Test longue durée | Shimano SLX M7000 : il tient la distance, mais…

Par Olivier Béart -

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Test longue durée | Shimano SLX M7000 : il tient la distance, mais…

Petit frère du best-seller XT M8000, le Shimano SLX M7000 se veut à la fois très accessible et apte à résister à un usage très assidu. Apparu l’an dernier, nous l’avons mis à l’épreuve toute cette saison en version 1×11 sur un Orbea Occam qui nous a servi à l’emmener sur des terrains très variés et exigeants, des cailloux de la Transvésubienne jusqu’à la célèbre boue belge. Voici notre verdict en deux parties, pour la transmission et les freins.

Présenté en même temps que le XT Di2 électronique, la sortie de la dernière version du Shimano SLX, nom de code M7000 (M8000 faisant référence au XT et M9000 au XTR), était passée un peu inaperçue. Pourtant, le SLX est un groupe très intéressant, qu’on retrouve sur de nombreux vélos milieu de gamme et dont certains composants s’égarent parfois même sur des machines très luxueuses. Si son image n’est pas aussi prestigieuse que le XT, qui se rapproche aujourd’hui très fort du XTR, le Shimano SLX reste un groupe adapté à un usage intensif, contrairement au Deore qui se destine davantage à un usage récréatif occasionnel.

Cliquez ci-dessous pour passer à la page suivante et voir le résultat de notre test, composant par composant, en commençant par la transmission et en terminant par les freins.

Partie 1 : la transmission

La transmission Shimano SLX M7000 a été mise à jour en 2016 en reprenant les grands codes esthétiques initiés par le XTR et surtout le XT avant elle. Puis, surtout, elle est passée au 11 vitesses et elle s’est dotée d’une réelle option mono-plateau que nous avons choisi de tester ici après avoir essayé le XT M8000 en version 2×11 (le SLX est aussi toujours disponible en double et même en triple).

Au niveau du prix, la différence avec le XT est intéressante, puisqu’on trouve le groupe complet (sans freins) au prix officiel de 350€ et même autour de 250€ en cherchant un peu, alors qu’il faut minimum 350€ pour le XT (dont le prix officiel dépasse les 500€). Examinons comment se comporte chaque élément de la transmission pour voir s’il est utile de dépenser plus et ce que vaut réellement le Shimano SLX M7000.

Pédalier Shimano SLX M7000 : que les XT et XTR en prennent de la graine !

Commençons notre tour d’horizon du groupe SLX M7000 par ce qui est sans aucun doute la pièce la plus visible : le pédalier. Nous l’attendions au tournant car nous avons par le passé émis de très vives critiques par rapport à la piètre durabilité de la finition des pédaliers XT et XTR. Ici, bonne surprise : Shimano a visiblement tenu compte des remarques et même en fin de test, moment où les photos que vous avez sous les yeux ont été prises, le pédalier SLX fait encore très belle figure !

Son secret ? Tout simplement une finition brossée au niveau des parties exposées et une forme de manivelle plus creusée au niveau de l’axe. Deux points qui évitent les contacts avec les chaussures à chaque coup de pédale et qui permettent aux manivelles d’être presque comme neuves après toute une saison de test. Espérons que cela inspire Shimano pour les prochains XT et XTR !

Bien sûr, il y a quelques traces de coups, surtout aux extrémités des manivelles, mais rien de catastrophique, et on peut même saluer là aussi la durabilité et la solidité des manivelles SLX M7000 vu ce qu’elles ont eu à endurer pendant le test. Le serrage par deux vis du côté opposé au plateau est éprouvé, simple et fiable. Quant au boîtier Pressfit BB92, il ne nous a pas plus causé de souci ici que lors du test du XT (il s’agit du même modèle).

Du côté du plateau, c’est aussi du tout bon. Les dents en acier sont particulièrement solides et durables. L’usure est à peine visible et il semble encore pouvoir durer plusieurs milliers de kilomètres. Les dents adoptent aussi désormais un profil de type narrow-wide et plus « carré » comme par le passé sur les premiers XTR et XT mono, ce qui avait causé quelques soucis notamment dans la boue avec des cas de chain-suck. Ici, c’est fini et la fiabilité est au rendez-vous, tout comme le maintien de la chaîne. Par sécurité, vu le programme parfois engagé auquel nous avons soumis notre Occam et le groupe SLX, nous avons tout de même opté pour un petit anti-déraillement par sécurité, mais en usage XC/Marathon/Rando il n’est pas du tout indispensable.

Enfin, cerise sur le gâteau : avec 718g, le pédalier Shimano SLX M7000 pèse presque exactement le même poids que le XT ! Vu son prix inférieur (99€ prix officiel) et la meilleure résistance de sa finition, nous vous recommandons donc chaudement d’opter pour ce modèle… sauf si à vos yeux il n’est pas concevable d’avoir une pièce estampillée en grand « SLX » sur votre vélo et que vous préférez le prestige du nom XT.

Dérailleur arrière : joli, mais quid de la durabilité ?

Le dérailleur arrière se rapproche visuellement très fort du XT M8000, avec même une finition plus valorisante grâce à l’alternance de parties noires et d’autres en alu brossé satiné. De loin, il aurait presque pu s’appeler XTR. Seuls ses galets pleins et montés sur paliers Teflon et non sur roulements trahissent ses origines plus roturières.

Le Shadow+ est bien au rendez-vous pour limiter les mouvements de chaîne et éviter les déraillements en usage mono-plateau. Il est débrayable pour faciliter le démontage de la roue, et son maintien nous a semblé aussi bon que sur le XT. La patte de dérailleur existe pour fixation standard, mais aussi pour patte spéciale Shimano (comme ici) qui permet d’éliminer un élément et de monter le dérailleur plus directement sur le cadre.

Pour ce qui est du poids, le dérailleur arrière Shimano SLX M7000 prend moins de 20g sur la balance par rapport au XT. Par contre, ici, on sent que des concessions ont été faites au niveau de la construction. La faute à pas de chance peut-être, mais le fait est que nous avons cassé assez facilement un premier dérailleur et que le second a aussi fini par être plié au niveau de la chape après une rencontre avec une branche.

L’usure des galets est raisonnable et ils ne bloquent pas dans la boue, mais la conception globale du dérailleur et les matériaux employés ne lui permettent pas d’afficher la même rapidité et la même précision que le XT. Un upgrade vers le modèle supérieur est donc conseillé, car même si le SLX remplit correctement son office, sa solidité en usage intensif et ses performances ressortent de notre test comme un gros cran en dessous de la version supérieure qui n’est, en définitive, pas beaucoup plus chère (une vingtaine d’euros en moyenne d’après un petit examen des prix du marché ; le prix officiel du dérailleur SLX étant de 78€).

Levier de vitesses : les concessions se font sentir

Le levier de vitesses Shimano SLX est une autre pièce importante du groupe sur laquelle les économies se sentent. La finition est belle et la partie supérieure ressemble très fort au XT, tout comme le poids, très proche.

Par contre, quand on regarde le bas de la commande de vitesses Shimano SLX M7000, on se rend compte que les différences sont nombreuses, et cela se sent. Le levier permettant de monter les rapports avec le pouce est en plastique assez basique et la précision des crans est loin de celle du XT. C’est assez pardonnable et compréhensible, mais ce qui l’est moins, c’est qu’au fil du temps, ce même levier prend aussi un jeu assez important qui n’aide pas à améliorer la situation.

Le levier de descente des vitesses est mieux loti mais dans l’ensemble, la commande se rapproche plus des groupes d’entrée de gamme type Deore et inférieurs que du XT. Là aussi, nous vous recommandons un upgrade vers le XT !

Chaîne : RAS, ça tourne

La chaîne SLX adopte le même design « Dynamic Chain Engagement » que les XTR et XT 11 vitesses. Elle marque aussi l’apparition du premier maillon rapide de l’histoire de Shimano, ce qui est une excellente nouvelle. 25% moins chère (35€ prix officiel), d’un poids égal, elle ne s’use pas plus qu’une XT (un peu plus de 0,075mm en 1500km, mais moins de 0,1mm sur notre outil Rohloff) et se montre aussi performante. Bref, pas de raison de se priver, c’est du très bon matériel.

Cassettes 11/42 et 11/46 : plus lourdes mais de qualité

Au début de notre test, la cassette SLX 11/46 n’était pas encore disponible. Seule la 11/42 l’était et elle s’est très vite montrée bien trop limitée pour être utilisée avec un seul plateau à l’avant. Après avoir roulé un moment en l’état (pour la Belgique et les régions à dénivelé plus modéré, ça peut passer), nous avons opté pour un kit OneUp avec couronne de 47 dents afin d’augmenter la polyvalence de l’ensemble (nous vous en reparlerons). Côté poids, vu qu’on voit les deux cassettes sur la balance, on constate que le surpoids est de près de 70g pour la 11/42 par rapport à une XT, et de 40g pour la 11/46.

On s’éloigne du montage d’origine, c’est vrai, mais vu qu’il s’agit juste d’une couronne supplémentaire en haut de cassette et du remplacement des pignons de 17 et 19 dents par un 18 fourni par One Up, il reste tout de même 9 des 11 galettes d’origine pour se faire une idée de la durabilité. Et celle-ci est excellente, même si la finition noire du pignon de 42 dents en alu se marque plus vite que sur le gris moyen des XT. Au final, seul le surpoids, assez conséquent, distingue vraiment les SLX et XT, mais pas la qualité de l’acier utilisé, ni le taillage.

Bref, si le poids n’est pas une préoccupation pour vous, la cassette SLX est une bonne alternative au modèle XT et elle vous permettra d’économiser près de 30% du prix sur cette pièce d’usure (94€ prix officiel de la cassette SLX). Seul reproche, de par sa conception plus éclatée qu’une XT ou une XTR (plus de pignons individuels), elle marque encore plus les corps de roue-libre un peu tendres en aluminium, comme ici sur un body DT-Swiss

En fin de test, nous avons reçu la cassette Shimano SLX M7000 en version 11/46, apparue plus tard et affichée au prix public de 99€. Sa construction diffère un peu (les deux dernières dentures sont toujours en alu, mais seulement 3 pignons sont montés sur spider en alu contre 6 pour la XT) mais son étagement est identique à la XT, à savoir : 11-13-15-17-19-21-24-28-32-37-46. Comme nous l’avions souligné dans notre test de cette version de la cassette XT, le trou important entre les deux derniers rapports (9 dents) n’est pas aussi dérangeant qu’il n’y parait, mais il pourra perturber certains utilisateurs. Il permet en revanche de soigner davantage l’étagement en bas de cassette.

Il est trop tôt pour se prononcer sur la durabilité de cette version 11/46, mais nous ne voyons pas de raison pour que cela soit différent de la 11/42. Cela dit, pour nos testeurs ayant roulé avec la cassette « tunée » avec le kit 11/47 de chez OneUp et la solution Shimano 11/46, c’est clairement la première version qui recueille les faveurs en raison d’un étagement plus classique et linéaire, ainsi que de la petite dent de plus qui, parfois, est bienvenue et parvient à se faire sentir.

Transmission Shimano SLX M7000 : le verdict

Dans l’ensemble, la transmission Shimano SLX M7000 fait bien le job et devrait contenter la plupart des utilisateurs réguliers. Par contre, les bikers plus assidus qui poussent leur machine dans ses derniers retranchements risquent de voir rapidement les différences avec le XT sur certaines pièces. Le pédalier est excellent, et même plus recommandable que ses grands frères. La cassette et la chaîne sont de belles alternatives moins chères au XT. Mais l’ensemble dérailleur/shifter marque le pas au niveau précision, rapidité et durabilité. Pour son prix très serré, le SLX M7000 offre de bonnes performances globales et on peut lui pardonner certaines concessions. Mais pas toutes. Au final, la vérité est peut-être à chercher du côté d’un panachage entre du SLX et du XT pour le dérailleur et la commande de vitesses. 

Partie 2 : les freins

Sur la balance, les freins Shimano SLX M7000 de notre test affichent une petite trentaine de grammes de plus que les XTM8000… mais c’est principalement à cause des plaquettes équipées du petit radiateur de refroidissement sur ce modèle. Remplacez-les par des plaquettes classiques et vous arriverez à très peu de choses près au même poids que des XT.

Les disques 6 trous sont de conception très classique, sans spider en aluminium, ni conception Ice Tech permettant d’améliorer le refroidissement. Ils sont plus légers que leurs équivalents XT et que les modèles Centerlock (disponibles aussi au niveau SLX). Ils offrent des performances de freinage semblables dans la plupart des situations et ce n’est qu’en cas de sollicitations extrêmes qu’on pourra éventuellement sentir une différence au niveau du refroidissement. Mais pas en usage XC/Rando/Marathon.

Pour le reste, mis à part le logo SLX bien visible et la couleur, difficile de voir la différence avec des freins XT sur les leviers. On dispose de la même (excellente) ergonomie pour un freinage à 1 ou 2 doigts, ainsi que du réglage sans outil de la garde du levier, par une mollette facilement accessible. On doit par contre se passer de l’ajustement de la progressivité (free stroke), mais honnêtement, ce n’est pas une grande perte car le réglage standard offre un toucher très agréable, plutôt mordant, mais qui n’empêche pas de bien doser son freinage. Du pur Shimano comme on l’aime !

Au niveau des étriers, la conception est aussi quasiment identique aux XT et seul le montage d’origine des plaquettes Ice Tech avec radiateur de refroidissement les différencie vraiment. En l’absence de très longues descentes, il s’agit d’un gadget peu utile. Par contre, à la montagne et pour les très longues dégringolades, force est de constater que les freins SLX gardent toutes leurs facultés jusqu’en bas et ne sont que très peu sujets à la surchauffe. Le toucher change bien un peu, mais cela reste minime, comme nous avons pu nous en apercevoir sur la Transvésubienne (terminée dans la top 20 par notre testeur).

Un montage en disques de 180/160mm est parfait pour un full en 120mm comme l’Orbea Occam TR 29 pouces qui nous a servi de base pour ce test. La puissance conviendra parfaitement pour des pilotes de 80kg et plus, voire même pour un e-bike, même si dans ce cas et pour des bikers lourds, la sagesse recommandera peut-être de se tourner vers des XT 4 pistons ou des modèles DH/gros enduro comme les Zee et Saint. Mais pour notre part, nous n’avons jamais eu l’impression de manquer de puissance avec les SLX !

Au rayon de la fiabilité, nous n’avons pas rencontré le moindre souci avec ces freins Shimano SLX M7000. Ah, ça fait du bien d’avoir directement un produit parfaitement abouti qui se fait oublier et qui remplit parfaitement son rôle ! L’usure des plaquettes nous a même semblé meilleure que la moyenne (peut-être grâce aux petits radiateurs qui auraient pour « effet collatéral » de compliquer l’accès des saletés entre les plaquettes et les disques ? Rien n’est sûr mais c’est une hypothèse crédible). Enfin, comme sur tous les freins Shimano, la purge est d’une grande facilité.

Freins Shimano SLX M7000 : le verdict

A l’image de certaines pièces de la transmission, comme le pédalier, si vous ne faites pas une fixation sur le nom moins prestigieux que le XT, ou que quelques grammes de plus n’ont pas d’importance, les freins Shimano SLX M7000 font figure de maître achat. A moins de 200€ la paire, voire moins de 150 en cherchant un peu, ils sont quelques dizaines d’euros moins chers que leurs grands frères (qui sont déjà bon marché) tout en se montrant aussi performants et surtout d’emblée parfaitement fiables. Un must, que nous recommandons à tous les bikers au budget serré car il s’agit de tout sauf de composants au rabais !

Plus d’infos : le site Shimanonotre test longue durée du groupe Shimano XT

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Par Olivier Béart