les tailles M et L et d’éviter les compromis. Ne vous laissez pas avoir par les chiffres de reach très long (460 mm en M, 480 mm en M/L), le Sly donne l’impression d’avoir un cadre court et compact. Le sloping est aussi très prononcé. On note également les bases assez longues, en 455 mm, pour favoriser la stabilité et préserver un bon grip de l’arrière tout en limitant le cabrage en montée.

Équipements, poids et tarifs du Mondraker Sly

Le Mondraker Sly est disponible en deux montages seulement. Le R est le plus accessible, avec une transmission mécanique et une fourche RockShox Psylo gold à l’avant pour un tarif de 5999 €, et la version RR présentée ici qui est le haut de gamme avec un prix de 6999 €. De par son débattement et son châssis alu, le Sly se positionne comme une sorte de petit frère du Neat qui a le même débattement mais qui joue davantage la carte de la légèreté avec son cadre carbone et son moteur TQ, et aussi du Dune qui reçoit le même moteur Bosch SX mais avec plus de débattement (165/170 mm) et un cadre carbone.

Sur le Sly RR, on dispose d’une transmission Sram GX AXS T-Type dont on ne peut, une fois encore, que saluer le fonctionnement exemplaire. Elle est couplée ici à des manivelles E13 en aluminium, dont l’anodisation noire a malheureusement déjà eu tendance à s’effacer sur les arêtes après seulement quelques semaines de test.

Le train roulant est confié à Mavic, avec les excellentes E crossTrail SL, en 29 pouces à l’avant comme à l’arrière. Ce n’est pas un modèle haut de gamme, mais tant leurs jantes alu en 30 mm de large usinées entre les trous de rayons que le montage leur offrent un comportement exemplaire et particulièrement homogène, parfaitement en phase avec le Sly. Les pneus sont de grands classiques avec le couple Maxxis Minion DHR II derrière et DHF devant en 29×2.5.

Les freins proviennent de chez Sram, avec les Code Stealth. Clairement, ils ne sont pas aussi puissants que les Maven et il nous est arrivé de regretter de ne pas avoir les petits derniers de chez Sram tant le Sly est capable d’aller vite, mais les Code ne sont pas non plus complètement dépassés et nous n’avons pas non plus eu l’impression d’avoir de mauvais freins. Bref, peut mieux faire mais c’est tout de même très acceptable.

Le reste des composants provient de la marque maison OnOff, avec un très beau poste de pilotage où l’on retrouve un cintre en carbone à la forme parfaite, et une tige de selle dont le débattement est réglable et évolue selon la taille du cadre (de 140 à 210 mm).

Enfin, sur la balance, notre Mondraker Sly en taille M parvient à rester sous la barre des 21 kg : 20,8 kg exactement. Ce n’est pas hyper léger, mais on reste tout de même sur un poids très raisonnable, surtout à ce niveau de gamme. C’est là un des gros avantages de la petite motorisation et de la petite batterie.

Mondraker Sly : le test terrain

En le regardant pour la première fois, il faut se pincer pour se rappeler qu’il s’agit d’un cadre en aluminium. Bon, à l’arrière, cela se voit un peu et sur la biellette (très massive) aussi, mais le triangle avant arbore de magnifiques soudures polies au niveau de la douille de direction et des formes très fluides qui évoquent plus celles d’un cadre carbone. Globalement, la finition est magnifique et fait vraiment belle impression. Cela peut paraître bête, mais le cadre très sloping rend aussi le passage aux commandes très facile et sa compacité mettra les pilotes plus débutants directement en confiance. 

C’est un des points qui nous ont frappés assez directement : Mondraker nous ont régulièrement laissé l’impression de vélos très performants et au caractère bien trempé, mais qu’il faut savoir dompter pour en tirer le meilleur (à part peut-être le Crusher). Des vélos pour connaisseurs en quelque sorte, mais pas cette fois.

Ici, avec le Sly, ce n’est pas du tout le cas. Il donne d’emblée une impression de douceur, de facilité et il met en confiance dès la première seconde sans qu’il y ait le moindre mode d’emploi à trouver ou qu’il faille lui montrer la moindre science de pilotage pour qu’il accepte de se dévoiler. Et pour autant, cela reste un Mondraker et on sent qu’il est fait du même bois que le reste de la famille. En quelque sorte, c’est le bad boy et le gendre idéal en même temps, avec un visage ou l’autre qui se montre selon les circonstances… ou le pilote qui l’enfourche !

Sa suspension arrière est incroyablement efficace, onctueuse, collant au sol même dans les phases de freinage !

Quelle que soit la vitesse à laquelle on va, il est à l’aise en descente et il vous met à l’aise. Flatteur et confortable à basse vitesse, il continue de suivre la cadence et d’épater quand on hausse le rythme. Sa suspension arrière est incroyablement efficace, onctueuse, collant au sol même dans les phases de freinage (brake bumps) et les trails les plus chahutés. Elle ne semble jamais dépassée malgré son débattement modeste.

Et le cadre est parfaitement au diapason, sans rigidité excessive, histoire de parfaire le travail de la suspension là où ce n’est pas à elle de faire le job. On soulignera aussi la qualité des roues Mavic, dont le comportement exemplaire s’inscrit dans la lignée du cadre : précis mais sans rigidité excessive, histoire de participer à la bonne lecture du terrain. 

Si tout ce qu’on vient d’évoquer plus haut lui donne une excellente stabilité, c’est aussi un as pour se faufiler quand ça serpente, se jeter d’un virage à l’autre, jumper à la moindre petite impulsion. Fameux jouet, ce Sly ! C’est notamment dû à sa géométrie très sloping et à son cadre court qui lui donnent une agilité naturelle. Attention toutefois, Mondraker a revu ses tailles, et ce medium est franchement court : au-delà de 175cm, il faut impérativement se diriger vers la nouvelle taille M/L pour éviter les travers d’un cadre trop court. D’autant qu’on parie, sur base de toute l’expérience acquise au cours de nombreuses années de nos tests, que la taille au-dessus ne perdra rien des qualités dont on vient de parler.

Enfin, un autre élément a un rôle important dans ce genre de sensation : le poids. Ici, on ne bat pas de record (normal, rappelons qu’on est sur un vélo en alu milieu de gamme), mais on est dans des valeurs très raisonnables qui permettent parfois presque d’oublier qu’on est sur un e-bike. Cela plaira tout spécialement aux pilotes légers ou qui ont tendance à avoir du mal à faire façon de vélos massifs, qu’il faut brusquer et manier avec une certaine science du pilotage.

Tiens, justement : on n’a toujours pas parlé de l’assistance électrique. Ce qui est plutôt un beau compliment, surtout pour un e-bike dit « light » : c’est d’abord un vélo avant d’être un VTTAE. Le petit Bosch SX tire bien son épingle du jeu. Il est moins pêchu que son grand frère le CX et il faut impérativement garder une cadence de pédalage élevée pour en tirer le meilleur, mais il ne semble jamais à bout de souffle ou bien sous-dimensionné pour le vélo.

L’assistance se marie très bien avec les qualités de la suspension arrière et de la géométrie, qui ne sont pas appréciées qu’en descente. Dans les ascensions techniques, le vélo est facile et hyper efficace. La roue colle au sol, l’adhérence est excellente et on arrive en haut sans peine. En s’amusant, même ! On arrive juste au-dessus moins vite qu’avec un modèle « full power », mais pas avec l’impression d’un moteur qui s’essouffle parce qu’il manque de coffre, ce qui est le principal à nos yeux. Dans les portions roulantes par contre, le Mondraker Sly est moins dans son élément. Il roule correctement même avec un faible niveau d’assistance, mais on ne coupe que rarement le moteur d’instinct. Ou alors d’instinct… de survie parce qu’on n’a plus beaucoup de batterie.

On touche là le point faible de ce Sly, et du moteur Performance SX avec batterie 400 Wh couplé à ce châssis. Nos différents testeurs ont eu du mal à dépasser les 30 km et 1000 m de d+, ce qui nous semble trop juste actuellement et sur un vélo comme le Sly qui ne roule pas si bien que cela sans assistance.

On a aussi souvent coutume de dire que les vélos à assistance légère sont destinés à un public plus « sportif », mais cela ne nous semble pas exact. Certainement pas dans ce cas. En effet, c’est surtout quand le pilote appuie fort sur les pédales et a des watts, que le moteur SX en donne plus… et consomme plus de batterie. En mode balade et sur des sorties au relief moins accidenté, il convient parfaitement et on peut sans mal atteindre les 1500 m de d+, mais dès qu’on tire un peu dedans et qu’on enchaîne les côtes raides, son autonomie fond comme neige au soleil. 

Il n’est même pas besoin d’aller dans les modes d’assistance les plus élevés pour voir la batterie se vider rapidement. Le mode Tour+ est très agréable et d’une polyvalence admirable : c’est lui que nous avons préféré sur ce moteur et ce modèle, et qui offre le compromis performance/autonomie le plus acceptable. On se pose aussi la question de ce que la mise à jour que Bosch proposera à l’automne, avec 60 Nm de couple, pourra apporter, et si elle ne diminuera pas encore l’autonomie. Wait and see, mais même si le très agréable moteur SX colle parfaitement à la philosophie du vélo et lui permet d’afficher un rapport poids/prix alléchant, ainsi qu’un excellent comportement, cette question de l’autonomie est frustrante car elle ne permet pas de profiter assez longtemps de cette petite pépite qu’est le Sly. Il y a tout de même un espoir : le range extender, que nous n’avions pas pour cet essai, mais qui se monte bien sur le Sly et qui est une réelle solution pour amener l’autonomie à un niveau plus raisonnable. 

Verdict :

 

Le Mondraker Sly est un véritable caméléon. Facile et conciliant quand on a envie de rouler calmement ou quand un débutant l’enfourche, il révèle toute l’étendue de ses capacités et son tempérament enjoué aux pilotes plus expérimentés qui aiment attaquer. Il est néanmoins difficile à classer car, malgré son aisance remarquable en descente, un enduriste lui préfèrera sans doute le Crafty ou le Crusher, et un amateur de longues distances qui veut un vélo fun pour de belles randos techniques sera frustré par l’autonomie… et devra aller voir ailleurs. Sans ce souci d’autonomie du moteur Bosch SX, auquel Mondraker ne peut pas grand-chose, le Sly frôlerait la perfection. Il nous a en tout cas clairement épatés, et c’est encore plus dommage que ce plaisir soit de courte durée. 

Mondraker Sly RR 2025

6999 €

20,8 kg

  • Design élégant proche du carbone.
  • Accessibilité et polyvalence du châssis
  • Suspension arrière très efficace
  • Équipement haut de gamme cohérent
  • Usure esthétique rapide des manivelles E13
  • Autonomie très limitée en usage engagé

Évaluation des testeurs

  • Prix d'excellence
  • Favori
  • Qualité / prix

Par  Olivier Béart