Test e-bike | Mondraker Crusher RR : une ballerine aux airs de gros dur

Par Olivier Béart -

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Test e-bike | Mondraker Crusher RR : une ballerine aux airs de gros dur

Un peu moins en vue que le Crafty avec son moteur Bosch ou que le dernier Neat à assistance légère, le Mondraker Crusher est une nouveauté de l’année 2024 qui a attiré notre attention. Nouveau moteur Shimano EP801, batterie de 720Wh et châssis carbone/alu en 150/160mm de débattement, voilà pour ses arguments sur le papier. Nous l’avons testé pour voir ce qu’il vaut sur le terrain :

La gamme Mondraker e-bike est particulièrement vaste et diversifiée. On trouve tout d’abord les Chaser et Dusk avec châssis alu en entrée de gamme, respectivement avec moteur Bosch et Shimano, puis le Crusher testé ici en moteur Shimano EP801 et cadre carbone/alu, le Crafty en moteur Bosch et cadre full carbone, le Level en moteur Bosch et cadre alu avec le plus gros débattement de la gamme (180/170) et bien sûr le « petit » Neat avec son cadre tout carbone et son assistance légère signée TQ. Ouf, en principe on n’a oublié personne !

Pour rappel, le premier Crusher est né en 2017 et il a été le premier tout suspendu e-bike de la marque avec un châssis tout carbone et une batterie entièrement intégrée. Aujourd’hui, pour le millésime 2024, il fait son retour sous une forme entièrement revue. Que ce soit au niveau de son châssis carbone/alu ou de son débattement, le Crusher apparaît sur papier comme une sorte de compromis, de juste milieu bon à tout faire, depuis la rando du dimanche jusqu’aux courses d’enduro. Puis, pour changer un peu de l’éternel Bosch, nous étions curieux d’essayer l’assistance Shimano dans sa version revue et corrigée baptisée EP801.

Mondraker Crusher RR : le châssis

Le triangle avant en carbone reprend les codes visuels chers à la marque espagnole, avec un tube diagonal imposant qui contraste avec le tube supérieur très fin, aux allures de lame. La construction Stealth Air Carbon permet certaines excentricités au niveau des formes, comme ce « trou » distinctif au niveau de la douille de direction.

Contrairement au Crafty qui est entièrement en carbone, le Crusher conserve un bras arrière en aluminium qui permet d’obtenir un tarif un peu plus attractif et aussi un comportement un peu plus conciliant sur la partie arrière. Les roues sont en 29 pouces, tant à l’avant qu’à l’arrière.

Le triangle avant intègre une batterie de 720Wh développée spécifiquement pour ce châssis. En effet, contrairement à Bosch qui impose l’utilisation de ses propres batteries, Shimano permet l’utilisation de batteries partenaires (Simplo dans ce cas), pour peu qu’elles soient homologuées par la marque. Mondraker profite de cette liberté ici avec le Crusher.

Compact et ne pesant que 2,7kg, le moteur Shimano EP8 a été revu en profondeur. Il faut désormais l’appeler EP801 et nous vous invitons à voir notre vidéo complète pour découvrir les nouveautés en détails (voir ici Test vidéo | Shimano EP 801 : rien ne se voit mais tout se transforme). Sans tout dévoiler du test terrain, sachez juste que cette mise à jour permet vraiment à Shimano de revenir dans la course et de concurrencer la référence Bosch sur bien des points.

On remarque aussi la présence de protections intégrées pour protéger les bases et haubans de la chaîne, et aussi la très belle intégration du port de charge sous une trappe logée près du support d’amortisseur.

Suspensions

Le Mondraker Crusher dispose de 150mm de débattement arrière avec la fameuse suspension maison baptisée « Zero ». Il s’agit d’une suspension de type point de pivot virtuel (voir notre article : Petit lexique illustré du VTT : toutes les clés pour comprendre) avec deux biellettes qui relient le triangle arrière au triangle avant. Cette cinématique doit son nom de « Zero » au fait qu’elle n’occasionne que très peu de pedal kickback et qu’elle est très peu sensible aux forces de freinage, ce qui lui permet de rester active en toutes circonstances.

 

Elle est ici combinée à un amortisseur Öhlins TTX Air en format 205x65mm avec réglage des compressions basses et hautes vitesses (avec levier pour durcir la suspension pour les ascensions) et du rebond. La fixation sur la biellette supérieure est au format Trunnion pour un assemblage plus rigide et le setting hydraulique ainsi que du volume d’air a été spécifiquement défini par Mondraker et Öhlins.

A l’avant, Öhlins est également de la partie avec la fourche RXF 38 dotée, comme son nom l’indique, de plongeurs en 38mm de diamètre. Son débattement est de 160mm. Elle dispose aussi d’un réglage du rebond, des compressions basses et haute vitesses (avec levier de blocage) et d’une « ramp chamber » ajustable.

Géométrie

Du côté de la géométrie, le Mondraker Crusher a tout d’un e-bike all-mountain/enduro contemporain. Le tube de selle est particulièrement redressé avec 77° d’angle, alors que la douille de direction est à 65°. Les bases mesurent 450mm, ce qui est dans la norme pour ce type d’e-bike. Fidèle au principe de la Forward Geometry chère à la marque espagnole, le Mondraker Crusher a un reach plutôt long, de 470mm en taille M (parfaite pour des pilotes jusque 180cm).

Equipements

Dans cette version haut de gamme Mondraker Crusher RR, on a droit à des équipements à la hauteur. On en a déjà parlé, mais les suspensions Öhlins sont peu courantes et elles sont clairement un des éléments les plus valorisants de ce montage.

On note aussi la présence de la nouvelle transmission Shimano XT Di2. Sortie très discrètement, elle signe pourtant le retour de la transmission électronique chez Shimano, dans une version spécifiquement conçue pour fonctionner de concert avec le moteur Shimano EP801. L’ergonomie de la nouvelle commande est très agréable et le fonctionnement particulièrement doux, et on dispose également de nouvelles fonctionnalités comme le Freeshift qui permet de changer les rapports sans pédaler en laissant le soin au moteur de faire tourner la chaîne juste ce qu’il faut pour changer les rapports. Pratique en descente, histoire d’être préparé au moindre coup de cul sans devoir changer ses points d’appui. Nous avons fait une vidéo complète sur le sujet, disponible ici : Test vidéo | Shimano Di2 : le retour !

Le freinage est également confié à Shimano avec les XT 4 pistons et disques Ice Tech de 203mm de diamètre, toujours prévisibles et agréables.

Les roues proviennent de chez Mavic avec le modèle haut de gamme à jantes alu spécifique e-bike, les e-Deemax S. Vu le tarif du vélo, nos goûts de luxe auraient peut-être été plus comblés avec des roues en carbone, mais côté comportement, nous avons beaucoup apprécié les Mavic e-Deemax qui sont à la fois réactives et tolérantes. Puis, même si rien n’est indestructible, nous les avons trouvées plus solides que la plupart des roues alu pour e-bike que nous avons eu l’occasion d’essayer et qui ont tendance à avoir plus rapidement des pocs que les e-Deemax.

Les roues en 29 pouces sont chaussées de pneus Maxxis Minion DHR et DHF en carcasse Exo+ et section de 2.6″. La carcasse Exo+ peut sembler un peu légère pour un programme gros enduro sur terrains agressifs, mais en usage all-mountain, c’est plutôt un bon compromis et ils grèvent moins le poids et le rendement que des DoubleDown. La section de 2.6 paraît imposante sur papier, mais nous l’avons vite oubliée et nous n’avons pas trouvé le comportement flou dans les appuis.

Du côté des accessoires, Mondraker utilise des références de sa marque d’équipements OnOff. Leur finition est de qualité et on a apprécié le fonctionnement de la tige de selle télescopique, qui a un débattement réglable si on souhaite le modifier par rapport à ce qui est proposé d’origine.

Au total, sur la balance, nous avons pesé notre Mondraker Crusher SL en taille M à 23,65kg (pour 23,4kg annoncés), ce qui n’est pas super léger, mais c’est tout de même un joli score pour un modèle enduro équipé généreusement et doté d’une batterie en 720Wh.

Gamme Mondraker Crusher et prix

La gamme Mondraker Crusher compte trois modèles, tous basés sur le même ensemble châssis/moteur/batterie. Le ticket d’entrée est assez élevé et on peut dire qu’il n’y a pas vraiment de modèle d’entrée de gamme en Crusher. Si on veut un Mondraker en moteur Shimano plus accessible, il faut se tourner vers le Dusk en cadre alu, disponible à partir de 4599€. Ici, il faut débourser minimum 6999€ pour le premier Crusher monté en suspensions Fox Performance et Sram GX, annoncé 24,6kg. Rappelons tout de même qu’on dispose d’un cadre carbone/alu et d’une batterie de 720Wh, et que le ticket d’entrée pour le Crafty Carbon en Bosch est à 8799€.

Vient ensuite le Crusher R qui apparaît comme le bon compromis avec ses suspensions Öhlins identiques à celles du RR testé ici et une transmission Sram GX/XO1 mécanique. Il est annoncé à 24,1kg pour 8299€. Enfin, le Crusher RR que nous avons testé est le haut de gamme. Il conserve les suspensions Öhlins, mais il ajoute la transmission électronique Shimano XT Di2 et des roues plus haut de gamme pour 9499€.

Mondraker Crusher RR : le test terrain

Au départ, nous avions reçu ce Crusher principalement pour tester le nouveau moteur Shimano EP801. Puis, le modèle nous a tellement plu que nous avons aussi eu envie de vous en parler en tant que tel et de publier un test. Le premier point que nous a marqué avec ce Crusher, c’est l’impression de légèreté qu’il dégage.

Avant de le peser et de voir qu’il faisait plus de 23,5kg, on aurait presque dit qu’il pesait 20kg. Plusieurs éléments peuvent l’expliquer : tout d’abord l’excellente géométrie qui place le pilote de manière bien redressée sur la machine (angle de tube de selle de 77°), dans une position bien propice au pédalage. Puis, il y a aussi la suspension très neutre, qui n’a pas tendance à s’affaisser en côte et qui offre un excellent rendement.

Même sans mettre l’assistance ou en restant en mode Eco, on a d’excellentes sensations au pédalage et on retrouve des caractéristiques habituellement réservées aux e-bikes légers. Quand on aborde des grimpettes plus techniques, on peut compter sur l’efficacité de la suspension pour apporter un excellent grip sans pour autant manger trop l’énergie du pilote ou de l’assistance. Ajoutez à cela le nouveau moteur Shimano EP801 qui a nettement plus de punch que son prédécesseur tout en restant très « rond » et facile à maîtriser au niveau de la puissance qu’il délivre et vous avez un vélo avec lequel vous vous sentez très vite à l’aise dans les portions de franchissement et qui vous permet de venir à bout de beaucoup de montées « impossibles ».

Les différents réglages disponibles via l’application Shimano E-Tubes project permettent de customiser les modes d’assistance et d’optimiser le fonctionnement du moteur selon son usage, le relief rencontré, son poids. Et, au final, tous nos testeurs ont réussi à trouver facilement des réglages qui leur permettaient à la fois d’avoir un vrai support de la part du moteur, mais avec une consommation particulièrement basse.

Le record revient à notre journaliste Adrien qui a fait 35km et un peu plus de 1000m de d+ en utilisant… moins de 20% de la batterie ! Bon, c’était dans un groupe où il était le seul en électrique et il pèse 65kg, mais même pour un pilote de 85/90kg en exploitant vraiment le moteur sans trop réfléchir, on peut sans aucun mal dépasser les 1500m de d+ et même viser les 1700/1800m en optimisant un peu l’usage des différents modes. Au fil de ce test, l’autonomie est en tout cas clairement apparue comme un point fort grâce aux qualités combinées du châssis, de la motorisation et de la grosse batterie.

Et en descente ? Là aussi, le Crusher a réussi à nous impressionner. Commençons par l’équilibre du châssis, qui est remarquable, avec une excellente distribution des masses. La grosse batterie ne se fait pas trop sentir et on n’a pas du tout l’impression d’avoir un avant pataud, rivé au sol. Bien au contraire, c’est facile de lever le train avant et de le placer au millimètre dans les sections trialisantes. On apprécie aussi le train arrière qui reste bien posé au sol et calme, histoire de tranquilliser la machine.

Nous n’avions plus testé de suspensions Öhlins d’enduro depuis longtemps et nous étions resté avec l’image de produits efficaces mais exigeants, qui demandent de la vitesse et de l’engagement pour être pleinement exploités, et qui étaient aussi assez compliqués à régler. Ici, nous avons simplement pris le manuel et suivi les recommandations constructeur, pour nous retrouver tout de suite avec des suspensions extrêmement sensibles en début de course et au comportement d’emblée très flatteur.

Cette première impression agréable s’est confirmée par la suite avec des suspensions qui donnent une grande impression de confort et d’onctuosité, y compris quand ça tabasse très fort. Jamais le vélo ne semble dépassé et c’est très agréable. Une fois qu’on est en confiance, on apprécie aussi que ces suspensions ne mangent pas toute l’énergie et ne se contentent pas juste de coller le vélo au sol. Quand le pilote le décide, elles l’aident aussi à adopter un pilotage plus tonique et à jouer avec les reliefs. Au final, cela donne un Crusher à la fois très stable et rassurant, mais aussi vraiment joueur… tout ce qu’on aime !

Verdict

Le Mondraker Crusher est une très belle surprise. Le Crafty et son moteur Bosch a tendance à capter toute l’attention, mais cette version au cadre carbone/alu et moteur Shimano mérite vraiment qu’on s’y intéresse aussi. Les évolutions du Shimano EP801 lui donnent une poigne qui lui permet presque de rivaliser avec le Bosch tout en conservant plus de douceur, ce qui dope les facultés du Crusher dans les ascensions techniques. Sans oublier son autonomie qui est absolument bluffante. Les qualités du châssis sont aussi très bien mises en valeur en descente par les suspensions Öhlins que nous avons redécouvertes avec plaisir et qui se marient parfaitement avec ce châssis. Dans cette version RR, le Crusher n’est pas donné, mais c’est un véritable coup de cœur pour nous au sein de la rédaction. 

Mondraker Crusher RR

9499 €

23,65kg

  • Autonomie excellente
  • Moteur Shimano EP801 plein de poigne et de douceur
  • Suspensions Öhlins en accord parfait avec le châssis
  • Comportement à la fois rassurant et fun
  • Tarif costaud
  • RAS

Évaluation des testeurs

  • Prix d'excellence
  • Coup de coeur
  • Rapport qualité / prix

ParOlivier Béart