Test | Radon Slide Trail 8.0 : le dernier des All-Mountain ?

Par Léo Kervran -

  • Tech

Test | Radon Slide Trail 8.0 : le dernier des All-Mountain ?

Lancé en fin d’année dernière, le Radon Slide Trail se veut LE vélo polyvalent de la gamme Radon. Roues de 29″, géométrie moderne, suspension de 140 mm de débattement et fourche de 150 mm, la marque allemande le présente comme son vélo de trail le plus complet, aussi performant au départ d’un enduro que fun pour aller s’amuser en forêt. Nous l’avons eu entre les mains pendant un peu plus de trois mois, voici notre verdict.

 

 

Les lignes acérées rappellent le Jab d’enduro et sont, de notre avis, plutôt réussies. Principalement noir, le cadre dispose de plusieurs touches de rouge bien placées qui viennent donner un caractère agressif au vélo.

 

 

Les gaines passent en interne, avec des entrées et des sorties très pratiques. Côté entretien toujours, le jeu de direction est semi-intégré et le boîtier de pédalier est au standard PF92.

Le tube diagonal est protégé par un empiècement en caoutchouc relativement long et de belle facture. A l’opposé, celui qui protège la base droite de la chaîne ne paraît pas très efficace et semble un peu court.

 

 

La suspension reprend une très classique architecture 4 Bar Linkage, avec un flipchip sur la jonction haubans-biellette pour modifier légèrement la géométrie. Un amortisseur RockShox Deluxe RCT3 s’occupe de gérer les 140 mm de débattement tandis qu’on retrouve une Revelation Charger RC à l’avant.

 

 

Le reste de l’équipement est bien pensé et particulièrement alléchant pour le tarif : transmission Shimano SLX/XT 11 vitesses avec plateau 30 dents et cassette 11-46, freins Magura MT5, roues DT Swiss M1900, tige de selle télescopique SDG Tellis, pneus Schwalbe Magic Mary et Hans Dampf SnakeSkin en 2.35, potence courte et cintre large… Rien de clinquant mais uniquement du matériel fiable et éprouvé, c’est un presque sans-faute.

Pourquoi presque ? Pour le cintre en 35 mm de diamètre en aluminium. Sa forme est agréable et tombe bien sous les mains, mais on ne comprend pas le choix de ce diamètre, peu cohérent avec la RockShox Revelation. De manière générale, le 35 mm ne trouve pas souvent grâce à nos yeux sur des vélos classiques car trop rigide (ça peut avoir un intérêt sur les VAE), mais ici, associé à une « petite » fourche, cela nous paraît encore plus bizarre.

Côté géométrie, on est sur le même plan que pour l’équipement : rien d’excentrique ou qui permet au vélo de se distinguer mais rien de vraiment critiquable non plus. En position Low et taille L, on a ainsi un angle de direction à 65,6° (+1° en High), un angle de selle à 75,5° (+1° en High), des bases à 435 mm, un reach à 464 mm et un stack à 623 mm. Seul le boîtier de pédalier est un particulièrement haut en position High, avec 362 mm.

 

 

Disponible en 4 tailles (de S ou 16″ à XL ou 22″), le Radon Slide Trail 8.0 est annoncé à 13,5 kg en taille S. Nous avons pesé notre version d’essai en taille L à 13,9 kg, ce qui correspond à un écart normal vu la différence de taille.

Le Slide Trail n’est donc pas particulièrement léger mais le poids reste correct au regard du prix et des équipements.

On notera enfin que pour 2020, Radon effectue quelque changement sur ses Slide Trail. Si la géométrie ne change pas, l’équipement évolue légèrement. Le 8.0 passe ainsi sur une transmission Sram 12V avec dérailleur GX Eagle et cassette NX 11-50 tandis que les pneus Schwalbe laissent la place à des Maxxis DHF 2.5 /DHR II 2.4 en carcasse EXO et flancs Skinwall.

Le Radon Slide Trail 8.0 sur le terrain

Le Radon Slide Trail 8.0 est resté plusieurs mois entre nos mains, ce qui nous a permis de le tester sur une grande variété de terrains et de le faire essayer par différents profils de pilotes.

Le premier point sur lequel tous s’accordent est la position sur le vélo, particulièrement agréable même avec le flipchip en mode Low. Que ce soit assis sur la selle ou debout sur les pédales, on est bien centré au milieu du vélo et installé confortablement pour pédaler longtemps.

 

 

La seule remarque négative est unanime et concerne l’ergonomie des freins. Les leviers 2 doigts des Magura MT5 sont bien plus longs que ceux de leurs concurrents, ce qui impose de les décaler de manière importante vers l’intérieur, rendant inaccessible le shifter monté sur un matchmaker. A moins d’avoir des mains de géant, il est impossible de trouver une position permettant à la fois de changer de vitesse et de freiner à un doigt. Magura propose la paire de leviers 1 doigt en pièces détachées pour 65 €, mais c’est tout de même dommage de devoir changer une pièce dès la réception du vélo.

 

 

Au pédalage, le Slide Trail conserve bien la vitesse et on monte facilement au train. Ce n’est pas un XC bodybuildé comme certains vélos de « trail » qui affichent eux aussi 140 mm de débattement à l’arrière, mais il est tout de même plus efficace qu’un gros enduro dans cet exercice. En montée raide, le vélo se comporte bien vu son débattement et on n’a pas besoin de trop lutter pour conserver la roue avant plaquée au sol.

La suspension pompe peu et nous n’avons que rarement utilisé le levier 3 positions de l’amortisseur. Même en mode ouvert, le tube de selle reste suffisamment droit et cela permet d’avoir un peu plus de grip dans les sections plus techniques.

En descente, le Slide Trail conserve le même visage qu’en montée. La suspension est un peu ferme en tout début de course ce qui réduit la sensibilité sur les petits impacts, mais elle devient ensuite très linéaire. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus dynamique mais c’est très confortable. Très facile à prendre en main, le vélo est tolérant et pardonne facilement les erreurs. Les moins expérimentés de nos testeurs se sont tout de suite sentis à l’aise à son guidon et l’ont trouvé plutôt sécurisant.

 

 

A ce stade du test, nous avions un peu de mal à voir les limites du Slide Trail 8.0. Nous avons donc décidé de le sortir de son programme initial et de l’emmener sur l’enduro de la MB Race, pour voir ce dont il est capable en descente.

Après 5 spéciales et un peu moins de 40 minutes de course, nous sommes sûrs que si ce Radon n’est pas un XC bodybuildé, ce n’est pas non plus un enduro avec à peine moins de débattement. La plateforme est très bonne et permet effectivement de rouler vite, mais dans ce montage 8.0, les composants nous rappellent à l’ordre. Malgré la cartouche Charger RC (issue des anciennes Pike), la fourche ne parvient plus à suivre le rythme lorsque les contraintes deviennent trop importantes. Côté freins, ce sont les plaquettes qui manquent d’endurance. Une Rock Shox Pike ou une Fox 36 (comme sur les modèles plus haut de gamme) et des plaquettes avec garniture métallique seraient alors plus appropriées.

Ce sont des conditions de test « extrêmes » pour un vélo étiqueté trail, mais cela nous a permis de mieux cerner ce Slide Trail 8.0. Dans son programme, les composants fonctionnent très bien et il est dur de lui trouver un point faible, mis à part le souci d’ergonomie évoqué précédemment.

Ni gros XC, ni petit enduro, il est difficile de faire rentrer ce Radon Slide Trail 8.0 dans les cases habituelles. Finalement, le qualificatif qui lui convient le mieux est peut-être « All-Mountain », au sens strict. Avec ses équipements fiables et sa position confortable, c’est un bon randonneur pour la montagne et les régions très vallonnées. Doté d’un excellent rapport qualité-prix, c’est aussi une belle porte d’entrée dans le monde des tout-suspendus, quitte à le faire évoluer plus tard en fonction de ses envies et de son budget.

Radon Slide Trail 8.0

2 499 €

13,9 kg(sans pédales, taille L)

  • Très facile à prendre en main
  • Equipements fiables et solides
  • Excellent rapport qualité-prix
  • Poignées dures
  • Pneus trop légers pour la montagne
  • Fourche un peu juste lorsqu'on souhaite hausser le rythme
  • Ergonomie des freins

Évaluation des testeurs

  • Prix d'excellence
  • Coup de coeur
  • Rapport qualité / prix

ParLéo Kervran