Flashback | La suspension URT : un système, 4 vélos - Ibis Szazbo

Par Léo Kervran -

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Flashback | La suspension URT : un système, 4 vélos - Ibis Szazbo

Ibis Szazbo

Si le concept de l’URT a été imaginé par John Castellano, avec un brevet et le nom « Sweet Spot » déposés en 1994, c’est Scot Nicol, le fondateur d’Ibis, qui a été le premier à croire pour de bon en ce système et à travailler avec Castellano pour l’utiliser sur ses vélos. En 1995, il présente le Szazbo, qui en plus d’être le premier tout-suspendu de la marque avec ses 127 mm de débattement, est également son premier vélo en aluminium.

A cette époque, Ibis a déjà 14 ans et est solidement installée dans le paysages des marques de VTT. Son image « roots » et décontractée (la légende veut d’ailleurs que Scot Nicol ait fondé Ibis le 1er avril 1981) contraste avec celle de certains de ses concurrents comme Klein ou Trek, bien plus sérieux. Ce n’est donc pas vraiment une surprise si Scot Nicol est le premier à faire confiance à John Castellano.

Ibis Cycles

L’architecture URT peut faire l’effet d’un échafaudage sur certains vélos et notamment sur l’Ibis mais il faut se dire qu’on a évité certaines formes encore bien plus douteuses, comme ce projet de cadre en carbone reprenant le fameux « Hand Job » de la marque qui servait de butée pour la gaine de frein arrière au temps des cantilevers et qui a disparu avec l’arrivée des V-Brakes…

Le cadre de l’Ibis Szabo empêchait l’utilisation du Hand Job malgré ses freins cantilevers mais on peut toujours compter sur la marque pour trouver quelque chose pour se différencier, en témoigne cet autocollant dont la décence nous interdit de vous en retranscrire la traduction. Comme nombre de ses concurrents, Ibis utilise des tubes à épaisseur variable (butted en anglais, on voit souvent du double-butted ou du triple-butted aujourd’hui) pour optimiser le rapport poids/résistance mais le présente de façon très imagée, en jouant sur les mots.

Parmi les éléments notables de ce montage, la RockShox Judy XC dispose elle aussi d’une belle histoire. Lancée en 1995 comme le Szazbo (le modèle monté ici est un peu plus récent), la Judy a fait figure de précurseur en étant la première fourche grand public à cartouche hydraulique ajustable sans démonter la fourche, juste en tournant une molette. Avant d’être relancée il y a quelques années par RockShox sur le segment entrée-moyen de gamme, elle a longtemps constitué le haut de gamme de la marque américaine, avec des déclinaisons en XC et en DH. Elle fut notamment championne olympique en 1996 sur le vélo de Paola Pezzo et elle est aussi l’ancêtre d’une des fourches les plus célèbres du VTT, la Boxxer.

Les roues occupent aussi une place à part sur ce vélo. Ce sont des Spinergy Rev-X à 8 rayons (ou plutôt lames) en carbone. Leur construction particulière est issue de la route, où elles étaient censées êtres plus aérodynamiques que des roues classiques à rayons. Elles étaient en revanche très souples latéralement et la version VTT a dû être considérablement renforcée pour supporter les contraintes d’une utilisation tout-terrain. Cela ne fut pas sans conséquence sur le poids puisque les Spinergy Rev-X pesaient jusqu’à 700 g de plus qu’une paire de roues conventionnelles. Elles furent de toute façon interdites par l’UCI en 2001 pour le danger qu’elles pouvaient représenter en cas de chute, mais leur style inimitable fait toujours son effet.

Enfin, la transmission et les freins viennent de Shimano avec le très luxueux XTR M900, c’est-à-dire la première série de XTR chez le fabricant nippon (sortie en 1992 et remplacée en 1995 par le M910). Seule infidélité au groupe, les manivelles Cook Bros Racing, mythique marque des années 90 issue du BMX. A cette époque, Shimano était le leader incontesté de la transmission VTT puisque Sram ne sortit son premier groupe pour la pratique qu’en 1995. Avec cette transmission 3×8 et freins cantilevers, on était donc sur ce qui se faisait de mieux. Que de chemin parcouru !

ParLéo Kervran