Test nouveauté | Fox Live Valve : roulez, l’électronique fait le reste ! - Le test terrain sur le Pivot Mach 5.5 Live Valve

Par Olivier Béart -

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Test nouveauté | Fox Live Valve : roulez, l’électronique fait le reste ! - Le test terrain sur le Pivot Mach 5.5 Live Valve

Les suspensions gérées électroniquement, c’est un peu l’arlésienne dans le monde du VTT. Beaucoup en rêvent, certains ont déjà essayé, des protos ont circulé et ont fait crépiter les flashes sur les salons… mais en réalité, personne n’a encore vraiment sorti quelque chose de crédible. Alors, l’arrivée du Fox Live Valve est bien un événement, puisqu’il s’agit bel et bien d’un système finalisé et qui sera commercialisé pour le millésime 2019 ! Vojo fait partie des quelques médias privilégiés qui ont pu le découvrir en avant-première et même le rouler depuis deux mois sur nos terrains habituels. Découverte :

Fox Live Valve : le test terrain sur le Pivot Mach 5.5

Pivot est souvent précurseur dans l’adoption de nouvelles solutions techniques, quand ce n’est pas elle qui les initie. Cela tient en grande partie à la personnalité de son fondateur, Chris Cocalis, qui est à la fois un grand perfectionniste et un fin technicien, toujours à la recherche du petit détail qui va permettre d’améliorer ses vélos. Le Fox Live Valve en fait partie.

Chris Cocalis, fondateur de Pivot, en action sur un de ses vélos lors de la présentation du Fox Live Valve.

Et si certains de nos confrères roulant sur d’autres machines ont vite demandé si le logiciel de customisation du Live Valve pouvait leur être envoyé pour chipoter dans les réglages d’origine (alors qu’il n’est normalement pas accessible à l’utilisateur final), nous n’en avons absolument pas ressenti le besoin. En discutant avec Chris Cocalis, qui était présent lors de la présentation aux USA, nous avons assez vite compris pourquoi : il a testé personnellement pendant des heures et des heures de nombreuses configurations, jusqu’à trouver ce qui lui semblait être le réglage parfait pour chaque mode.

C’est donc dans la magnifique Pisgah National Forest, à deux pas d’Asheville, que nous avons fait nos premiers tours de roues avec le Fox Live Valve et notre Pivot Mach 5.5. Auparavant, nous avons eu droit à une séance de réglages, finalement très conventionnelle et assez simple, puisqu’elle se déroule avec le système électronique en position off, et elle est tout à fait similaire à celle d’un vélo classique. Nous sommes juste partis d’entrée avec quelques psi de moins dans la fourche et l’amortisseur car un des avantages du Live Valve est d’éviter de devoir faire des compromis pour préserver le rendement en côte et sur les trails sans grand dénivelé.

D’origine, le Pivot Mach 5.5 a déjà dans ses gênes une bonne dose de dynamisme malgré ses apparences de gros vélo. Ses bases courtes et sa géométrie très axée sur le fun le rendent très maniable, son poids très raisonnable lui donne des ailes dans les ascensions et sa suspension DW Link se révèle aussi active dans le cassant que neutre au pédalage. Bref, système Live Valve éteint, on a déjà une très bonne base. Mais…

Mais, il y a un « mais » ! Quand on appuie sur le bouton on du Live Valve, c’est un peu comme si on avait appuyé sur le mode Boost d’un vélo électrique ! En fait, on pense qu’on n’en a pas besoin… jusqu’au moment où on l’active. Car l’efficacité est immédiatement perceptible et dope véritablement la sensation d’efficacité et de légèreté qu’on éprouvait déjà au guidon de notre Pivot Mach 5.5. C’est en quelque sorte le même, en mieux.

Très fortement durcies en compression (pour ne pas dire bloquées, car elles ne le sont pas vraiment), les deux suspensions restent haut dans le débattement et le premier bénéfice qu’on sent, c’est sur l’assiette du vélo qui reste stable et constante, plaçant le pilote dans les meilleures dispositions possibles pour pédaler. Pas besoin d’aller vers les modes les plus fermes pour ressentir cela : si le mode 1 est vraiment très souple et subtil (limite un peu trop), les modes 2 et 3 sont ceux qui nous ont le plus séduits. Un de nos testeurs, plus costaud, rapide et au pilotage musclé, a préféré la position 4 car son physique lui permet de tirer parti de cette plus grande fermeté et de s’en accommoder, mais par contre, personne n’a utilisé la position 5, très ferme et plus en adéquation avec une machine de XC qu’avec un vélo comme le Pivot.

On se dit « ah, une racine isolée en côte, je vais piéger le système et ça va secouer ». Eh bien non, pas du tout

Le système étant bloqué par défaut, quand on relance ou qu’on grimpe sur terrain lisse, on a une incroyable sensation de dynamisme, mais ce qui est encore plus incroyable, c’est la réactivité du système et la vitesse à laquelle la suspension s’ouvre pour absorber les chocs dès qu’elle les détecte. A l’échelle de la perception humaine, c’est instantané, et c’en est presque troublant ! On se dit « ah, une racine isolée en côte, je vais piéger le système et ça va secouer ». Eh bien non, pas du tout. La fourche se débloque juste pour avaler l’impact, même pris à faible vitesse, et se rebloque aussitôt, puis c’est au tour de l’amortisseur… qui ne se débloque pas en même temps que la fourche, mais quand la roue arrière arrive sur l’obstacle. On peut repartir en danseuse et mettre les Watts juste derrière, voire même sur l’obstacle, on ne perd aucun grip et tout se re-verrouille instantanément. Bluffant, et le Brain, même des dernières générations de Specialized Epic, semble tout à coup dater de l’âge de la pierre.

On n’a aucune sensation de « pneu crevé » déconcertante (que les utilisateurs de Brain connaissent bien) tant l’action du système Live Valve est discrète et souple. On entend juste un tout petit bruit de « tic-tic » quand le solénoïde bouge, mais sinon, tout se fait de façon tellement naturelle et imperceptible qu’on imagine la quantité et la qualité du travail qu’il y a eu derrière ce produit chez Fox. L’évolution par rapport aux systèmes Magure et Lapierre Ei-Shock, qui ont eu le mérite de défricher le terrain, est flagrante, et on sent qu’on est ici en présence d’une technologie mature et déjà parfaitement au point.

En descente aussi et dans le cassant, les performances du Pivot Mach 5.5 y gagnent, et le plaisir également. Le « timer » (qui gère le retour du système en position fermée) est parfaitement calibré sur notre vélo d’essai et jamais nous n’avons eu l’impression que le système se raidissait à contretemps ou que le vélo devenait sautillant. Au contraire, vous voyez ces monstrueux pickups avec des suspensions énormes qui filent dans le désert, avalant les chocs alors que la caisse semble rester parfaitement de niveau ? Eh bien ici c’est pareil. On a moins les pédales qui butent sur les obstacles, on reste plus haut dans le débattement, mais on a en parallèle une sensation de grip et de confort excellente. Nous l’avons testé dans pas mal de montées « impossibles », et la combinaison rendement/grip qu’offre le passage instantané et insensible du mode ferme à ouvert est un combo absolument redoutable.

Dans des trails typés bikepark avec des sauts, on note aussi qu’on s’envole plus facilement car les suspensions restent dures à l’impulsion, mais dès que le Live Valve détecte une chute libre et que les roues ne touchent plus le sol, il déverrouille immédiatement tout en prévision de l’atterrissage afin qu’il soit doux et efficace. Une fois encore, c’est tout simplement bluffant.

Durant les deux mois de test que nous avons pu effectuer dès notre retour de la présentation (entre fin juin et fin août), les trois testeurs qui se sont succédé au guidon du Pivot Mach 5.5 n’ont pas tari d’éloges sur le Live Valve. Personne ne pensait en avoir vraiment besoin, mais tout le monde a ensuite eu beaucoup de mal à s’en passer. Reste qu’au cours de ce long test, quelques petits défauts sont tout de même apparu, et nous les avons aussi cherchés car c’est notre job.

Premièrement, on aurait aimé avoir la possibilité de dissocier facilement les modes pour la fourche et l’amortisseur. Par exemple, avoir un Live Valve plus sensible à l’avant (mode 2) et plus ferme à l’arrière (4 par exemple). C’est possible de le simuler via le logiciel, mais c’est un réglage complexe et il nous semble qu’une petite app grand public permettant de customiser quelques fonctionnalités serait bienvenue. Si le système est bien intégré au niveau de l’amortisseur et de la fourche, ainsi que des capteurs, le boîtier contenant le cerveau et la batterie est franchement moche et « cheap ». Vivement une meilleure intégration et une meilleure finition. Le fait qu’il soit tête en bas sur notre Pivot n’est pas non plus très pratique.

L’autonomie de 15/20h est bonne, mais un peu « le c… entre deux chaises » : c’est assez pour qu’on l’oublie, mais pas assez pour qu’on puisse l’oublier totalement. C’est arrivé au moins une fois à chacun de nos testeurs de se retrouver à court de batterie. Bien sûr, ce n’est pas bien grave et on peut très bien rouler sans Live Valve, mais on devient vite accro à cette petite chose. Un de nos testeurs a aussi remarqué qu’il pensait toujours à l’allumer en début de sortie, mais jamais à l’éteindre, ce qui tend à montrer qu’il se fait oublier, mais qu’on sent et sait tout de même qu’il apporte quelque chose. Heureusement qu’il se met en veille automatiquement. Enfin, il y a bien sûr le prix, qui cantonne actuellement cette technologie au domaine du luxe. Plus pour trop longtemps, espérons-le.

Verdict

Très bien né, le système Live Valve nous a bluffés. Vous avez déjà lu plusieurs fois le mot dans cet article, mais il n’y en a pas d’autre. Est-ce indispensable ? Absolument pas. Est-ce hors de prix (du moins pour le moment) ? Absolument. Mais son efficacité fait que ce qu’on imagine superflu semble tout à coup indispensable quand on y a goûté. Sa faculté à doper les performances du vélo sur lequel il est monté nous a surpris. Peu de technologies ou d’investissements parfois très coûteux (pensons aux sommes qu’on dépense parfois pour gagner quelques centaines de grammes) nous ont donné l’impression d’un tel bond en avant au niveau des sensations. C’est d’ailleurs sur des vélos d’enduro et de trail qu’il nous semble le plus intéressant car ce sont des machines où on pense moins à jouer de la commande de blocage à chaque instant. Sur un XC, il peut aussi s’avérer agréable, mais leurs châssis et leurs cinématiques sont d’origine plus tournés vers le rendement et on peut s’attendre à un gap moins important. De notre côté, nous poursuivons le test pour voir si la fiabilité est au rendez-vous, mes les premiers signes sont encourageants. Bref, Fox semble avoir frappé fort. Très fort.

Plus d’infos : https://www.ridefox.com/content.php?c=livevalve-bike

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ParOlivier Béart

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