Test | Roues R-Line Terra : la magie des rayons Berd (un peu plus) accessible

Par Olivier Béart -

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Test | Roues R-Line Terra : la magie des rayons Berd (un peu plus) accessible

R-Line est une nouvelle marque de roues, mais derrière on retrouve des personnes qui ne sont pas tout à fait inconnues en France : David Robert, connu pour ses vélos en titane (Léon, Robert, Sauvage) s’est associé avec le monteur Ignace Loehr d’Alsatrade afin de proposer des montages haut de gamme, légers et qui restent (relativement) accessibles. Vojo a testé le modèle VTT Terra avec les tout nouveaux moyeux Erase conçus pour les rayons textiles Berd.

Le paysage des monteurs de roues est assez fourni en France, et un nouvel acteur s’ajoute à la liste avec R-Line. Encore que, l’histoire de la marque mérite quelques précisions : pour équiper ses vélos Léon, Robert et Sauvage, David Robert avait régulièrement recours aux services d’un monteur situé comme lui dans l’est de la France : Alsatrade, fondé par Ignace Loehr. En 2024, les deux ont décidé de s’allier pour former R-Line. Leur but : fournir des roues de qualité, montées manuellement avec soin, mais à des tarifs serrés.

On retrouve dans la gamme plusieurs modèles route et gravel, mais aussi un modèle VTT baptisé R-Line Terra. Il est disponible en deux versions, avec rayons acier classiques Sapim à 1269,5 €, ou avec les fameux rayons textiles Berd, moyennant un surcoût qui porte l’addition à 1773,65 €. C’est incontestable, cela représente une belle somme, mais ce sont des tarifs très bien placés pour ce type de produit. Ici, nous avons essayé le modèle phare de la gamme, équipé en rayons Berd.

Pour rappel, les rayons de la marque Berd (le nom Berd venant de la contraction de Bike et… Nerd, ce qui montre un certain sens de l’humour) sont faits en Dyneema, un polyéthylène de masse molaire très élevée (UHMPE). Ce matériau dérivé du pétrole offre pour principales caractéristiques d’être très résistant à l’abrasion, aux produits chimiques corrosifs, auto-lubrifiant et doté d’un faible coefficient de frottement, mais aussi plus léger et résistant à l’élongation que l’acier. Il est présent depuis longtemps dans le domaine militaire, dans l’industrie ou d’autres sports que le vélo (pêche sportive, voile, parapente, camping, etc) où il fait merveille sous forme de cordages ou de fils aussi fins que résistants. Dans le vélo, outre les rayons, on en trouve aussi dans des vêtements et chaussures.

Dans le cas des roues de vélo, ce sont ses caractéristiques de résistance à la traction et son faible poids qui vont être intéressants. Sa densité est de 970 kg/m3 (il flotte, donc) contre 7700 à 9000 kg/m3 selon le type d’acier. On comprend vite qu’il est possible de gratter un peu de poids sur ce poste… ce que refuse toujours difficilement un cycliste, d’autant que même si on ne parle que de quelques grammes, ils peuvent ici être gagnés sur des masses en rotation.

Le travail de Berd consiste donc à faire une petite boucle du côté moyeu, et de fixer par collage un fin morceau de rayon acier classique doté d’un filetage à l’autre extrémité, pour accueillir un écrou et se fixer à la jante comme n’importe quel autre rayon. Au centre, leur diamètre est plus faible et fait 1,8 mm. Les rayons Berd Spokes Dyneema sont annoncés à 2,2 g l’unité, contre environ 4,4 g pour des rayons plats haut de gamme comme les Sapim CX Ray. Sur 64 rayons, et donc sur une paire de roues, on peut gagner une grosse centaine de grammes, tout en procurant une résistance à la traction similaire voire supérieure à celle des meilleurs rayons en acier. Outre le poids, l’intérêt annoncé de ces rayons en Dyneema est aussi au niveau de la dissipation des vibrations, annoncée comme meilleure qu’avec des rayons classiques.

Jusqu’ici, le souci était de pouvoir placer et mettre en tension les rayons Dyneema sur des moyeux classiques. Nous vous l’avions expliqué dans notre test des roues Top Wheels équipées de ces rayons : il fallait jusque-là user d’un stratagème, avec un petit bout de fil Dyneema qui jouait le rôle d’arrêt, et de beaucoup de patience de la part du monteur, pour réussir à les positionner dans des moyeux classiques. Heureusement, depuis peu, Berd a développé une solution avec le fabricant belge de moyeux Erase, qui remplace les classiques trous par de petits crochets dans lesquels la boucle formée par les rayons à leur extrémité vient se placer naturellement.

Il faut toujours « casser » la roue avec encore plus de soin qu’avec des rayons classiques, pour que les rayons textiles se mettent parfaitement en place au montage (R-Line s’est d’ailleurs équipé d’une presse pour cette opération). Mais le montage est plus rapide, moins prise de tête pour le monteur et plus sûr avec ce type de moyeux de nouvelle génération. En diminuant le temps de montage, ils permettent aussi de diminuer le surcoût par rapport à des rayons classiques.

Avant de passer au test terrain, un petit mot sur les jantes carbone employées : construites en fibres T700/T800, elles sont sourcées en Asie chez un sous-traitant reconnu, elles sont sans crochets et offrent une largeur interne de 30 mm, bien dans la tendance. La largeur externe est de 36 mm et leur hauteur de 25 mm. Elles sont asymétriques afin d’optimiser les tensions des rayons, qui sont au nombre de 28 par roue. Le poids de notre paire de test est de 1243 g, soit un peu plus que les roues TopWheels que nous avions testées il y a quelques mois (1135 g) mais qui étaient équipées de jantes Duke plus légères et de moyeux Carbon Ti, eux aussi très light. Le prix était également plus élevé (2300 €), mais il était dû en grande partie aux moyeux classiques employés (la marque propose désormais aussi les moyeux Erase avec un tarif qui peut descendre sous les 2000 € selon les jantes choisies). A notre connaissance, les roues R-Line figurent parmi les modèles les moins chers en rayons Berd.

Roues R-Line Terra Erase/Berd : le test terrain

Nous avons roulé les roues R-Line Terra sur deux tout-suspendus de XC, le Santa Cruz Blur ainsi que l’Orbea Oiz utilisé également pour le test longue durée des suspensions RockShox Flight Attendant XC. Par rapport aux roues de série des deux vélos, pourtant des roues carbone de bonne facture, nous avons immédiatement retrouvé le côté très « tonique » et la sensation de légèreté déjà ressentie lors de notre premier test de roues équipées de ce type de rayons. Clairement, des roues à 1250 g, cela change un vélo et on sent bien les 200 à 300 g gagnés par rapport aux roues de série.

Mais il n’y a pas que le poids : les rayons Berd donnent aussi une vraie sensation de transmission de la puissance à chaque coup de pédale, façon « arbalète ». Pas besoin d’être un monstre de puissance ou un compétiteur d’un certain niveau pour le ressentir. Bien au contraire ! Même sans envoyer beaucoup de Watts, on peut ressentir le dynamisme de la paire de roues et sa légèreté. On peut aussi apprécier ces sensations sur des terrains variés, qui vont du parcours XC plein de relances aux sorties plus longues typées marathon avec de grandes côtes et du dénivelé à gogo.

Les jantes utilisées sur les roues R-Line sont plutôt rigides frontalement et nous ont donné l’impression de dissiper moins les vibrations que les Duke SLS utilisées par TopWheels, mais elles ne sont pas pour autant invivables dans les zones cassantes. Là aussi, on sent bien l’apport des rayons Berd, dont on a une fois de plus pu constater qu’ils jouent un vrai rôle pour apporter plus de contrôle et pour « calmer » un peu le train roulant. Bien sûr, la largeur des jantes et la monte de pneus en 2.4 retenue pour ce test (Maxxis Rekon Race et Schwalbe Rick XC) joue aussi un rôle majeur à ce niveau, mais par rapport aux roues d’origine de nos deux vélos, elles aussi en jantes de 30 mm et en pneus 2.4, nous avons pu percevoir que les R-Line en rayons Berd étaient un peu plus tolérantes et parvenaient à « poser » un poil plus le vélo sur les portions cassantes.

Pour autant, dans les changements de direction rapides ou dans les appuis, toute la précision est préservée et on sent même un peu de facilité supplémentaire liée à la sensation globale de légèreté offerte par le train roulant. Côté solidité, malgré quelques sorties en montagne et des roues confiées à un de nos testeurs roulant habituellement en enduro, rien à signaler : les jantes ne sont pas marquées, le rayonnage a tenu bon, le montage de qualité a permis à la paire de ne présenter aucun voile et les moyeux Erase font honneur à leurs origines belges en se montrant bien résistants aux intempéries.

Verdict :

R-Line fait une belle entrée dans le monde des roues VTT haut de gamme, en réussissant son pari de proposer des roues de qualité, légères et dynamiques à un prix concurrentiel. Les rayons Berd représentent une réelle plus-value sur le comportement, en dopant la sensation de légèreté et le dynamisme dans les accélérations, tout en apportant un côté « feutré » dans le cassant qui est particulièrement agréable. Pour qui veut accéder au charme de ces rayons en textile à un tarif similaire à celui de bien d’autres paires de roues carbone dotées de rayons classiques, les R-Line Terra sont une option particulièrement crédible. 

Plus d’infos : https://titaniumbikestore.com/rline/?v=910955a907e7

ParOlivier Béart