Test nouveauté | Sram Eagle AXS : une révolution électronique silencieuse

Par Olivier Béart -

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Test nouveauté | Sram Eagle AXS : une révolution électronique silencieuse

Vojo était présent lors de la présentation officielle des composants du nouvel écosystème Sram AXS. En primeur, nous avons eu l’occasion de faire partie des toutes premières personnes, en dehors de quelques athlètes sponsorisés, à pouvoir rouler et mettre à l’épreuve la nouvelle transmission Sram Eagle AXS électronique sans fil. En attendant un test longue durée que nous sommes impatients de débuter sur nos terrains habituels et dans des conditions plus variées, voici nos premières impressions sur cette nouveauté majeure. Le Sram Eagle AXS révolutionne-t-il le monde de la transmission ? Premiers éléments de réponse :

 

C’est en Arizona, Etat du Sud des USA très prisé par les cyclistes américains et canadiens pour leur effectuer leur entraînement hivernal dans de bonnes conditions climatiques, que Sram nous a donné rendez-vous pour un premier galop d’essai de ses composants électroniques sans fil. Vous le savez, contrairement à d’autres, nous n’appellerons pas cela un vrai test et ces premières impressions devront être confirmées par un essai longue durée sur nos terrains habituels. Mais ces deux journées sur des boucles d’une trentaines de bornes ont néanmoins été très instructives.

Le team Scott-Sram de Kate Courtney et Nino Schurter (qui a été très impliqué dans le développement de la transmission Sram Eagle AXS), était également présent pour nous servir de guide et c’est dans la roue de champions du monde que nous nous sommes engouffrés pour tester cette nouveauté majeure dans l’univers du VTT.

C’est en leur compagnie, et entourés d’une parties des équipes ayant participé au développement de ces nouveaux composants électroniques sans fil, que nous avons eu l’occasion d’emmagasiner les premières sensations avec le Sram Eagle AXS, au guidon d’un Trek Remedy équipé d’une transmission XO1 Eagle AXS. Au menu, des chemins très rocailleux et des singletracks sinueux au milieu des cactus. Ce n’est donc pas là qu’on testera la résistance à l’eau et à la boue de cette nouvelle transmission électronique sans fil, mais par contre, côté rencontres avec des cailloux et test de la précision de l’ensemble sur des chocs très répétés et sur chemins chaotiques, on pourra se faire un (très) bon premier aperçu.

Le premier contact avec la transmission Sram Eagle AXS se fait en posant le pouce sur le shifter. Même si la forme est complètement nouvelle, tout semble très naturel. On doit simplement passer un peu de temps à trouver la bonne position car les repères habituels sont modifiés. Par rapport à une commande par câble, le pouce se positionne plus proche du cintre et l’amplitude de mouvement nécessaire est vraiment très réduite, puisque la course du levier est de quelques petits millimètres à peine. C’est minime mais la prise en main du cintre est légèrement améliorée et il arrive qu’on le remarque dans certaines descentes complexes.

Le mouvement pour monter et descendre les vitesses est très intuitif. D’origine (on peut inverser la logique avec l’application dédiée sur smartphone), on appuie sur la partie la plus grosse de la gâchette, vers le bas, pour aller vers les vitesses les plus faciles ; et on pousse vers le haut, sur le petit rebord proche du cintre, pour aller vers les plus petits pignons et les vitesses plus « rapides ».

De l’autre côté du cintre, on trouve aussi un « sprint paddle » destiné à être actionné avec la première phalange de l’index. Bon, là, par contre, on doit vous avouer qu’on a essayé mais que nous n’y sommes pas vraiment parvenus. Ou alors si, mais de manière pas vraiment intuitive. Qu’à cela ne tienne, la commande au pouce frôle la perfection et c’est bien le principal. Quant à l’autre, elle est là, elle servira peut-être à certains (mais pas à nous) et elle ne gênera pas les autres.

Au doigt et à l’œil

L’adage « obéir au doigt et à l’œil » colle parfaitement à cette nouvelle transmission Sram Eagle AXS. Une pression très faible suffit à changer de rapport, presque sans effort de la part du pilote, mais avec un « clic » tout juste assez fort pour tout de même bien sentir qu’on a appuyé sur la commandé et demandé un changement de rapport.

Le mécanisme a moins de course et se montre plus souple que le Shimano Di2 avec lequel nous avons aussi beaucoup roulé et dont nous avions apprécié les sensations finalement assez proches d’une transmission mécanique. Ici, Sram a fait un choix sensiblement différent, mais le dosage est aussi très bien réussi. Il nous est arrivé au début de changer de vitesses de manière non désirée en touchant la commande avec la phalange de notre pouce droit alors que nous essayions juste de bien agripper le cintre dans des passages difficiles, mais nous avons très facilement solutionné le problème en positionnant mieux le shifter sur le cintre.

Grâce au Matchmaker, on dispose d’une plage d’ajustement bien vaste qui devrait permettre à chacun de trouver la position idéale, mais il faut clairement accepter de revoir un peu ses repères par rapport à un Trigger à câble classique. Par contre, le temps d’adaptation a été très faible pour nous et c’est très vite devenu tout à fait naturel de « shifter » avec cette nouvelle commande. Au point que c’est ensuite le retour à une mécanique classique qui a été un peu plus difficile lors de notre retour au pays…

Précis de changement de vitesses

Du côté du dérailleur, la précision est vraiment au rendez-vous. Dans ses exécutions haut de gamme XO1 et XX1 (c’est un peu moins vrai avec le GX), les transmissions Sram Eagle 1×12 vitesses à câble sont déjà très agréables et rapides à utiliser, mais force est de constater qu’ici, on a encore franchi un palier. Pas révolutionnaire, certes, mais quand on pouvait encore constater un petit dérèglement de temps en temps ou entendre un mini grattement de la chaîne (y compris sur une transmission récente et réglée aux petits oignons), ici, nous avons constaté que le phénomène semble complètement absent.

Jamais on ne loupe un changement de vitesse, tout semble facile, naturel et normal. Et le plus beau compliment qu’on peut sans doute faire à cette transmission, c’est qu’on finit par l’oublier complètement. Sans câbles sur le cintre, la vision est moins encombrée et sans bruit, sans effort à faire pour changer les vitesses, l’attention du pilote est encore plus centrée sur le sentier. Le constat vaut autant pour un biker chassant le chrono et recherchant la performance… que pour un quidam qui aime tant se faire plaisir avec du beau matériel que rouler en profitant juste de l’endroit où il se trouve et du sentier sur lequel il roule.

Après quelques kilomètres qui ont surtout servi à faire connaissance, on a attaqué un peu plus fort en profitant des nombreuses descentes parsemées de gros rochers typiques de l’Arizona. Le but est clair : essayer de tester la solidité du dérailleur en taillant ses trajectoires au plus court, quitte à taper la chape ou le corps du nouveau Sram Eagle AXS, en profitant honteusement du fait que ce n’est pas nous qui payerons les pots cassés et que c’est un peu notre métier d’essayer de vérifier la solidité des produits.

Quelques fois, en y étant spécifiquement attentifs, nous avons remarqué une petite secousse ou entendu un petit grattement sur un rocher, signe que nous étions arrivés à nos fins. Quelques marques sur notre dérailleur en fin de présentation étaient là aussi pour en témoigner. Mais le dérailleur ne semble pas en avoir souffert autrement que visuellement et, en roulant, nous n’avons rien remarqué. En statique, quand on donne un bon coup de poing sur le dérailleur, il est plutôt rassurant de le voir se débrayer automatiquement avant de revenir dans sa position initiale grâce au moteur et au cerveau du système Sram Eagle AXS. Il faudra voir sur la durée, mais le système est intéressant et semble efficace.

Autre point pour lequel on apprécie aussi tout particulièrement cette nouvelle transmission électronique sans fil Sram Eagle AXS, c’est quand on commence à être un peu fatigué, ou qu’on arrive dans des passages tendus où on souhaite pouvoir dédier toute son énergie et son attention au choix de la bonne trace pour arriver en bas (ou en haut !) en un seul morceau, sans se soucier de savoir si les vitesses vont bien passer ou non, et sans devoir utiliser la moindre calorie superflue pour commander le changement de vitesses. Ce n’est pas de la paresse, mais juste apprécier de ne pas dépenser d’énergie à quoi que ce soit de superflu. Et en la matière, le Sram Eagle AXS est un petit plus dont on ne peut rapidement plus se passer.

Pour les pressés… et ceux qui n’aiment pas mécaniquer

Du côté des réglages, nous n’avons pas effectué une installation complète à ce stade, mais nous avons un peu « chipoté » et il est clair que le système semble d’une simplicité déconcertante. Il nous semble tout à fait possible de monter une transmission Sram Eagle AXS et de la régler entièrement en moins de 10 minutes ! Voilà qui change un peu du Eagle classique qui est plus pointu à régler lors de la première installation, et des transmissions classiques par câble… surtout quand il faut passer le fameux câble en interne dans le cadre ! Déjà, lors de notre test du groupe Sram XX1 Eagle, nous avions appelé de nos vœux l’arrivée d’une version électronique pour le côté simplicité et le moins qu’on puisse dire c’est que nous avons été comblés.

Reste la question de l’autonomie, que nous n’avons pas réellement pu tester lors de ces deux journées. Sram a fait le choix d’un indicateur assez vague, avec seulement trois niveaux (vert, rouge quand on est à 50% de charge et rouge clignotant quand c’est presque vide) et les voyants sont restés en permanence au vert lors de nos sorties. On veut bien croire Sram quand la marque annonce 15 à 20h d’autonomie, mais nous devrons vérifier sur nos terrain habituels  lors d’un test longue durée. Reste que nous n’avons pas vu les mécanos se ruer sur nos batteries et les mettre de suite en charge à chaque pause. Nous savons aussi que le précédent Red eTap de route offre entre 18 et 22h d’autonomie réelle, mais que la consommation du moteur serait ici moindre, grâce à un mécanisme modifié. Même si on change plus de vitesses en VTT, il semble donc réaliste de s’attendre à une autonomie comparable.

Verdict

Bien sûr, la fiabilité sur le long terme est encore à prouver et il faudra tester l’autonomie réelle, mais si Sram ne se loupe pas à ces deux niveaux, c’est sans doute le carton assuré malgré un tarif haut de gamme qui réservera – nous l’espérons dans un premier temps seulement – cette technologie Eagle AXS à quelques bikers qui ont fait le choix et qui ont la possibilité de consacrer des moyens importants à leur passion. Côté performances et sensations, on frôle la perfection. Ni plus, ni moins. Pas de quoi rendre complètement has been un XX1 ou un XO1 Eagle à câble, ni tout à fait de quoi envoyer le Shimano Di2 au rayon des antiquités, mais on est indubitablement un ton au-dessus. Puis, le coup de grâce arrive quand on ajoute à cela une facilité d’installation et de réglages qui permettrait à n’importe quel bille en mécanique de se prendre pour Yannick The Mechanic, l’homme qui prend soin des vélos de Nino Schurter. Ce premier test a été court et nous éviterons d’en tirer des conclusions définitives, mais oui, Sram semble avoir frappé fort avec cet Eagle AXS électronique sans fil. Très fort.

Plus d’infos et de détails techniques dans notre présentation complète :
https://www.vojomag.com/sram-eagle-axs-la-transmission-electronique-sans-fil-est-la/

Le site du constructeur : https://launch.sram.com/en/axs/eagle-axs
Photos d’action : Markus Riga – SRAM

ParOlivier Béart