Prise en main | Magura MCi : les freins intégrés sur le terrain

Par Léo Kervran -

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Prise en main | Magura MCi : les freins intégrés sur le terrain

Depuis l’arrivée des freins à disques hydrauliques il y a près de 20 ans et mis à part la démocratisation des étriers 4 pistons, le domaine du freinage en VTT peut apparaître relativement figé, évoluant plus par petites touches que par innovations majeures. C’est dans ce contexte que Magura a présenté l’année dernière son concept MCi, un frein (plus précisément, la partie levier et maître-cylindre) à l’organisation et au fonctionnement entièrement repensés pour faire disparaître le maximum d’éléments dans le cintre. Vojo a pu le découvrir sur le terrain, voici nos premières impressions.

Nous avons testé la deuxième version des MCi, présentée en avril dernier. Par rapport au concept original (lire notre article sur le sujet), le trajet des Durit a été revu pour que celle du frein arrière n’ait plus à ressortir par le bas du pivot de fourche avant de retourner dans le cadre. Désormais, elle passe entièrement en interne et n’apparaît que sur la fin de son trajet, à proximité de l’étrier.

Pour réussir cet exploit, le cadre (développé par Arc8 et construit par Müsing Bikes) intègre un jeu de direction à la forme particulière, conçu pour laisser un espace suffisant pour permettre la circulation de la Durit. Seuls quelques points de la structure du roulement sont en appui sur le pivot de fourche, le reste étant évidé de manière assez impressionnante. Les entretoises sont elles aussi adaptées.

En revanche, la Durit du frein avant se fait moins discrète : elle sort par le bas de la potence et reste donc en grande partie visible. Magura nous explique qu’il serait possible de la faire passer par le pivot de fourche pour la cacher un peu plus, mais sur des vélos à petit débattement comme le semi-rigide de XC qui sert de support au concept, la Durit passerait bien trop près du pneu pour la sécurité du pilote.

Intégrer les Durits c’est beau, mais concrètement, comment le frein fonctionne ? A « l’extérieur » du vélo, il n’y a plus que le levier qui reste visible, tout le reste prend place à l’intérieur du cintre. En parlant de levier, notons que Magura reste fidèle à sa tradition de personnalisation et en propose deux versions qui modifient la sensation du point de contact et sa position dans la course du levier, alors même que les MCi ne sont pas encore sur le marché.

A l’intérieur du cintre, on retrouve donc un cylindre qui fait le lien entre la partie mécanique et la partie hydraulique du frein. Le bloc levier, facilement déconnectable, tire via une tige sur le piston qui vient comprimer le liquide de frein (de l’huile minérale, dans le cas de Magura). Le fonction-nement est donc à l’opposé d’un frein classique puisque sur ces derniers, le levier pousse le piston qui pousse directement le liquide.

C’est donc bien un tout nouveau frein que Magura a dû imaginer et pas une « simple » adaptation d’un modèle déjà existant. Malgré cela, la marque indique que le volume du réservoir d’expansion et le diamètre du piston sont les même que sur les freins de série MT, ce qui permet aux MCi d’afficher un niveau de performance et d’offrir des sensations similaires à ceux de freins conventionnels. Il n’y a donc pas d’évolution à attendre de ce côté.

Petite pénalité de poids en revanche, puisque le cylindre est plus massif qu’un frein classique. D’après Magura, il faut compter 30 à 40 g de plus par rapport à des MT8 RaceLine (ou SL) par côté.

Quid de la fiabilité et de l’entretien ? En ce qui concerne le trajet de la Durit, Magura semble confiante et nous assure qu’il n’y a pas de risque d’usure prématurée avec les frottements au niveau du pivot de fourche. Pour la purge, la procédure est la même que pour un frein Magura conventionnel et ne nécessite pas d’outils particuliers. En revanche, une opération supplémentaire peut être requise puisque, comme pour toute purge, il faut placer la vis de purge de l’étrier au plus haut du système de freinage. Avec les MCi, il faudra probablement retirer le cintre de la potence pour y parvenir.

On notera également que les MCi intègrent un système de Durits déconnectables pour faciliter la mise en place et l’entretien. Il suffit d’enlever le petit clip métallique qui sert de sécurité et de tirer pour libérer la Durit du levier et/ou la séparer en deux (sur le frein avant), ce qui permet de l’installer ou de la retirer sans avoir à utiliser une nouvelle olive à chaque fois.

Les Magura MCi sur le terrain

Notre prise en main des freins MCi s’est déroulée sur deux jours à La Bresse, dans les Vosges, à l’occasion d’un camp d’entraînement de l’équipe Cube-Pro Fermetures-Sefic dont la marque allemande est partenaire.

Visuellement, le vélo « claque » et l’absence de Durit ou de gaines permet de mettre en valeur les lignes du cadre. C’est encore plus vrai sur un semi-rigide comme le nôtre, équipé d’une tige de selle Magura Vyron et d’une transmission Sram Eagle AXS : vu du pilote, rien ne dépasse et le vélo est réduit à sa plus simple expression. C’en est presque perturbant et aussi surprenant que cela puisse paraître, cela nous a bien plus marqué qu’un ensemble cintre-potence en une seule pièce.

Pour notre première sortie, nous partons avec les leviers « progressifs », qui offrent une course morte assez longue et un point de contact net mais assez spongieux. Les réglages sont vite expédiés puisque, pour assurer un contact optimal avec les éléments situés à l’intérieur du cintre, les leviers sont fixes : il est impossible de régler leur angle par rapport à l’horizontale. Cela sera certainement gênant pour certains mais Magura a su trouver une position relativement neutre (étudiée spécialement pour ce vélo) et nous n’avons pas senti de gêne particulière de ce côté.

On règle donc rapidement la garde et direction les chemins ! Comme de coutume chez Magura, l’ergonomie des leviers est excellente et nos doigts trouvent naturellement leur place sur les leviers. A basse vitesse, le dosage est excellent et se fait sans effort, on gère très facilement sa vitesse dans les sections lentes et trialisantes.

Lorsque le rythme augmente, le contrôle reste très bon mais sur les gros freinages les MCi deviennent plus exigeants, on aimerait avoir à exercer moins de force sur le levier pour ralentir rapidement.

Le lendemain, nous repartons sur le même parcours avec cette fois les leviers « secs », c’est-à-dire avec une course morte un peu moins longue et surtout un point de contact bien plus marqué. Pas de différence significative sur la puissance à signaler ici, c’est vraiment le toucher des freins qui change. Effectivement, à basse vitesse les MCi apparaissent un peu plus « on/off » que la version testée la veille et ce n’est pas pour nous déplaire.

Attention, le terme de « on/off » est à prendre avec des pincettes car cette sensation reste mesurée. A l’avant comme à l’arrière, notre maître-cylindre MCi est associé à des étriers MT8 RaceLine, de purs freins de XC dont la vocation première n’est pas de vous faire passer par-dessus le guidon dès que vous effleurez le levier. En termes de sensations, on se situe entre des Sram Level TL ou TLM et des Shimano XT 2 pistons, peut-être légèrement plus proche des Sram.

Cela dit, c’est surtout quand la pente se fait plus prononcée ou que la vitesse augmente qu’on apprécie que la puissance soit disponible plus tôt dans la course : cela permet de prendre les freins un peu plus tard et cela demande moins d’efforts au pilote.

Néanmoins, le choix du levier reste avant tout une histoire de préférences personnelles et les freins fonctionnent parfaitement dans les deux cas. D’un point de vue fonctionnement et sensations, il n’y a pas grand chose de plus à dire : malgré leur conception inédite, les Magura MCi fonctionnent comme n’importe quel modèle conventionnel et c’est finalement la meilleure chose que l’on puisse dire de ces freins.

On ne le mesure pas forcément très bien, mais l’intégration est l’une des problématiques majeures de certaines marques de vélo. C’est d’ailleurs pour répondre à cette demande que Magura a lancé le projet MCi il y a de cela plusieurs années maintenant. Avec cette prise en main, la marque allemande nous prouve que le concept est fonctionnel et prêt pour une utilisation à plus grande échelle. L’étape suivante, c’est bien sûr l’intégration des gaines de dérailleur et de tige de selle dans le cintre, pour conserver des lignes épurées peu importe le montage. Le tout dans un combo cintre-potence en une seule pièce ? Vu l’esprit du concept, cela ne nous surprendrait pas.

Par ailleurs, Magura nous a confié que les MCi devraient être présents chez « de grandes marques » dès la fin de l’été et qu’elles sont libres de développer leur propre poste de pilotage, en suivant les consignes de Magura pour l’intégration des MCi. Si cela se confirme et que nous avons la même notion de « grandes marques », la marque allemande a pris une belle avance sur la concurrence. Affaire à suivre…

Plus d’informations : magura.com/fr/conceptbike-mci/

Photos Hoshi Yoshida / Rémy Vroonen

ParLéo Kervran