Origine x Vojo Connection | Chapitre 1 : l’Andalucia Bike Race

Par Rémi Groslambert -

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Origine x Vojo Connection | Chapitre 1 : l’Andalucia Bike Race

Cette année, l’Origine x Vojo Connection vous fait vivre sa saison XC Marathon de l’intérieur. Au guidon de leurs Origine Théorème FS, Basile et Rémi vont sillonner les plus beaux parcours de France et occasionnellement s’expatrier à l’international pour participer à des courses à étapes prestigieuses. Leur but : vous retranscrire leurs aventures, leurs résultats, les émotions traversées et bien sûr les péripéties surmontées. Voici le premier épisode de leurs tribulations, où la recherche de confiance et de soleil en Espagne ne se passe pas exactement comme prévu :

Il y a deux semaines on vous présentait l’Origine x Vojo Connection, un duo de pilotes en XC marathon que nous suivrons tout au long de l’année (lire Rendre le marathon sexy, mission impossible ?). Initialement, nous ne devions pas avoir grand-chose à voir avec ça : cela concernait surtout Origine, à la recherche de nouveaux ambassadeurs pour représenter la marque en France et au-delà.

Toutefois, le projet de Basile et Rémi nous a plu et nous a donné quelques idées : en termes de médiatisation, le XC marathon est à la traîne derrière le XCO, la DH et même l’enduro. Est-il possible de rendre à cette discipline ses lettres de noblesses et, soyons fous, de la rendre « sexy » et aussi intéressante que les autres ?

Pour réussir ce défi, il faut de jolies histoires et de jolies images. Pour les premières, ça commence aujourd’hui avec ce récit de l’Andalucia Bike Race, mais pour les secondes, ça a débuté un peu plus tôt…

Les coulisses

23 février 2024, J-3 avant l’Andalucia Bike Race. Il y a deux jours, soit moins d’une semaine avant leur première course, Rémi et Basile ont reçu et monté leurs vélos, ceux sur lesquels ils vont passer la saison (voir L’Origine Théorème FS de l’Origine x Vojo Connection). On a fait moins stressant. Dans le calendrier, la journée est dévolue au shooting des photos et de la vidéo qui accompagneront le lancement de l’équipe, prévu le 27 février.

La météo a joué avec nos nerfs ces derniers jours et on a bien cru qu’on allait tourner sous la pluie ou dans la neige mais un petit coup de vent nocturne vient souffler les nuages et dégager le ciel quelques heures avant le lever du jour. Une chance ! Ça aurait été dommage de rendre malades Basile et Rémi juste avant leur première course…

Pendant que Julien et Paul s’enferment au chaud pour monter la vidéo et traiter les photos, nos deux pilotes filent nettoyer leurs vélos et faire leurs bagages. Le lendemain, direction l’Andalousie, son soleil et sa chaleur ! Enfin, ça c’est en théorie. En pratique, ce fut un peu différent et on laisse Rémi vous raconter tout ça.

La course

Cette année, le premier objectif, c’est la Cape Epic fin mars en Afrique du Sud. L’entraînement hivernal a été productif mais il ne suffira pas pour affronter ce monument du VTT XC Marathon, et planifier une course à étapes deux semaines avant l’objectif est intéressant pour peaufiner la condition physique. Cependant, ça n’est pas le seul intérêt. Le duo étant tout juste formé, il va falloir effectuer un « rodage » afin d’être parfaitement synchronisés sur la Cape Epic. Affiner la communication au sein duo, régler la gestion de l’effort, valider la nutrition, comprendre les points forts ou faibles de chacun… On a du travail !

L’Andalucia Bike Race, c’est une course UCI Hors Classe, le plus haut niveau de course à étapes sur le circuit international. Par conséquent, bon nombre des meilleures équipes mondiales ont répondu présent à l’appel (Canyon Sidi, Wilier Vittoria, Buff Megamo…). Il y aura du beau monde sur la start-list.

L’épreuve est constituée de 6 étapes en ligne avec des distances allant de 27 à 90 kilomètres pour un total de 340 kilomètres et 10 000 mètres de dénivelé positif, le tout réparti sur 4 sites différents (Bedmar, Jaén, Villafranca de Cordoba et Cordoba). Le terrain est très varié, entre paysages arides, champs d’oliviers, montagnes enneigées et terrains rocailleux.

Pour nous deux, il n’y a pas d’attente de résultat sur cette course. Celle-ci est intégrée à un bloc d’entraînement et nous n’arrivons pas dans les meilleures dispositions ni avec une fraicheur optimale. L’objectif est avant tout de se faire plaisir et de prendre le maximum de repères ainsi que d’affiner les réglages sur le vélo. De plus, Vojo nous fait tester quelques produits ou prototypes actuellement, ça sera l’occasion de les mettre à l’épreuve !

Nous effectuons le voyage d’une traite le samedi pour avoir le temps de dérouler les jambes et récupérer le dossard le dimanche. Sur place, on retrouve Ewen et Simon, deux marathoniens du sud de la France avec qui on logera cette semaine, ainsi que les parents de Simon qui pourront nous aider sur l’assistance et les ravitaillements. Derniers ajustements sur le vélo, j’ajuste la pression dans mon amortisseur tandis que Basile s’interroge encore sur sa longueur de potence et le rebond de ses suspensions. Tout est prêt pour la reprise de la saison.

Jour 1 : 4°C et pluie, comme à la maison

Lundi 26 février, 1ère étape à Bedmar. 60 km étaient initialement au programme. Malheureusement, c’était sans compter sur une météo capricieuse : 4°C et pluie abondante. Le départ est décalé d’une heure et l’étape raccourcie à… 20 km. La mise en jambe sera plus tonique que prévue ! Le départ est donné sur une route en descente pendant 3 km. Ça frotte très fort, c’est assez dangereux, on roule à près de 60 km/h avec des vagues dans le peloton. On n’échappe pas à quelques belles frayeurs mais heureusement, aucune chute ne sera à signaler.

S’ensuit une longue montée, sur chemin large puis singletrack plus raide et technique, avant de basculer dans une nouvelle descente. C’est une piste 4×4, on a déjà vu plus ludique mais c’est le moment d’enclencher le mode « MotoGP » ! Nous ouvrons les gaz et doublons quelques équipes, il y a tellement de projections d’eau et de boue qu’il faut faire une confiance aveugle aux trajectoires de son coéquipier.

Dans la dernière montée qui ramène sur l’arrivée, je pioche un peu et un groupe de chasse nous rattrape pour finir dans un sprint à 6. La semaine est lancée, Basile est en bonne forme et si c’est un peu plus compliqué pour moi, j’espère que ça va se débloquer progressivement !

Jour 2 : les choses sérieuses commencent

Après l’étape raccourcie de la veille, on se lance dans le vrai avec la première étape marathon digne de ce nom. On se fait peur d’entrée lorsque Basile est pris dans une chute avant même le départ réel de l’étape mais il s’en tire sans dégâts, ni sur le pilote ni sur le vélo. Une chance !

Par la suite, de beaux singletracks nous attendent, joueurs en descente et techniques en montée. De quoi tester allègrement nos montures, puisqu’on n’a pas trop eu le temps de le faire à la maison, et on s’en donne à cœur joie. Les derniers kilomètres de l’étape, sur un chemin large en montagnes russes, sont grisants. Les collaborations avec d’autres équipes font monter les vitesses à des valeurs que l’on retrouve plus souvent sur des courses de route et au terme d’une traversée de rivière assez rocambolesque, nous parvenons même à distancer nos adversaires du jour.

Après le sprint du premier jour, cette étape faisait office de première véritable journée de gestion et de collaboration du duo. Les réglages se peaufinent et les débriefings à l’arrivée nous font progresser pour la suite, mais on se rassure déjà sur certains points : nous sommes sur les mêmes allures en descente et nous arrivons bien à manœuvrer dans le peloton au départ.

Jour 3 : une crevaison ? quelle crevaison ?

Encore une étape très rapide autour de Jaén, avec une quarantaine de kilomètres ponctués d’efforts courts. Je me sens légèrement mieux et nous parvenons à accrocher le bon wagon mais ça, c’était sans compter sur la mécanique.

A la mi-course, Basile crève mais il a le bon goût de le faire 10 mètres avant l’entrée de la zone technique. Le timing est parfait et nous perdons seulement 40 secondes, le temps de changer de roue. Merci Didier (le père de Simon) pour le changement de roue supersonique ! Nous repartons de plus belle et parvenons à combler l’écart avec nos opposants.

Après une dernière montée interminable sur un terrain difficile, nous basculons dans une descente très rapide suivie de derniers kilomètres très sinueux. La ligne d’arrivée est franchie avec le sourire car malgré la crevaison, l’étape s’est plutôt bien déroulée. Seul regret, nos colocataires nous ont battu au sprint… On n’échappera pas au chambrage ce soir.

Jour 4 : le diesel n’est toujours pas chaud

60 kilomètres très rythmés avec un enchainement de montées courtes et parfois raides. Difficile de trouver le bon tempo entre un Basile très fougueux et moi qui suis bien diesel depuis le début de semaine. C’est mon style habituel mais là, je me surpasse vraiment et je ne parviens pas à trouver le rythme.

A force de se croiser au milieu des montées, on finit par se synchroniser et Basile prend ses responsabilités sur les parties roulantes pour que je puisse m’abriter au mieux derrière lui (note pour l’année prochaine : choisir un coéquipier plus grand). Il y aura des jours meilleurs. Pour se punir de cette contre-performance, retour à l’hébergement à vélo, soit 28 km (à basse intensité, afin de récupérer). La borne paiera, comme on dit !

Jour 5 : les organismes commencent à souffrir

Aujourd’hui, c’est l’étape la plus longue (90 km / 2000 D+) mais en ce début de saison, les 4 jours de course d’affilée commencent à se faire sentir. Des petites douleurs à droite, à gauche, des irritations, des tensions musculaires, des problèmes tendineux. Autant de petits détails que nous devons régler chaque jour afin d’éviter qu’ils ne prennent trop d’ampleur. Chacun doit être aux aguets, la réussite d’une course à étapes passe aussi par là. Bonne humeur obligatoire également, le moral aide à la performance.

Les ambitions au classement général étant désormais révolues, il faudra essayer de nouvelles choses et nous avons pour consigne de partir à fond comme si l’étape faisait 30 km, jusqu’à ce que ça explose. L’idée est d’essayer de se débrider et de reprendre du rythme ainsi que de travailler en résistance en fin d’étape. Je dois également mettre mon compteur dans la poche aujourd’hui, pour rouler à la sensation sans être influencé par mon capteur de puissance. Bon courage à Basile, qui va devoir supporter mes « Basile, c’est quand qu’on bascule ? » pendant toute l’étape ! Le froid du début de semaine a laissé place à la chaleur et il faudra aussi faire attention à notre alimentation, d’autant plus qu’il n’y a que deux zones de ravitaillement.

Ça part encore très fort suite à un départ neutralisé très nerveux. Il ne nous manque pas grand-chose pour accrocher le bon groupe en haut de la première montée, mais c’est raté pour cette fois! Malgré ça, on fait une bonne première partie de course et on file dans les descentes. Il faut bien se rattraper quelque part !

Basile se défoule le long d’un canal pendant quelques kilomètres… ce qui a pour conséquence de me mettre dans le dur dans la montée suivante. Encore un peu de gestion à travailler. Un groupe nous reprend, nous nous accrochons tant grâce à nos jambes qu’à notre ego alors que je commence à me sentir mieux.

La fin d’étape sera pimentée par Basile qui rate son bidon à la deuxième zone technique, après que notre assistance n’ait pas pu accéder à la première. 90 km avec seulement deux bidons, il devrait survivre si je le perds au milieu de l’Afrique du Sud dans deux semaines ! Finalement, qui dit étape longue dit craquage en fin de parcours pour les équipes qui ont moins bien géré leur effort et nous reprenons les duos les uns après les autres en fin de parcours. Je suis lessivé tandis que Basile peut faire un deuxième tour malgré son stage chameau. On va chercher un peu de réconfort dans une boulangerie pour reprendre des forces, plus qu’une étape à tenir !

Jour 6 : où l’on perfectionne notre espagnol

Quoi de mieux qu’un chrono par équipe pour tenter une dernière fois de débrider mon moteur tout encrassé ? Les écarts avec les équipes autour de nous sont faibles et tout reste envisageable pour grappiller quelques places. On prend un départ tonique mais la mécanique vient vite nous calmer : je casse ma chaîne, qui n’a pas dû apprécier toutes les traversées de rivières des derniers jours.

Je dérive la chaine tandis que Basile prépare l’attache rapide et on ne perd que 2 minutes dans l’histoire, on a été efficaces. Quelques pulsations au cardio et la tension du pépin mécanique en moins, on repart dans un tout autre état d’esprit, en route pour notre meilleur effort de la semaine. On reprend des équipes qui accusent les efforts de la semaine et on se fait plaisir en roulant vite sur les sentiers monotraces. Coup de guidon à gauche, coup de guidon à droite, un petit « atención », « porfavor », « quieropasar » avec notre meilleur accent et nous bouclons cette dernière étape.

Nous n’avions plus grand-chose à jouer aujourd’hui mais nous avons tout de même été étonnés de ce choix de faire partir les participants dans le sens inverse du classement général. Les écarts en tête de course étaient très faibles, il y avait beaucoup de retardataires sur le tracé et les dépassements sur ces sentiers étroits peuvent mener à des casses matérielles ou des chutes. En se mettant à la place des meilleures équipes, on peut facilement imaginer quelques frustrations sur cette étape où la victoire s’est disputée pour une symbolique seconde.

Le bilan

D’un point de vue mécanique, les vélos sont bien réglés, chacun est très bien installé sur sa machine. Autre point appréciable, nous n’avons eu que très peu de casse mécanique en comparaison avec les autres équipes. L’Andalucia Bike Race aura été impitoyable avec la mécanique et les organismes cette année. Nous sommes donc personnellement très satisfaits de nos montures, qui ont bien mérité de se faire bichonner dans les prochains jours : re-lubrification au Squirt, pneus Hutchinson en 2,4“ neufs en vue de la Cape Epic et révision des suspensions DT Swiss pour garder leur excellente fluidité. Les mares de boue, ça ne fait pas bon ménage avec la mécanique.

Côté pilotes, ça faisait 4 saisons que Basile n’avait pas pris le départ d’une course à étapes, et j’ai trouvé un coéquipier très content de retrouver ces tracés, ces efforts et cette ambiance du marathon. Après quelques aléas cet hiver le voilà rassuré en amont de la Cape Epic. La forme n’est pas la meilleure qui soit mais cet enchaînement d’étapes saura combler les lacunes de la préparation hivernale et il espère être à 100 % sur les chemins sud-africains. Il est très content d’avoir pu tester le duo et cette course de préparation était simplement inévitable pour se mettre au point avant de se lancer dans un défi de plus grande envergure.

Pour moi, le bilan est plus mitigé. La forme n’est pas encore présente mais cette course a été une bonne semaine de travail pour me remettre dans le bain et je devrais en tirer les bénéfices dans 2 semaines ! Il reste 10 jours pour travailler sur nos points faibles avant de se lancer sur la plus grande course à étapes du monde, que j’avais pu découvrir l’année dernière mais qui sera une première pour Basile. On a hâte de vivre cette aventure et de goûter la poussière (il en a manqué à notre goût ici) !

Photos Paul Humbert & Andalucia Bike Race

ParRémi Groslambert