Test | Giant Reign 29 : enduro, mais pas seulement

Par Léo Kervran -

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Test | Giant Reign 29 : enduro, mais pas seulement

L’été dernier, nous écrivions en conclusion de notre prise en main du Reign Advanced Pro 29 2 que « c’est exactement le genre de vélo qu’on aurait aimé conserver un peu plus longtemps pour le faire évoluer par petites touches et voir son véritable potentiel ». C’est justement ce qu’il s’est passé puisque le vélo nous a finalement accompagné de la fin de l’été jusqu’à ce début 2021, une longue période durant laquelle il a servi de support au test de nombreux composants. Cela a-t-il fait évoluer notre avis sur la plateforme ? Voici notre verdict.

Avant de commencer, un petit rappel des choses n’est pas inutile (vous pouvez également retrouver le lien de la prise en main en bas de cet article).

Le Reign, c’est l’enduro de Giant. Dans sa version 2020, il était chaussé de roues de 29″, équipé d’une fourche en 160 mm et développe 146 mm de débattement derrière. Notre modèle de test était le Reign Advanced Pro 29 2, affiché à 4 300 € dans sa configuration d’origine. A ce tarif, on a droit à un cadre carbone monté en Sram NX Eagle, suspensions RockShox Lyrik Select / Deluxe Select+, freins Shimano MT520, roues Giant et périphériques Giant.

Notons que pour 2021, ce modèle passe à 4 600 € et gagne une RockShox Zeb 170 mm ainsi qu’une nouvelle monte pneumatique, des Maxxis Assegai et DHR II en carcasse Exo+. La plateforme et le reste des composants ne changent pas.

Pour terminer sur le premier test terrain, notre conclusion complète au terme de la prise en main était la suivante :

« Par l’esprit qui s’en dégage, ce Giant Reign 29 nous fait penser au Canyon Strive. C’est un vélo d’enduro moderne mais qui sait rester accessible à tous, que ce soit au niveau du pilotage ou terrain de pratique. Sur le papier, cette version Advanced Pro 29 2 est loin d’être le meilleur rapport qualité/prix du marché, mais nous avons été agréablement surpris par les performances de l’ensemble qui dégage une belle impression de cohérence et d’équilibre. Sans gros point noir mis à part les pneus, le vélo peut tout à fait s’envisager tel quel dans le cadre d’une utilisation régulière, y compris en compétition. Pas de note pour cet essai, cela n’était qu’une courte prise en main le temps d’une journée, mais c’est exactement le genre de vélo qu’on aurait aimé conserver un peu plus longtemps pour le faire évoluer par petites touches et voir son véritable potentiel… »

Parmi les petits reproches qu’on lui avait fait, citons les freins qui manquaient légèrement d’endurance, la fourche qui obligeait à choisir entre efficacité en attaque et confort à allure tranquille, l’amortisseur qui avait un peu de mal à suivre dans certaines situations et les pneus trop fragiles (carcasse Exo sur le modèle 2020). En dehors de ce dernier point un peu plus gênant, rien de rédhibitoire et rien de très surprenant compte tenu du niveau de gamme.

On l’évoquait en introduction, ces derniers mois ce vélo a donc servi de base de test pour des pneus (notamment les Goodyear Newton), pour les freins Magura MT7 et leurs nombreuses options de personnalisation ainsi que pour la gamme de suspensions enduro (fourche et amortisseur) de SR Suntour, encore en test à l’heure où nous publions ces lignes.

Avec ces composants plus haut de gamme que ceux d’origine, nous avons pu pousser le châssis plus loin et autant le dire tout de suite, le résultat ne nous a pas déçus. Aucun changement n’est à signaler au pédalage, nos transformations n’ont pas modifié la géométrie du vélo et le poids n’a pas évolué de façon suffisamment importante pour que ce soit sensible dans un sens ou dans l’autre. On conserve donc un vélo bon pédaleur (pour un enduro), qui ne rechignera pas devant de longues journées typées all-mountain. C’est d’autant plus à saluer que nous n’avons pas touché à la transmission ou aux roues et qu’il y a matière à gagner du poids sur ces deux postes.

En descente en revanche, c’est différent. Avec un amortisseur plus efficace et des freins plus performants, on va plus vite et on pousse le vélo plus loin. Dans ces conditions, le Reign garde sa « patte Giant », c’est une monture très neutre. On se sent tout de suite bien (à condition d’avoir choisi la bonne taille, attention si vous mesurez moins de 1m80 car le trou est important entre M et L) et on s’amuse rapidement à son guidon, il n’y a pas besoin de faire 5 sorties pour trouver le mode d’emploi.

Cette neutralité est telle que le ressenti général que procure ce Reign n’est pas évident à décrire avec des mots. Le vélo se fait tout simplement oublier, il existe plus joueur ou plus « collé au sol », mais ce Giant réussit à tomber parfaitement entre les deux. La géométrie maniable et la cinématique qui mise sur l’efficacité se marient bien pour donner une machine facile à prendre en main, parfois un peu frustrante lorsqu’on aime les vélos joueurs car on sent que le potentiel est là, mais rassurante pour beaucoup.

La suspension arrière fonctionne bien malgré son débattement inférieur à la concurrence et on n’a pas la sensation de manquer de grip ou de talonner en permanence. Il faut l’admettre, Giant réalise ici une petite prouesse en proposant un vélo avec « seulement » 146 mm capable de concurrencer des montures en 160 ou 170 mm. Ce Reign a notamment roulé en compagnie du nouveau Trek Slash (essai à retrouver ici) ou du dernier Nukeproof Mega (essai à venir), sur des sentiers naturels ou en bikepark et nous n’avons jamais eu de difficultés pour tenir le rythme face aux deux autres.

Là où on sent les 146 mm, c’est plutôt lorsque la journée avance ou qu’on attaque sur des pistes vraiment longues. Pour bien gérer son débattement, Giant a vraisemblablement rogné un peu sur le confort et on se fatigue plus vite au guidon du Reign que d’un autre pur enduro.

La limite, nous l’avons finalement trouvée au niveau des roues, avec des jantes qui se sont révélées assez souples et sensibles aux pocs. Elles conviendront très bien pour une utilisation all-mountain ou sur terrain lisse et peu agressif, mais si vous envisagez d’aller plus loin, il faudra réfléchir à un changement pour engager l’esprit tranquille.

On notera aussi que notre modèle de test a fini avec une peinture assez marquée, notamment sur des zones peu protégées comme la base côté disque, les haubans ou les côtés du tube diagonal. Cependant, il est difficile d’incriminer spécifiquement Giant sur ce point car de nombreux fabricants rencontrent ce genre de soucis en enduro, au point que certains vendent désormais leurs vélos avec un film de protection transparent sur tout le cadre. Peut-être une piste à creuser pour la marque taïwanaise, en attendant de trouver une peinture qui répond à toutes les contraintes du VTT.

Verdict

Ces quelques mois supplémentaires de test et les expérimentations qui les ont accompagnés nous ont permis de mieux comprendre ce Reign. S’il peut être utilisé en compétition, nous ne le conseillerions pas à quelqu’un qui voudrait en faire l’objectif principal de sa pratique. Non, le Reign s’adresse plutôt aux personnes qui prennent éventuellement part à quelques courses pour le plaisir mais qui aiment avant tout les belles journées sur le vélo et à qui le dénivelé positif ne fait pas peur. En véritable passe-partout, il n’a pas besoin de vitesse ou d’un terrain particulièrement pentu voire défoncé pour s’exprimer. On pourrait presque le qualifier d’enduro « à l’ancienne », tant cette conception de la pratique semble se faire de plus en plus rare chez les fabricants. Mais ce serait bien mal saluer les efforts de Giant, qui a fait un gros travail pour moderniser ses géométries ces dernières années. On préfèrera donc le qualificatif d’enduro polyvalent, à cheval entre l’all-mountain et l’enduro. Un up-duro ?

Plus d’informations : giant-bicycles.com

Notre prise en main : Giant Reign 29 : l’enduro polyvalent

ParLéo Kervran