Test nouveauté | Orbea Rallon R6 : EWS et bien plus encore

Par Paul Humbert -

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Test nouveauté | Orbea Rallon R6 : EWS et bien plus encore

Après avoir lancé le mouvement et marqué le début d’une nouvelle ère chez Orbea, il était temps pour le Rallon de se renouveler. Le VTT d’enduro de la marque basque se dévoile dans sa version R6 lors de la coupe du Monde de Loudenvielle sur son terrain de prédilection. Les lignes n’évoluent pas radicalement, mais les changements sont majeurs côté géométrie, cinématique, construction et taille de roue puisque le vélo est compatible « mullet ». Le Rallon R6 devient logiquement la nouvelle arme de l’équipe Orbea-Fox, mais faut-il réserver cet Orbea à un usage « compétition » ? Nous avons découvert ce vélo dans le Val d’Aran, au coeur des Pyrénées. Présentation :

 

 

Le premier élément à prendre en compte lors de la conception de cette nouvelle version du Rallon R6 concerne l’enduro en compétition et le profil toujours plus « descendant » des différentes étapes de la série EWS. En parallèle de ça, la démocratisation des vélos d’enduro à simple té pour les pratiques gravity ne cesse également d’augmenter.

La marque a donc choisi de décaler encore davantage son curseur vers la descente.

 

 

Du côté de la conception pure, il était évident que le Rallon R5, encore très bien abouti, était un petit peu trop timide niveau géométrie par rapport aux nouveaux standards du marché. En parallèle de ça, un travail sur la construction pure et la rigidité de la machine était demandé, au même titre que de nouvelles options comme celle des roues aux formats différenciés (mullet).

 

 

Un grand tour dans la marmite du marketing et l’Orbea Rallon R6 se présente comme « Focus on Fast ».

Côté géométrie tout d’abord, le nouvel Orbea Rallon R6 évolue, sans toutefois présenter des angles extrêmes. L’équipe de la marque attire notre attention sur l’équilibre qu’il est important de trouver, et que la fiche de géométrie doit se comprendre dans son ensemble. On retrouve tout d’abord un petit flip-chip qui permet d’ajuster légèrement la géométrie. Au niveau des indicateurs clés, un angle de direction à 64 ou 64,5°, un angle de tube de selle à 77 ou 77,5° et un boitier de pédalier qui s’abaisse à -35mm au plus bas par rapport à l’axe de roue arrière. Par conséquent, la marque supprime les manivelle de 175mm de long de sa gamme.

Comme c’est de plus en plus commun, le vélo s’allonge et les bases du Rallon passent de 435 à 440mm de long pour un empattement global de 1260mm en taille L. Le reach augmente de près de 40mm en taille L pour passer de 455 à 485mm.

L’Orbea Rallon R5 « taillait » plutôt petit, et avec ce Rallon R6 on retrouve un étagement bien plus conventionnel de la taille S à la taille XL avec l’apparition d’une nouvelle grande taille. Autre point intéressant, certaines tailles se « chevauchent » et il peut être intéressant de le prendre en compte quand on sait quel comportement attendre de son vélo (plus stable ou plus nerveux).

 

 

Peu importe la taille, une attention toute particulière a été portée, lors de la conception, à la place qui est laissée pour les tiges de selles télescopiques. Orbea recommande d’utiliser le plus grand débattement possible et leur tube de selle permet de glisser totalement des tiges de selle de 200mm de débattement sur l’ensemble des tailles. Une bonne nouvelle pour les grandes jambes.

Côté cinématique et suspension, le débattement du Rallon R6 est de 160mm, associé à une fourche de 170mm. Le vélo se veut plus progressif pour un meilleur contrôle et plus stable avec un axe de roue arrière qui recule davantage quand la suspension se compresse. On découvre des valeurs d’anti-squat assez similaires au R5 et un anti-rise qui sépare un peu plus la suspension des effets du freinage.

L’Orbea Rallon R6 est compatible avec les amortisseurs à air et à ressort.

La construction du Rallon R6 a été complètement repensée, et on est heureux d’apprendre que la marque a travaillé sur la rigidité du châssis en carbone qui a pu surprendre les possesseurs de R5 sur les descentes les plus cassantes ou longues. Pour ce faire, la marque a travaillé avec un prototype construit le plus rigidement possible puis découpé sous son tube inférieur. Dessus, la marque est venue positionner une série de vis resolidarisant le tout. À chaque test, des vis étaient ajoutées ou supprimées pour s’arrêter sur le meilleur ressenti.

Sur l’Orbea R6, le triangle arrière gagne en rigidité quand le triangle avant devient plus tolérant. On devrait ainsi retrouver un vélo plus équilibré, moins fatigant et permettant de conserver une bonne traction en toute circonstance.

 

 

Grosse nouveauté également sur ce nouveau Rallon : il est compatible « mullet ». Comprenez une roue avant de 29 pouces associée à une roue arrière de 27,5 pouces. Au moment de la conception, la marque était tiraillée dans son choix de format de roue, et elle a finalement opté pour une double compatibilité moyennant le changement d’une pièce de la biellette (fournie avec chaque vélo) et d’une roue évidemment. Quel avantage ? La marque souhaite offrir les deux options à son équipe mais surtout à ses clients qui sont parfois demandeurs d’un vélo un peu plus joueur du train arrière et facile à faire tourner dans la pente. Est-ce que c’est le montage le plus rapide en toute circonstance ? L’équipe Orbea-Fox pourra probablement nous prouver le contraire.

Dans tous les cas, aucun compromis n’est à faire sur la géométrie ou la suspension puisque le changement de la pièce d’ancrage de l’amortisseur permet de conserver les mêmes valeurs, peu importe la taille de roue.

 

 

Au rayon des gadgets qui n’en sont pas, Orbea dévoile une petite trappe de rangement sur son Rallon R6. On avoue être toujours très séduit par ces options bien pratiques au quotidien. Là encore positionnée sous le porte-bidon, on y retrouve un emplacement pour un outil et quelques éléments. Une pochette en nylon et néoprène permet d’organiser le tout. La trappe est plus petite que sur un Specialized ou un Trek mais permet déjà de glisser l’essentiel de réparation pour le vélo.

 

 

Toujours du côté des petits « plus » qui en s’additionnant donnent une belle valeur ajoutée au vélo, on retrouve un multi-outil aimanté qui vient se fixer dans la biellette et qui sera livré avec tous les Rallon R6. Lors de notre prise en main, nous avons cassé un de ces outils qui s’est tordu et nous espérons qu’il s’agira d’un cas isolé ou que l’alliage utilisé sera revu.

 

 

On retrouve également une clé embarquée sur le serrage de roue arrière.

 

 

Côté protection, Orbea annonce qu’un gros boulot a été effectué pour améliorer les pièces qui se trouvent sous le tube inférieur, sur les bases et les haubans pour proposer des gommes à double densité pour plus de discrétion et de durabilité.

 

 

Pour la durabilité justement, Orbea a pu bénéficier d’années de retours terrain à très grande échelle pour le Rallon R5, et sur ce Rallon R6 la marque a décidé d’augmenter la protection des roulements du pivot principal pour les isoler des attaques des jets haute pression. La marque ajoute un joint supplémentaire et garantit ainsi une meilleure durée de vie.

Les câbles et gaines sont pincés par des pièces en caoutchouc pour éviter tout mouvement ou bruit parasite.

Orbea profite de cette mise à jour pour rendre son vélo compatible avec une patte de dérailleur universelle.

Dans la gamme, on retrouve trois nouvelles couleurs « catalogue » mais la force d’Orbea repose dans son module MyO qui permet de faire évoluer les couleurs ainsi que certaines spécificités de montage (comme le montage mullet par exemple).

On retrouve donc 4 déclinaisons de prix avec le Rallon M20 (4299€), le Rallon M20 (5299€), le Rallon M-Team (6599€) et le Rallon M-LTD (8999€). Tous sont compatibles au montage mullet ou tout 29 et livrés avec la pièce permettant de faire le changement, mais seul le montage M-Team sera livré avec une roue de 27,5 pouces à l’arrière. Côté équipement, les détails sont à retrouver  sur le site de la marque, mais on retrouve une Fox 38 sur chaque vélo et Orbea fait confiance à Fox, Shimano et RaceFace pour presque l’ensemble de ses montages.

Niveau disponibilités, la marque annonce les premières livraisons à la mi-Octobre 2021.

Prise en main | Orbea Rallon R6 M-LTD

Ce nouvel Orbea Rallon R6, en apparence peu modifié mais pourtant si différent, soulevait un grand nombre de questions, et pas mal de curiosité : quel montage sera le plus intéressant, est-ce que ce vélo devient trop radical, à qui s’adresse cette machine ? Nous avons pu le prendre en main pendant deux journées au coeur des Pyrénées, là où se trouve l’ADN de ce vélo.

 

 

Direction le Val d’Aran, la seule vallée des Pyrénées qui pointe au Nord. On y retrouve le récent trail center de l’Aran Bike Park qu’on vous recommande chaudement (niveau correct exigé) et surtout les bons conseils de Basque MTB, une compagnie de guides que l’on connaît bien et avec qui nous avions déjà exploré la région lors d’un tour de l’Aneto (vidéo et grand portfolio à retrouver ici).

Le programme de notre prise en main était chargé puisqu’une grande liberté de personnalisation est laissée au client, il fallait qu’on puisse avoir un aperçu des différentes saveurs de l’Orbea Rallon R6.

 

 

Nous grimpons tout d’abord sur un Rallon R6 en taille L et en montage M-LTD très haut de gamme avec ses roues carbone, son amortisseur à air et ses roues de 29 pouces. La seule différences avec les options proposées au lancement concerne les pneus que nous utilisons en carcasse DH chez Maxxis. Faute de disponibilité, ces carcasses arriveront dans le configurateur d’ici quelques semaines/mois.

Une chose est évidente, le Rallon R6 s’est allongé, a grandi et on retrouve des cotes moins étriquées. On est également surpris par les premiers ressentis avec un vélo qui semble léger au moment de le porter comme au pilotage. Il se pose toutefois très bien au sol et ne renvoie pas un sentiment d’insécurité. On remarque immédiatement le boitier de pédalier assez bas. Il facilite vraiment la prise en main et la rotation de la machine. Attention toutefois, nous avons été surpris à plusieurs reprises lors de la prise en main en touchant le sol avec les pédales.

Après quelques descentes, nous faisons finalement le choix de basculer sur un vélo en taille XL. Pour 1m83 et 79cm de sortie de selle, c’est un choix que nous ne faisons que rarement mais on est pile à cheval entre deux tailles et on trouvera rapidement une position plus centrée et stable sur la grande taille. On est nous-mêmes surpris puisque les cotes de la taille L devraient parfaitement nous convenir.

Quoi qu’il en soit, on continue notre prise en main et on découvre le vélo au pédalage. Markle Uriarte annonçait des compromis faits sur le comportement au pédalage, mais on les cherche encore puisque ce Rallon pédale très bien pour un enduro moderne. On apprécie vraiment le grand débattement de tige de selle et la position bien droite. Le vélo est léger et on est confortablement installé. Pour accentuer encore le tout et s’adapter à des sorties plus plates et plus roulantes, on passe en position haute via le flip-chip. L’évolution n’est pas radicale mais on s’ouvre encore plus de possibilités.

Première modification faite sur le vélo, on bascule sur un amortisseur à ressort qui vient directement « poser » encore plus le vélo en descente. Il n’y a pas besoin de charger l’avant outre-mesure pour faire virer la machine mais on se sent encore plus en confiance dans les portions défoncées qui s’enchaînent. La différence n’est pas radicale, mais on commence à trouver les caractéristiques d’un vélo qui pourra faire face à n’importe quelle situation en descente.

On passe ensuite au mullet sur un train de roues en aluminium. C’est ce dernier changement qui vient dans un premier temps nous séduire. Le vélo nous offre encore plus de grip et un comportement encore plus lisible. On évolue entre deux pistes pour tester différentes configurations et sur la première, très rapide, le montage mullet apporte un peu de fun, mais surtout un déséquilibre du train arrière qui a tendance à sortir plus rapidement de la ligne tracée par la roue avant.

 

 

Dans la seconde piste en revanche, plus raide et plus étriquée, on profite de la petite roue pour tourner plus facilement. Le vélo est long en taille XL et son train roulant apporte beaucoup de grip. Dans cette configuration, le mullet permet vraiment de faciliter les virages. On apprécie le maintien de la géométrie et de la cinématique qui permet de ne pas être déboussolé par d’autres changements.

Nous évoluerons ensuite entre différentes configurations en repassant à l’air et en changeant de train de pneus. On a vraiment aimé la lisibilité de la suspension qui permet de sentir le vélo à basse comme à haute vitesse.

Ce qui nous a bluffé pendant cette prise en main du Rallon, c’est son aspect caméléon et son spectre d’utilisation qui va bien au-delà de la simple configuration « course d’enduro » que la marque met en avant. Le Rallon R6, comme son prédécesseur, est très facile à prendre en main et n’est exclusif en rien dans ses montages les plus légers. On vire facilement, on change de ligne sans trop de souci et pourtant, le vélo reste stable et on sent qu’il a la faculté de se poser à haute vitesse. En faisant évoluer la machine dans son montage, on peut rapidement lui faire changer de visage et passer d’un vélo très vif et léger à un montage plus à même d’encaisser de très gros dénivelés sans broncher et, justement, de faire face aux contraintes qu’on retrouve sur des courses.

 

 

On apprécie aussi le travail fait sur la rigidité et on oublie le déséquilibre qu’on a pu connaître sur le R5. Les petits ajouts au vélo comme sa « boite à gant » ou son multi-outil intégré peuvent paraître anecdotiques mais augmentent clairement la valeur ajoutée du vélo dans une utilisation quotidienne.

 

 

Quelle est la meilleure configuration ? Il n’y en a pas, et c’est justement ce qui est bien. Dans notre cas, nous avons aimé jouer avec les tailles de roues et le montage mullet, mais ce dernier nous semble à réserver aux personnes roulant systématiquement dans des terrains raides ou serrés. On aime toutefois pouvoir compter sur un vélo lisible et sécurisant, on choisirait donc plutôt une monte tout en 29 pouces sur des roues en aluminium, des pneus à bonne carcasse comme lors de notre prise en main et avec un amortisseur à air. Lors de notre découverte, nous avons roulé presque deux fois plus que ce qui était prévu par Orbea, et c’est très certainement bon signe. Nous avons hâte de passer plus de temps au guidon de cet Orbea Rallon R6 qui nous a prouvé qu’il était capable de voir bien plus loin que le bout de son nez. 

Plus d’infos sur le site de la marque : www.orbea.com/fr-fr/bicycles/mountain/rallon 

Photos : Romain Laurent / Orbea

ParPaul Humbert