Bike check | Les vélos de la coupe du monde XC 2023 (partie 2/2)

Par Olivier Béart -

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Bike check | Les vélos de la coupe du monde XC 2023 (partie 2/2)

A l’occasion de la reprise des compétitions mondiales à Nove Mesto, nous avons écumé les stands des teams dans les paddocks et “volé” les vélos des meilleurs compétiteurs XC le temps de quelques photos avant d’échanger avec les champions et leur mécanos. Pour cette deuxième et dernière partie du grand bike check XC 2023, place aux vélos roulés par les athlètes masculins :

La dernière fois qu’on vous avait proposé un dossier « Bike check » de cette envergure en XC, c’était aux débuts de Vojo pendant la saison 2015. On avait déjà divisé le sujet en deux parties mais à l’époque, la séparation portait sur les semi-rigides et les tout-suspendus. Cette année, nous aurions été bien en peine d’en faire autant : sur les 28 vélos que nous avons pu photographier, il n’y a pas un seul semi-rigide !

Une première, et si le fait d’être à Nove Mesto plutôt qu’aux Gets ou à Leogang jouait peut-être un peu, l’évolution est indéniable. D’autres points ont considérablement évolué en 8 ans : les pneus se sont élargis et la plupart des pilotes roulent désormais en section de 2,3″ ou 2,4″, la tige de selle télescopique s’est imposée, le débattement est en voie d’augmentation et tourne souvent autour de 110 ou 120 mm devant plutôt que 100 mm, les potences semblent se faire plus courtes et moins inclinées vers le bas… En voie de disparition également, les postes de pilotage où l’on a retiré le cache du jeu de direction pour descendre encore la potence de quelques millimètres. Et ce ne sont là que des choix d’équipements, on ne vous parle pas de l’évolution des cadres en eux-mêmes.

Evolution du matériel qui fait évoluer les parcours ou l’inverse, difficile de dire dans quel sens cela fonctionne et il y a sûrement un peu des deux mais quoi qu’il en soit, le constat ne change pas : les vélos de XC « s’endurisent » (on force un peu le trait), et ce même au plus haut niveau, pourtant pas le plus prompt à aller vers du plus gros et plus lourd en théorie. Les vélos qu’on vous présentent aujourd’hui sont bien plus capables et polyvalents que ceux de 2015 et maintenant, on est curieux de voir à quoi ce genre de dossier ressemblera dans 8 ans !

Le Pinarello Dogma XC de Tom Pidcock

C’est sans aucun doute un des vélos les plus en vue de ce début de saison. En effet, il marque le grand retour de la marque italienne au VTT. Ce n’est pas une première, il y avait déjà eu des vélos à gros pneus au catalogue Pinarello dans les années 90, puis plus récemment au milieu des années 2010, mais ils n’avaient jamais été utilisés par une structure du niveau d’Ineos et par des athlètes de la trempe de Pauline Ferrand-Prévot et Tom Pidcock. Pour rappel, les saisons précédentes et pour son titre olympique, le Britannique utilisait un cadre BMC Fourstroke « anonymisé ». Une situation qui ne pouvait pas durer vu l’implication de plus en plus sérieuse d’Ineos dans toutes les disciplines du cyclisme, dont le VTT, et l’envie très claire de Tom Pidcock et de Pauline Ferrand-Prévot de poursuivre dans un programme multi-disciplines.

La commercialisation de ce nouveau Pinarello n’est pas prévue avant la fin de l’année, mais la marque a déjà officiellement présenté le modèle et nous avons eu l’occasion de vous expliquer les grandes lignes de sa conception dans cet article : Nouveauté 2023 | Pinarello fait son grand retour dans le VTT avec le Dogma XC.

Entièrement en carbone, le cadre se distingue par son boîtier de pédalier renforcé, ce qui crée un orifice sur la partie haute, et surtout par son bras arrière en deux parties, gauche et droite, qui ne sont réunis que par le point de pivot principal et l’ancrage à la biellette. Habituellement, il y a toujours un ou plusieurs pontets de renfort entre les bases et/ou les haubans. Cette suppression permet, selon Pinarello, de gagner de l’espace pour avoir des bases courtes sans pénaliser le dégagement du pneu, et de mieux doser la rigidité du cadre.

Privilège de champion olympique, Tom Pidcock a droit à une déco personnalisée qui rappelle sa médaille d’or et aussi les couleurs du maillot arc-en-ciel (qu’il n’a pas (encore) gagné en VTT XC mais bien en cyclo-cross et en… VTTAE). On note aussi sa devise « play your cards right » qui fait référence au sens tactique du pilote.

Autre grande attraction sur ce vélo : les suspensions SR Suntour gérées électroniquement. Déjà présentes sur le BMC Fourstroke débadgé que Pidcock roulait précédemment, elles ont été ici intégrées dès la phase de conception du vélo. Ainsi, la batterie du système est intégrée dans le cadre et des ouvertures ont été prévues pour faire rentrer les câbles.

On ne connaît pas tous les détails du fonctionnement, mais le capteur principal servant à la lecture du terrain serait dans la fourche (SR Suntour Axon 34 avec té/pivot carbone) et commanderait la gestion quasiment en temps réel de l’ajustement de la fermeté/souplesse des suspensions en compression selon les reliefs du terrain. Les réglages sont définis dans les grandes lignes pour chaque pilote lors de journées de test, et les pilotes peuvent affiner les réglages pour chaque circuit très facilement eux-mêmes via une application smartphone. Mais le but est qu’ils n’aient plus à s’occuper de leurs suspensions une fois en course et qu’ils puissent laisser l’électronique agir.

Selon les tracés, les pilotes ont aussi le choix entre deux configurations de débattement : 100/90 ou 120/100 mm (devant/derrière). Une commercialisation en petite série de ces suspensions électronique semble prévue par SR Suntour.

Vous voulez encore de l’originalité ? Ok, parlons des roues ! Il s’agit de Princeton Carbon Works, une marque américaine plus connue dans le milieu de la route déjà partenaire d’Ineos Grenadiers et spécialiste du très haut de gamme. Prix d’entrée à 3000 $ la paire… Les moyeux rappellent des modèles Tune (qui est habitué à produire pour d’autres marques), mais ce sont surtout les jantes qui attirent l’œil avec leur forme en « vague » destinée à optimiser les zones d’ancrage des rayons (solidité, angle des rayons, déport). On sait simplement que la largeur interne est de 30 mm et qu’une commercialisation est prévue « bientôt ».

Le poste de pilotage Most (la marque d’accessoires de Pinarello) se fait aussi remarquer avec sa potence à la fois très massive et effilée. Le jeu de direction est doté d’un système de blocage pour éviter tout contact du cintre avec le cadre. Notez le support GPS spécifique développé par K-Edge, spécialiste de ce genre de petit accessoire.

Shimano est désormais clairement moins en vue dans le paddock que Sram qui a marqué les esprits côté nouvelles technologies, mais le géant japonais est encore partenaire d’équipes clés qui lui rapportent bien des victoires ! Tom Pidcock roule avec une configuration assez atypique : plateau de 34 dents à l’avant (relativement petit par rapport à ses concurrents, régulièrement en 36 dents, voire 38 pour le short track) et cassette 10/45 à l’arrière avec dérailleur chape moyenne. Cela lui permet d’avoir des rapports plus rapprochés et un meilleur étagement de la cassette, point auquel il est sensible en tant que routier. Vous remarquerez aussi le capteur de puissance SRM, pionnier du domaine et toujours une référence, qui constitue l’étoile entre les manivelles et le plateau.

Enfin, on termine avec la tige de selle Vertical Helium, qui se présente comme une des plus légères du marché (entre 300 et 350g selon les versions). La partie basse est en carbone, le tube coulissant en aluminium et la visserie en titane. La cartouche se veut simple et pensée pour la fiabilité.

Le BMC Fourstroke 01 de Titouan Carod

Direction les tentes du Team BMC pour l’un des vélos les plus intéressants du paddock, le BMC Fourstroke 01. Présenté en fin d’année dernière, ce nouveau modèle n’a rien d’exceptionnel à première vue mais quand on se penche dessus d’un peu plus près, deux choses attirent vite l’œil averti.

La première, c’est bien sûr les suspensions Öhlins. Désormais bien installée en DH et enduro, la marque suédoise se lance cette année dans le XC et comme à son habitude, elle le fait par la compétition. A l’état de prototype depuis le début de saison, les produits que roulent l’équipe viennent tout juste d’être dévoilés au public : voici donc l’amortisseur TXC Air et la fourche RXC34 m.1. On vous en reparle très vite car il y a des choses à dire !

L’autre, c’est cette fameuse tige de selle télescopique intégrée AutoDrop capable de descendre toute seule grâce à un système à base d’air comprimé. On peut mettre jusqu’à 14 bars de pression dans le tube diagonal, qui fait office de réservoir et lorsqu’on va chercher le deuxième cran de la manette, la tige de selle disparaît dans le cadre sans que le pilote n’ait quoi que ce soit de plus à faire. BMC a calculé que cela permet d’économiser 50 à 75 squats sur une épreuve de coupe du monde et si vous voulez en savoir plus, c’est par ici : Test nouveauté | BMC Fourstroke 01 : Révolutionn-air !

En dehors de ça, on retrouve sans surprise la transmission Sram XX SL, ici avec le capteur de puissance dans le pédalier. Le Team BMC a été l’une des premières équipes à en bénéficier, l’amenant au sommet des podiums de coupe du monde (lors de la victoire de Titouan Carod à Val di Sole par exemple) dès l’année dernière avant même sa présentation au public.

Côté train roulant, l’équipe peut faire son choix dans le catalogue Duke, partenaire de longue date, et est passée cette année sur des pneus Pirelli après plusieurs saisons avec Vittoria.

Enfin, on découvre sur le vélo de Jordan Sarrou (plaque n°10) un curieux poste de pilotage en une pièce sans aucun logo ou marquage. Un prototype BMC ou un modèle du commerce masqué ? Titouan Carod est lui resté sur un couple potence-cintre tout à fait classique. Notez aussi la solution choisie par le champion de France pour gérer la tige de selle et les suspensions : le levier pour la première est sous la poignée et la manette (signée DT Swiss) de blocage au-dessus du cintre ce qui doit nécessiter un peu de gymnastique mais avec les deux crans de l’AutoDrop, il n’y avait sûrement pas de meilleure solution.

Le Canyon Lux World Cup de Sam Gaze

Présenté comme l’un des futurs grands du XC mondial à sa sortie des rangs U23 (double champion du monde, 2016 et 2017), Sam Gaze avait bluffé tout le monde en remportant la coupe du monde Elites de Stellenbosch en 2018 pour sa première course dans la catégorie. Le résultat en lui-même était déjà impressionnant car chez les hommes, c’est rare de voir des pilotes à ce niveau dès la première saison, mais la manière l’était encore plus : au sprint devant Nino Schurter ! Depuis, le Néo-Zélandais a traversé une période difficile entre blessures et dépression mais 2022 a sonné l’heure de son retour au premier plan : champion du monde de XCC et de XCM, à trois semaines d’intervalle et avec une clavicule cassée entre les deux !

Cette saison, il profite logiquement d’un Canyon Lux World Cup décoré en hommage à ses deux maillots arc-en-ciel. La base est très sobre comme celui de Loana Lecomte qu’on vous présentait il y a quelques jours (Bike check | Les vélos de la coupe du monde XC 2023 (partie 1/2)) et le rendu final tout aussi réussi.

En revanche, rien à voir en ce qui concerne les partenaires et l’équipement puisque l’équipe Alpecin Deceuninck (pour laquelle roulent également Puck Pieterse et Mathieu van der Poel) est équipée par Fox et Shimano, là où le Canyon Cllctv XCO de la Française est sur Sram et RockShox. Comme presque tout le monde, Sam Gaze roule sur une Fox 34 SC à l’avant plutôt qu’une 32 SC, plus légère mais parfois jugée trop souple par les pilotes et surtout limitée à 100 mm de débattement.

Transmission et freins Shimano XTR, en théorie. Dans les faits, on constate que l’étrier arrière est un Dura-Ace de route (à cause d’une pénurie de XTR au standard Flatmount ?) et on nous a gentiment demandé de ne pas prendre de photo trop détaillées des jantes…

Pneus Maxxis Aspen évidemment, ici en carcasse Exo 170 tpi réservée aux athlètes.

Jaroslav Kulhavy s’est retiré des paddocks depuis plusieurs années mais on peut compter sur Sam Gaze pour reprendre le flambeau au jeu des positions impressionnantes. Ancien coéquipier du Tchèque, le Néo-Zélandais est lui aussi grand (1m89) et a plus ou moins la même position sur le vélo : une potence tellement longue que le poste de pilotage Canyon en une pièce n’est pas disponible dans cette taille et pas de tige de selle télescopique. En revanche, l’inclinaison de la selle reste relativement classique. Ça, ça restera longtemps la marque de fabrique de Kulhavy…

Le BH Lynx Race de David Valero

La marque espagnole BH a connu les honneurs de la victoire en 2022 avec son pilote star David Valero, qui s’est imposé à Snowshoe, et qui est actuellement numéro 1 mondial au classement UCI. Il roule le Lynx Race, châssis tout carbone offrant 120 mm de débattement avec sa suspension arrière de type Split Pivot.

Grand par le talent, David Valero l’est aussi par la taille ! Sa sortie de selle, mesurée devant nous par son mécano pour nous prouver qu’il ne nous raconte pas de mensonge : 85 cm ! Valero roule par contre sur un vélo en taille L car il a un buste assez court, et il préfère rouler avec une potence un peu plus longue.

Son poste de pilotage est une pièce d’orfèvrerie, provenant de chez Gemini, une petite marque espagnole qui fabrique ses produits entièrement à la main à Barcelone. Ce combo Pröpus ne pèse que 150g, soit quasiment la moitié du poids de la plupart des produits proposés par les grandes marques ! Et cela ne l’empêche visiblement pas de satisfaire un des plus grands gabarits du peloton qui a, en plus, un des styles de pilotage les plus en force. Le Gemini Pröpus offre aussi de nombreuses options de formes et dimensions.

La très légère tige de selle Bike Yoke voit sa commande installée très près du blocage Fox pour les suspensions. C’est serré, mais visiblement, ça marche, et cela permet à Valero d’avoir toutes les commandes « annexes » à la main gauche et de réserver le côté droit aux vitesses.

Le BH Lynx Race d’Antoine Jamin

La marque espagnole est également présente comme sponsor titre du team BH-Wallonie, qui a pour but de permettre aux meilleurs talents belges de se développer en se frottant à l’élite mondiale. On se souviendra notamment que Pierre de Froidmont est passé par là. Ici, c’est le Junior Antoine Jamin qui nous présente sa monture.

La déco se différencie clairement de celle de la structure espagnole de Valero, et ce n’est pas trop compliqué pour la marque espagnole, puisqu’elle dispose d’un programme de personnalisation BH Unique, qui lui permet de proposer des peinture custom très facilement, pour ses équipes comme pour n’importe quel client.

L’équipe wallonne peut compter sur le soutien de Suntour en suspensions. Le blocage électronique est réservé pour l’instant à Tom Pidcock et Pauline Ferrand-Prévot. Antoine place sa commande de blocage sur le haut de son cintre, à gauche, pour laisser la commande de la tige télescopique en bas. ll juge ce dernier emplacement plus facile d’accès et la tige de selle télescopique plus importante que le blocage des suspensions.

Pour le train roulant, l’équipe wallonne peut compter sur le soutien de la marque belge Amaruq, qui propose à l’équipe son modèle Ultimate SL. La paire de roues fait 1320 g et les jantes en 28 mm de largeur interne pèse 315 g pièce. L’assemblage est réalisé à la main près de Liège/Verviers. Hutchinson a pour sa part inclus la structure dans son programme Racing Lab.

Le KTM Scarp Exonic de Mathis Guay

KTM est présent sur le circuit de coupe du monde avec deux équipes d’envergure, les Italiens de KTM Protek Elettrosystem et la structure usine KTM Factory MTB Team. Aujourd’hui, c’est cette dernière qui nous y intéresse puisqu’on y trouve un Français : Mathis Guay, ici en photo au lendemain de sa 6e place sur le short track U23 de Nove Mesto.

L’équipe roule sur le modèle Scarp en version haut de gamme Exonic. Le montage est d’ailleurs très proche de celui du vélo de série.

A l’arrière, la suspension de type monopivot + biellette développe 95 mm de débattement. Comme sur le Scarpe Exonic de série, fourche et amortisseur sont fournis par Fox mais Mathis Guay a opté pour une 34 SC à l’avant plutôt que la 32 SC qu’on trouve sur le vélo « catalogue ».

Côté transmission, c’est du Sram AXS mais ancienne génération ! Pas de XX SL comme chez les plus grosses équipes, ici on est encore sur du XX1. D’ailleurs, le montage a de quoi faire sourire puisque pour les freins…

C’est du Shimano XTR, avec disques Galfer ! Le KTM Factory MTB Team fait partie des rares « grosses équipes » à ne pas prendre l’ensemble freins et transmission chez l’un des deux géants.

Ce modèle de potence FSA est particulièrement populaire dans le paddock XC, car elle présente plusieurs caractéristiques prisées des pilotes : très basse et compacte, elle permet d’abaisser le poste de pilotage (-20°) pour les pilotes qui en ont besoin et elle est particulièrement rigide en torsion ce qui donne de la précision au poste de pilotage. Par contre, elle n’est pas vraiment légère avec 160 g annoncés en 80 mm. Ici, Mathis Guay était encore en train d’affiner sa position et le pivot de fourche n’avait pas encore été recoupé par ses mécanos.

Autre petite entorse au modèle de série, les pneus sont des Maxxis et non des Schwalbe. Mathis Guay roule évidemment sur des Aspen, ici en version « commerciale » Exo 120 tpi plutôt qu’avec le prototype Exo 170 tpi.

L’Orbea Oiz Team de Luca Martin

Champion de France U23, Luca Martin a intégré le nouveau Orbea Factory Team pour la saison 2023. Notez qu’il roulait déjà en Orbea par le passé, mais pour KMC-Orbea. Il étrenne ici en coupe du monde la dernière version du Oiz, la machine de XC de la marque espagnole.

L’Orbea Oiz de l’équipe est très proche du modèle de série… ou plutôt devrait-on dire que c’est l’inverse, puisque ce vélo a été développé entièrement avec la compétition au plus haut niveau en ligne de mire (voir notre essai complet). Châssis plus rigide, géométrie revue, débattement de 120 mm : c’est l’archétype de la bête de XC contemporaine.

Le montage est très classique pour la transmission, en Shimano XTR.

Idem pour les suspensions Fox, 34 SC à l’avant et Float DPS à l’arrière.

Pour le poste de pilotage, Orbea a développé sa propre solution de potence qui permet une jolie intégration des câbles sans oublier le côté pratique des réglages et de la maintenance en restant sur un ensemble cintre-potence en deux pièces. Les athlètes de l’équipe peuvent aussi compter sur la commande maison OC pour gérer proprement et ergonomiquement le blocage de fourche (3 positions, en bas du cintre) et la tige de selle télescopique (en haut).

Orbea développe aussi ses propres solutions avec sa propre marque de roues, Oquo, dont on retrouve ici les jantes carbone XC MP30 Team, en 30 mm de largeur interne, montées sur des moyeux DT 240S.

Le Thömus Lighrider WC de Vital Albin

Thömus est une petite marque Suisse qui a acquis une notoriété mondiale grâce aux performances au plus haut niveau de ses athlètes, Alessandra Keller et Mathias Flückiger en tête. Le vélo que nous vous présentons ici est celui du plus jeune et très talentueux Vital Albin.

Le Lightrider est un vélo de XC un peu « à l’ancienne » qui dénote dans le paddock avec sa conception traditionnelle et son débattement de 100 ou 110 mm (selon le choix du pilote pour ses suspensions). Sa géométrie est aussi assez conservatrice , avec un reach assez court et un angle de direction compris entre 69,2 et 68,7° selon le débattement de la fourche, quand il n’est plus rare de voir du 67° (voire 66,5°) en XC.

Thömus joue à fond la carte helvétique, avec des suspensions DT Swiss. Idem pour l’originale tige de selle télescopique « inversée » dont la partie la plus imposante se trouve en haut.

Transmission classique en Shimano XTR, plateau de 36 dents et cassette 10-51. DT Swiss fournit aussi les roues XRC 1200 en 30 mm de largeur, couplées à des pneus Schwalbe « First Ride » dotés d’une carcasse spécifique, plus souple. Le vélo est ici montré en configuration short track avec le profil très roulant des Thunder Burt. En course, la plupart des pilotes optent pour le nouveau profil prototype de Schwalbe, intermédiaire entre celui-ci et le Racing Ralph (voir la description du Cannondale d’Alan Hatherly par ailleurs dans cet article pour plus d’infos)

Le poste de pilotage en deux parties, avec la potence FSA SL-K dont nous vous avons déjà parlé (voir le KTM de Mathis Guay), n’empêche pas une intégration assez réussie des câbles et Durit dans le jeu de direction.

Le Giant Anthem Advanced d’Antoine Philipp

Antoine Philipp compte sans aucun doute parmi les meilleurs coureurs français du peloton, même s’il a hélas dû abandonner sur la première manche de la coupe du monde 2023 après une chute lors de laquelle il s’est blessé au pouce. Il roule un Giant Anthem Advanced avec une déco très originale !

Le vélo du Français est assez proche du modèle de série, avec un montage en suspensions Fox Factory et transmission Shimano XTR.

On remarque toutefois qu’Antoine Philipp se passe des suspensions électroniques Fox Live Valve, pourtant présentes sur les versions haut de gamme du modèle de série, et qu’il préfère un blocage par câble plus classique. Il a recours à un montage peu courant et assez alambiqué qui combine le blocage Fox et la commande Shimano pour la tige télescopique ; tous les deux montés à gauche, sous le cintre, très proches l’un de l’autre pour pouvoir être activés dans la foulée.

Le team utilise les roues maison Cadex avec jantes carbone de 30 mm de largeur. Elles sont chaussées ici des très roulants Maxxis Aspen ST 2.4 pour le short-track.

Le Cannondale Scalpel Team d’Alan Hatherly

Oui, c’est bien son vélo, mais ce n’est pas le Sud-Africain Alan Hatherly à côté de ce Cannondale Scalpel. Vous aurez reconnu Manuel Fumic, désormais team manager, et qui nous a présenté le vélo pour l’occasion.

Le Cannondale Scalpel dans cette version 2023 reste proche de la version 2022. Il reste en 100 mm de débattement officiellement.

Le cadre arbore une nouvelle finition « Lab 71 », qui désigne désormais les modèles les plus premium du catalogue Cannondale, un peu à l’image de S-Works chez Specialized. Pas de fibres spéciales et de cadre plus léger pour le moment en VTT (contrairement à la route et au gravel), mais une peinture spéciale translucide très réussie. Il se murmure toutefois que des versions plus évoluées techniquement pourraient arriver aussi en VTT sous ce même label.

L’équipe a un partenariat de longue date avec les américains d’Enve, dont les jantes (qui restent pour le moment en 25 mm de large) sont montées sur moyeu Lefty à l’avant et DT Swiss 240S derrière.

On voit bien ici le nouveau profil XC de Schwalbe qui équipait pour la première fois plusieurs pilotes en coupe du monde en ce début de saison 2023. Les crampons sont bas et très rapprochés sur la bande centrale, puis progressivement plus gros et plus hauts en s’approchant des flancs. Des stries entre les crampons de la rangée intermédiaire viennent renforcer le maintien et l’accroche latérale. On ne connaît pas encore son nom, mais on sait qu’il se placera entre le Thunder Burt et les Racing Ralph/Ray.

Le Caloi Elite Carbon FS d’Henrique Avancini

Le Brésilien Henrique Avancini a quitté la structure Cannondale à la fin de la saison 2022, mais il est encore présent dans le peloton XC avec sa propre structure équipée par Caloi, une marque brésilienne inconnue chez nous. La forme du cadre rappelle cependant celle des châssis très légers produits par les italiens de RZR, qui occupaient d’ailleurs la tente voisine.

Pas de grand originalité pour les suspensions (Fox) et la transmission (Shimano) à l’exception du capteur de puissance SRM…

Par contre, Avancini est un des rares pilotes du plateau à rouler avec des rayons Dyneema, ces fibres textiles ultra solides issues du monde de la voile. Les rayons autour de la valve sont teintés pour la repérer plus facilement.

Le poste de pilotage FSA carbone en une seule pièce est aussi très original. Il se passe de potence, qui est remplacée par un cintre qui forme deux « ailes » au départ de l’ancrage sur le pivot de fourche, et qui viennent procurer le déport habituellement obtenu avec la potence.

Le Specialized Epic Evo d’Adrien Boichis

Voilà sans aucun doute LE vélo le plus « flashy » du peloton ! En plus de son équipe Factory Racing, Specialized équipe aussi l’équipe Trinity, qui peut être vue comme une structure de développement dédiée aux jeunes talents. Dont le Français Adrien Boichis, qui a d’ailleurs remporté le premier short track U23 de l’histoire de la coupe du monde à Nove Mesto.

Pour le parcours très cassant de Nove Mesto, Adrien avait choisi l’Epic Evo en 120 mm de débattement, mais il aime habituellement les vélos très légers et nerveux. Il nous a confié avoir hâte de tester le nouvel Epic WC qu’il venait de recevoir, et qui devrait bien lui convenir avec sa plus petite suspension arrière.

Plutôt doué techniquement, le Français a fait le choix osé de se passer de tige de selle télescopique malgré la technicité du tracé de Nove Mesto ! Il nous a dit se sentir à l’aise sur le vélo selle haute et ne pas aimer avoir trop de commandes avec lesquelles jouer sur son poste de pilotage.

Il dispose déjà de la nouvelle transmission Sram T-Type, qu’il a eu l’occasion d’étrenner au Cape Epic un peu plus tôt (épreuve qu’il a roulée en compagnie de la légende Christoph Sauser). Ayant perdu un bouton de la nouvelle commande en version proto lors d’une étape du Cape Epic, il a enroulé son shifter dans du duck tape. Ce test lors de l’épreuve par étapes a permis à ce souci d’être corrigé par Sram sur les versions de série vendues dans le commerce, mais Adrien continue pour l’instant de rouler le prototype pour l’éprouver sur le long terme.

Freins Level 4 pistons au programme pour s’arrêter, et commande de blocage par poignée tournante pour verrouiller les suspensions.

Recherchant le montage le plus rapide possible, Adrien Boichis a choisi le Specialized Renegade devant, couplé au Captain, encore plus roulant, pour l’arrière. Jugé trop exclusif, le Captain n’est d’ailleurs pas proposé à la vente. Adrien joue tout de même la carte de la sécurité en optant pour des carcasses Control renforcées et pas pour les versions S-Works les plus légères. Mais il roule en version bi-gomme T5/T7 (plus dure/roulante au centre, plus souple sur les crampons latéraux).

Le Scott Spark RC de Nino Schurter

C’est évidemment toujours un des vélos les plus marquants du paddock : le Scott Spark RC de la légende Nino Schurter, avec sa suspension intégrée unique à ce jour.

Le légendaire pilote suisse avait droit à une nouvelle déco spéciale sur son vélo. Le carbone est nu sur la plupart du vélo pour gratter quelques grammes, juste agrémenté d’inserts dorés et de marquages en noir brillant faisant référence à ses 10 titres de champion du monde avec le lieu et l’année de chaque exploit.

Pilote officiel Sram/Rockshox, Nino Schurter dispose du proto de la future nouvelle SID Ultimate 35 mm, qu’il contribue à mettre au point. D’après nos informations, le châssis serait encore allégé et la cartouche hydraulique revue. Il roule les spectaculaires roues Syncros Silverton SL tout carbone en short track, mais il préfère des modèles plus classiques (jante carbone mais rayons acier) et plus tolérants pour la plupart des courses de XCO.

Schurter utilise le blocage Scott TwinLock à 3 positions pour ses suspensions, mais il a choisi un petit levier en forme de tige, actionnable à 360°, pour sa tige de selle de la marque suisse Yepp. Cette « tigette » est montée à gauche, sous le cintre, très proche du levier de frein.

Nino Schurter dispose d’un combo cintre-potence Syncros développé pour lui, avec une inclinaison de la potence de… -40° ! Elle est indispensable au pilote Suisse, pas particulièrement grand, pour obtenir une position optimale et la bonne différence de hauteur selle-cintre. On se souviendra qu’il a été un des derniers à passer aux roues de 29 pouces et à rester en 27,5″, justement pour des questions de taille et de géométrie des vélos.

Pour le short track, Nino équipe sa transmission Sram XX SL d’un gigantesque plateau de 38 dents ! Il doit alors se passer de capteur de puissance, indisponible dans ce format. Pour la course en format olympique du dimanche, il monte par contre le capteur Quarq avec plateau de 34 dents.

N’hésitez pas à poursuivre la lecture en allant voir ou revoir la première partie de notre grand bike check 2023, avec les vélos des athlètes féminines : Bike check | Les vélos de la coupe du monde XC 2023 (partie 1/2)

Et n’oubliez pas : rendez-vous chaque week-end de course pour suivre la coupe du monde sur Vojo !

ParOlivier Béart