Test | Continental Kryptotal Fr & Re : retour au premier plan

Par Léo Kervran -

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Test | Continental Kryptotal Fr & Re : retour au premier plan

Lorsqu’un acteur historique du pneu refait sa gamme de fond en comble ou presque, ça éveille forcément notre intérêt, et encore plus s’il s’agit de Continental. Bien que le célèbre logo orange du fabriquant de Hanovre ait toujours été présent au plus haut niveau, ses pneus grand public n’ont jamais réussi à séduire le marché du VTT. Avec sa nouvelle offre Gravity qui couvre les pratiques du trail à la descente, on le sentiment que la marque pourrait bien inverser la tendance… Voici notre verdict après plusieurs mois sur les Kryptotal Fr & Re, la monte polyvalente de la famille :

La gamme compte 5 dessins : Xynotal pour le sec et dur, Kryptotal en intermédiaire/terrains mixtes avec un modèle avant (Fr) et un modèle arrière (Re), Argotal pour les terrains mous (gras ou poussière) et enfin Hydrotal en vrai pneu boue. A l’exception de l’Hydrotal, qui n’est disponible qu’en version DH Super Soft, chacun de ces pneus se décline ensuite en trois à quatre versions : carcasse Trail et gomme Endurance, carcasse Enduro et gomme Soft, carcasse DH et gomme Soft ou Super Soft. Simple, non ?

Sur les pneus, cette classification est représentée par de petits symboles avec de gauche à droite la pratique visée, la gomme et la carcasse (qui correspond exactement à la pratique pour l’instant). Pourquoi pas après tout, ça demande d’apprendre les différents signes mais c’est plus joli que des lignes de texte. Dans notre cas, les deux pneus sont en version DH Super Soft et si les tarifs commencent officiellement à 59,99 € avec la version Trail, il faut ici compter 84,99 € par pneu. Des tarifs élevés dans l’absolu mais dans la moyenne si on compare aux concurrents.

Sur le plan technique, la marque est assez avare d’informations pour cette nouvelle gamme. On sait tout juste que la gomme profite de la technologie Black Chili, un nom générique chez Continental qui ne renvoie à rien de précis, et que cette carcasse DH repose sur une structure double-pli en 110 tpi. Comme on vous l’expliquait dans notre lexique, plus le nombre de tpi (fils par pouces) est élevé plus la carcasse est apte à se déformer, et Continental utilise ici une valeur assez rare pour un pneu DH. Elle est complétée de chaque côté par un renfort qui enveloppe les tringles et le début des flancs mais on ne sait pas dans quel matériau il est conçu. Sur la balance, chaque pneu est annoncé à 1 290 g.

Place au terrain ? Pas tout de suite… Avant de rouler il faut monter les pneus et dans ce domaine, Continental n’a pas changé : les pneus de la marque allemande sont toujours les plus compliqués ou récalcitrants auxquels nous avons eu affaire. Selon vos jantes et si vous avez de la chance ça pourra se passer pas trop mal, mais il nous est aussi arrivé de ne pas réussir à ne passer ne serait-ce que la première tringle sur certaines jantes. Oui, même avec des démonte-pneus et en s’y mettant à plusieurs.

Une fois que c’est en place on n’a plus envie d’y toucher, donc les Kryptotal ont sérieusement intérêt à montrer de belles choses sur le terrain. Heureusement, ce fut le cas !

Problème de tolérance ou dimensions tout simplement hors normes, nous n’avons pas les outils pour le vérifier, mais il serait bien que Continental règle ce problème désormais récurrent. Les dimensions correspondent cependant à ce qui est annoncé puisque nous avons mesuré le pneu arrière à 60 mm de large et l’avant à 61,6 mm sur des jantes en 30 mm interne.

Une fois que c’est en place on n’a plus envie d’y toucher, donc les Kryptotal ont sérieusement intérêt à montrer de belles choses sur le terrain. Heureusement pour eux ce fut le cas puisqu’ils nous ont tout simplement bluffés. Côté carcasse d’abord : on sent bien qu’on a du soutien et que ce sont de gros pneus, ça inspire confiance mais il n’y a pas besoin de lui rentrer dedans outre mesure et de piloter au maximum pour la faire fonctionner. L’équilibre entre support et déformation est réellement bien trouvé et on ne s’est jamais dit qu’on serait mieux avec quelque chose de plus souple ou de plus rigide.

On sent bien que c’est un gros pneu mais il n’y a pas besoin de lui rentrer dedans outre mesure pour le faire fonctionner.

Nous n’avons pas eu l’occasion de l’essayer sur un vélo de DH cet été mais pour une pratique enduro dans les Alpes elle nous a largement satisfaits. Seul petit bémol, elle n’a pas su éviter une petite crevaison le long de la tringle (un pincement ou un silex mal placé ?) mais le trou était si petit qu’il a fini par se combler tout seul sans que nous ayons besoin d’insérer une mèche. La faute à pas de chance on va dire.

Au niveau du dessin et de la gomme, le tableau est tout aussi positif. Le Kryptotal Fr, conçu pour la roue avant en premier lieu, est celui qui nous a le plus impressionnés. Avec sa structure 3-2-3 typique des pneus polyvalents (on trouve la même sur le Maxxis Assegai, les Schwalbe Magic Mary et Eddy Current, le Vittoria Martello…) et ses crampons relativement rapprochés, il brille sans surprise sur le sec mais à notre grande surprise, il se débrouille aussi très bien dans le gras et la boue. Dans ces conditions difficiles, il fait par exemple bien mieux qu’un Assegai et s’approche d’un Magic Mary, qui offre lui moins de stabilité sur sol vraiment dur.

Et même quand on atteint ses limites et qu’il se met à glisser, il le fait avec une grande progressivité et sans jamais prendre par surprise. Le comportement est homogène et on n’a pas eu de sensation de décrochage violent comme cela peut arriver avec d’autres modèles. Il gagne encore un point bonus pour sa résistance au froid, avec des performances qui restent de bon niveau lorsque la température passe sous la limite souvent fatidique des 5 °C. C’est vrai, c’est de la gomme Super Soft et il faut voir ce que donnera la version Endurance dans ces conditions, mais tous les pneus ne peuvent déjà pas en dire autant.

A l’arrière, le Kryptotal Re est un peu plus orienté pédalage, ce qui a de bons et moins bons côtés. L’avantage, c’est qu’il pédale relativement bien pour un pneu en carcasse DH. Pas au point de relancer comme avec des pneus de XC, on a tout de même près de 1300 g sur chaque roue, mais on n’a pas la sensation d’être « ventousé » au sol comme c’est parfois le cas. L’inconvénient, c’est qu’il trouve ses limites plus vite que le Kryptotal Fr dans le gras et glisse assez facilement.

Les performances de la gomme lui permettent de s’en sortir à basse vitesse et avec du poids sur la roue (au pédalage donc) mais lorsqu’on fait appel aux crampons en premier lieu (en descente), c’est un peu plus compliqué. Néanmoins, ça reste prévisible et à peu près contrôlable, c’est par exemple mieux qu’un Maxxis DHR II qui peut surprendre. Sur le sec, rien à dire, le grip est polyvalent et le Kryptotal Re s’en sort aussi bien sur sol dur que si une petite couche de gravillons ou de poussière est présente.

Verdict

Des retournements de situation comme celui-ci, on n’en voit pas tous les jours. Notre dernier passage sur des pneus Continental nous avait franchement déçus (lire Pneus Continental Der Baron Projekt 2.4 : bons ingrédients, mauvaise recette) mais avec ces Kryptotal, la marque allemande réussit l’exploit de remonter tout en haut de notre classement et de se placer comme une véritable référence, en particulier pour le Kryptotal Fr. Adhérence, comportement prévisible, confort, soutien et même rendement, ces nouveaux pneus ont absolument tout pour plaire. A l’heure où on écrit ces lignes on n’a qu’une hâte, c’est de retourner rouler pour retrouver cette sensation de « c’est incroyable, comment il trouve de l’adhérence ici ? ». Et si on peut essayer le reste de la gamme au passage on ne dit pas non…

Plus d’informations : continental-tires.com

ParLéo Kervran