Test nouveauté | Mahle M40 : un nouveau joueur est entré dans la partie

Par Adrien Protano -

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Test nouveauté | Mahle M40 : un nouveau joueur est entré dans la partie

Bien connu pour ses moteurs dans le moyeu arrière, le géant industriel Mahle se lance un nouveau défi : développer un moteur central pour VTT capable de concurrencer les derniers moteurs en date de la concurrence. Baptisé M40, il développe 105 Nm de couple et 850 W de puissance, le tout dans un petit châssis de 2,5 kg. Présentation et premiers tours de roues en exclusivité : 

Plantons le décor : Mahle est un géant industriel allemand, et plus précisément l’un des trois premiers fournisseurs au monde de pistons, cylindres, systèmes de soupapes, etc. Bref, avec presque 70 000 employés, c’est un véritable monstre de l’industrie automobile. Pourtant, depuis 2015, Mahle compte également une division « e-bike » qui a déjà mené au développement de plusieurs moteurs.

X35, X20, X30 ou encore plus récemment XS, Mahle est très présent sur le segment du E-Road et du E-gravel. On vous a notamment déjà parlé lors de notre prise en main du Mondraker Dusty, de notre entrevue avec l’Orbea Gain ou encore juste ici : Nouveauté | Mahle XS : l’assistance la plus légère du monde ?

Mahle produit aussi le moteur du Specialized Levo SL et a donc aussi une expérience dans les moteurs centraux, même si c’était dans le cadre d’une collaboration.

Cette fois, Mahle vise directement ce secteur en son nom propre : le VTTAE avec un véritable moteur central, une première pour la marque ! « Le noyau de Mahle est l’automobile, c’est vrai, c’est notre principal business. Mais on ne prend pas les divisions adiotionnelles, comme celle de l’e-bike par exemple, à la légère. C’est une vraie mission pour nous », explique Jurgen, responsable de la division e-bike de la marque.

Moteur : du lourd, mais avec tact

On ne fait pas durer le suspense plus longtemps, le Mahle M40 est un moteur moderne affichant des chiffres qui rivalisent avec les dernières évolutions de la concurrence : 850 W de puissance, 105 Nm de couple et un ratio d’assistance jusqu’à 400%. Bref, le Mahle M40 en a clairement dans le ventre.

Ces chiffres peuvent vous paraitre élevés si vous n’avez pas suivi les dernières évolutions en date de la concurrence. Une série de motoristes ont entamé une course à l’armement, avec des chiffres toujours plus impressionnants. À titre de comparaison, le Bosch Performance CX-R développe 100 Nm et 750 W, le DJI Avinox 120 Nm et 1000 W, le Specialized 3.1 101 Nm et 666 W (111 Nm et 720 W pour la version S-Works).

Le Mahle M40 est donc bien dans son temps, avec des valeurs suffisamment élevées pour se battre face aux ténors de la catégorie. Concurrencer oui, mais à sa propre manière !

Nous avons été à la rencontre des équipes qui se cachent derrière ce moteur, et on a notamment discuté avec Alberto, l’un des papas de ce M40 : « La véritable force de ce M40 se trouve dans son rapport poids/compacité/puissance. Avec son poids de 2,5 kg, ce moteur de 850 W et 105 Nm nous place en tête sur le segment des moteurs centraux », résume-t-il.

Avec un poids annoncé à 2,5 kg, le Mahle frappe un grand coup ! Si l’on compare avec les moteurs cités plus haut, le Bosch CX-R pointe à 2,7 kg (et 2,8 kg pour le CX), le Specialized est aux alentours de 3 kg, tandis que le DJI Avinox fait jeu égal à 2,5 kg. Comme certains autres de ses concurrents, tel que le Bosch Performance CX-R, le Mahle M40 est doté d’un châssis en magnésium.

Dans les autres détails, on notera qu’il utilise un axe en aluminium, affiche un Q-factor de 179 mm et est compatible avec le standard de manivelle ETOR, plutôt répandu.

C’est un adage que l’on entend souvent chez les motoristes, et d’autant plus ces dernières années : « la puissance n’est rien sans le contrôle »… Une vérité que Mahle a également faite sienne ! C’est peut-être même l’élément sur lequel insiste le plus la marque.

« Nous avons les chiffres pour rivaliser c’est vrai, mais nous avons surtout les connaissances et la capacité à contrôler, et à décider comment cette puissance est délivrée de façon naturelle au pilote », explique Gonzalo, product manager chez Mahle.

C’est un élément que l’on a retrouvé chez l’ensemble de nos correspondants de Mahle : la marque veut offrir un vélo facile à contrôler, grâce à des modes d’assistance soigneusement calibrés et une manière de délivrer l’assistance de manière fluide.

Ce contrôle de la puissance passe par l’utilisation d’un capteur plutôt précis, et Mahle ne manque pas de superlatifs à ce sujet puisqu’elle annonce utiliser le capteur le plus précis du marché à ce stade ! Placé au niveau du disque arrière, celui-ci peut mesurer les changements de vitesse dans un rayon de 3 cm, de quoi adapter la puissance délivrée quasi en tout temps.

Trois modes d’assistance sont prévus par la marque, sobrement baptisés Level 1, 2 et 3. Ils s’apparentent assez logiquement aux modes eco, e-MTB et Turbo que l’on peut retrouver chez les autres motoristes, avec une différence en termes de puissance/couple délivrés par le moteur, mais aussi de réactivité.

Ces modes pourront être personnalisés sur l’application smartphone de la marque, avec la possibilité de modifier cinq facteurs indépendamment les uns des autres. Mahle insiste également sur la customisation qui est laissée aux fabricants de vélo : « Les marques de vélos peuvent faire varier le système M40 sur des centaines de facteurs, voire des milliers… De quoi leur permettre d’adapter au mieux le moteur au vélo en question et aux sensations recherchées », explique Gonzalo.

Un écosystème complet : batteries, écran et commande de contrôle

Si l’on se concentre sur le moteur depuis le début de l’article, c’est parce qu’il s’agit logiquement du coeur du système, mais le M40 est un véritable écosystème en tant que tel puisque Mahle a développé ses propres batteries, un écran ainsi qu’une commande de contrôle au guidon.

Côté batterie, deux options sont proposées par la marque : une plus petite (baptisée iM5) de 534 Wh et annoncée à 2,5 kg, et une seconde (iM8) de 800 Wh. Ces deux batteries utilisent des cellules dites « nouvelle génération » (à savoir plus efficientes) et sont développées et fabriquées en Europe. On notera que les deux batteries disposent de la même forme et des mêmes connecteurs, et qu’il est donc tout à fait possible de les échanger au sein d’un même cadre.

L’écran est une jolie solution couleur directement intégrée au tube supérieur. S’il se rapproche de la qualité de celui utilisé par DJI, on notera que l’écran du Mahle M40 n’est pas tactile. Les champs de données de cet écran peuvent être personnalisés via l’application smartphone (gratuite) de la marque.

La commande est sans fil et bien finie, avec trois boutons : deux pour switcher entre les modes, et un pour contrôler l’écran.

Fonctionnalités Automatic Hill Brake et Dynamic Overrun

Ce système Mahle M40 embarque de petites fonctionnalités qui méritent le coup d’oeil tels que le Automatic Hill Brake et le Dynamic Overrun.

Comme son nom l’indique, le Automatic Hill Brake permet d’éviter de reculer dans la pente. À l’image de ce que l’on connait en voiture, cette fonctionnalité permet, à l’arrêt sur un plan incliné, d’engager le moteur uniquement en posant le pied sur la pédale, ce qui va empêcher le vélo de reculer.

Le Dynamic Overrun, quant à lui, s’apparente au « Extended Boost » de chez Bosch. De manière simplifiée, il s’agit de la fonction qui permet au pilote d’être poussé par le moteur pendant quelques instants après avoir arrêté de pédaler, de quoi franchir les obstacles.

Sur quels vélos retrouve-t-on le Mahle M40 ?

Vous vous demandez sans doute quel est ce drôle de châssis, qui ne ressemble à rien de connu dans les gammes actuelles ? Il s’agit tout simplement du vélo Mahle, un cadre maison développé spécialement pour mettre en valeur le nouveau moteur M40. Ce modèle ne sera donc pas commercialisé tel quel : c’est un pur prototype de présentation.

À ce jour, quatre (petites) marques ont déjà officialisé l’intégration du M40 dans leurs gammes, et Mahle nous glisse que d’autres, parmi les plus grands noms du marché, sont également dans les starting-blocks. Autant dire que ce moteur n’a pas fini de faire parler de lui…

Sants, Labyrinth, Titan Racing et Abums sont ainsi les premières marques de l’histoire du Mahle M40 !

Mahle M40 : le test terrain

C’est dans la ville espagnole de Vigo, proche de la frontière portugaise, que Mahle nous a donné rendez-vous pour découvrir ce moteur en avant-première. Si le nom vous évoque quelque chose, c’est sûrement car la ville côtière a accueilli plusieurs manches de coupe du monde par le passé. 

Végétation luxuriante en raison du climat chaud et humide, pente et surtout spéciales d’enduro, l’endroit est parfaitement choisi !

On découvre une assistance bien née et très agréable dès les premiers coups de pédales. On comprend facilement la manière dont le moteur fonctionne, et plus largement du châssis qui l’entoure. On a ici une machine ludique et agréable à piloter

Cette première prise en main a été enrichie de quelques sorties à la maison, un vélo de test ayant rejoint la rédaction quelques jours avant ce lancement officiel. De quoi le juger avec attention sur des pistes que l’on connaît bien, et sur lesquelles nous avons des points de comparaison précis avec les autres moteurs.

Le Mahle M40 est clairement au niveau de la concurrence actuelle !

Le premier point est clair et net : le Mahle M40 est clairement au niveau de la concurrence actuelle, et n’a pas à rougir face aux derniers moteurs du marché.

En termes de puissance brute, le Mahle M40 offre largement ce qu’il faut : les 105 Nm de couple sont amplement suffisants, même dans les portions les plus techniques ou les plus raides. Pas besoin d’en demander plus. Là où le surplus de couple (par rapport à un moteur de 85 Nm par exemple) est véritablement bénéfique selon nous, c’est plutôt dans les relances à basse vitesse, là où le moteur est normalement pris en défaut… Ici, le petit supplément de couple vient apporter une aide bienvenue, bien dosée, qui permet de repartir plus facilement sans avoir ce moteur qui s’essouffle.

Le Mahle M40 tire aussi son épingle du jeu dans la rondeur de son moteur. Ce dernier délivre sa puissance de manière progressive et naturelle, ce qui aide à conserver un bon contrôle du vélo, même quand le terrain se complique.

De série, trois niveaux d’assistance sont proposés, et c’est le Level 2 qui nous a le plus convaincus : il rappelle le mode eMTB bien connu chez Bosch. Un bon équilibre entre puissance et finesse, qui permet de franchir tous les obstacles sans se faire bousculer par une assistance trop brutale dans les passages techniques.

De série, trois niveaux d’assistance sont proposés, et c’est le Level 2 qui nous a le plus convaincus : il rappelle le mode eMTB bien connu chez Bosch. Un bon équilibre entre puissance et finesse, qui permet de franchir tous les obstacles sans se faire bousculer par une assistance trop brutale dans les passages techniques.

Autre point fort : le Level 2 est un mode adaptatif, capable d’ajuster automatiquement la puissance délivrée en fonction de l’effort fourni par le pilote. Une approche intelligente, qui rend le comportement du moteur très intuitif sur le terrain. À l’opposé, le mode 3 donne tout ce qu’il a. Il pousse fort, très fort, au point de quasiment porter le pilote. Une générosité qui peut s’avérer piégeuse : la puissance arrive vite, parfois trop brusquement, et peut surprendre, notamment dans les sections techniques.

Bien sûr, tout cela reste une affaire de préférence personnelle, en fonction du terrain, du poids du pilote, de son style de pilotage ou encore de ses envies. Pour notre part, on aimerait voir un mode un peu plus nuancé, entre les niveaux 2 et 3, ou alors une version légèrement adoucie de ce mode 3. Bonne nouvelle, c’est tout à fait envisageable grâce à l’application smartphone Mahle, qui permet – comme chez la plupart des motoristes – de personnaliser les réglages moteur et écran. Malheureusement, au moment de notre essai, l’application n’était pas encore opérationnelle pour ce modèle, nous n’avons donc pas pu explorer ces possibilités de personnalisation.

À ce stade, sans comparaison directe, on a le sentiment que le M40 est légèrement plus silencieux que la moyenne. Sa sonorité est discrète et relativement douce, au point de s’oublier rapidement. Même chose côté friction : lorsque l’assistance est coupée, le pédalage reste fluide, sans sensation de frottement ou perte d’énergie notable.

Parmi les pistes d’évolution intéressantes, on ne peut s’empêcher de songer au Dynamic Control récemment introduit par Bosch, qui aide à éviter que la roue arrière patine et/ou que la roue avant se lève intempestivement. Un système dans cet esprit trouverait parfaitement sa place ici, tant le M40 semble déjà orienté vers le contrôle et la finesse.

Autre détail perfectible : la coupure de l’assistance à 25 km/h. Elle est franche, voire un peu abrupte. Le moteur pousse fort jusqu’à la limite légale… puis s’éteint net. Un choix qui peut se justifier pour tirer le maximum de l’assistance en usage sportif ou compétitif, mais dans une pratique plus loisir, une transition plus douce serait sans doute plus confortable.

Côté gestion thermique, Mahle affirme avoir beaucoup travaillé sur le sujet, pour offrir des performances constantes sans surchauffe. Nous n’avons pas eu de conditions extrêmes pour le vérifier, mais durant nos sorties, aucun signe de chauffe anormale n’a été observé.

Enfin, l’autonomie s’est révélée plus que satisfaisante. Avec la batterie de 534 Wh, nous avons pu enchaîner des sorties de 40 à 50 km, cumulant entre 1500 et 2000 m de dénivelé, en utilisant l’ensemble des modes disponibles et pour un pilote de 60 kg. Rien de révolutionnaire, mais tout à fait convaincant.

Verdict

Pour un premier moteur central destiné au VTTAE, Mahle frappe un grand coup. Le M40 coche les bonnes cases : puissance au rendez-vous, comportement naturel, finition soignée, fonctionnement discret… Le tout dans un format compact et léger qui en fait déjà l’un des plus compétitifs sur le marché, sur le papier comme sur le terrain. Une chose est sûre : Mahle ne débarque pas par hasard. Avec ce M40, le géant allemand s’impose d’entrée de jeu comme un acteur sérieux du segment VTTAE, avec une approche technique, cohérente… et déjà très aboutie.

Pour plus d’informations : https://mahle-smartbike.com

Par  Adrien Protano