Test nouveauté | Canyon Strive:ON et Canyon Torque:ON : quelqu’un a parlé de « gravity » ? - L'impressionnant Torque:ON CF

Par Jeffry Goethals -

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Test nouveauté | Canyon Strive:ON et Canyon Torque:ON : quelqu’un a parlé de « gravity » ? - L'impressionnant Torque:ON CF

L’impressionnant Torque:ON CF

Il n’y a pas de doute, le nouveau Torque:ON CF est un monstre, au look agressif et brutal, qui attire toute l’attention. Le regarder – si vous l’osez – provoque une libération accrue d’adrénaline. La sensation que vous ressentez au niveau du bas ventre, lorsque vous saisissez le guidon pour la première fois, est comparable à celle que vous ressentez lorsque vous entendez « ALAAAARMA » sur le Pic Blanc ou lorsque l’hélicoptère survole le glacier des Deux Alpes juste avant le départ de la Mountain of Hell.

Avec le nouveau Torque:ON CF (175 / 180 mm), l’équipe gravity de chez Canyon est retournée à la planche à dessin pour construire un véritable e-bike destiné au freeride. En passant au tout carbone, les ingénieurs de la marque allemande ont pu gagner 1,5 kg par rapport au cadre en aluminium (qui pèse 4,9 kg), tout en améliorant la rigidité du triangle avant de 7% et celle du triangle arrière de 25%. Cela signifie que malgré l’augmentation significative de la taille de la batterie, le vélo ne pèse que 23,7 kg (pour le montage CF 9 en taille M, avec une batterie de 720 Wh).

« Avec ses dimensions compactes et son poids total de 2,6 kg, le Shimano EP8 était le choix évident pour la conception du Torque:ON » explique Canyon. L’objectif était d’obtenir un poids total inférieur à 25 kg avec une grande batterie de 900 Wh, tout en étant davantage libre quant à la conception du nouveau cadre autour de ce moteur.

Comme on peut l’observer, le moteur EP8 a été tourné à plus de 30° vers le haut. Cela a permis aux ingénieurs de Canyon de le positionner encore plus bas dans le cadre et d’insérer facilement les batteries maison de plus grande taille dans le tube diagonal du vélo.

Canyon utilise les mêmes batteries à cellules horizontales que celles introduites l’année dernière avec le Spectral:ON. Celles-ci sont disponibles en 720 ou en 900 Wh, contre 630 Wh pour les batteries en provenance de chez Shimano. Selon une utilisation moyenne du Torque:ON, Canyon affirme qu’il est possible d’accumuler plus de 2 000 mètres de D+ avec la batterie de 900 Wh (et plus de 1 500 m avec la batterie de 720 Wh). « Cela devrait permettre au pilote de profiter pleinement des pistes de freeride sans la présence de remontée mécanique à proximité » conclut la marque.

Approuvées par Shimano et couvertes par leur service après-vente, les batteries Canyon sont fiables et fonctionnent parfaitement avec le moteur Shimano EP8

Approuvées par Shimano et couvertes par leur service après-vente, les batteries Canyon sont fiables et fonctionnent parfaitement avec le moteur Shimano EP8. Petite remarque : seule la « petite » batterie de 720 Wh est proposée sur les modèles en taille « Small » en raison des dimensions du tube diagonal.

« La rigidité accrue du châssis donne beaucoup d’assurance lors de passages à haute vitesse, tandis que le triangle arrière rigidifié permet de conserver un comportement vif, enjoué et prêt à prendre des virages relevés à toute vitesse » explique la marque.

Le vélo étant monté de série en « mulet », la roue de 29″ à l’avant offre plus d’adhérence dans les virages et permet de faciliter les franchissements dans les sections techniques, tandis que la roue de 27,5″ à l’arrière permet une maniabilité accrue, améliore la rigidité de l’arrière du vélo et offre plus d’espace pour se placer derrière la selle dans les sections techniques très raides. Il est évidemment possible d’installer un amortisseur à ressort, mais une fourche à double té n’est par contre pas envisageable.

Géométrie et cinématique : le freeride dans l’âme

Si le débattement ne bouge pas (180 mm devant, 175 mm derrière), le concept de suspension de ce nouveau Torque:ON est complètement différent visuellement, mais aussi en termes de fonctionnement par rapport au Torque:ON AL que l’on connaissait jusqu’à présent. Toutefois, la cinématique de la suspension ne diffère pas beaucoup. Celle-ci est caractérisée par un un début de course assez souple et une fin de course bien plus progressive. Par rapport au nouveau Strive:ON, on constate surtout davantage de support et de progressivité en milieu de course, ce qui est tout à fait logique si l’on compare une spéciale d’enduro et une piste de bikepark.

La plus grande différence entre le Strive:ON CFR, orienté compétition enduro, et le Torque:ON, orienté freeride et bikepark, se situe au niveau de l’anti-squat et l’anti-rise. Pour rappel, l’anti-squat consiste à empêcher la suspension de pomper lors du pédalage (lire : Petit lexique illustré du VTT : toutes les clés pour comprendre). L’anti-rise est aussi nettement plus faible sur le Torque:ON, surtout si l’on va plus loin dans le débattement de la suspension. Cela permet à la suspension d’être plus active au freinage. « Cela fait toute la différence lorsque vous entrez dans un virage relevé parsemé de trous de freinage » explique Canyon.

L’un des principaux objectifs de Canyon avec ce Torque:ON CF était de créer un e-bike au comportement d’un vélo de freeride/ bikepark. C’est pourquoi la géométrie est similaire à celle du Torque avec un angle de direction de 63,5° ainsi qu’un angle de tube de selle de 77,5°. Le reach ainsi que les bases arrière se voient augmentés de 10 mm, pour atteindre respectivement 475 mm et 445 mm en taille M. Sur le papier, mis à part la hauteur du boîtier de pédalier plus basse de 7 mm, tout cela ressemble à s’y méprendre au nouveau Strive:ON. Cependant, Canyon nous promet, en raison de la rigidité du vélo et d’une cinématique de suspension différente, une expérience totalement inédite …

Un dernier verre ?

La caractéristique la plus frappante de ce nouveau Torque:ON est certainement ce bidon incorporé au sommet du triangle avant. « Une fois que le cadre et la suspension du Torque:ON ont été réglés afin d’offrir les meilleures performances et la meilleure maniabilité possible, comme c’est souvent le cas pour les vélos de freeride/DH, il n’y avait plus de place dans le triangle avant pour un bidon…». Pourtant, même si l’on pourrait avoir tendance à l’oublier, il est toujours question de pédaler sur ce type de plateforme et une gourde est donc tout à fait la bienvenue.

Les ingénieurs de Canyon se sont inspirés de ce que l’on peut observer dans le monde du motocross et ont créé une fente dans le tube supérieur, où un bidon personnalisé de 650 ml s’insère parfaitement. Le bidon se place directement derrière le jeu de direction et est donc facilement accessible. Canyon livre également une sangle supplémentaire pour s’assurer qu’il reste en place même sur les terrains les plus difficiles. Bien que le tube supérieur en deux parties puisse paraître atypique, le carbone de chaque côté du porte-bidon a été sérieusement renforcé et testé au plus haut niveau. Canyon nous assure que la rigidité et la solidité du triangle avant, comme le reste du vélo, répond à leur plus haut niveau de certification, à savoir la « Catégorie 5 ».

Le cadre a subi les mêmes tests de contrainte et de durabilité que le Sender mais a enduré beaucoup plus de cycles.

Le cadre a subi les mêmes tests de contrainte et de durabilité que le Sender (modèle de descente de la marque), mais a enduré beaucoup plus de cycles. En outre, il a été soumis à des tests spécifiques au niveau de la tige de selle afin de tenir compte des contraintes supplémentaires pouvant être provoqués par les différentes ascensions que l’on peut retrouver en e-bike.

La nouvelle structure en carbone renforce le cadre aux points critiques et a même nécessité de nouvelles idées, comme l’utilisation de ce  » bras  » en carbone au niveau de l’œillet inférieur de l’amortisseur.

Au-delà du cadre, Canyon explique que « la durabilité du Torque:ON est également renforcée grâce à l’usage de roulements à double étanchéité avec une graisse spéciale de longue durée, ce qui se traduit par plus de temps sur les pistes et moins à l’atelier ».

Le Torque:ON est également équipé d’un garde-boue « maison » dérivé de celui qui équipe le Sender, et qui se fixe directement au triangle arrière.

Le Torque:ON CF dispose également de deux points d’attache sous le tube supérieur, où il est possible de fixer un multi-outils directement sur le cadre.

Finalement, une protection en caoutchouc intégrée au cadre protège le bas du tube diagonal, au niveau du moteur, tandis qu’une protection solide protège la base arrière du côté de la transmission et atténue tout bruit de chaîne.

Modèles, prix et disponibilité

Le Torque:ON CF Roczen vient compléter la gamme et a été créé en collaboration avec le légendaire pilote de motocross Ken Roczen. Le vélo arbore le coloris « Roczen 94 » et est équipé d’une fourche RockShox Zeb Ultimate, d’un amortisseur Superdeluxe C Ultimate, d’une transmission sans fil SRAM XO1 AXS et d’une tige de selle RockShox AXS Reverb. Comme pour le Strive:ON, les deux autres modèles sont équipés de suspensions Fox ainsi que d’une transmission et des freins en provenance de chez Shimano .

Avec la batterie de 900 Wh, le ticket d’entrée pour ce Torque:ON (« CF 8 ») est affiché au tarif de 6399€, le Torque:ON CF 9 passe quant à lui à 7899€ tandis que le montage le plus onéreux, le Torque:ON CF Roczen, est à 9399€. En cas de choix d’une batterie de 720 Wh, chacun de ses montages perd 400€. Comme nous l’avons déjà indiqué, une batterie de 900Wh n’est par contre pas envisageable en cas de taille Small. Tous les modèles du Torque:ON sont dès à présent disponibles à la commande sur le site de Canyon.

Canyon Torque:ON CF : le test terrain

Votre humble serviteur en charge de la prise en main de ces nouvelles plateformes de chez Canyon peut se targuer d’une certaine expérience dans le monde du VTT, allant du gravel jusqu’aux courses d’enduro les plus réputées, mais sans pouvoir se dire être un spécialiste des bikeparks. Cependant, cette prise en main ayant été faite sur les traces de Massa Marittima, le terrain de jeu ressemblait davantage à de jolies traces d’enduro plutôt que de larges pistes aménagées de bikepark. De plus, lors de notre test du Torque:ON, le terrain était particulièrement humide et glissant. Ces premières impressions à bord de cet e-bike radical sont donc davantage une comparaison entre la maniabilité des modèles Strive:ON et Torque:ON, plutôt qu’un avis sur les capacités du Torque:ON en bikepark.

Du côté des réglages, même refrain que pour que le Strive:ON : pressions des suspensions pour obtenir un sag d’environ 25% à l’avant et 30% à l’arrière, et un réglage du rebond pas trop rapide feront l’affaire. Comme pour le Strive:ON, nous avons fait le choix de partir avec des réglages de compression très ouverts et des pneus bien gonflés (1.4, 1.5 bar), en se laissant la possibilité de modifier ces réglages en cours de sortie. Nous avons subtilement tenté d’échanger notre gourde contre une bouteille de bière au sein de notre support intégré mais en vain…

Dès les premiers mètres, on sent que le Torque:ON est un vélo complètement différent du Strive:ON. Le boitier de pédalier est bien plus bas et nous avons quasi l’impression de rouler avec une fourche double té.

Sur les sentiers étroits et techniques où il est difficile de conserver de la vitesse, nous nous sentons vraiment comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Nous sommes constamment sur les freins et le vélo semble pataud. Lorsque le terrain s’ouvre un peu plus, le conseil est d’arrêter d’essayer de mouvoir le vélo et le laisser faire son travail, et là…


… le train à grande vitesse qu’est ce Torque:ON se met en marche. C’est réellement une sensation d’être sur des rails qui prédomine et ce monstre dévore tout ce qui se trouve sur son passage, lissant les passages les plus techniques. En tant que pilote trail/enduro, cette nécessité de « se laisser aller et suivre le mouvement » est un peu contre-nature puisqu’après tout, la pratique veut que nous essayons toujours de placer le vélo avec précision. Voilà peut-être aussi la raison pour laquelle nous ne nous sentons jamais tout à fait à l’aise sur les pistes de bikepark.

Pour le garde-boue arrière, on repassera… Mention très bien par contre pour le garde-boue avant « maison » de chez Canyon, qui protège tout aussi bien que les modèles habituels.

Du côté du porte-bidon, une fois le bidon magique placé dans son espace approprié, celui-ci ne bouge pas du tout et n’est source d’aucune nuisance sonore. Nous avons par contre fini par nous passer de la sangle puisque celle-ci nécessite d’utiliser les deux mains pour la retirer et ne semble pas indispensable dans le maintien du bidon. Nous avons également trouvé que ce bidon était fabriqué dans un plastique un peu trop dur, ce qui avait tendance à rendre la manoeuvre pour l’enfoncer plus compliqué, d’autant plus en fin de sortie lorsque nos mains et nos bras étaient fatigués par ce monstre qu’est le Torque:ON.

Finalement, après avoir roulé avec le Strive:ON et le moteur Bosch Performance CX, le moteur Shimano EP8 semble vraiment moins puissant et pas nécessairement plus économique. Nous aimons beaucoup ce comportement plus naturel de l’assistance mais il nous a manqué ce petit punch de la motorisation Bosch pour se lancer sur cette dernière boucle de la journée en mode Turbo et ainsi vider les derniers pourcentages de batterie.

C’est finalement sur la célèbre Crank Line du Monte Arsenti, légèrement asséché par le soleil qui pointe le bout de son nez, que nous commençons à prendre de la vitesse et à réellement nous habituer au vélo.

Contrairement au modèle destiné à la compétition enduro, le Torque:ON ne brille pas spécifiquement par ses aptitudes en montée technique. Le vélo ne nous pousse pas « naturellement » vers l’avant comme pour le Strive:ON, et il faut bien veiller à ne pas toucher le boitier de pédalier, plus bas que sur la majorité des e-bikes.

Verdict

Bien que le Strive:ON et le Torque:ON soient très proches au niveau du tableau de géométrie, en pratique, ils se révèlent par contre complètement différents. Le Torque:ON et son look agressif est définitivement destiné à un public de niche. Le châssis extrêmement rigide permet d’attaquer les virages relevés avec une précision extrême et la cinématique progressive de la suspension est idéale afin d’affronter toutes sortes de sauts et de drops. Le boitier de pédalier assez bas offre une grande stabilité à tout moment et en tout lieu. Si vos pistes de descente favorites ne disposent pas de remontées mécaniques, c’est un rêve qui devient réalité. Nous aurions aimé un moteur Shimano EP8 offrant un peu plus de punch et nous attendons toujours qu’une marque de bière fabrique une bouteille qui s’adapte au porte-bidon du cadre…

Crédit photo: © Boris Beyer/Roo Fowler/Canyon 

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ParJeffry Goethals

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