Test | Roues Erase-Duke carbone : l’excellence bleu-blanc-belge

Par Olivier Béart -

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Test | Roues Erase-Duke carbone : l’excellence bleu-blanc-belge

Il y a un peu plus d’un an, nous vous présentions Erase, une nouvelle marque de moyeux haut de gamme made in Belgium. Peu de temps après, une des premières paires de roues sorties de leurs ateliers, montées avec des jantes carbone Duke Lucky Jack SLS, a atterri à la rédac’ Vojo pour un test en mode XC hard. Après les avoir longuement roulées sur un peu tous les terrains et par tous les temps, voici notre verdict.

L’un est ingénieur, l’autre monteur de roues et, il y a un peu plus d’un an, Maxime et Thomas se sont lancés dans un pari un peu fou : créer leur propre marque de moyeux, Erase ! Nous avions eu l’occasion de vous expliquer tout cela dans ce premier article que nous leur avons consacré. Aujourd’hui, après un déménagement dans des locaux plus spacieux, leur machine d’usinage ne cesse de tourner et ils envisagent l’acquisition d’une deuxième pour suivre la demande. C’est que le bouche-à-oreille a vite fait son œuvre, et que les produits, tant route que VTT, sortis de leur atelier, ont su convaincre les premiers utilisateurs. Dont nous, comme vous allez le voir.

Les moyeux Erase sont entièrement conçus et fabriqués à Fernelmont, une petite ville située à l’est de Namur, en Wallonie. Leur but est de proposer des moyeux de très haute qualité, où aucun détail n’a été négligé pour mettre toutes les chances de son côté au niveau de la fiabilité, qui restent légers, et qui restent également accessibles au niveau des tarifs même si on est sur un produit haut de gamme. Disons, pour faire court, qu’on reste très loin des tarifs pratiqués par Chris King par exemple.

Dans la gamme Erase, on retrouve deux paires de moyeux route (disque et non disque), ainsi qu’un modèle VTT, disponible en format boost (148/110mm) ou non (142/100), et prévu pour disques 6 trous. A l’heure actuelle, seule la couleur noire est proposée au niveau de l’anodisation et il n’y a pas d’option de couleurs car Erase ne dispose pas à ce stade des capacités pour offrir ce choix au niveau de cette opération qui est la seule à être sous-traitée (aux Pays-Bas). Cela pourrait changer à l’avenir, mais chaque chose en son temps !

Le corps de roue-libre a pour particularité d’être en titane car Erase le voulait indestructible tout en préservant le poids. Il est disponible tant en format XD que Shimano classique ou Microspline, puisque la marque a obtenu en janvier 2020 la licence pour ce nouveau standard lié aux cassettes 12 vitesses du fabricant japonais.

Le mécanisme de roue-libre est de type « rachet », soit deux couronnes crantées qui viennent s’engager au contact l’une de l’autre au pédalage. Elle compte 60 points d’engagement, soit plus que chez DT Swiss (18 ou 54 dents dans le haut de gamme) ou Aivee (30 points sur les Edition One). On est un peu en dessous de Chris King (72 points) et loin du record d’Industry Nine (690 points !), mais on est tout de même sur un engagement très rapide.

Les roulements proviennent de chez Enduro Bearings, et Erase a décidé de travailler avec ce fabricant car c’est le seul à proposer des roulements angulaires spécifiquement conçus pour les moyeux. « Dans un roulement standard, seulement 3 ou 4 billes assument la charge, alors que dans un roulement angulaire, toutes les billes sont simultanément engagées, cela diminue la friction et réduit l’usure« , expliquent-ils. Il y a deux roulements 6903 à l’avant et quatre 6902 à l’arrière avec, dans les deux cas, un système de rattrapage du jeu via une petite vis.

Au niveau du poids, Erase annonce 382g la paire, ce qui est plus lourd qu’une paire de moyeux Tune King King (325g) mais très proche d’une paire de moyeux Aivee Edition One par exemple (375g), et nettement plus léger que Chris King, qui frôle les 500g la paire. Du côté du prix, les moyeux Erase se démarquent clairement, dans la mesure où la paire est affichée à 350€… ce qui est seulement 15€ de plus que le seul moyeu arrière Aivee Edition One (la paire est à 500€ – mais il existe aussi d’autres moyeux plus accessibles et très intéressants dans la gamme Aivee), qui est déjà à un tarif bien plus raisonnable que nombre d’autres moyeux haut de gamme (comptez par exemple près de 1000€ la paire de moyeux Chris King). Et les moyeux Erase sont aussi garantis à vie.

Thomas, un des deux fondateurs de la marque, étant monteur de roues, il est assez logique qu’Erase propose aussi des roues complètes. Trois modèles sont au catalogue, XC, AM et Enduro, avec des jantes carbone de largeur allant de 25 à 32mm et des poids compris entre 1380g et 1670g la paire en 29″. Les jantes sont des modèles produits en Asie et sélectionnés par Erase, et les rayons des Sapim CX Ray (eux aussi produits en Belgique). Quant aux prix, ils vont de 1350 à 1390€, ce qui reste très bien placé par rapport à la concurrence.

Puis, il y a aussi la possibilité de faire un montage à la carte, et c’est cette option qui a été retenue dans le cas de notre paire de roues d’essai, montées avec des jantes Duke Lucky Jack SLS 6Ters en 28 rayons, qui reviennent à 1452€ très exactement. Ces jantes carbone, conçues par la désormais célèbre marque française, sont utilisées par de nombreux compétiteurs au plus haut niveau, que ce soit officiellement (le team Absolute Absalon par exemple) ou officieusement (Mathieu van der Poel roule avec des jantes Duke en VTT).

Dans cette nouvelle version, les Duke Lucky Jack SLS adoptent un profil différent à l’avant et à l’arrière. C’est le concept 6Ters, avec une jante avant en 28mm de large pour 20 de haut afin de jouer au maximum la carte du grip et de la tenue en virages, alors qu’à l’arrière c’est un profil de 25,6mm de large pour 19mm de haut, pour gratter quelques grammes et jouer plus la carte de la nervosité, du rendement, mais aussi du confort et de la tolérance verticale.

Cela donne une paire de roues très légère, à 1328g vérifiés sur notre balance, ce qui est un très joli score. Et les jantes en elles-mêmes sont très légères, puisque Duke annonce 330g pour l’avant et 307g pour l’arrière dans cette version SLS ! Oui, oui, on parle bien de 29″ ! Reste maintenant à voir comment tout cela se comporte et résiste sur le terrain.

Roues Erase – Duke : le test terrain

Nous avons roulé ces roues pendant près de 6 mois, sur des terrains très variés et en les considérant plus comme des roues de XC « hard » que comme des roues ultra-légères qu’il ne faudrait réserver qu’à certains types de terrains et à certaines grandes occasions. Elles ont été montées sur plusieurs vélos, hardtail comme full, mais c’est sur notre Oiz TR en 120mm qu’elles ont passé le plus de temps, chaussées de pneus Schwalbe Racing Ralph et Ray en 2.35. Bref, nous ne les avons pas ménagées.

Les moyeux Erase sont magnifiques et leur fonctionnement ne déçoit absolument pas sur le terrain. Les roulements ont conservé toute leur fluidité après plusieurs mois de test, dont certains très pluvieux, et nous n’avons pas eu à jouer avec le rattrapage du jeu. Le corps de roue-libre fait un bruit agréable, pas trop fort, et le plus important, c’est que son engagement est vraiment très rapide.

Ayant eu une des dix premières paires de moyeux, réservées aux tests « en conditions réelles » par nos soins et par des proches de la marque, nous savions et nous avions été prévenus dès le départ que nous avions un produit qui pouvait encore faire quelques maladies de jeunesses. En réalité, le moyeu avant n’a pas posé le moindre souci, et nous n’avons eu qu’un ennui au niveau du corps de roue-libre, où une des deux bagues du système rachet (celle située du côté du corps du moyeu) est restée bloquée en position rentrée, nous laissant avec une transmission tournant dans le vide. Heureusement, le démontage est très simple et nous avons réussi à la débloquer sur le terrain pour rentrer de notre sortie. Une fois à l’atelier, Maxime nous a instantanément dépanné en installant une nouvelle version du rachet qui avait été développée entre-temps, vu que d’autres moyeux parmi les dix premiers sortis de l’atelier avaient rencontré ce souci. Tous les moyeux commercialisés l’ont été avec le rachet modifié, avec lequel nous n’avons par la suite plus rencontré le moindre souci. C’est bien là le principal, et si nous vous avons raconté cette petite mésaventure, c’est par souci de transparence totale.

Du côté des jantes, nous avons toujours beaucoup apprécié les jantes Duke Lucky Jack, et les roues complètes Duke avaient d’ailleurs remporté notre premier grand test de roues carbone publié en 2015. Aujourd’hui, 5 ans plus tard, ces cercles ont évolué au niveau du poids, des fibres de carbone utilisées, de leur largeur différenciée pour l’avant et l’arrière, mais la philosophie reste la même et cela se perçoit immédiatement sur le terrain.

Ici, avec l’excellent montage réalisé par Erase (tensions élevées, parfaitement équilibrées), on retrouve avec un réel plaisir ce compromis parfait entre des roues rigides latéralement et très précises, mais qui savent aussi se montrer tolérantes et faire preuve d’une réelle capacité d’absorption des impacts grâce à une certaine souplesse verticale très bien dosée. Le profil différencié entre l’avant et l’arrière est aussi quelque chose d’intéressant et, pour le montage avec des pneus XC de 2.2″ de section au minimum, la jante de 28mm de large à l’avant est un petit plus perceptible au niveau du grip et du comportement du pneu.

Au niveau de la roue arrière, la légèreté est directement perceptible. Les accélérations sont tranchantes et c’est un réel pousse au crime en matière de relances. De quoi transformer le vélo, pourtant monté d’origine avec de très bonnes DT Swiss XRC1200. Dans les ascensions, on sent aussi qu’on a des roues de masse très faible et c’est un plaisir de les rouler au tempo.

Nous avons eu quelques échos de soucis de casse sur certaines séries de jantes Duke, mais cela semble désormais bien faire partie du passé car nous n’avons pas hésité à les emmener sur des terrains bien cassants et, avec nos 80kg, elles ont supporté cela sans broncher. Il y a bien quelques griffes dans la finition, mais il faut vraiment regarder attentivement pour le déceler, et nous n’avons relevé aucun signe de faiblesse. Bien sûr, il s’agit de jantes très légères et il faut tout de même le garder à l’esprit lors de l’achat, mais à l’issue de notre test nous pouvons confirmer qu’elles résistent à un programme XC hard pour des pilotes pas trop lourds, mais pas non plus hyper affûtés et format jockey.

Nous avons retrouvé avec ces roues un comportement très proche de celui des Asterion E-One XCR, qui font office pour nous de référence. Le compromis précision/tolérance, rigidité latérale/souplesse verticale, est très proche et très réussi dans les deux cas. Les roues Erase/Duke sont un peu plus légères, et cela peut se percevoir quand on est très attentif ou qu’on roule les deux alternativement sur le même vélo, mais cela reste minime. Pour un usage dans des régions montagneuses ou dans de la caillasse agressive comme dans le sud de la France, on aurait plus tendance à partir sur les Asterion pour leurs jantes réellement pensées pour résister aux pires traitements, alors que les Duke sont vraiment plus orientées poids plume et rendement pur. Les Asterion gardent aussi un petit avantage niveau look, avec la possibilité de choisir la couleur de ses moyeux, mais Erase reprend le lead au niveau du tarif, vraiment très agressif pour le segment. Dans les deux cas, on se dit qu’il y a dans nos régions des monteurs et concepteurs de roues/moyeux qui méritent d’être soutenus car ils sont capables de sortir des produits assez extraordinaires.

Verdict

Pour Erase, c’était un pari osé de se lancer non pas juste dans du montage de roues, mais de proposer d’emblée ses propres moyeux. Et pour un coup d’essai, cela a tout l’air d’être un coup de maître. Nous n’avons pas essayé les jantes Erase, mais avec ces cercles Duke à la largeur différente pour l’avant et l’arrière, on est sur une paire de roues qui coche toutes les cases pour un usage XC : ultra-légères, nerveuses, précises, tolérantes juste ce qu’il faut pour ménager le pilote et donner du grip,… bref, c’est un sans-faute que nous vous conseillons sans la moindre réserve. D’autant plus que le prix est très bien placé pour des roues carbone aussi haut de gamme.

Roues Erase - Duke

1450€

1328g

  • Moyeux beaux, performants, fiables et made in Belgium
  • Montage/rayonnage de qualité
  • Compromis poids/rigidité/tolérance des jantes Duke Lucky Jack
  • Tarif parmi les plus bas du segment
  • Pas de choix de couleurs pour les moyeux
  • RAS

Évaluation des testeurs

  • Prix d'excellence
  • Coup de coeur
  • Rapport qualité / prix

ParOlivier Béart