Test nouveauté | Orbea Occam 5 : deux vélos pour une troisième voie

Par Léo Kervran -

  • Tech

Test nouveauté | Orbea Occam 5 : deux vélos pour une troisième voie

Revu de fond en comble en 2019 pour s’adapter aux évolutions des Oiz et Rallon, l’Orbea Occam de quatrième génération a rencontré un énorme succès dans nos contrées, au point de surprendre même la marque basque. Autant dire que la pression était grande au moment de se pencher sur son remplaçant, et pour essayer de satisfaire tout le monde, Orbea a choisi de développer non pas un mais deux Occam : le SL et le LT. Nous avons pu les découvrir en avant-première, explications et premiers tours de roues dans les Pyrénées :

Pour comprendre ce nouvel Occam, il faut remonter un peu dans le temps. En 2019, Orbea présente la quatrième génération de ce modèle, qui prend alors la forme d’un 140 mm en 29”. Un petit trail polyvalent et accessible qui avait à l’époque séduit Olivier par ses capacités en descente (lire Test nouveauté | Orbea Occam 2020 : la polyvalence dévergondée !) et sa tendance à aller frapper à la porte du Rallon, à une époque où ce genre de vélo n’était pas encore aussi répandu qu’aujourd’hui.

Le succès est immédiat, mais dans la foulée le Rallon évolue et Orbea se dit qu’il y a peut-être la place pour quelque chose… Et c’est comme ça qu’arrive deux ans plus tard l’Occam LT, basé sur le même cadre que l’Occam mais avec un débattement poussé à 160 mm devant et 150 mm derrière. Reste que si cela ouvre un peu les capacités de la machine, géométrie et suspension restent celles de l’Occam donc typées trail, alors que la concurrence a progressé. Malgré son débattement, l’Occam LT n’avait donc pas vraiment de quoi concurrencer les all-mountain ou « mini-enduros » les plus modernes.

Aujourd’hui, la 5e génération est là et cette fois, Orbea a conçu les deux modèles de concert. La vision de la marque est simple : l’Occam est toujours un vélo « trail » mais le segment a évolué depuis 2019 et aujourd’hui, deux approches cohabitent. Il faut donc deux vélos !

Oui mais deux vélos différents avec le même nom ça coûte cher et c’est compliqué à gérer pour tout le monde, marque et revendeurs. L’Occam reste donc Occam avant d’être SL ou LT et on a un seul cadre, d’ailleurs très proche de l’ancien visuellement. Ce sont principalement les équipements qui vont faire la différence. Résultat, l’Occam SL s’allège et s’oriente plus vers le pédalage, avec un modèle haut de gamme sous les 11 kg, tandis que l’Occam LT se veut mieux adapté à la montagne qu’avant, plus assumé.

L’Occam SL

L’Occam SL, c’est donc le petit vélo de trail fun, celui qui doit mettre en confiance en descente (plus qu’un XC en tout cas) mais avant tout offrir les meilleures capacités possible au pédalage. Géométrie et débattement sont très proches de l’ancien Occam mais l’équipement est beaucoup plus orienté que par le passé, on perd ce côté « machine à tout faire » pour quelque chose de plus léger et efficace au pédalage.

On a donc un vélo en 29“ et 140 mm de débattement devant comme derrière avec un angle de direction à 65,5° (-0,5°), un angle de tube de selle à 78° (+1°), un reach de 465 mm en taille M (+15 mm sur chaque taille), des bases de 440 mm (pas de changement) et un boîtier de pédalier à -37 mm (-2 mm).

Côté suspension, Orbea a touché à quelques détails de cinématique mais c’est si léger que dans l’ensemble, le comportement est inchangé : on parle de 2% de progressivité et 2 à 3 % d’anti-squat en plus.

D’ailleurs, l’inspiration de l’Oiz ne s’arrête pas là : l’Occam SL bénéficie également de la technologie I-Line, brevetée par Orbea et qui permet de masquer complètement le câble de blocage de l’amortisseur. a grosse différence vient des composants : amortisseur inline Fox Float (le nouveau, présenté un peu plus tôt dans l’année) et fourche Fox 34, le tout commandé par le blocage au guidon SquidLock !

Petite fourche, petit amortisseur et du carbone à tous les étages (même la pièce qui relie l’amortisseur à la biellette est en composite) pour gagner du poids, cela finit par payer : dans sa version la plus haut de gamme M-LTD, l’Occam SL ne pèse que 10,85 kg en taille M ! On connaît des XC plus lourds que ça, et ici on a 140 mm de débattement…

  • Occam SL M-LTD (9999 €) : suspensions Fox 34 Fit4 Factory & Float Factory, transmission Sram XX Eagle AXS, freins Sram Level Ultimate 4 pistons, roues Oquo MP30 LTD, pneus Schwalbe Wicked Will 2.4 Super Race Addix Soft
  • Occam SL M10 (5999 €) : suspensions Fox 34 Fit4 Factory & Float Factory, transmission Shimano Deore XT (dérailleur, commande, pédalier)/SLX (cassette)/Deore (chaîne), freins Shimano Deore XT 4 pistons, roues Oquo MP30 Team, pneus Schwalbe Wicked Will 2.4 Super Race Addix Soft
  • Occam SL M30 (4499 €) : suspensions Fox 34 Performance & Float Performance, transmission Shimano Deore XT (dérailleur)/SLX (commande, cassette)/Deore (chaîne), freins Shimano Deore, roues Race Face AR 30, pneus Schwalbe Wicked Will 2.4 Super Race Addix Soft

Aucun doute, l’Occam SL ne rentre pas dans les cases habituelles et il n’a aucun équivalent moderne sur le papier. En carbone, trois modèles sont prévus et on notera que les deux modèles les plus haut de gamme, M-LTD et M10, bénéficient de roues en carbone Oquo, la marque d’Orbea (lire Présentation | Oquo : quand Orbea se lance dans la roue).

On remarque aussi qu’à défaut d’être réellement accessibles (on parle tout de même de vélos en carbone), les prix sont relativement maîtrisés.

La gamme comptera au total six modèles puisque trois versions en aluminium viennent compléter la famille, avec un cadre environ 1 kg plus lourd. Le triangle avant bénéficie d’une finition High polish qui le ferait presque passer pour du carbone tant les soudures semblent effacées et selon Orbea, cela doit aussi améliorer sa résistance à la fatigue. 

  • Occam SL H10 (3799 €) : suspensions Fox 34 Performance & Float Performance, Shimano Deore XT (dérailleur, commande, pédalier, chaîne) / Deore (chaîne), freins Shimano Deore, roues Race Face AR30, pneus Maxxis Dissector 2.4 Exo / Rekon 2.4 Exo
  • Occam SL H20 (3599 €) :  suspensions Fox 34 Performance & Float Performance, transmission Sram GX Eagle (dérailleur) / NX Eagle (commande, cassette, chaîne), freins Shimano Deore, roues Race Face AR30, pneus Maxxis Dissector 2.4 Exo / Rekon 2.4 Exo
  • Occam SL H30 (2799 €) : suspensions Marzocchi Bomber Z2 & Fox Float Performance, transmission Shimano Deore, freins Shimano MT201, pneus Maxxis Dissector 2.4 Exo / Rekon 2.4 Exo

L’Occam LT

L’Occam LT, c’est tout l’inverse ou presque. Le vélo a beau être basé sur le même cadre que l’Occam SL, Orbea le présente comme une machine censée pédaler honorablement mais qui se doit d’être la plus performante possible en descente. Un tel grand écart est-il possible ?

En tout cas, la marque s’en donne les moyens. Le débattement passe à 160 mm devant et 150 mm derrière et le cadre adopte un petit flip chip à deux positions sur l’extension d’amortisseur pour faire varier la géométrie.

Petit, mais très bien pensé : on peut basculer d’une position à l’autre en quinze ou vingt secondes, desserrage et resserrage compris ! Encore mieux, la manipulation se fait avec une clé hexagonale de 6 mm mais celle-ci est déjà présente sur le vélo, dans le levier amovible de l’axe de roue arrière.

Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu un flip chip aussi facile d’utilisation et c’est une excellente chose, ça invite même à l’utiliser en cours de sorties pour les longues journées en montagne : position haute pour la montée puis basse pour la longue descente après le pique-nique au sommet !

Par rapport à l’ancien Occam LT, la géométrie fait un bond : l’angle de direction descend à 64 ou 64,5° (-1 à 1,5°) et le tube de selle se redresse à 77 ou 77,5°. Le boîtier de pédalier est lui plus haut (-28 mm) ou plus bas qu’avant (-37 mm) selon la position du flip chip. Du fait de la fourche plus haute le reach est légèrement plus court que sur l’Occam SL mais cela reste tout de même plus long que sur la génération précédente : 455 ou 460 mm en M et un écart de 25 mm entre toutes les tailles.

Sur la biellette, la marque a par ailleurs revu la conception des roulements et leur serrage. Désormais, il est possible de vérifier et d’ajuster soi-même si besoin leur alignement, afin de garantir le meilleur fonctionnement et surtout la meilleure durée de vie possible.

Côté équipements, la hausse du débattement s’accompagne d’un « surdimensionnement » de certains composants. D’une Fox 34 Fit4 sur l’Occam SL, on passe ici à une Fox 36 en cartouche Grip ou Grip 2, donc sans blocage mais avec des réglages plus précis. Pour l’amortisseur, on reste chez Fox mais on a le choix entre un Float X à air ou un DHX à ressort hélicoïdal. Enfin, le train roulant se veut également plus orienté montagne avec des roues plus robustes et des pneus plus cramponnés.

Plateforme identique oblige, le comportement intrinsèque de la suspension est très proche de celui de l’Occam SL (un tout petit peu plus progressif grâce au débattement plus important) et c’est donc sur la fourche et l’amortisseur que reposeront le travail pour donner ce comportement plus « descendeur » à l’Occam LT.

Ici, la gamme se compose de cinq modèles. Comme avec le SL, les trois premiers ont un cadre en carbone mais ici, les roues restent en aluminium à tous les étages. Comme sur l’Occam SL, les prix restent corrects.

  • Occam LT M-Team (7999 €) : suspensions Fox 36 Grip2 Factory / DHX Factory, transmission Sram GX Eagle AXS (chaîne, cassette, commande) / X0 Eagle AXS (pédalier, dérailleur), freins Sram Code Silver, roues Oquo MC32 Team, pneus Maxxis Minion DHF 2.5 Exo MaxxTerra
  • Occam LT M10 (5999 €) : suspensions Fox 36 Grip2 Factory / Float X Factory, transmission Shimano Deore (chaîne) / SLX (cassette) / Deore XT (dérailleur, pédalier, commande), freins Shimano Deore XT 4 pistons, roues Oquo MC32 Team, pneus Maxxis Minion DHF 2.5 Exo MaxxTerra
  • Occam LT M30 (4699 €) : suspensions Fox 36 Grip Performance / Float X Performance, transmission Shimano Deore (chaîne) / SLX (commande, cassette) / Deore XT (dérailleur), freins Shimano Deore 4 pistons, roues Race Face AR 30, pneus Maxxis Minion DHF 2.5 Exo MaxxTerra
  • Occam LT H20 (3799 €) : suspensions Fox 36 Grip Performance / Float X Performance, transmission Shimano Deore (chaîne) / SLX (commande, cassette) / Deore XT (dérailleur), freins Shimano Deore 4 pistons, roues Race Face AR 30, pneus Maxxis Minion DHF 2.5 Exo MaxxTerra
  • Occam LT H30 (3299 €) : suspensions Fox 36 Grip Performance / Float Performance, transmission Shimano Deore, freins Shimano MT420, roues alu, pneus Maxxis Minion DHF 2.5 Exo MaxxTerra

En aluminium, la gamme Occam LT ne compte que deux modèles. Comme les Occam SL Hydro (la désignation des modèles alu chez Orbea, d’où le H dans leur nom), le triangle avant bénéficie de la finition High polish.

 

Des éléments partagés

Voilà pour ce qui permet de différencier les Occam SL et Occam LT. Toutefois, puisque les deux vélos partagent la même plateforme, ils ont aussi en commun un certain nombre de nouveautés relatives à la construction du cadre.

 

Premièrement, et peut-être la plus importante de toutes, Orbea a travaillé sur la longueur d’insertion des tiges de selle télescopiques pour permettre à toutes et tous de rouler le plus grand débattement possible. Ainsi, la taille S est équipée d’origine avec un modèle OC (pour Orbea Components) en 150 mm de course tandis que la taille M à droit à du 175 mm et la taille L à du 200 mm. Et encore, ce n’est que le montage de série.

Techniquement, toutes les tailles acceptent le modèle OC 230 mm au ras du tube de selle. Le reste n’est qu’une affaire de longueur de jambe ! Orbea a d’ailleurs prévu un tableau des hauteurs de selle  (distance boîtier de pédalier-assise) minimum et maximum pour chaque course de tige de selle, une aide au choix pour permettre à chacune et chacun de choisir le modèle le plus adapté à ses besoins.

 

Autre nouveauté bienvenue, l’Occam est désormais équipé d’un film de protection en vinyle qui couvre les zones les plus exposées du cadre, à l’exception notable du bras de renfort dans le triangle avant. Installé de série sur les modèles en carbone et proposé en option sur ceux en aluminium (99 €), il est proposé en finition transparente brillante ou matte pour s’adapter à tous les cadres et peut même être personnalisé pour apporter un peu de couleur ou de fantaisie.

 

Tant qu’on parle de protection, Orbea a renforcé celles du point de pivot principal de la suspension : les joints sont désormais issus du Rallon d’enduro et devraient avoir une durée de vie deux à trois fois plus longue que celle des joints de l’ancien Occam. Les pièces en caoutchouc sont également de très belle facture.

Côté pratique, l’Occam bénéficie à son tour de la boîte à gants Lockr inaugurée sur le dernier Rallon. Elle a été légèrement remaniée au passage (taille de l’ouverture, mécanisme, poids) afin d’offrir un meilleur accès à l’intérieur du tube diagonal et une meilleure étanchéité.

On la trouvera aussi bien sur les modèles en carbone que sur ceux en aluminium et elle permet également d’accéder aux câbles et gaines qui circulent dans le tube diagonal.

Le petit multi-outil FLP introduit (c’est le cas de le dire) lui aussi sur le Rallon puis sur l’Occam LT en 2021 a été conservé et se loge toujours dans le point de pivot de la biellette. Il rassemble les quatre clés hexagonales les plus utilisées (2, 3, 4 et 5 mm), auxquelles il faut ajouter la 6 mm du levier amovible de l’axe de roue arrière.

Côté (moins) pratique encore, les gaines et Durits passent désormais par le jeu de direction pour rentrer dans le cadre. Comme sur l’Oiz l’année dernière, Orbea a cédé à la tendance pour cet Occam. Néanmoins, la marque assure avoir fait les choses bien en cherchant à maximiser la durée de vie des roulements pour limiter les opérations de maintenance.

Le roulement supérieur est donc généreusement protégé et surtout, Orbea a choisi un modèle bien plus haut de gamme qu’avant : à lui seul, le roulement supérieur coûterait 2,5 fois le prix du jeu de direction complet de l’ancien Occam.

D’un côté, un roulement plus durable c’est bien mais de l’autre, on se demande si c’est vraiment une bonne chose. Une telle différence se répercute forcément sur le prix du vélo et dans la mesure où l’ancien Occam n’avait pas vraiment de problèmes du côté du jeu de direction, on se dit qu’on serait tout aussi bien avec des passages de gaines classiques et des roulements un peu moins luxueux…

Enfin, le programme de personnalisation MyO est toujours d’actualité, à partir des modèles M10 sur ce millésime. Il permet de choisir soi-même les couleurs de son cadre et, nouveauté, de ses roues Oquo ! La marque lancée par Orbea l’année dernière a en effet rejoint le programme et on a désormais la possibilité de customiser leur coloris au même titre que le cadre.

Le test terrain de l’Orbea Occam LT M10

Pour prendre la mesure de ces changements, Orbea nous a emmené rouler pendant deux jours à Bielsa, au coeur des Pyrénées espagnoles et à quelques encablures de la frontière française. Pas d’Occam SL au programme, cette fois on prend la direction des sommets pour aller chercher les belles descentes et ça, c’est le terrain de l’Occam LT !

Notre modèle d’essai est l’Occam LT M10, l’un des modèles qui risquent d’avoir le plus de succès avec ses suspensions Fox Factory et son groupe Shimano Deore XT pour 5999 €, soit un tarif élevé bien sûr mais pas complètement inaccessible. Seule différence avec le montage de série, Orbea a troqué les pneus Maxxis Minion DHF et leur fragile carcasse Exo pour un duo Assegai/DHR II en carcasse DH (rien que ça) bien plus adapté pour aller jouer dans les cailloux. Sans aller jusque-là, il est vrai que des pneus en Exo+ auraient été bien plus intéressants que des Exo en monte d’origine (entièrement repensée en 2022, la carcasse Exo+ a désormais beaucoup de points forts) mais visiblement, la marque n’a pas retenu cette option.

Avant de descendre toutefois, il faut monter ! Cela peut sembler futile mais, comme on a grimpé longtemps, on a remarqué que le gros tube diagonal se pose bien sur le dos et il n’y a pas besoin de tenir fort le cintre ou la manivelle pour empêcher le vélo de glisser. Et vu les portages que nous réservait l’itinéraire concocté par Basque MTB et Orbea, c’est une bonne chose !

Plus sérieusement, l’Occam LT pédale très bien pour la catégorie. Les sentiers de montagne sont toujours un terrain atypique et on ne peut pas y juger toute la palette de comportement en montée d’un vélo mais à l’aveugle, nous n’aurions jamais deviné que le vélo était équipé de pneus en carcasse DH.

Malgré ce train roulant lourd et collant (mais adapté aux circonstances), le vélo a ce qu’il faut de répondant sous la pédale et on ne se sent pas tiré en arrière ou obligé de lutter contre la machine pour avancer. Pas de doute, on est sur son terrain de jeu et on ose à peine imaginer ce que ça pourrait donner avec des pneus plus souples et plus légers type Exo+.

En descente, à l’instar d’Olivier sur le précédent Occam, j’ai mis du temps à trouver ma taille et mon réglage de suspension. En effet, avec 1m79 et mes préférences en valeur de reach, je suis précisément à mi-chemin entre la taille M et la taille L sur l’Occam LT.

 

Heureusement, Orbea nous a permis de tester les deux et… surprise, les deux fonctionnent. En taille M, le vélo est très dynamique, je sollicite beaucoup la suspension arrière avec les jambes et c’est assez exigeant pour la roue arrière. En taille L, je charge plus facilement l’avant, le vélo est moins joueur mais plus stable et se pilote avec des trajectoires plus coulées. Cependant, aucun des deux ne m’est apparu comme un choix évident. A vous de voir si c’est une bonne chose (on a le choix) ou pas (rien n’est parfait) mais une chose est sûre, il n’y a pas de « mauvaise » décision et je n’ai jamais eu l’impression d’avoir fait une erreur ou d’avoir une machine impossible à piloter entre les mains.

Côté suspension, la première descente depuis la crête du Pico Comodoto (2354 m) est compliquée. Avec le Float X et son réglage d’origine, le vélo n’a pas beaucoup de grip et l’arrière ne se pose pas comme je l’aimerais sur ces exigeants sentiers d’altitude. Rien de surprenant ceci dit : la cinématique est déjà très tournée vers le pédalage (on rappelle que l’anti-squat ne descend jamais sous les 100 %) et le surcroît de dynamisme apporté par le ressort air est de trop, j’ai l’impression d’avoir une suspension bien trop « XC » pour ce terrain de jeu. Dans le même temps, je talonne à plusieurs reprises sur la fin de descente, beaucoup plus joueuse et en forme de pumptrack géante.

 

Sur le précédent Occam, Olivier avait trouvé une solution en ajoutant un gros token dans l’amortisseur pour baisser un peu la pression et dans la mesure où la suspension n’a pas vraiment changé, je ne doute pas que ça fonctionnera. Cependant, j’ai envie d’essayer autre chose et comme Orbea propose également de monter un DHX à ressort hélicoïdal sur le vélo, c’est l’occasion !

Avec le DHX, le vélo est transfiguré. J’ai plus de grip à l’arrière, un vélo qui rebondit moins (dans une certaine limite, la cinématique n’a pas changé) et comme un ressort a aussi plus de soutien que l’air à mi-course, je ne vais beaucoup plus souvent en fond de débattement, la suspension se « pose » dans son débattement au lieu de « traverser » un creux. Le changement est tellement radical (dans le bon sens) que je ne vois absolument aucune raison de rouler avec de l’air sur ce terrain montagneux. Ce sera peut-être différent sur des collines moins exigeantes mais ici, mon choix est fait.

Je profite de quelques rotations sur cette fameuse fin de descente pour comparer les deux positions du flip chip, puisqu’on roulait en position haute (ou « Low » dans le vocabulaire Orbea, avec « Lower » pour la position basse) depuis le matin. Sans surprise, je préfère cette nouvelle configuration basse pour rouler fort en descente mais ce n’est pas un nouveau monde qui s’offre à nous comme avec le changement d’amortisseur.

On apprécie ce que cela apporte mais le vélo ne semble pas « prendre vie » plus dans une position que dans l’autre, c’est surtout une histoire de préférences personnelles et de terrain de jeu. L’avantage, c’est que comme on bascule entre les deux très facilement, on n’hésite pas à changer et rechanger et changer encore, pour tester ou pour profiter au maximum de ce que le système peut offrir. D’une certaine façon, et même si on n’a pas de commande au guidon pour ça, on est plus proche du ShapeShifter de Canyon que de la plupart des flip chips.

Après une belle soirée sur les bords de l’Ibòn de Urdiceto, le deuxième jour nous emmène sur les traces de la TransNomad, entre portages spectaculaires, pierriers lunaires et descentes sans fin depuis des vallons reculés. Après avoir trouvé mes réglages la veille, cette journée me permet de cerner plus finement le caractère du vélo et son évolution par rapport à l’ancien Occam LT.

Par rapport à son prédécesseur, les progrès sont bien sensibles et grâce à l’évolution de la géométrie on se sent beaucoup plus en confiance sur le nouvel Occam LT, mieux connecté au terrain aussi. En revanche, il faut admettre que l’objectif d’un vélo « plus capable que jamais » qui permet d’aller « aussi vite que l’on veut », pour reprendre le discours marketing d’Orbea, n’est pas atteint. Et ce n’est pas une question de jouer sur les mots, bien sûr qu’un vélo de DH descendra mieux que l’Occam LT, mais même dans cette catégorie des 150/160 mm très polyvalents on connaît des vélos qui sont plus performants en descente.

Qu’il n’y ait pas de méprise : l’Occam LT est un descendeur tout à fait honnête, qui contentera facilement 90 % des pratiquants. La géométrie rassure et la suspension fait son travail… tant qu’on n’essaye pas de pousser trop fort, car c’est là qu’on arrive à la limite de ce concept une plateforme / deux vélos très différents. L’Occam LT dépend de la suspension de l’Occam SL, très orientée pédalage, et c’est cela qui le freine lorsqu’on arrive à un certain niveau.

Orbea nous a montré au cours de cette présentation qu’elle comprenait très bien le marché, les pratiquants et les différentes influences qui peuvent gouverner tout ce petit monde, donc tout va bien de ce côté. Soit Orbea a une vision réellement différente de la nôtre de la performance en descente, ce qui est possible, soit on touche simplement à la limite actuelle de l’Occam et de cette suspension version 2020/2024. 

Ceci mis à part (on le rappelle, on ne parle que des 10 % les plus pointus, 90 % des riders ne verront aucun problème à cet Occam LT), il fait peu de doutes que l’Occam, SL ou LT, sera très amusant sur des terrains un peu moins exigeants. Ce n’est peut-être pas un « mini-enduro » comme certains vélos de même débattement mais cela reste une machine très polyvalente, capable de rouler sur absolument tous les terrains sans jamais donner l’impression qu’elle n’a rien à faire là. La polyvalence parfaite n’existe pas (encore) et chaque vélo aura toujours un curseur placé un peu différemment de celui du voisin, mais cela aussi qui rend les choses intéressantes et leur donne du caractère…

Conclusion

Vous l’avez sûrement compris à la lecture de cette prise en main, ce nouvel Occam en version LT nous a moins bluffé qu’il y a 4 ans mais c’est surtout à cause de l’évolution de la concurrence. En effet, aujourd’hui Orbea manque sa cible si on cherche le maximum de performance en descente mais l’Occam LT reste un (très) bon vélo, qui offre quelque chose de différent face aux autres 150/160 mm du marché.

Là où de plus en plus de marques ont tendance à faire des machines qui descendent très bien mais se contentent d’emmener leur pilote en haut dans les montées, l’Occam LT fait l’inverse. Au prix d’un comportement un peu moins « enduro » en descente, il rend agréable même les montées les plus longues et peut sans doute prétendre au titre de meilleur grimpeur de la catégorie. Orbea nous propose une autre approche de l’all-mountain et comme on aime avoir le choix, c’est une excellente chose !

Plus d’informations : orbea.com

Photos Jérémie Reuiller

ParLéo Kervran