Test nouveauté | Niner Rip9 RDO : une double renaissance réussie

Par Olivier Béart -

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Test nouveauté | Niner Rip9 RDO : une double renaissance réussie

Rachetée et dotée de capitaux frais, la marque américaine Niner est en train de renaître. Sans ses emblématiques fondateurs, mais avec une nouvelle équipe de passionnés bien décidée à préserver l’héritage du nom tout en lui donnant un nouveau souffle. En témoigne ce nouveau Niner RIP9 RDO destiné à l’enduro et au all-mountain. Un projet qui était déjà dans les cartons de l’ancienne équipe, mais qui prend ici vie d’une fort belle manière, en 29″ et, shocking, aussi en 27,5″ ! Nous avons eu l’occasion de les découvrir tous les deux sur notre terrain de jeu pour une première prise en main :

 

Si ces américains se sont fait connaître surtout sur le segment XC/marathon, c’est par l’enduro/all-mountain qu’ils ont choisi de revenir. Le reste de la gamme demeure pour le moment inchangé, et ces nouvelles plateformes RIP9 sont en fait des projets qui étaient déjà dans les cartons, mais que la nouvelle équipe a pu finaliser pour les amener en production.

Philipp, le nouveau représentant de la marque pour nos marchés, a fait le déplacement jusqu’à la rédac belge de Vojo, du côté de Liège, pour nous présenter ces deux nouveautés et nous permettre de les rouler alternativement pendant une journée sur une boucle test que nous connaissons bien.

Nous avons déjà eu l’occasion de vous présenter ce nouveau Niner RIP9 RDO décliné en deux saveurs (voir ici) mais nous allons refaire un rapide tour du propriétaire pour vous rafraichir la mémoire avant de prendre les commandes de ces deux belles machines.

En statique

Pour commencer, il faut souligner deux choix assez étonnants et à contre-courant qui ont été faits par Niner lors du développement de cette nouvelle plateforme RIP9 RDO. Tout d’abord, le débattement est réduit par rapport à la précédente génération (140mm derrière et 150 devant contre 150/160 auparavant) et il n’y a plus une plateforme compatible 29″/27,5+, mais bien deux châssis spécifiques ; un pour le 29″ et un autre pour le 27,5″ – classique et non pas « plus ».

Commençons par la nouvelle la plus surprenante : l’arrivée d’une version 27,5″ ! Bon, il reste bien sûr un 29″ qui devrait représenter le gros des ventes, mais quand on s’appelle Niner justement par référence aux roues de 29″ et qu’on a été un des pionniers du format depuis 2005, le choix a de quoi surprendre. La marque s’explique d’une manière assez simple qui peut au final se résumer en « et après tout, pourquoi pas ?!? »

Voici ce qu’ils disent plus en détails sur le sujet : « Au fil des ans, nos clients nous ont dit qu’ils aimaient le comportement à la fois stable et souple de notre suspension CVA, qu’ils aimaient la marque et ses designs, mais qu’ils désiraient un cadre plus compact, avec moins de masses en rotation, un comportement plus vif et agile. Donc, un Niner mais avec cette petite touche spécifique au 27,5″. Nous avons décidé de leur offrir ce choix. » Et pourquoi deux plateformes différentes et pas une seule adaptable ? « Tout simplement car nous n’aimons pas les compromis. Quitte à faire quelque chose d’aussi antinomique par rapport à notre histoire, autant le faire bien et à fond. » Au moins, c’est clair !

Pour le reste, on retrouve les ingrédients qui ont toujours fait de Niner une marque originale et très appréciée, capable de se placer dans le cœur de nombreux bikers aux côtés de grands noms comme Yeti, Santa Cruz ou d’autres. Il y a bien sûr ce look unique, ces choix de couleurs percutants, cette finition parfaite, mais aussi cette fameuse suspension CVA, spécifique à la marque.

Cette suspension CVA, pour « Constantly Varying Arc », relie le triangle arrière à l’avant au moyen de deux biellettes, l’une en haut à l’aspect assez classique pour comprimer l’amortisseur, et l’autre sous le boîtier de pédalier. Les deux sont en alu et celle du bas, assez exposée aux chocs, est protégée par un épais caoutchouc. Le débattement est de 140mm quelle que soit la version (27,5 ou 29) et il est proposé d’origine avec une fourche de 150mm, mais le montage en 160 est envisageable.

Sur ce nouveau RIP9, on trouve un « leverage ratio » assez élevé, de l’ordre de 3:1 en début de course (1cm de débattement au piston de l’amortisseur pour 3 à l’axe de roue) et qui évolue vers 2.3 à la fin, avec un rapport moyen de 2,55:1. Cela permet, avec l’amortisseur au tuning adapté (format 210×55 en mesure métrique), d’offrir une bonne sensibilité aux petits chocs, du maintien à mi-course notamment pour préserver de bonnes performances au pédalage, et un poil plus de souplesse en fin de course pour compenser le comportement naturel des amortisseurs à air qui se durcissent en fin de course.

La géométrie évolue aussi fameusement, avec un angle de direction de 66° sur les deux versions et un tube de selle assez droit avec plus de 75° (75,8 en 29 et 75,5 en 27,5). Un « flip chip » permet de faire varier les angles avec -1° à l’avant et -0,6° à l’arrière. Les bases sont hyper courtes, avec 435mm en 29 et 430 en 27,5″, ce qui n’empêche pas le Rip9 RDO d’accepter des pneus en 2.6″ de largeur dans les deux cas. Signalons aussi qu’il est prévu pour des fourches à déport court, de 44mm en 29″ et 37mm en 27,5″. La douille de direction est de 2 à 3,5cm plus haute en 27,5″ pour garder une hauteur de poste de pilotage comparable entre les deux versions. Enfin, 4 tailles sont au programme en 29″ (S, M, L, XL) et 3 en 27,5″ (S, M, L).

Pour le reste, on remarque un important travail effectué sur la rigidité, avec des pivots montés sur des axes de diamètre généreux (et des roulements Enduro Max) et des renforts de part et d’autres de l’amortisseur pour éliminer les flexions parasites dans la zone du boîtier de pédalier. Ce boîtier est de type fileté pour faciliter la maintenance.

Si la marque est américaine, elle a toujours connu un joli succès en Europe également. C’est donc tout naturellement que le comeback se fait aussi sur nos terres. Un gros travail est en cours pour reconquérir les revendeurs historiques de Niner et retrouver un réseau digne de ce nom. Côté disponibilité, les vélos sont disponibles dès à présent, mais nous ne nous attardons pas trop sur les montages des vélos que nous avons essayés puisqu’il s’agit de machines de pré-série. Les montages finaux seront plutôt en Shimano 12 vitesses (XT et XTR), toujours en suspensions Fox et roues DT Swiss. Du Sram sera toujours possible en option. Les tarifs tourneront autour de 6000 à 7000€ et le cadre seul est affiché à 3360€. On est donc clairement dans le haut de gamme et l’exclusivité. Reste à voir si cette valeur se retrouve sur le terrain.

Niner Rip9 RDO 29″ & 27,5″ : le test terrain

C’est sur une seule journée, mais sur des terrains que nous connaissons par cœur, que nous avons eu l’occasion d’effectuer cette brève mais très intéressante prise en main des deux versions de ce nouveau Niner Rip9 RDO. A défaut de longueur, ce test permet une comparaison directe et assez qualitative des versions 29 et 27,5 pour voir ce qu’elles ont en commun et ce qui, au contraire, les différencie.

Les premiers tours sont effectués avec le 29″. D’emblée on se rend compte qu’il est hyper facile à prendre en main. Dès les premiers mètres, on se surprend à faire des bunny-up’s un peu partout, à se pencher en virage comme si on jouait sa place en finale d’un championnat du monde de 4X et à attaquer les portions les plus cassantes comme on le fait avec les vélos que nous connaissons le mieux. Rien que cela, c’est déjà très bon signe.

Au fil des kilomètres, alors qu’on aborde les inévitables montées et quelques beaux singles sans gros dénivelé mais bien techniques, on se souvient de l’efficacité redoutable de la suspension CVA. Plus raffinée que jamais, elle se combine aussi très bien avec l’amortisseur Fox DPX2 (ce qui n’est pas le cas de tous les vélos que nous avons essayés). On a l’impression que tous les chocs sont avalés, rendus plus doux et comme arrondis.

Le grip en côte est aussi phénoménal. On ne sent pas de pedal kickback désagréable, pas plus qu’un quelconque affaissement désagréable. La position reste excellente pour pédaler, le vélo garde une assiette parfaite et la roue colle au sol. Bref, si vous n’arrivez pas en haut, c’est de votre faute et jamais celle du vélo. Il fait aussi preuve d’une belle nervosité et d’un rendement de haut vol pour un vélo de ce type, même s’il est plus gros all-mountain que vrai enduro.

Quand on aborde des descentes plus longues et aussi les passages les plus engagés, c’est la géométrie qu’on apprécie. Certes, c’est un peu une mode et on entend très souvent le même discours, mais suivant le courant « longer, lower, slacker » (reach plus long, cadre plus bas et plus d’angle à l’avant, pour parler plus concrètement), Niner a véritablement donné un fameux coup de jeune à son RIP9, dont la précédente génération avait déjà une suspension hyper aboutie, mais qui pêchait au niveau de son dessin global pour vraiment rivaliser avec les références de la catégorie.

Vu le plaisir éprouvé au guidon du Niner Rip9 RDO en version 29″, on se demandait vraiment ce que le 27,5″ allait pouvoir offrir de plus. Et, pour tout vous dire, on a même pensé le snober pour rouler un peu plus longtemps au guidon du 29″. Mais cela aurait été une erreur.

En fait,  nous nous posions la mauvaise question : il ne faut pas se demander ce qu’il va offrir de plus, mais bien ce qu’il va offrir de différent ! Et nous n’avons pas été déçus.

Immédiatement, on retrouve ses marques. Le positionnement sur la machine est très similaire et, les yeux bandés ce serait certainement dur de faire la différence. Vu la présence de roues plus petites, la suspension CVA est encore plus mise à contribution et elle se montre à la hauteur, spécialement sur les petits chocs où elle compense parfaitement le gap entre le 27,5 et le 29. Le confort de roulage est, en grande partie, préservé, et c’est tant mieux.

Le Niner Rip9 RDO en 27,5″ est un peu moins bon grimpeur malgré ses roues un poil plus légères et ce n’est pas un aussi grand rouleur que le 29″. On s’y attendait un peu mais cela se confirme sur le terrain.

Il n’en reste pas moins qu’il impressionne là où on ne l’attendait pas, notamment au niveau du grip qui reste impressionnant en toutes circonstances. Merci la suspension CVA !

En descente et dans les portions les plus amusantes de notre tracé, le caractère jouet du Rip9 est magnifié par la présence des petites roues. C’est plus vif, plus direct. Un poil plus délicat à piloter aussi, mais on reste sur un vélo facile et qui inspire la confiance, tout en ajoutant une petite dose de piment qui rend le tout particulièrement savoureux.

Côté chrono, quand c’est étroit et sinueux, on a clairement l’impression d’aller plus vite et de se faufiler plus facilement avec les petites roues. Cela peut paraître cliché, mais cela montre surtout que Niner a su tirer le meilleur de chaque format de roues pour créer, sur une même base, deux jumeaux partageant le même ADN mais ayant réussi à développer leur personnalité propre.

Verdict

Dotés d’une suspension extraordinairement efficace qui donne l’impression de voler sur les obstacles tout en préservant une excellente efficacité au pédalage, ces nouveaux Niner RIP9 RDO ont aussi enfin une géométrie contemporaine. Faciles, efficaces, très équilibrés et particulièrement funs à piloter, ces deux versions 29 et 27,5″ sont très bien nées et partagent un bel ADN commun. Le 29 s’adressera plus aux amateurs d’efficacité, même s’il ne faut pas le prendre pour un bike de gros enduro en haute montagne. Il manque de débattement pour cela. Par contre, en moyenne montagne, c’est une arme absolue qui permet d’envisager tant un usage race sur des formats courts ou longs, qu’un usage purement plaisir. Le 27,5 est quant à lui un pur petit jouet qui a réussi à nous surprendre par son caractère bien trempé tout en restant domptable et capable de se montrer plus doux quand il le faut. En tout cas, une chose est sûre, Niner est bel et bien de retour, et cela fait plaisir à voir. On a aussi hâte de découvrir la suite !

Plus d’infos : https://ninerbikes.com/products/rip-9-rdo-29

ParOlivier Béart