Test nouveauté | Mondraker Neat : fils de bonne famille
Par Adrien Protano -
Avec le Neat, dernier modèle en date de la marque espagnole, Mondraker rentre dans la danse de l’e-bike léger. Au-delà d’un simple modèle à assistance légère, c’est véritablement un objet de passion reflétant la personnalité et l’engagement de ses concepteurs que Mondraker entend proposer. Que peut bien valoir ce châssis de 160/150 mm de débattement avant/arrière embarquant un moteur TQ HPR-50 ? Nous avons eu l’occasion de passer une journée en sa compagnie en avant-première. Découverte :
Si Mondraker s’est engagée dans la voie du VTTAE dès 2016 et affiche divers modèles à assistance électrique au sein de son catalogue, la marque d’Alicante était pourtant jusqu’à présent toujours absente du segment de l’e-bike léger (comprenez là un e-bike doté d’un moteur et d’une batterie plus petits).
Après 3 années de développement, Mondraker fait son entrée dans le petit monde des e-bikes légers en présentant son dernier châssis, le Neat. « Le Neat est simplement notre vision de ce que devrait être la catégorie Light e-MTB, tout en apportant le caractère qui définit tous les vélos Mondraker », explique Israel Romero, responsable marketing produit et communication au sein de la marque.
« Nous avons compris que le poids était un facteur clé pour cette nouvelle plateforme, mais nous ne pouvions pas le laisser prendre le pas sur les performances de l’ensemble du vélo. Nous voulions offrir le meilleur des deux mondes : un savant mélange entre la capacité d’un E-Crafty Carbon et la polyvalence et le plaisir de pilotage d’un Foxy Carbon », continue Israel.
Châssis :
Dans sa mission de concevoir un e-bike léger, la marque a donc eu recours à un cadre 100% carbone “Stealth Air”, dont la mise en œuvre s’inspire des recherches effectuées pour les vélos de XC de l’enseigne espagnole. Cela permet au cadre nu du Neat d’afficher un score de 2,3 kg sur la balance, tandis que le vélo complet (dans sa mouture la plus onéreuse) est à 17,9 kg.
Lignes acérées caractéristiques, tube supérieur aplati à l’extrême et jonction entre le tube de direction et le tube supérieur/diagonal, le Neat est bel et bien issu de la famille Mondraker !
On trouve aussi quelques détails intéressants, qui témoignent du soin apporté à la conception de cette machine. On pense notamment à l’intégration complète de la câblerie qui rentre directement dans le cadre au niveau de la douille de direction.
Ou encore au petit garde-boue situé juste au-dessus de l’amortisseur ainsi que du minimaliste système anti-déraillement monté de série.
Deux portes-bidons Fidlock sont prévus au sein du triangle avant de ce Mondraker Neat. Celui placé sur le tube diagonal est également prévu pour accueillir le Range extender, dont on vous parle plus bas, puisque le port de branchement se situe juste au-dessus.
Géométrie :
La célèbre Forward Geometry est indissociable de Mondraker. Bien que les vélos caractérisés par un avant long et une potence courte soient désormais courants, la marque espagnole sera toujours reconnue comme l’une des pionnières ayant introduit cette architecture novatrice.
Le Mondraker Neat se dote d’une géométrie certes inspirée des Foxy et Crafty Carbon, mais spécifique à cette nouvelle plateforme et à la pratique de l’e-bike léger. Elle se caractérise par un angle de direction de 64,5°, un angle de tube de selle de 76,5°, des bases de 450 mm (soit 5 mm de plus que le Foxy, et 5 mm de moins que le Crafty) ainsi que d’un reach de 470 mm en taille M.
Cinématique :
Du côté de la cinématique, on retrouve également une solution chère à la marque. Déclinée sur chacun des vélos de la marque, la cinématique Zero Suspension se retrouve également sur le Neat. Sur ce système à point de pivot virtuel, l’amortisseur est monté flottant entre les deux biellettes (cf. Lexique). Le nom provient, quant à lui, simplement de la promesse d’une cinématique offrant zéro pompage, zéro kick back et zéro verrouillage au freinage.
Un important travail de prototypage et d’essai a été réalisé par les équipes de la marque, pour s’approcher au maximum des sensations que Mondraker désirait que sa nouvelle plateforme procure au pilote. La marque d’Alicante a mis au point un vélo mule destiné à développer la cinématique et pouvoir tester différentes cotes de géométrie. Celui-ci est réalisé à base d’un cadre usiné CNC sur lequel la marque a monté un système de télémétrie en collaboration avec une équipe directement venue des QG de chez Fox.
Si la cinématique découle évidemment de celle expérimentée sur les autres châssis de la marque, Mondraker explique avoir mis au point une cinématique propre à ce Neat et ayant pour objectif d’offrir un anti-squat similaire à celui que peut proposer un Foxy, tandis que la progressivité aurait davantage trait au Crafty. « Notre souhait était d’avoir un vélo sensible et très capable. Le Neat est destiné à encaisser les terrains les plus accidentés » explique la marque.
L’amortisseur est monté plus bas dans le cadre, avec un bras oscillant plus compact, plus léger et plus rigide
De manière plus concrète, l’amortisseur est monté plus bas dans le cadre, avec un bras oscillant plus compact, plus léger et plus rigide. Cette optimisation, selon la marque, permet d’offrir une plus grande sensibilité au début de la course de l’amortisseur et une meilleure absorption des chocs.
Assistance :
Pour son premier e-bike léger, Mondraker a choisi de travailler avec le motoriste allemand TQ. La marque espagnole désirait un moteur compact et silencieux afin de proposer un e-bike offrant des sensations au plus proche de celles d’un modèle sans assistance. « Nous avons essayé différentes solutions, peut-être même l’ensemble des moteurs disponibles à vrai dire. C’est finalement avec TQ que nous avons désiré collaborer. Leur moteur collait à nos attentes et on voulait une équipe prête à nous suivre dans nos projets », détaille Israel.
Si vous voulez tout savoir sur ce fameux moteur TQ HPR 50, rendez-vous dans cet article détaillé, et nous nous contenterons ici de rappeler qu’il s’agit d’un des plus petits moteurs du marché en termes de dimensions et de poids. Il ne pèse que 1,8kg et mesure 8cm de diamètre, développe 50Nm de couple et peut délivrer jusqu’à 200% de la puissance du pilote en assistance, là où de plus gros moteurs type “power e-bike” peuvent aller jusque 350 voire 400%.
La batterie de 360 Wh est amovible au moyen d’une petite trappe située sous le bas du tube diagonal tandis qu’il est possible de placer un range extender, à savoir une batterie additionnelle de 160 Wh, directement sur le support Fidlock du tube diagonal afin de gonfler l’autonomie. Dans une optique (presque) fanatique du poids, il est également envisageable de rouler uniquement avec le range extender (950 g), et d’ainsi se passer des 1,870 kg de la batterie du tube diagonal. Une économie de presqu’un kilo mais une autonomie réduite de plus de moitié !
Montages, poids et tarifs :
La gamme ne compte que trois modèles, tous en carbone et disponibles dès maintenant. Le Neat R, à gauche, est affiché à 7999 € pour 18,9 kg. Il est équipé de suspensions Fox 36 Performance et Float X Performance en 160/150 mm de débattement, d’une transmission Sram GX/NX Eagle, de freins Sram G2 R avec disques de 200 mm, de roues Mavic E-Crossride et de pneus Maxxis Minion DHR 2.4 Exo+ (AR) et DHF 2.5 Exo+ (AV).
Milieu de gamme, le Neat RR, grimpe à 9999€ et voit son poids passer à 18,3 kg.
Milieu de gamme, le Neat RR, grimpe à 9999€ et voit son poids passer à 18,3 kg. Il est équipé de suspensions Fox 36 Grip2 Factory et Float X Factory en 160/150 mm de débattement, de la nouvelle transmission Sram GX T-Type, de freins Sram Level Stealth avec disques de 200 mm, de roues Mavic E-Deemax SL et de pneus Maxxis DHR 2.4 Exo+ (AR) et DHF 2.5 Exo+ (AV).
Plus haut de gamme mais aussi équipé plus “léger”, le Neat RR SL pointe à 11 999€ et passe juste en dessous de la barre des 18 kg (17,9 kg). Le cadre est identique aux deux modèles précités mais il s’équipe d’une transmission Sram XX AXS T-Type, de freins Sram Level Ultimate Stealth avec disques de 200 mm et de roues Mavic E-CrossMax Carbon XL. Les suspensions ainsi que les pneus sont identiques au modèle RR.
Prise en main du Mondraker Neat
C’est dans les Pyrénées que Mondraker nous a conviés afin de découvrir sa première itération de l’e-bike léger. Au programme, une matinée sur des singles naturels et remplis de surprises tandis que l’après-midi se déroulera majoritairement sur le bikepark de Biescas et ses nombreux sauts et virages relevés.
Après avoir rejoint le début des singletracks, place à la montée. Si la première partie de l’ascension se fait sur des chemins relativement larges, c’est ensuite sur de plus petits chemins présentant de nombreuses cassures et mouvements de terrain que l’on grimpe.
Lors de ces différents passages techniques, le Neat s’avère être un plaisir à piloter. Le vélo est logiquement bien plus maniable qu’un power e-bike plus lourd et pataud (comprenez là un e-bike doté d’un « gros » moteur et d’une grosse batterie, à l’image d’un Shimano EP8 ou d’un Bosch CX), et l’équilibre de la plateforme est bien gérée. Le Neat offre du grip et de la traction et n’a pas de fâcheuse tendance à cabrer.
Sans avoir l’impression que le vélo fait tout le travail comme c’est parfois le cas sur d’autres e-bikes à gros moteur, l’assistance TH HPR-50 offre tout le soutien nécessaire même dans les pentes les plus raides.
Et voilà que la pente s’inverse, place à la descente !
C’est un vélo plein de caractère et passionnant à piloter que l’on découvre sur ces portions descendantes. Savant combo entre géométrie aboutie, suspensions performantes et cinématique réussie, le Neat est très capable tout en offrant une sensation de sécurité. En échange d’une certaine dose d’engagement, le vélo est capable de survoler aisément les terrains accidentés de la région, avec du confort sur les petits chocs combiné à une capacité à absorber les plus gros impacts.
On change de versant et on remonte en direction du bikepark de Biescas. L’ascension se fait sur de larges chemins 4X4, à la pente parfois impressionnante. Le mode éco définitivement trop faible, c’est entre le mode intermédiaire et le puissant « High » que l’on navigue.
En découle un constat plus général : sur cette plateforme au débattement généreux, le premier mode du moteur TQ semble un peu trop timide. S’il évidemment possible de switcher sur l’un des deux modes supérieurs ou de « gonfler » ce mode éco sur l’application smartphone du motoriste allemand, cela affecte directement l’autonomie qui chute bien plus vite.
Si nous l’avions trouvé en concordance avec le programme du Scott Lumen ou encore du BMC Fourstroke AMP LT, le HPR-50 nous avait déjà laissé légèrement sur notre faim lors du test du Trek Fuel EXe. Le Mondraker Neat vient donc confirmer notre opinion selon laquelle ce moteur nous semble davantage adapté pour des vélos plus orientés XC/trail.
On se surprend donc à envisager le même châssis mais doté d’une assistance du type Fazua Ride 60 peut-être plus en phase avec le programme du vélo ou encore à s’imaginer un Neat au débattement légèrement réduit, à l’image d’un Raze électrifié… Qui sait ce que pourrait réserver le futur de la marque d’Alicante ?
Un poil timide pour un usage dans certaines régions où le dénivelé est important ou pour certains pilotes plus lourd il est vrai, mais le choix du moteur TQ par Mondraker se comprend sur bien d’autres points ! Au-delà de son poids réduit et de sa forme compacte, l’assistance HPR-50 est extrêmement discrète, tant au ressenti naturel sous la pédale qu’à la discrétion quasi parfaite à l’oreille.
Les premiers sauts et virages relevés du bikepark s’enchainent et défilent sous nos roues, pour notre plus grand plaisir. Au-delà de toute notion de bien ou de mal ou de quelque idée de performance, on peut affirmer que le Mondraker Neat est un vélo avec de la personnalité. Malgré le poids de l’assistance, le Neat se montre agile dans les changements de direction et facile à placer sur les différents sauts du bikepark. On n’a pas ici l’impression de trainer un poids en sortie de virage et le pilotage est plus proche de celui qu’on a avec un vélo sans assistance que sur un e-bike à gros moteur.
Côté autonomie, il est toujours difficile de donner des chiffres exacts tant une estimation dépend de nombreux facteurs (terrain, dénivelé, poids du pilote, style de pilotage…). Nous pouvons cependant vous affirmer qu’il nous restait 44% de batterie au moment d’attaquer la seconde moitié de la journée, après un peu moins de 20 kilomètres et 800 m de dénivelé en jouant avec les différents modes. Attention toutefois, il s’agit ici uniquement d’une indication à titre informatif. Certains de nos collègues au sein du même groupe avaient dépassé la barre des 20% restants !
Loin d’être le premier e-bike léger équipé d’un moteur TQ HPR-50, le Mondraker Neat parvient a tirer son épingle du jeu grâce à un châssis rempli de personnalité et de caractère. Offrance du plaisir de pilotage à l’état pur, ce Neat se montre agile, (très) capable et rassurant dans la pente grâce à une cinématique offrant support et confort. Lors des ascensions, le Neat réalise un quasi sans-faute également avec une bonne assiette, du grip et une facilité de pilotage. L’assistance TQ, naturelle et discrète, est suffisante pour animer le Neat, mais nous ne pouvons qu’imaginer le même châssis doté d’un moteur du type Fazua Ride 60 peut-être plus en phase avec le programme du vélo, ou encore à envisager un Neat au débattement légèrement réduit, à l’image d’un Raze électrifié…
Photos hors Vojo : Mondraker