Test | Scott Ransom 2019 : bien agiter pour mieux profiter - Test | Scott Ransom 2019 : bien agiter pour mieux profiter

Par Paul Humbert -

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Test | Scott Ransom 2019 : bien agiter pour mieux profiter - Test | Scott Ransom 2019 : bien agiter pour mieux profiter

Ce nom évoque beaucoup de choses quand on passe la porte de chez Scott : le Ransom. Premier « gros » VTT en carbone dédié à une pratique qu’on appellerait aujourd’hui l’enduro, le Ransom a été un pionnier dans la gamme Scott. Cette année, il est de retour et se veut être bien plus qu’un Genius LT. Découvrez notre présentation du vélo avant de retrouver, dans un second temps, notre test de la machine.

 

Test | Scott Ransom 2019 : bien agiter pour mieux profiter

Après plus de deux mois passés à rouler avec le nouveau Scott Ransom 2019, il est temps de vous dévoiler nos impressions. Scott nous a mis a disposition le fleuron de la gamme : le Ransom 900 Tuned. Un beau bébé qui s’échange pour la modique somme de 7499euros. La gamme, que nous vous présentions au moment de dévoiler le vélo fin août, présente toutefois de belles déclinaisons au rapport qualité/prix bien plus agressif.

Nous avons ensuite emmené le Ransom dans les Vosges puis dans les Alpes dans les stations de la Haute Tarentaise, pris le départ de l’enduro de Giromagny pour finalement éprouver la machine sur les sentiers du sud de la France. Nous n’avons pas chaumé, et le vélo non plus. Les plaquettes ont chauffé et les pneus commencent sérieusement à encaisser le coup.

On passe sur la présentation détaillée du vélo, que vous retrouvez dans la première partie de cet article, et on file vers les équipements de ce modèle en particulier que nous n’avons roulé qu’avec des roues de 29 pouces. Rappelons qu’il est toutefois compatible avec des roues de 27,5 pouces.

Sans surprise, le Scott Ransom 900 2019 est équipé avec des produits haut de gamme. Côté suspensions, le vélo développe 170mm de débattement avec une fourche Fox 36 Fit 4 Remote Kashima et un amortisseur Fox Nude TR Evol développé spécifiquement pour le vélo. Les deux sont couplés au système Twinlock 3 positions qui permet de bloquer les suspensions, mais surtout, de limiter le débattement de l’amortisseur à 120mm tout en restant fonctionnel (et en n’étant pas simplement un réglage de compression). L’ensemble fonctionne parfaitement bien et est assez harmonieux, même si le Twinlock ferme la porte aux réglages de compression sur le sommet de la fourche. La difficulté sera d’adapter les réglages de cette dernière en fonction du réglage de compression choisi pour l’amortisseur, mais nous y reviendrons plus tard.

Fox équipe également le vélo de sa tige de selle Transfer. Elle n’est disponible que dans un débattement maximal de 150mm et est installée dans cette longueur sur les tailles M, L et XL quand la taille S est équipée d’une 125mm. Une selle Syncros Tofino 1.5 et ses rails en titane sont installés sur la tige de selle et elle s’est révélée assez confortable malgré sa relative fermeté.

Côté commandes, celle qui actionne la tige de selle est fixée sur le même collier que celui qui sécurise la commande Twinlock. Chacune fonctionne bien de manière isolée mais l’ergonomie générale pourrait être revue. En positionnant la commande de tige de selle à « portée de pouce », on éloigne la commande Twinlock vers l’avant et actionner cette dernière demande un gros effort, surtout pour la troisième position. L’ensemble sert également de serrage à la poignée (même si des alternatives plus classiques sont possibles). On pourra imaginer une amélioration sur ce point dans le futur.

Côté transmission, Scott fait le choix d’une transmission Sram XO1 qui s’est montrée très fiable tout au long de notre test. Les freins Code de la même marque répondent eux aussi bien présent et sans flancher à l’issue de longues descentes. En phase avec un programme engagé, ils dépassent les performances des Guide.

Du côté des roues, c’est Syncros, la marque de composants de chez Scott qui s’installe sur ce Genius avec les Revelstoke de 30mm de large. Si on apprécie une certaine tolérance de ces dernières, associées à un cadre plutôt rigide, on leur trouvera tout de même un manque de solidité. Après deux mois, la roue arrière présente plusieurs beaux « pocs » ainsi qu’un léger voile.

Côté pneus, les Maxxis Minion DHF sont installés et apportent un grip qu’on adore, très prévisible et mordant au freinage. On compte une seule crevaison à l’arrière et une usure assez prononcée sur ce même pneu. Sur les jantes de 30mm de large, Scott propose un montage en 2.6 pour les 29 pouces et l’ensemble est parfaitement cohérent avec le programme. Ni trop exigeant, ni trop souple, ce montage est bien en phase avec les ambitions du Ransom 2019.

Côté petits détails, on découvre que le levier de l’axe arrière se détache en tirant d’un coup sec pour dévoiler une clé Torx T25. Le levier se réinstalle très facilement et on adore l’idée d’intégrer cet outil à portée de main. Dans la même veine, l’intégration d’un garde-boue sur l’arceau de la fourche est très propre et bien réalisé. Malin.

Enfin, nous arrivons sur un des traits caractéristiques de ce Scott Ransom 900 Tuned 2019 : son poste de pilotage. Le combo cintre-potence est signée Syncros et est baptisé Hixon. Ses cotes ont changé pour ce vélo d’enduro et il affiche 780mm de large, 20mm de rise et 8° de « backweep ». L’ensemble est tout en carbone et est très esthétique, mais ce n’est là qu’une question de goût. Vient ensuite le test terrain. Un poste de pilotage est quelque chose de très personnel et il semblerait également que certaines personnes soient très sensibles à l’évolution de leurs habitudes. Pour notre part, nous nous habituons assez facilement à différentes options et on se trouve très bien posé sur ce combo Syncros Hixon. La largeur et les différents ajustements semblent bien en phase avec l’équilibre global du vélo. Il aide à faciliter la prise en main et si on pourra regretter le manque d’évolutions possibles, on a tendance à l’apprécier. Là où il se fait remarquer, c’est après de longues descentes. À l’issue d’un chrono ou d’une grande descente alpine, le combo ne se fait toutefois pas complètement oublier puisqu’il nous est arrivé d’avoir mal au main, ce qui est assez rare. La rigidité de l’ensemble est-elle peut-être excessive ? C’est bien probable.

Passés les équipements, il est temps de vous faire part des qualités dynamique du vélo dans sa totalité. Sur des terrains très variés, le Scott Ransom 2019 a toujours su faire preuve d’une grande polyvalence. En arrivant dans la gamme Scott avec une véritable étiquette « enduro », voire « gros-enduro », le Ransom pouvait laisser penser qu’il ne serait performant qu’une fois la pente dans le sens de la descente. C’est sur ce premier point qu’il nous a d’abord surpris. Le Ransom est un redoutable pédaleur. La position bloquée du Twinlock et son poids contenu sous les 14kg (en taille L) le rendent très facile au pédalage. Les 170mm de débattement n’handicapent pas la position et on pédale remarquablement bien pour un vélo de cette catégorie, c’est d’ailleurs assez bluffant.

La position intermédiaire du Twinlock, qui fait passer le débattement de 170 à 120mm, a également son intérêt dans les portions de pédalage qui ne sont pas planes et qui nécessitent de conserver du grip et beaucoup de traction. Ainsi, on l’utilise parfois pour monter au train, et beaucoup dans des conditions de course. C’est l’expérience que nous avons faite pendant l’enduro de Giromagny. Il est facile d’identifier une zone de pédalage ou de relance, mais il est difficile de savoir si cette dernière sera linéaire et ce que le terrain nous réserve. Avec cette position intermédiaire, on garde du contrôle, du confort tout en étant efficace. Nous n’avons pas hésité à prendre le départ de toutes les spéciales avec 120mm de débattement seulement avant de débloquer complètement l’amortisseur dans les mètres qui suivent. Le seul bémol sera le mouvement, et le mécanisme nécessaire à activer la commande dans une situation de fatigue ou de sprint. Dans les transitions, il faut changer ses vitesses, la hauteur et désormais la position de l’amortisseur. On s’y fait mais c’est un petit effort supplémentaire.

Dès les premiers tours de roue, le vélo se prend très bien en main. C’est un sentiment qui va persister et nous suivre tout au long de notre test. Il n’est pas nécessaire d’être particulièrement réveillé ou en forme pour rouler avec ce Ransom. Un minimum d’attention permet de ne pas se faire embarquer et on peut presque envisager de randonner avec ce dernier. Ce dont on se rendra compte toutefois rapidement, c’est que si ce vélo est facile, il ne dévoile 100% de ses capacités et de son talent qu’une fois qu’il est poussé sur un terrain qu’il affectionne !

Par rapport à un Genius, le vélo est forcément moins vif mais sa suspension devient bien plus sensible et le vélo gagne en stabilité.

Oui, on peut rouler tranquillement en Ransom, mais le vélo ne sera jamais aussi bon que s’il est poussé, malmené et exploité. C’est un gros vélo d’enduro qui a besoin d’être mis en action. Ce constat, nous l’avons fait sur le bike park de Peisey-Les Arcs en voulant passer une journée en roue libre derrière des pilotes assez peu habitués à ce type de terrain et dont la vitesse n’est pas toujours élevée. Nous avions du mal à retrouver les sensation de grip, de confort et de précision du Ransom. C’est en terminant par quelques descentes en essayant d’accélérer le rythme que le vélo se dévoile. Son grip est juste impressionnant, et il nous l’a prouvé sur une grande variété de terrains. Les suspensions se mettent en action et le vélo « s’assoit » et trouve son rythme.

Le Ransom 2019 est d’ailleurs particulièrement sécurisant en franchissement et même dans le défoncé quand tout va vite. Il n’en devient pourtant pas difficile à bouger pour autant et on se sent toujours très à l’aise et « facile » à son guidon. Le seul moment où le vélo nous a paru trop gros, c’est sur certains sentiers étroits et techniques du sud de la France où la vitesse était trop faibles pour permettre au vélo de se mettre en action.

Pendant l’enduro de Giromany, si notre physique nous a parfois fait défaut, nous avons pu compter à 100% sur le vélo qui est une véritable arme, un couteau bien affuté mais pas à double tranchant puisqu’il reste très sain. Il faut dire que le montage haut de gamme du vélo aide à se lancer dans l’inconnu en toute confiance. On salue le choix de Scott sur ce montage de ne pas avoir équipé le vélo de roues en carbone qui auraient pu rendre le vélo trop exclusif. Ici, l’architecture rigide du Ransom permet de ne pas le ménager et ses roues en aluminium plus tolérantes permettent d’aller chercher un excellent grip et du confort. Ces dernières se sont révélées un peu fragiles mais nous ne remettons pas en cause le matériau sélectionné.

Après deux mois en 29 pouces, on vous avoue très clairement ne jamais eu avoir ressenti le besoin de passer à plus « petit » en basculant sur des roues de 27,5, ni même l’envie d’ailleurs. Ce « gros » vélo a tout d’une machine pour aller vite mais il sait rester accessible et cette taille de roue lui convient à merveille.

Enfin, et la grosse nouveauté du Scott Ransom 2019, c’est l’apparition d’une mise à jour de l’amortisseur Nude TR baptisée Evol. Cette dernière permet, via l’ajout d’une chambre d’air, d’offrir deux courbes de compression à un même amortisseur. Un peu comme l’ajout de bagues ou de tokens, une commande externe va faire évoluer le volume d’air et on peut le modifier « à la volée ».

Nous avons testé deux configurations : la première où l’amortisseur était très peu chargé en air et où la chambre supplémentaire était fermée pour offrir une compression très progressive. La seconde, avec une pression un peu plus standard avec un volume d’air plus grand et une compression plus linéaire. Les deux options se sont révélées intéressantes en fonction des terrains parcourus : techniques, défoncés ou plus linéaires. Nous avons finalement stabilisé nos réglages dans la seconde configuration qui nous a permis de vraiment rester stable et de laisser le vélo s’assoir très nettement dans les portions défoncées pour se comporter presque comme un petit vélo de descente. Dans les sorties moins radicales ou sur des pistes de type « flow trails », nous changions le monde de compression d’un clic pour passer sur quelque chose de plus vif et dynamique.

Les changements sont très nettement perceptibles et si on reste souvent dans la même configuration, on aime la possibilité de faire évoluer tout ça. Cette solution est encore plus pertinente quand on utilise efficacement le mode intermédiaire piloté par la commande Twinlock pour bénéficier d’une belle plateforme de pédalage et d’un amortisseur performant quand c’est nécessaire, avant de dédier la position « tout ouvert » à la descente exclusivement.

Verdict

Le Scott Ransom 900 tuned 2019 est un véritable coup de coeur. Si il n’est pas exempt de petits défauts, le vélo correspond bien à ce qu’on attend d’un gros vélo d’enduro moderne : être un excellent descendeur qui ne se ferme pas la porte de journées bien physiques. Scott propose une base très saine et des possibilités techniques qui permettront à des passionnés avertis de faire évoluer leur vélo en fonction de leurs préférences. Le terrain de prédilection du Scott Ransom 2019 reste avant tout la montagne et les endroits où le dénivelé ne manque pas. On prend un malin plaisir à nous lancer des défis pour voir le vélo s’animer et dévoiler toute sa personnalité, puisqu’au final, il ne demande que ça.

Le site de la marque : www.scott-sports.com

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ParPaul Humbert

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