Test | Cannondale Jekyll 1 : atypique sous tous les angles

Par Léo Kervran -

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Test | Cannondale Jekyll 1 : atypique sous tous les angles

En juin dernier, Cannondale présentait son nouveau Cannondale Jekyll. Un changement radical de plateforme pour l’un des modèles mythiques de la marque, qui n’avait plus connu d’évolution depuis 2017. Après une rapide prise en main sur les sentiers vosgiens qui avait laissé un sentiment d’inachevé, il est revenu à la rédaction pour un test complet. Voici donc notre avis après un essai poussé, où l’on a pu prendre le temps de connaître et d’apprivoiser le vélo :

Si Cannondale n’est aujourd’hui plus aussi active sur le circuit EWS qu’elle l’a été par le passé, la marque a tout de même pensé ce Jekyll comme une machine taillée pour remporter des courses d’enduro tout autour de la planète. Autrement dit, un vélo efficace avant d’être fun, avec une suspension qui le colle au sol et des roues de 29″ pour rouler vite et pardonner les erreurs.

Cependant, le cahier des charges comportait une deuxième page. Cannondale a constaté que les vélos de DH sont de moins en moins populaires dans les bikeparks et les vélos d’enduro, à l’inverse, de plus en plus présents. Rien de surprenant quand on voit les capacités des montures modernes dans cette catégorie, mais la marque en a pris acte et a également cherché à faire en sorte que le Jekyll soit à l’aise en bikepark. Ça se traduit par un vélo confortable pour enchaîner les runs, tolérant et à l’aise dans les airs ainsi que dans la pente. Un objectif cohérent et compatible avec la performance pure ?

Châssis

Impossible de parler de ce nouveau Jekyll sans évoquer le placement très particulier de son amortisseur. C’est l’une des premières choses que l’on remarque, ou justement pas tant il est caché tout au fond du tube diagonal, dans ce que la marque appelle la Gravity Cavity. Vu de profil, on pourrait presque croire qu’il n’y a pas d’amortisseur si le Fox Float X2 Factory n’avait pas sa bonbonne qui dépasse.

L’objectif de ce positionnement est simple : descendre au maximum l’amortisseur pour abaisser le centre de gravité du vélo, quelque chose d’encore plus important avec ce modèle d’amortisseur en particulier, l’un des plus lourds et volumineux du marché (hors amortisseurs à ressort hélicoïdal). D’ailleurs, Cannondale parle de cavité mais c’est bien une véritable ouverture qu’on a dans le tube diagonal, on peut toucher l’amortisseur par en dessous.

Un choix qui n’est pas sans contraintes. Parmi les plus notables, celle du matériau : le nouveau Jekyll n’est disponible qu’en carbone. Selon la marque, l’aluminium demanderait un travail si complexe pour obtenir les mêmes formes que le cadre serait au final plus cher que celui en carbone, enlevant tout intérêt à cette déclinaison.

Autre nécessité, celle de protéger l’amortisseur qui se retrouve très exposé. Et à nouveau, Cannondale a opté pour une solution originale puisque la protection en composite qui a été dessinée n’est pas plaquée contre le cadre. Cette forme, qui participe grandement aux ligne particulières du vélo, est censée améliorer le refroidissement de l’amortisseur sur les longues descentes mais on retiendra surtout qu’elle ouvre aussi une « porte » pour les gravillons et la boue. Reste à voir si cela s’évacue facilement ou si toutes ces projections restent stockées à cet endroit.

En revanche, cette protection complique l’accès aux réglages de l’amortisseur puisqu’il faut la démonter (ou a minima, retirer 3 des 4 vis pour la faire pivoter) afin de pouvoir utiliser la molette du rebond hautes vitesses.

Sur le sujet des protections, le Jekyll est d’ailleurs bien armé : un garde-boue miniature mais efficace au-dessus du point de pivot principal de la suspension, des protections généreuses sur la base et le hauban côté transmission et un support ISCG 05 pour le montage d’un bashguard, même si le vélo n’en est pas équipé d’origine.

Bien protégé, mais aussi très bien fini ! Les volumes sont bien répartis, les lignes offrent un bel équilibre entre angles marqués et courbes mais surtout, le vélo a droit a une peinture exceptionnelle avec des reflets qui varient suivant l’éclairage et la luminosité. Le vert / cuivré Beetle Green de ce Jekyll 1 se marie d’ailleurs particulièrement bien avec le traitement Kashima des suspensions Fox…

Enfin, au rayon des petites caractéristiques techniques qui ont tout de même leur importance, on notera des passages internes pensés pour faciliter l’entretien du vélo (pas d’intégration via le jeu de direction, gaines et Durits guidées dans le cadre) et la conception Ai Offset Drivetrain, caractéristique des Cannondale. Le triangle arrière est décalé ce qui permet, d’après la marque, d’augmenter le dégagement au niveau du pneu et d’obtenir un meilleur angle pour les rayons, de façon à construire une roue plus solide et rigide.

Suspension

Au-delà du positionnement particulier de l’amortisseur, la suspension arrière de manière générale a de quoi éveiller la curiosité. Ce nouveau Jekyll s’inscrit dans la tendance, particulièrement forte en 2021, des vélos d’enduro à point de pivot haut.

Animation Théo Charrier / Vojo

Cependant, ce n’est pas un « classique » monopivot qu’a imaginé Cannondale, mais une architecture 4 bar linkage type Horst Link (voir notre lexique), avec le point de pivot des bases sur le cadre placé un peu plus haut que d’habitude. On pourrait parler de 4 bar linkage haut, par exemple.

Elle développe ici 165 mm de débattement et la marque l’a conçue de façon à isoler au maximum la suspension des mouvements du pilote, pour la laisser fonctionner en permanence. On remarque ainsi que l’anti-squat est assez faible, surtout en début de course sur la plage qui correspond aussi au pédalage. Attention, ce mode de réflexion peut aussi avoir ses inconvénients : cela signifie moins de retours d’informations, peut-être moins d’accélération lorsqu’on pousse sur les jambes…

Le galet de renvoi, nécessaire pour gérer l’allongement de la chaîne au fur et à mesure que la roue recule (trajectoire de l’axe de roue plus vers l’arrière que sur une suspension classique), est en aluminium, ce qui laisse présager d’une bonne durée de vie.

Quelque chose en revanche ne souffre d’aucune contestation : le fait que Cannondale ait pensé à adapter la cinématique du vélo à sa taille, en bougeant de quelques millimètres l’emplacement de certains points de pivot. Ça paraît logique pour tirer le meilleur parti de l’amortisseur, car quelqu’un qui roule sur une taille S ne pèse probablement pas le même poids que quelqu’un qui roule en XL, mais ce n’est pas (encore) la norme sur le marché.

A l’avant, le Jekyll est équipé d’une fourche en 170 mm de débattement, une Fox 38 Factory Grip2 sur notre version haut de gamme. Signalons au passage que Cannondale a validé sans réserve aucune le montage d’une fourche double té, en réduisant le débattement à 180 mm de préférence. Bon à savoir pour celles et ceux dont la pratique tend plus vers le bikepark et le freeride que vers l’enduro en compétition.

Géométrie

Si les formes du cadre et le concept de suspension pourraient presque être qualifiés de « débridés », Cannondale rentre dans le rang pour ce qui est de la géométrie. Un bon enduro, c’est un vélo qui va vite mais c’est aussi un vélo qui permet de rattraper des erreurs facilement et ça, la marque semble l’avoir bien compris.

Le Jekyll n’est donc pas aussi extrême que d’autres machines au débattement similaire : angle de direction à 64°, reach à 450 mm en taille M ou 475 mm en taille L et stack à 634 mm en M (643 mm en L) caractérisent la position en descente à son guidon. La longueur des bases varie suivant la taille et sur une grande plage, de 430 mm en taille S à 450 mm en taille XL. C’est comme la cinématique adaptée, ça paraît logique puisque l’avant s’allonge mais tout le monde ne le fait pas et c’est donc à saluer.

On notera enfin un angle de tube de selle bien droit, qui devrait permettre de rejoindre sans difficulté le sommet des pires liaisons : 77,5° sur toutes les tailles.

Equipements

Avec un tarif de 6 999 € (500 € de plus qu’à son lancement en juin 2021), le Cannondale Jekyll 1 se place résolument sur le segment haut de gamme. Les suspensions répondent parfaitement à cette exigence puisque, comme évoqué plus haut, on profite d’un amortisseur Fox Float X2 Factory et d’une fourche Fox 38 Grip2 Factory, dans les deux cas ce qui se fait de mieux avec des réglages pointus (rebond hautes et basses vitesses, compression hautes et basses vitesses).

Sur la transmission, c’est en revanche plus mitigé. On a droit à un mélange de GX Eagle (cassette, dérailleur, manette), NX Eagle (chaîne) et de « hors groupe » avec un pédalier X1 (30 dents). Si la version actuelle du GX a corrigé les défauts de jeunesse de la première mouture et se montre désormais aussi performante que du X01, certains jugeront que c’est un peu faible sur un vélo à près de 7 000 €. Dans ce cas, que dire de la chaîne en NX Eagle…

Retour sur de l’équipement en rapport avec le tarif pour les freins, puisqu’on bénéficie de Sram Code RSC en disque de 220 mm (!) à l’avant et 200 mm à l’arrière. Attention, ce sont bien les classiques disques Centerline et pas les nouveaux HS2, qui n’étaient pas encore sortis au moment du lancement du vélo.

Le train roulant est lui aussi un peu surprenant, notamment en ce qui concerne les roues : des jantes WTB Kom Trail i30 TCS, lourdes (plus de 600 g l’unité) et reliées à un moyeu Formula pour l’avant ou Sram pour l’arrière. Sans surprise vu la fiche technique, ce montage s’est avéré décevant sur le terrain avec un manque certain de dynamisme. Certains confrères étrangers ont également fait état de jantes plutôt fragiles, qui marquent ou se détendent facilement mais nous n’avons rien contré de tel, malgré un test avec des profils de testeurs (très) variés et sur de nombreux terrains.

Les pneus sont fournis par Maxxis, avec un bon combo polyvalent Assegai 2,5″ (avant) et Dissector 2,4″ (arrière). Tous deux sont carcasse Exo+ et gomme MaxxTerra, un choix qui ne conviendra pas à tout le monde (Exo+ un peu léger en enduro pour certains pilotes, pas de MaxxGrip à l’avant) mais qui reste largement utilisable.

Enfin, le Jekyll est équipé de nombreux périphériques Cannondale : selle Fabric Scoop Shallow Elite, tige de selle télescopique DownLow (150 mm de débattement en taille M), cintre Cannondale 1 Riser Carbon et poignées Fabric Funguy. Seule la potence fait exception à cette liste, puisqu’il s’agit d’une FSA Grid en 35 mm de long.

Nous l’avons pesé à 15,6 kg sans pédales. On pourra facilement descendre un peu plus bas, en changeant les roues par exemple.

Versions et tarifs

Cannondale propose seulement deux modèles et un kit cadre pour ce Jekyll version 2022. Sous le Jekyll 1 à 6 999 € ici testé, on a le Jekyll 2 un peu plus accessible, avec un tarif 4 999 €. Il est équipé en suspensions Fox DPX2 Performance / RockShox Zeb Select, transmission et freins (4 pistons) Shimano Deore et roues WTB STX i30 TCS à moyeux Shimano.

Le kit cadre, avec sa peinture plus sobre réhaussée d’amusants dessins cachés sur les faces internes des différents tubes, s’échange lui contre 3 499 €. Comme tous les Cannondale, le Jekyll bénéficie d’une garantie à vie à condition d’être enregistré sur le site de la marque. La procédure est simple et rapide mais elle est nécessaire pour profiter de cet avantage, sinon la garantie est celle imposée par la loi, autrement dit deux ans.

Le Cannondale Jekyll 1 sur le terrain

En montant sur le Jekyll, on retrouve l’excellente position qui nous avait tant plu lors de notre découverte du vélo dans les Vosges. Que ce soit assis pour pédaler ou debout en descente, on se sent parfaitement posé sur le Jekyll et il n’y a pas besoin de temps d’adaptation pour trouver son équilibre sur le vélo.

On commence par gonfler l’amortisseur selon les préconisations de la marque, 170 psi pour nos 65-66 kg et sans grande surprise, le comportement s’avère identique à ce qu’on avait ressenti lors de la prise en main : ça ne pompe pas en montée et ça encaisse bien en descente, on utilise bien tout le débattement mais ce n’est pas confortable sur les terrains difficiles (racines, pierres…), il n’y a pas de sensibilité et c’est assez fatiguant. Curieux, alors que la marque annonce fièrement avoir conçu la « meilleure suspension jamais fabriquée ».

Si ça manque de sensibilité, la solution est simple, il faut descendre en pression. A ce moment, on ne vous cache pas qu’on avait quelques doutes sur le résultat de l’opération, étant donné qu’on consommait déjà tout le débattement de l’amortisseur. Toutefois, l’amortisseur Fox Float X2 Factory et sa multitude de réglages peuvent permettre de rattraper un peu les choses si besoin.

On descend donc en pression et on repart rouler. C’est un peu mieux, mais pas encore parfait. Retour à l’atelier, pompe haute pression et rebelote. A force d’essais, on finit par s’arrêter juste au-dessus de 130 psi (oui, presque 40 psi de moins que les préconisations !), avec un sag autour de 32 %, mesuré debout sur les pédales. On n’ose pas imaginer à combien il devait se situer avec les 170 psi d’origine…

Quoi qu’il en soit, le Jekyll affiche maintenant un nouveau visage, ou presque. L’équilibre de la suspension est remarquable, le vélo encaisse toujours aussi bien et se montre même un peu plus stable mais on profite désormais d’une sensibilité de haut vol. C’est doux, c’est onctueux et ça nous rappelle par certains côtés la suspension du Trek Slash, elle aussi très douée pour effacer tout ce qui passe sous ses roues.

Encore mieux, avec quelques clics de compression lente en plus, on n’a pas la sensation de consommer le débattement trop facilement malgré la baisse de pression, signe d’une fin de course plutôt bien dosée. On va toujours au fond lorsque c’est nécessaire mais comme avant, impossible de vous dire dans quelle situation et si c’est plus fréquent puisqu’on ne le sent jamais.

Là où le Jekyll et le Slash se différencient, c’est dans leur dynamisme. Le Trek accélère très facilement et ne demande qu’à prendre de la vitesse en pompant, tandis que le Cannondale ne réagit pas du tout à ce genre de sollicitations. Lui, son truc, c’est plutôt d’emmagasiner de la vitesse au début pour ensuite la garder le plus longtemps possible.

Quand on est habitué à des vélos avec plus « pop » ça demande de repenser un peu son pilotage mais une fois qu’on a compris, c’est jouissif. D’autant que s’il ne décolle pas à la moindre impulsion, le vélo reste joueur grâce à une maniabilité de tout premier ordre pour un « gros » vélo. Ajoutez à cela le grip apporté par la suspension et un cadre tolérant et vous avez un très bon mélange pour jouer avec les limites du chemin et aller chercher les french lines qui vous feront gagner quelques précieux dixièmes… ou un bel intérieur sur vos compagnons de sortie !

Dernier point fort de ce Cannondale Jekyll, la souplesse de son cadre. Ça peut paraître un peu bizarre présenté comme ça mais vous allez comprendre. Le Jekyll n’est pas une « saucisse », loin de là, mais il nous est apparu comme particulièrement conciliant, accommodant pour un vélo présenté comme une machine de compétition. Cela se traduit par un vélo qui pardonne beaucoup les erreurs de pilotage, les hésitations, et qui économise son pilote.

Pas besoin d’être champion du monde de gainage pour tirer parti du Jekyll. Une fois qu’on a bien réglé sa suspension, c’est un vélo qui peut se dévoiler à tout le monde, un vélo qui reste accessible et qui peut offrir des performances de haut vol à une grande variété de pilotes et de pratiques.

Si ce nouveau réglage de suspension a amené beaucoup de bonnes choses, il a tout de même un inconvénient : adieu l’efficacité au pédalage ! Avec un sag autour (voire au-delà) de 30 %, la suspension du Jekyll pompe allègrement même au train, sagement assis sur la selle. Le blocage d’amortisseur, qu’on avait d’abord jugé superflu avec notre premier réglage, devient alors indispensable. Ajoutez à cela les roues lourdes qui ne font rien pour améliorer le comportement dans ce domaine et vous comprendrez que la montée n’est pas le terrain de prédilection du Jekyll. La très bonne position sauve un peu les choses mais on montera au train, sans chercher à aller vite.

On notera également que le galet de renvoi se fait sentir et entendre au pédalage, encore plus sur le haut de la cassette. Nous nous y sommes vite habitués, jusqu’à l’oublier, mais ce ne sera peut-être pas le cas de tout le monde. En revanche, nous n’avons pas remarqué d’usure prématurée durant notre essai. Quant à la Gravity Cavity, elle ne nous a pas non plus causé de problèmes, ce qui peut éventuellement s’accumuler dedans au cours de la sortie par conditions de boue collante s’évacue d’un coup de jet d’eau.

Verdict

Bon sur tous les terrains (en descente) sans être le meilleurdans un domaine en particulier, le Cannondale Jekyll version 2022 se présente comme un excellent enduro pour la compétition. Son design atypique cache une réelle polyvalence, c’est un vélo facile à rouler et capable d’aller vite en épargnant son pilote, réellement bien conçu dans cette optique. Cependant, ce serait dommage de le réduire à cela. On avait également vu lors de notre première prise en main qu’il est à l’aise en l’air, ce qui le rend intéressant pour un usage un peu plus orienté bikepark voire freeride et à l’inverse, sa facilité le rend utilisable sur des sorties plus typées all-mountain, notamment pour des parcours exigeants en montagne.

Il n’est toutefois pas sans défauts et par moments, on a l’impression que Cannondale s’est un peu trop concentré sur la descente. Le Jekyll fonctionne très bien dans ce domaine, c’est certain, mais il ne faudrait pas oublier que l’équipement (ou le prix) et le comportement en montée rentrent aussi en ligne de compte au moment de choisir un vélo. Très objectivement, la note de 3,5/5 serait presque justifiée au regard de ces défauts mais on s’est fait tellement plaisir en descente à son guidon qu’on lui accorde un demi-point bonus pour saluer ses excellentes capacités sur ce terrain.

Cannondale Jekyll 1

6 999 €

15,6 kg(taille M, sans pédales)

  • Performances de la suspension
  • Tolérance du cadre
  • Prise en main facile, vélo accessible
  • Equilibre maniabilité - stabilité
  • Prix un peu élevé au regard de l'équipement
  • Suspension qui demande du temps pour trouver le bon réglage
  • Pompe au pédalage
  • Roues d'origine décevantes

Évaluation des testeurs

  • Prix d'excellence
  • Coup de coeur
  • Rapport qualité / prix

Plus d’informations : cannondale.com

ParLéo Kervran