Test Ride #10 | Protections G-Form, selle Astute & plateau Shift Up

Par Olivier Béart -

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Test Ride #10 | Protections G-Form, selle Astute & plateau Shift Up

Vojo vous propose désormais régulièrement des trios de tests courts et concis, plus rapides et faciles à lire que nos articles habituels. Mais entendons-nous bien : si le but est ici d’aller à l’essentiel, il ne s’agit pas de tests au rabais ! Ces essais sont menés avec la même rigueur et le même sérieux que pour chaque autre pièce ou vélo qui passe entre nos mains et les produits ont été longuement mis à l’épreuve par l’équipe Vojo. 

 

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Genouillères G-Form Elite : (presque) comme une seconde peau

G-Form est un spécialiste américain des protections, qui se développe de plus en plus dans nos contrées. Leur particularité : une gamme très vaste (qui n’oublie pas les enfants) et surtout un matériau d’absorption des impacts qui leur est propre, le « RPT+ ». Nous avons testé les genouillères G-Form Elite, qui se sont avérées être une intéressante découverte.

Par contre, au niveau du produit lui-même, on semble plus proche des 661 Recon ou des fameuses Bliss Minimalist qui avaient fait figure de pionnières parmi les genouillères light. Mais c’est surtout au premier regard car, quand on les prend en main, on sent qu’il y a beaucoup plus d’épaisseur de protection sur les G-Form Elite, et qu’elles se montrent nettement plus couvrantes que les deux modèles pré-cités. Un petit tour sur la balance montre aussi qu’avec 340g la paire, on est pile entre de « grosses » genouillères comme les Race Face Ambush (540g) et les 661 (140g).

La finition des G-Form Elite est excellente et en rapport avec leur tarif. Les coutures sont solides, les matériaux bien assemblés et elles ont bien résisté à plus de 6 mois d’usage très régulier avec de nombreux passages en machine, que la matière protectrice maison, le « RPT+ », semble bien supporter aussi. A propos, ce RPT+, de quoi s’agit-il ? Pour faire simple, le principe se rapproche du bien connu D3O : un matériau souple à l’état « neutre », mais qui se durcit instantanément en cas d’impact pour protéger, sans oublier de dissiper les forces. La marque diffuse d’ailleurs sur son site une amusante vidéo avec des M&M’s sauvés d’une mort atroce par écrasement sous une boule de bowling, grâce à lui. Plus sérieusement, les G-Form Elite vont au-delà de ce que la norme CE impose, et c’est ce qu’on retiendra à ce stade.

Sur le terrain, notre premier contact avec les genouillères G-Form Elite a été très… froid ! Et c’est le cas de le dire car nous avons constaté que, quand la température descend franchement sous zéro, le RPT+ a tendance à perdre de sa souplesse (on parle de -5/-10°). Vu la taille du panneau de protection, cela rend les genouillères inconfortables à porter, voire quasiment inutilisables. Nous les avons donc ressorties au printemps, puis portées très souvent durant l’été et là, nous avons pu apprécier toutes les qualités du produit. Car, dès que les températures remontent, malgré l’épaisseur de la protection, les G-Form Elite font preuve d’une grande souplesse et épousent parfaitement les formes du genou. A coté de cela, elles parviennent aussi à être très couvrantes. Les côtés du genou sont protégés, et elles descendent aussi bas sur le tibia (une version plus longue existe aussi pour ceux qui veulent plus de protection à ce niveau).

Nous avons eu l’occasion de faire plusieurs chutes en leur compagnie (quelle conscience professionnelle !), et elles ont parfaitement joué leur rôle. Elles ne bougent pas d’un millimètre et le revêtement ne se montre pas trop sensible à l’abrasion ou aux coupures. Sans dire qu’elles sont indestructibles, elles ressortent comme plus solides que les 661 Recon que nous avons fini par couper en chutant dans des rochers, alors que les G-Form sont sorties intactes d’une situation similaire.

Revers de la médaille de leur excellent maintien, l’élastique supérieur a semblé trop serrant à l’ensemble de nos testeurs. En bas, c’est parfait, mais en haut, on peut sentir un effet « garrot » pas très agréable. Et il n’y avait aucune erreur de taille. En fin de test, cela s’est apaisé car les matériaux se détendent, mais G-Form devrait pousser les recherches plus loin afin de trouver un système qui offre un aussi bon maintien tout en répartissant mieux la pression à cet endroit. Par contre, nous n’avons jamais ressenti aucune autre gêne, ni à l’avant du genou (abrasion), ni à l’arrière (effet de pincement), y compris sur des sorties de 3/4h en moyenne et jusqu’à une journée complète. Elles sont un peu chaudes sur l’avant, mais bien aérées derrière, ce qui aide à bien compenser.

Verdict :

Mis à part leur sensibilité aux basses températures et un élastique supérieur très serrant, les G-Form Elite sont des genouillères très séduisantes, à mi-chemin entre les produits minimalistes et de vraies grosses genouillères. Elles parviennent à reprendre le confort des premières sur les longues sorties, et une vraie couverture étendue et efficace du genou comme sur les secondes. Nous les recommandons et elles figurent désormais parmi les protections que nous portons le plus… entre le début du printemps et la fin de l’automne.

NB : nous avons également eu l’occasion de rouler avec les coudières G-Form Elite, mais nous les avons portées nettement moins souvent, raison pour lesquelles elles ne se retrouvent pas directement dans ce test. Néanmoins, elles nous ont laissé des impressions similaires : confortables, bien couvrantes, toujours l’élastique haut fort serrant (sur le biceps ici) et une sensibilité au froid moins dérangeante que sur les genouillères.

Plus d’infos  : https://gform.eu/shop-sport/bike

Selle Astute MUD : haute couture italienne

Astute nous vient d’Italie, pays où la production de selles est presque une religion (pensons à Prologo, San Marco… et Selle Italia bien entendu). Difficile dès lors de se faire une place au soleil, au milieu de ces grands acteurs déjà bien établis. A moins de viser l’excellence et d’essayer de se positionner encore un cran plus haut. Surtout présente sur route, la marque s’investit aussi dans le VTT. Nous avons testé l’Astute MUD, dont le spectre d’utilisation est plutôt trail/enduro.

Par rapport aux marques les plus connues de selles italiennes, Astute fait figure de petit poucet. Les selles y sont produites à l’unité par une petite équipe, de façon quasi artisanale. D’ailleurs, cela se voit au niveau de la finition, qui est tout simplement la meilleure que nous ayons pu voir à ce jour sur une selle.

Car oui, il y a d’une part le côté soigné, les ajustements parfaits et le souci du détail qui montrent qu’une personne aux mains expertes a passé le temps qu’il faut pour que ce soit parfait, mais il y a aussi le côté technologique avec des rails en carbone aux formes complexes, des petits caches en plastique ajustés avec précision ou encore des choix de matériaux pointus.

Pour choisir la selle qui vous convient et qui s’adapte à votre pratique, Astute vous propose d’abord de choisir entre deux types de formes : plate ou arrondie. Pour le VTT, les selles plates, qui sont en fait des modèles partagés avec la gamme route, vont plus se destiner au XC et au marathon, alors que les modèles ronds baptisés MUD sont plutôt conseillés pour un usage trail/enduro. A noter que ce ne sont pas de catégorisations rigides et qu’on peut aussi choisir par pur goût personnel. Tester une selle pour vous est toujours ardu car le ressenti personnel est primordial. Même si nous nous efforçons de faire en sorte que nos essais puissent vous guider au mieux, rien ne remplacera jamais vos propres sensations. Donc si vous en avez l’occasion, testez avant l’achat.

Autre choix donné par Astute : les rails. On peut choisir entre une version titane ou du carbone. La différence de prix est d’une cinquantaine d’euros ; le carbone étant plus cher et plus léger de 30g environ. Attention aussi : les rails carbone sont plus gros et pas tout à fait ronds (7*9mm), ce qui peut causer des soucis de compatibilité avec certains charriots de selle (mais ils sont rares). Sur la balance, notre modèle de test affiche 227g, soit 37g de plus qu’annoncé par la marque. Ce n’est pas lourd, mais on est loin d’un poids record et ce n’est pas pour cela qu’on choisira l’Astute MUD. Quant aux tarifs de 204€ en version carbone et 154€ en rails titane, ils sont élevés mais comparables à ceux d’autres selles haut de gamme. Astute étant une marque de plus petite taille, pas présente en OEM (première monte), il est par contre plus difficile d’en trouver à « prix cassé », comme c’est le cas pour de plus grands noms.

On a parlé de la finition magnifique et, au-dela de sa coque ronde, le reste de la forme et les dimensions de cette Astute MUD nous font beaucoup penser à la fameuse WTB Silverado. C’est en remplaçant cette dernière par l’Astute sur un vélo de test que nous nous en sommes rendu compte. L’italienne est un peu plus courte et étroite que l’américaine (126*260 contre 132*274mm), mais les courbes et l’arrière qui remonte leur donnent un air très similaire. Une fois posé dessus, cela se confirme, mais on ressent directement que l’Astute est plus ferme. Cela ne veut pas du tout dire moins confortable, car sa forme, notamment au niveau du canal central, nous a paru un peu mieux travaillée et épousant mieux notre séant. L’évidement « VT » (pour « Verta », ouvert en dialecte vénicien) est bien pensé et soulage bien le périnée.

Le rembourrage est fait d’une mousse à mémoire de forme, disposée en trois densités différentes sur la longueur de la selle : plus souple à l’avant, intermédiaire au centre et ferme à l’arrière pour le maintien. Force est de constater que ça marche. Malgré l’impression de fermeté qu’elle donne, le confort est bien présent, le bec de selle parfaitement utilisable et l’arrière dur et montant procure un bon maintien. Autre avantage d’une selle ferme : les inévitables micro-mouvements ne se produisent ici pas entre votre cuissard et votre peau, mais entre le cuissard et la selle. Il y a donc moins de risques d’irritations. Le revêtement en microfibres imitation cuir (made in Italy et éco-certifié, ce qui ne gâche rien) joue aussi un rôle non négligeable en la matière, en ne se montrant ni trop accrocheur, ni carrément glissant. Chapeau.

Assez étroite sur le papier, l’Astute Mud ne semble pas l’être tant que cela en réalité. Les os du bassin sont bien calés pour pédaler et, sur ce point, elle nous a fait penser à la Specialized Power, notre coup de cœur pour les longues distances… mais qui est justement très large et même trop à nos yeux pour des usages où on va passer très souvent derrière la selle. Ici, l’Astute MUD a été développée avec Alex Lupato, champion italien d’enduro, et cela se sent. Lors des mouvements sur et autour de la selle, on ne rencontre jamais aucune gêne. Il n’y a pas d’arrêtes vives gênantes ou de rebord qu’on peut sentir. Un sans-faute. A l’arrière, un revêtement différent, strié, vient faire office à la fois de renfort et d’appendice pour vous faciliter la tâche pour passer derrière la selle. Disons que son apport spécifique n’est pas flagrant, mais comme dit plus haut, rien ne gêne et l’Astute MUD est bien une selle parfaitement adaptée à l’enduro.

Même si ce n’est pas son usage recommandé en priorité, nous avons aussi utilisé l’Astute MUD sur un vélo typé XC en 100mm (full) et elle se montre aussi très agréable. Là, c’est surtout le bassin bien calé qu’on apprécie pour bien délivrer la puissance, de même que son confort et l’absence de frottements dérangeants qui sont bien agréables quand en enchaine les heures de selle. Quoique, en enduro, on passe également beaucoup de temps sur sa machine et la position fort sur l’arrière ainsi que la faible vitesse à laquelle on roule en liaison ont tendance à mettre aussi le fessier à rude épreuve. Vu sa fermeté, nous la recommandons par contre plus aux porteurs de cuissards et de sous-shorts rembourrés qu’à ceux qui roulent en caleçon classique sous leur baggy.

Verdict

Cette selle Astute MUD est une magnifique découverte et un coup de cœur qui séduira les riders qui cherchent l’originalité et qui aiment aussi, par leurs achats, soutenir des acteurs de plus petite taille, impliqués également au niveau de leur responsabilité eco-sociale. Au niveau de ses qualités propres, outre sa finition qui fait référence, elle se distingue par son confort ferme que nous apprécions particulièrement, ainsi que par sa forme qui laisse le biker bien libre de ses mouvements. Seul son prix pourra en dissuader certains.

Plus d’infos : http://www.astuteitalia.com/en/configurator/off-road & https://www.carbonbike.be/fr/catalog/astute

Plateau Shift Up direct-mount : une alternative light et crédible

Shift Up s’est fait connaître avant tout pour ses kits de préparation et d’allègement pour fourches XC mais, bien que toujours spécialisée dans les suspensions, la petite marque française propose aussi d’autres accessoires light, comme une selle en carbone et ce plateau direct-mount compatible avec les pédaliers Sram.

Si les grandes marques comme Sram ou Race Face proposent cette option à leur catalogue et en ont même fait la base de leur offre, beaucoup d’autres marques proposent désormais des plateaux alternatifs. C’est le cas de Shift Up, petite société française qui s’est fait connaître à la base pour ses kits d’optimisation de suspensions XC. Ici, Romain Boireaux, l’ingénieur à la tête de Shift Up, a décidé de proposer dans sa gamme un plateau compatible avec l’empreinte Sram et Race Face, avec pour objectif d’optimiser le rapport poids-rigidité, ainsi que le silence de fonctionnement.

Côté poids, c’est gagné. Enfin, de peu. Avec 59g, on est.. 4g plus léger que l’original. Au niveau de la rigidité, nous n’avons pas fait de mesures scientifiques, mais même si elle n’est peut-être pas aussi importante que sur le modèle d’origine (qui est très travaillé et qui est vraiment une belle pièce), nous n’avons pas pu la mettre en défaut durant nos 6 mois de test. Nous en avons fait un usage XC/Marathon, moins exigeant niveau chocs que l’enduro, mais il nous est arrivé de taper sans que le plateau se voile ou ait semblé en avoir souffert.

Côté silence et rétention de la chaîne, le dessin très recherché des dents fait bien le job. Le principe de base est celui du narrow-wide (une dent épaisse, une dent fine – ce qui permet de retenir la chaîne même en l’absence d’anti-déraillement), mais Shift-Up l’a raffiné à sa sauce, avec un résultat convaincant. Pas de saut de chaîne, un silence de fonctionnement au moins aussi bon que l’original : du bon boulot. Il n’est pas officiellement « Eagle Approved », puisque seuls les plateaux d’origine Sram le sont, mais nous l’avons roulé quasi uniquement en 12 vitesses sans le moindre accroc, même si à la base il a été conçu pour du 11 vitesses.

Niveau longévité aussi, on constate que l’alu utilisé est de qualité, comme l’usinage, ce qui lui permet d’avoir une usure très raisonnable. Après environ 2000km, il est encore bon pour le service et pour en faire au moins deux fois plus. Quant au tarif de 59€, c’est au bas mot 10€ moins cher que le meilleur prix que nous avons pu trouver en ligne pour l’original. Il est aussi disponible en cinq couleurs : noir, argent, rouge, orange et or.

Verdict

Moins cher, plus léger, esthétiquement réussi, au moins aussi durable et silencieux que l’original, le plateau Shift Up est une alternative française particulièrement qualitative et crédible aux produits de plus grande diffusion. Son seul défaut : n’être disponible qu’en 32 ou 34 dents avec ligne de chaîne Boost (3mm). Certes, ce sont les options les plus courantes et on comprend qu’une petite marque ne puisse se permettre de multiplier trop les références, mais on espère que la gamme s’étendra dans le futur.

Plus d’infos : http://www.shift-up.eu/fr/transmission

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Par Olivier Béart